Gérer l’entreprise France

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Jean-Claude Milner lors de sa leçon inaugurale. Photo © J. Birnbaum.

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Lecture 24 min.

Samedi 1er juillet

 De Giesbert à Bernard-Henri Lévy en passant par Renaud Dély, excellent nouveau directeur de la rédaction de "Marianne", plusieurs intellectuels saluent Manuel Valls pour son intransigeance vis-à-vis des meurtriers islamistes. L’extrême gauche serait parfois encline à leur trouver des explications rationnelles, au nom de la lutte des classes, de l’inégalité avec le Tiers-Monde, etc. On aura tout le temps, durant ce quinquennat, de discuter autour de ces thèmes-là sans pour autant sombrer dans la tolérance à l’assassinat totalement gratuit et aveugle. Et suivre aussi l’itinéraire de Valls, ce disciple de Michel Rocard, qui n’a jamais été pris en défaut quant aux idéaux de la République, de la Laïcité, de la Démocratie.

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 Patrick Besson intitule "Atelier d’écriture" la page qu’il donne chaque semaine au "Point". Il s’agit d’une vingtaine de recommandations sages et réfléchies à tout écrivain. En voici quatre, choisies (presque) au hasard :

  • Le talent consiste à surmonter la certitude de ne pas avoir de talent.
  • Se relire avec plaisir, même quand on trouve ça mauvais.
  • Ne pas répondre à la critique, elle serait trop contente.
  • Ne pas montrer ses bons sentiments, surtout quand on en a.

Dimanche 2 juillet

 De l’information en diarrhée. La société du spectacle fait relâche. Plus son volet panem semble réduit, plus son volet circenses enfle. Les vases communicants sont aux mains des communicateurs.

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 Son maître-livre "Le Prince" et l’adjectif que son patronyme engendra cantonnèrent Nicolas Machiavel dans une notoriété un peu amidonnée. Sa correspondance, par exemple, permet de mieux le percevoir et connaître son temps, mais aussi de méditer des rapports au pouvoir qu’un reflet dans l’aujourd’hui rend toujours pertinents. Comme cette confidence extraite d’une lettre à Vittori, ambassadeur de Florence à Rome, datée du 10 décembre 1513 : « Je dépose sur le seuil les vêtements boueux de tous les jours, je m’habille comme pour paraître dans les cours et devant les rois… Vêtu comme il convient, j’entre dans les cours antiques des hommes d’autrefois, ils me reçoivent avec amitié ; auprès d’eux je me nourris de l’aliment qui seul est le mien, pour lequel je suis né. J’ose sans fausse honte converser avec eux et leur demander les causes de leurs actions ; et si grande est leur humanité qu’ils me répondent, et pendant quatre longues heures je ne sens plus aucun ennui, j’oublie toutes misères, je ne crains plus la pauvreté, la mort ne m’effraie plus, je passe tout entier en eux. » Pas besoin de se fourvoyer dans des mondanités stériles. L’intellectuel est dans son fauteuil, tout près de l’âtre. Il pénètre des livres et médite. Son observation l’éclairera pour le guider vers l’écriture.

Lundi 3 juillet

 Emmanuel Macron savait, en s’adressant au Congrès à Versailles, qu’il ne devrait pas donner l’impression de minimiser le statut de son Premier ministre. Il en est donc resté au rôle d’architecte, laissant à Édouard Philippe celui de maçon. Le président a évoqué des réformes institutionnelles majeures sans les détailler concrètement. On l’accuse de flou, mais pourquoi déjà tout planifier, se doter d’un carcan que le moindre imprévu pourrait contrarier ? En outre, le président a prévenu qu’il viendrait chaque année devant le Congrès pour exposer la situation. Ainsi, il américanisera un peu plus la France en instaurant une sorte de « discours sur l’état de l’Union ». Bah…  Ce n’est même plus surprenant…

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 Être gai comme un pinson et heureux comme un poisson dans l’eau. Les bêtes offrent à l’homme l’occasion d’inventer des expressions bêtes, bêtes comme ses pieds.

