Toutes les guerres sont stupides

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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L'information, utilisée comme arme de guerre, peut devenir une arme de paix.

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« Ce n’est pas tant le conflit en Ukraine qui est dramatique : toutes les guerres sont stupides. » déclare, dans Le Soir, un grand industriel belge spécialiste du transport maritime de gaz. (1)

Avant lui, Barack Obama qui mérite bien mal son Prix Nobel de la Paix, l’a dit : « Je ne suis pas opposé à toutes les guerres. Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre stupide ». Il faisait référence à la guerre menée par Georges W. Bush contre l’Irak en 2002. (2)

« Toutes les guerres sont stupides », mais il y en a de plus stupides que les autres, racontent Bruno Fuligni et Bruno Léandri dans leur livre : les Belges seront ravis de découvrir le vol d'une vache qui, en 1275, mit à feu à et sang plusieurs villages, les Britanniques se souviendront de l’oreille coupée - et conservée dans le formol - qui déclencha un conflit entre l'Espagne et la couronne britannique, en 1739, et que dire de l’escalade militaire entre les Etats-Unis et l'Empire britannique, en 1859, à cause d'un coup de feu tiré sur un cochon, seule victime de cette situation absurde… (3)

Prévert l’avait bien dit : « Quelle connerie la guerre » !

Relever cette stupidité n’est pas manquer de compassion envers les victimes de ces drames, ni excuser l’un ou l’autre fauteur de guerre. C’est juste l’occasion de souligner qu’une guerre est toujours un échec, tout le monde a perdu. Il est donc absurde de prôner la guerre surtout quand il y a de nombreux moyens de l’éviter : la diplomatie, la négociation, le marchandage, l’arbitrage, bref, tout sauf les armes, surtout lorsqu’elles sont nucléaires.

Qui contrôle la diffusion des armes ?

Par contre, il y a bel et bien des gagnants, à savoir les marchands d’armes, les grands patrons des grandes multinationales qui profitent des pénuries, destructions, désastres divers, les chefs d’État et de gouvernement qui ont des intérêts dans les reconfigurations géopolitiques et économiques du monde ainsi que dans les reconstructions de ce qui a été allègrement détruit. Or, c’est à cela que nous assistons avec les appels incessants d’Ursula von de Leyen, présidente de la Commission européenne, pour une extension de la fabrication et de l’achat d’armements inondant l’Ukraine.

Or, que fait-on réellement de ces armes et que deviennent-elles après exportation ? (4) Le Groupe de recherche et d’information sur la Paix et la sécurité (GRIP) publie une analyse du contrôle post-exportations dans le cadre du Traité sur le commerce des armes. En clair, comment les Etats signataires veulent-ils contrôler et empêcher les détournements d’armes par des bandes criminelles, mafieuses, para militaires et autres malfrats ? Dans la conclusion de son analyse, la chercheuse du GRIP note : « D’un côté, la prévention et la lutte contre le détournement constituent un des principaux objectifs du Traité ; de l’autre, il s’agit du domaine dans lequel les États cherchent à se ménager le plus de liberté afin de préserver leurs intérêts économiques, diplomatiques et stratégiques. Si le détournement est effectivement perçu comme un des facteurs favorisant l’émergence de conflits armés, l’adoption de mesures fortes pour le prévenir apparaît comme d’autant plus importante à une époque où les tensions semblent s’exacerber. » On verra ce qu’il se passera lors de la prochaine rencontre de la CEP9 (neuvième conférence des Etats parties au Traité sur le Commerce des armes) en août, sous la présidence de la Corée du Sud. En attendant, de nombreux observateurs ont signalé le détournement massif d’armes et de munitions livrées à l’Ukraine et l’on peut s’attendre à ce que la criminalité ultra violente et bien armée prenne de plus en plus d’ampleur dans nos pays.

Un sabotage ordonné par les Etats-Unis

Il y a la criminalité organisée mais il y a aussi la criminalité étatique. Exemple : la guerre en Ukraine, provoquée par les extensions de l’OTAN encerclant la Russie qui s’est sentie menacée et a attaqué ; ce que, tout le monde le reconnaît, est condamnable. Comme devrait être condamnée la provocation à la guerre. Dans ce cadre, Manlio Dinucci rappelle l’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream :

