Tout est perdu même l'honneur

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Toute ressemblance avec des événements passés même voici très longtemps n'est pas fortuite... Capture d'écran

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Les peuples ont parfois la mémoire courte mais en quelques semaines, Donald Trump s'est tellement acharné à se discréditer qu'il ne parviendra probablement plus jamais à convaincre un électorat suffisant pour lui refaire le coup de Make America great again. Certes il n'a pas perdu de beaucoup dans ce système américain où l'élection est indirecte. Mais il a perdu. Son droit était de demander des recomptages et d'ester en justice; il en a usé – vainement. Quiconque a également le droit de ne pas être un bon perdant. Mais ériger en dogme le vol imaginaire d'une élection hypercontrôlée, appeler à l'insurrection une frange d'irréductibles et finalement, causer indirectement des morts et sombrer non plus dans l'odieux ou le pathétique, mais dans le délire et dans le déni à un tel point, cela ne s'était plus vu depuis Adolf Hitler.

Déjà lors de son intronisation, on avait pu constater que Donald Trump était même un mauvais gagnant. La façon méprisante dont il avait traité son prédécesseur tranchait avec le côté serré d'une victoire due plus au système électoral qu'au suffrage universel. Le fait indéniable qu'il ait tenté de tricher en Géorgie laisse peu de doute, d'ailleurs, sur les tricheries diverses et les appuis suspects qui avaient contribué à son élection. La Géorgie, par parenthèse, a confirmé son vote démocrate en changeant ses sénateurs, donnant le contrôle des deux chambres aux démocrates. On peut donc dire en paraphrasant une phrase célèbre que tout est perdu, même l'honneur.

On se pince tout de même en voyant les images d'un Capitole pris d'assaut par des branquignols oscillant entre la milice fasciste et Village People, puis dévasté un peu à la façon dont les gilets jaunes avaient saccagé Paris en 2019. Cette Amérique-là, en fait, n'a jamais été grande du tout. C'était l'époque de l'anticommunisme primaire, du maccarthysme le plus effréné, de la ségrégation raciale et de la loi du plus fort. Belle référence au passé! On se repince en entendant Jo Biden être traité de communiste et en écoutant les imprécations d'un quarteron d'excité.e.s qui dénoncent la prochaine soviétisation des États-Unis, plus désunis que jamais en réalité, avec une forte minorité inquiétante qui était arrivée au pouvoir et ne voulait plus le rendre...

Ne croyons pas qu'en Europe, c'est impossible. Non seulement cela s'est déjà produit mais mutatis mutandis cela se profile, en Flandre, en France, en Italie, en Autriche, dans certains laender allemands – quand cela n'est pas encore arrivé. Une scène similaire, par exemple, pourrait se produire à Paris en 2027, quand le Rassemblement national, battu à l'élection présidentielle, entamera la même et sinistre rengaine. Bien sûr, j'emploie le conditionnel, à deux titres: encore faudrait-il qu'il gagne en 2022 et encore faudrait-il que Marine Le Pen soit aussi délirante que Donald Trump. On peut en douter. C'est dire où en est l'Amérique.

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