Qu'est-ce qui brille dans vos yeux tristes

Le Chant la vie

Par | Penseur libre |
le

...les tempes où parfois éclatent des orages... Photo © Jean Rebuffat

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Lecture 4 min.

pas plus que vous j'entends le vent je suis aveugle

je ne suis né au front marquée ma destinée

pas plus que vous je ne suis sourd au vent qui beugle

et il n'est pas écrit héros sur mon gros nez

 

au bout de mes longs doigts battent les chauds tambours

de mon cœur de mon cœur les visuels tambours

je parle de mon cœur c'est pour dire le silence

qui tourne autour de moi et de mon feu qui danse

 

sous la cendre saignant une braise se bat

je cherche la raison de toutes les passions

pourquoi l'amour est mort et que font les soldats

quand la tranchée s'épanche et permet l'évasion

 

des cadavres bleuis des filles aux vies brèves

on nous a bien parlé d'un merveilleux pays

au pied de l'horizon qui campait à midi

on nous a expliqué à quoi servent les rêves

 

on nous a montré les chemins de la souffrance

certains sont morts d'aimer d'autres pour l’espérance

ici dans ce pays on ne meurt que d'ennui

les jeunes gens racontent des histoires de nuit

 

la plupart d'entre nous travaille chaque jour

la tête et les yeux vides et le cœur à rebours

toute la vie conduite à petits pas comptés

à la mort machinale et la fin de l'été

 

dans le petit matin se refait la brisure

toute la ville au bord des routes de l'usure

faisant la fête au jour dit et dans la mesure

où il faut se lever pour recompter l'azur

 

sur les doigts de la main et les poings de la rage

les tempes où parfois éclatent des orages

vous connaîtrez un monde un monde inouï

c'est ce qu'il nous faut croire dans le noir de la nuit

 

vous saurez ce que c'est que cette humanité

vous n'aurez pas pour rien rêvé de liberté

d’une vie à changer qu’il faut continuer

vous verrez un beau jour s'éclaircir les nuées

 

au bout du compte il y a comme un rêve tué

des façons de s'y faire et de s'habituer

on supporte la nuit en raison du matin

et pourquoi dans les caves pourrit un genre humain

 

un genre d'humains vains vainement d'être humains

les bouches invisibles et des liens pour les mains

grattant la terre salée le silence et le vent

étouffant de tristesse comme des survivants

 

secrètement honteux encerclés par l'angoisse

si lente de durer chaque geste nous froisse

chaque habitude brûle comme une main tremblée

nous-mêmes étranglés par des histoires de blé

 

domestiques falots de notre survivance

l'égoïsme féroce l'argent l'indifférence

l'argent l'indifférence l'égoïsme féroce

et les petites rues de nos abîmes proches

 

privilège de vivre en un joli bocal

fatuité ridicule je te baise et t'encule

le problème est partout il est partout local

et partout on se tait on renonce on recule

 

de votre humanité il faut payer le prix

racheter vos souffrances expliquer vos nuits blanches

vos jours gris le mépris le mépris le mépris

et foutez-nous la paix aujourd'hui c'est dimanche

 

cette merde devient inerte et souveraine

cette gluante angoisse ronde comme une reine

les amis débranchés parlent comme des ministres

de la réalité en fait ils sont sinistres

 

cette merde fait de nous de quotidiens dénis

de nous-mêmes et de nos enfances de folie

les plus beaux leur jeunesse simplement ils la nient

qu'est-ce que je fais moi qu'ai-je comme alibi

 

et nous que faisons-nous scotchés entre nos draps

que faisons-nous l'hiver au profond de nos lits

parce qu'il pleut dehors quelque chose ne va pas

les emmerdes d'argent et l'ennui et l'ennui

 

est-ce une vie cela comme on va dans sa poche

ramasser et compter la petite monnaie

le ciel était si bleu maintenant il fait moche

on rentre les oreilles on gratte son acné

 

est-ce cela de vivre quand les jours les saisons

passent distraitement comme font les chansons

regarde-moi les gens regarde comme ils sont

comme si nous n'avions pas les mêmes raisons

 

où en étais-je oui quelqu'un au téléphone

m'interrompant parlait de questions politiques

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on prépare là-bas des orages et des tonnes

de pluie vont tomber sur les visages obliques

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