“Une équipe de saboteurs a utilisé la Pologne comme base opérationnelle pour faire sauter les gazoducs Nord Stream qui transportaient du gaz de la Russie en Allemagne à travers la Mer Baltique” : c’est ce qu’a établi une enquête officielle allemande, rapportée par The Wall Street Journal. Les enquêteurs allemands ont reconstruit la route en Mer Baltique du yacht Andromeda, provenant de Pologne, à bord duquel ils ont trouvé des traces de HMX, un explosif militaire pour la démolition d’infrastructures sous-marines. Ainsi s’ajoute un nouveau chapitre explosif à l’enquête du journaliste étasunien Seymour Hersh “Comment l’Amérique a démoli la gazoduc Nord Stream”. Tout est désormais prouvé. En décembre 2021 est convoqué à la Maison Blanche un groupe de travail -composé d’officiers de la CIA, de l’État-Major et du Département d’État- avec la mission de saboter le Nord Stream. En juin 2022, pendant l’exercice OTAN Baltops, des patrouilleurs étasuniens et norvégiens, opérant à partir du yacht Andromeda envoyé de Pologne, placent les charges sous-marines. Trois mois plus tard, le 26 septembre 2022, un avion P8 de la Marine norvégienne largue une bouée sonar, dont le signal fait exploser les charges. Le Wall Street Journal le définit comme “un des plus grands actes de sabotage en Europe depuis la Seconde guerre mondiale”. C’est une action de guerre accomplie par trois membres de l’OTAN - États-Unis, Norvège et Pologne- contre l’Allemagne, membre de l’OTAN, pour empêcher l’Europe d’importer du gaz russe à bas coût. Le Secrétaire d’État Anthony Blinken a qualifié le blocage du Nord Stream d’”opportunité extraordinaire pour éliminer une fois pour toutes la dépendance de l’Europe de l’énergie russe, une énorme opportunité stratégique pour les années à venir” et a souligné que “les États-Unis sont devenus le principal fournisseur de gaz naturel liquéfié à l’Europe”. GNL, évidement, beaucoup plus cher que le gaz russe. Maintenant arrivent à la conquête du marché énergétique européen Exxon, Chevron et d’autres compagnies USA qui “ont enregistré des profits records grâce à la flambée des prix du pétrole”. À cause du prix croissant de l’énergie - écrit le Wall Street Journal - “l’Eurozone glisse vers la récession, parce que l’inflation fait chuter la consommation, et l’Europe est bloquée par l’équivalent économique d’un long Covid”. (5)

Tout cela de sources américaines, prouvées et confirmées. Un exemple de la responsabilité des pays alliés au sein de l’OTAN pour perpétuer une sale guerre destinée à déstabiliser l’Europe au profit de la puissance américaine. Ceci n’est pas notre analyse mais celle de l’avocat US Robert F. Kennedy jr dont on peut lire et écouter l’interview ci-dessous, tout en soulignant son option complotiste concernant la vaccination Covid !  (6)

L’information, arme de paix

Ses rappels historiques sont confortés par d’autres anciens et plus jeunes hommes et femmes politiques US dont les analyses et avertissements sont repris et commentés dans le livre « Ukraine. La guerre des images. 50 exemples de désinformation », rédigé par Michel Collon avec le collectif Test Media International. Ce livre de décryptage des médias et des déclarations étatiques diverses est dédicacé à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, emprisonné injustement et dont l’extradition vers les Etats-Unis est imminente. Il y risque les plus lourdes peines pour avoir diffusé la vérité sur les manœuvres criminelles des Etats-Unis en Irak, notamment. Il est accusé d’espionnage alors qu’il a simplement fait un travail journalistique et de lanceur d’alerte s’adressant au monde entier. (7) Quant au livre sur la désinformation concernant l’Ukraine, il s’agit d’un bel exercice de débat critique et citoyen sur les informations qui nous parviennent à travers les grands médias et agences de presse occidentaux. Les auteurs ne veulent pas asséner une « vérité » sur cette guerre « stupide » mais, par la révélation de faits, nous amener à réfléchir sur ce qu’on nous en dit afin de nous pousser à approuver les décisions belliqueuses de nos dirigeants nationaux et européens.

Une information libre, critique, argumentée est une bien meilleure arme pour la paix que des chars ou des avions de combat. Elle peut mobiliser les citoyens, comme ce fut le cas lors du Sommet international de Vienne pour la paix en Ukraine. Les participants y constataient : « Les institutions établies pour assurer la paix et la sécurité en Europe ont échoué, et l'échec de la diplomatie a conduit à la guerre. Maintenant, la diplomatie est nécessaire de toute urgence pour mettre fin à la guerre avant qu'elle ne détruise l'Ukraine et ne mette en danger l'humanité. » (8)

(1)  Soiréco du 20 juin 2023 : « Exmar sera plus petite, plus indépendante, plus libre », entretien par Bernard Padoan.

(2) https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/418463/guerre-aerienne-en-irak-combien-de-civils-le-president-obama-sacrifiera-t-il

(3) « Les Guerres stupides de l'histoire ». Par Bruno Fuligni et Bruno Léandri, Les Arènes, 266 pages, 17 euros.

A regarder : https://www.rts.ch/info/monde/12973664-boris-cyrulnik-toutes-les-guerres-sont-declenchees-par-des-causes-stupides.html

(4)  https://www.grip.org/cep-9-mauvais-moment-mauvaise-enceinte-les-debats-sur-les-controles-post-exportations-dans-le-cadre-du-traite-sur-le-commerce-des-armes/

(5) https://www.byoblu.com/2023/06/16/la-nato-attacca-leuropa-grandangolo-pangea/

(6) Town Hall with RFK Jr. & Michael Smerconish (June 5th, 2023). https://www.youtube.com/watch?v=y5Em9A1IAZs

(7) https://www.investigaction.net/fr/limminente-extradition-de-julian-assange-et-la-mort-du-journalisme/

- Michel Collon. “Ukraine. La guerre des images”. 50 exemples de désinformation. ». Ed. Investig’Action.

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(8) Le sommet international de vienne pour la paix en Ukraine lance un appel mondial à l'action. https://www.other-news.info/viennas-international-summit-for-peace-in-ukraine-issues-a-global-call-for-action/

 

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