Rien ne change jamais

Souleymane pense avoir agi pour changer radicalement son destin funeste. Changer, s’adapter résument bien le génie de l’humain. Souleymane a lutté. Quitter sa famille, son pays, gagner la mer, risquer sa vie dix , cent, mille fois pour changer d’existence. Son arrivée en Europe ne change rien au quotidien des autochtones mais on lui refuse des papiers pour la simple raison qu’il est né ailleurs sur la terre, derrière une frontière qui ne sert qu’à la haine. Afin de changer cette règle injuste, Souleymane et d’autres migrants entament une grève de la faim mais rien ne change. Les autorités feignent de s’en affecter mais ne leur accordent aucun papier.

Difficile de faire comprendre que rien ne change à un homme qui a traversé une mer et deux continents pour tout changer. Déterminé, il entame une grève de la soif. De la souffrance longue et injuste. C’est Lamia, sa voisine de matelas qui l’a trouvé mort ce matin. Elle aussi a quitté son foyer pour des raisons différentes. La faim, la guerre, le malheur. Elle a secoué Souleymane pour retrouver son sourire comme un bon café chaud mais il ne sourira plus jamais. Le soleil s’est levé comme toujours derrière les vitraux de l’église où ils se sont réfugiés. Rien ne change jamais. Enfin, si ! Tout peut changer car l’auteur de cette misérable histoire qui n’a pas levé le petit doigt pour aider quiconque est capable de changer de chaîne à la télévision avec un simple mouvement du pouce quand les informations au Journal télévisé sont trop insoutenables.