Souvenances
fougères craquant sous la neige
rousses et sèches
dans la forêt les biches mangent l’écorce des arbres
on entend le croassement des corbeaux fendre l’air glacé
en ville la tranquillité des petites rues
où dansent les enfants autour des marelles
un nuage à la bouche
et la lune devient rouge
au raz des toits par où sinue la fumée
immobile figé je songe en bleu
je repense à l’été
je pense à toi gazelle mâle
à tes bonds par-dessus les hautes herbes
une lettre ce jour qui m’est adressée
un ami lointain me parle de mer
de pays défaits de routes mortes
de cadavres noirs sous les bombes
et d’enfants qui ont du mal à respirer
les avions là-haut glissent sur l’horreur
et rentrent chez eux sans avoir été touchés par le sang
des hommes rampant entre les maisons
il n’est plus une pierre sur une pierre
le silence après l’orage pèse sur les épaules
et peuple les rêves que l’on fait les yeux ouverts
comment parler simplement des bois et des champs
en hiver et au mois d’août
quand c’est l’enfer qui vient là-bas
comment vivre sans saigner
le soleil
enveloppe la peau des dames qui passent
une aurore dans les cheveux
une aurore sur les hanches
mais qui dit ce vent léger chaud blond
je dis la brûlure des soleils embrasés
sur les têtes des petits enfants dans les rues de Gaza
je dis la blessure profonde la douleur le couteau
dans le cœur et le corps des migrants noirs en Lybie
le soleil est un ami proche
intime au creux des yeux
qu’importe qui parle
qui dit la misère et la mort
dans un après-midi fauve et doux
qu’importe les rêves et les doutes
quand revient danser le mois d’août
un homme n’est libre que s’il se bat pour que tous le soient
et dans l’après-midi par la fenêtre la soie
du temps clément qui baisse vers 21h
la soie tendre du soleil parle de déserts et de crues
et je me souviens bien des nuits
des nuits noires et gommées
quand le lumignon de l’ennui
et du sommeil reste allumé
musiques claires et fragiles
ô notes pures du malheur
et debout sur mes pieds d’argile
je danse au cœur de la male heure
mais je n’ai jamais su aimer
comme une porte refermée
j’aime pour le monde en entier
le monde entier est mon quartier
comment faire pour ne pas avoir mal à la bouche des noyés
comment comment vivre simplement
dans une fiction de vie pleine
alors que mes frères mes sœurs s’enfuient dans la tourmente
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