La conscience

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

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Lecture 2 min.

Sa solitude est intense, presque matérielle. Il peut la toucher du doigt. Depuis quelques temps, on pourrait croire qu’il parle tout seul mais quand on le lui fait remarquer, il rétorque qu’il converse avec l’ esprit qui habite dans sa tête. Un esprit caustique et critique qui raille son penchant pour les jeunes femmes alors qu’il est si vieux

  • Non mais tu t’es vu, tu pourrais être son père voire son grand-père. De plus, tu es en ruine et elle, rayonnante et belle.
  • Ta gueule !

L’esprit est souvent désagréable mais, grâce à lui, il se sent moins seul.

  • Ne pense pas que tu donnes de l’argent aux mendiants, tu te vides les poches, tu t’allèges. Tu n’es pas plus généreux que les autres.

Il a de longues conversations avec cet esprit qui, comme un véritable ami, ne laisse rien passer. La démocratie belge entretient financièrement une armée dont elle n’a nul besoin mais qui nourrit une extrême droite structurée qui a accès aux armes et qui un jour, prendra le pouvoir par la force. La majorité de la population adhérera au nouveau pouvoir comme elle l’a souvent fait par lâcheté ou par conformisme. L’esprit dans sa tête n’en peut plus de râler : « Tu as nourri le fascisme en ne soutenant pas les migrants et en ne dénonçant pas suffisamment le racisme et l’antisémitisme. Ouvre les yeux ! Ne te plains pas de la situation actuelle ! C’est toi qui l’as voulu ! Tu es responsable !

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Quand les militaires se sont introduits chez lui, ils l’ont menacé de leurs armes et ont hurlé : « Vous cachez quelqu’un dans votre tête ! C’est interdit ! Un homosexuel, un migrant ou, pire, un juif ! Un terroriste, très certainement. Dites- lui de sortir les mains sur la tête !

  • Mais je ne peux pas le faire sortir. Il fait partie de moi et me parle pendant les nuits de solitude. Je crois ..euh… Je crois que c’est ma conscience ! Jamais, il n’avait pensé prononcer un tel mot.
  • Qu’il sorte les mains sur la tête ou je tire !

Le militaire visa la tête et tira. L’homme mourut sur le coup et sa conscience s’envola par la fenêtre dans la ville comme un ballon lâché par un enfant distrait.

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