Il y a 40 ans était assassiné Naïm Khader

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Naïm Khader, homme de dialogue et de paix. Un hommage lui sera rendu ce 1er juin à 12 h 30 à Ixelles, devant le n°5 rue des Scarabées. Photo © ABP

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Ce 1er juin est aussi un anniversaire tragique. Celui de l’assassinat en pleine rue à Ixelles du représentant de l’Organisation de Libération de la Palestine Naïm Khader. Un acte sanglant qui s’inscrit dans une longue série d’assassinats visant à éliminer les représentants en Europe de Yasser Arafat, chef de l’OLP, qui avait accepté une solution réaliste et proposée par les Nations Unies, de deux Etats vivant en paix dans des frontières sûres et reconnues. Une solution qui ne convenait pas aux ultras des deux bords : ni aux sionistes radicaux et violents qui voulaient chasser toute la population palestinienne des terres occupées par Israël depuis 1948, ni aux puissances arabes comme la Syrie et l’Irak qui refusaient l’installation d’un Etat dangereux pour les pays arabes environnants et qui soutenaient des mouvements terroristes dont celui d’Abou Nidal responsable de quantité d’assassinats et d’actes terroristes.

L’enquête judiciaire menée par la Belgique n’a jamais permis de déterminer qui était le commanditaire de cet acte. Le résultat est que le lent travail d’explication, de démonstration auquel se livrait ce Palestinien brillant, fondamentalement pacifiste, auprès des politiques belges et européens et auprès de divers mouvements juifs a été bloqué avant d’être repris par d’autres représentants de l’OLP poursuivant le même but. Naïm Khader avait noué une amitié très profonde avec Marcel Liebmann, professeur à l’ULB, qui fut ensuite le premier secrétaire général de l’Association belgo-palestinienne et premier président de la Fondation Naïm Khader. Il a été aidé par le professeur Jean Salmon, un des meilleurs connaisseurs du droit international à l’ULB. Il a dialogué avec des Juifs sionistes afin de leur faire connaître l’histoire et les droits des Palestiniens mais aussi leurs propositions de coexistence pacifique. En témoigne sa relation avec David Susskind, fondateur du Centre Communautaire Laïc Juif et du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, ardent partisan de la création d’un État palestinien, qu’il voyait comme seule garantie de paix pour Israël. 

Cet assassinat n’a pas tué l’idée des deux Etats reconnus internationalement, une position politique reprise actuellement par le président américain Joe Biden.

Espérons qu’il parviendra à imposer cette solution à l’actuel gouvernement israélien mené par une extrême-droite ultra violente, intransigeante et violant sans cesse le droit international et les Conventions de Genève en bombardant une population captive à Gaza (ce qui est un crime de guerre), en terrorisant la population palestinienne, en transformant un Etat démocratique en Etat des Juifs, créant ainsi un apartheid institutionnalisé ce qui est, soulignons-le, un crime contre l’humanité.

En attendant que la justice internationale se prononce sur ces drames causés par ces dirigeants israéliens, seule l’action politique des Etats Unis et de l’Europe pourrait éviter que le sang de quantité d’innocents, palestiniens en majorité, et israéliens, coule encore.  

Et surtout, il s’agit pour les Israéliens eux-mêmes d’affronter un nouveau défi : recréer une coexistence basée sur l’égalité des droits avec les Palestiniens israéliens, ceux qui vivent à côté d’eux, dans leurs rues, dans leurs quartiers et dont les enfants ne veulent plus attendre des décennies avant de vivre dans la dignité d’une citoyenneté entière.

"Ce qui se passe dans ces villes est en train de rouvrir des plaies qui datent de 1948", constatait la semaine dernière le chroniqueur militaire de Haaretz. Alors que les Palestiniens ont célébré samedi le 73e anniversaire de la Nakba, la « catastrophe » qui a vu, en 1948, 700.000 d’entre eux chassés de leurs maisons par les combattants juifs et devenir des réfugiés, il est clair que la violence impunie des groupes de colons et d’une police qui a multiplié, ces dernières semaines, bavures et maladresses provocatrices ne peut que réveiller des échos tragiques, lourds de désespoir et de colère. », écrit René Backmann (2)

Il semble pourtant que les instances internationales soient décidées à se saisir de ce drame: le Conseil des Droits de l'Homme de Nations Unies vient de créer une commission chargée d’enquêter dans le Territoire palestinien occupé - y compris Jérusalem-Est - et en Israël sur toutes les violations présumées du droit international humanitaire et des droits humains commises depuis le 13 avril 2021, ainsi que sur toutes les causes profondes de ces atteintes au droit.

Espérons que la vérité soit faite et que puisse enfin se réaliser ce rêve de Yasser Arafat et de Naïm Khader: deux Etats vivant en paix.

  1. - « Naïm Khader. Le sens d’une vie ». Éd. Vie Ouvrière. Bruxelles. 1981.
  • Robert Verdussen. « Naïm Khader. Prophète foudroyé du peuple palestinien. (1939 – 1981) ». Éd. Le Cri. 2001.
  1. Dans Médiapart du 18 mai 2021 :
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 https://www.mediapart.fr/journal/international/170521/israel-palestiniens-c-est-contre-l-apartheid-que-se-bat-la-jeunesse

 

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