Mardi 4 juillet

 Á observer le ton ravi avec lequel la préposée au Journal télévisé de Corée du Nord annonce le nouveau tir de missile balistique intercontinental, on perçoit d’emblée que celui-ci se solda par un succès. Les images qui suivent le confirment : le chef de l’État et ses ministres sautent de joie. Le Japon, désormais à portée, ainsi que la Corée du Sud ne trouvent pas ça drôle. Mais l’Alaska semble désormais aussi atteignable. Trump se demande publiquement si « ce type [Kim…] n’a vraiment rien d’autre à faire ». Il devra un jour arrêter les fous et le monde entier l’approuvera… Á condition qu’il agisse avec l’assentiment de la Chine…

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 Édouard Philippe devant l’Assemblée pour le discours de politique générale. Hausse de la CSG ; tour de vis budgétaire pour atteindre les 3% exigés par l’Union européenne ; suppression des cotisations salariales ; baisse des impôts reportée à 2019 ; réduction de 3% des dépenses publiques. Pas d’envolée lyrique cet après-midi. D’un débit un peu trop rapide, le Premier ministre reste dans le concret : il s’agit de gérer le pays. Certains diront : l’entreprise France, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

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 Macron célèbre la France en un lyrisme de bon aloi. La France, « le pays de l’universel »… Sait-il que l’expression est de Karl Marx ?

Mercredi 5 juillet

 La police turque arrête la directrice d’Amnesty international et sept autres militants des droits de l’Homme. Ben oui, pourquoi seraient-ils plus épargnés que les dizaines d’autres journalistes qui occupent les prisons d’Istanbul et d’ailleurs ?

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 Hommage digne et grandiose dans la cour des Invalides en l’honneur de Simone Veil. Après ses deux fils, le président de la République clôt les prises de parole. Il annonce qu’elle entrera au Panthéon « avec son époux ». Même s’il n’y a pas lieu de discuter en quoi que ce soit la présence de cette femme exceptionnelle dans le temple des Grands Hommes dont la patrie est reconnaissante, l’immédiateté surprend. On sait que les réseaux sociaux avaient lancé une pétition rapidement relayée. On se souvient des calicots Santo subito arborés sur la place Saint-Pierre le jour du décès de Jean-Paul II. La postérité réclame le recul, la méditation. Elle ne devrait pas être dépendante des lois de l’information précipitée. Il est bon de démontrer au citoyen que le tempo dans lequel s’accomplissent les choses touchant à la marche de la société n’est pas uniforme. Des actes et des décisions répondent à des rythmes qui leur sont propres. C’est fondamental. Plus embêtant est l’autre caractéristique de la décision : « avec son époux ». Certes, il s’agit d’un vœu de la famille. Et comment oser critiquer ce choix présidentiel sans apparaître grincheux ? Et pourtant ! Imaginerait-on Adèle Hugo ou Juliette Drouet à côté du poète national ? Mitterrand fit entrer de conserve Pierre et Marie Curie. Mais ils avaient accompli une œuvre commune, d’un apport inséparable pour l’humanité…Est-ce parjure de se demander en quoi monsieur Antoine Veil devrait reposer au Panthéon si ce n’est par procuration ?  

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 Le dernier livre d’Édouard Philippe sort en librairie. Il fut rédigé in tempore non suspecto et raconte l’histoire qui le rattache aux livres depuis que son père lui lut Dante quand il avait six ans (Des hommes qui lisent, éd. Jean-Claude Lattès). "L’Obs" en a publié les bonnes feuilles. L’ouvrage ne fera pas date au sein de l’histoire de la littérature mais on ne peut cependant que se réjouir d’avoir un Premier ministre qui taquine la plume.

Jeudi 6 juillet

 La querelle ancestrale entre l’Iran et l’Arabie Saoudiste crée une fracture dans le Moyen-Orient qui pourrait se transformer en brasier. Par ses déclarations à l’emporte-pièce, Donald Trump n‘y est pas étranger. Par ses soutiens carrément inconditionnels au Qatar, Recep Erdogan non plus.

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" Le Monde" publie un extrait de la leçon inaugurale que donnera le philosophe et linguiste Jean-Claude Milner la semaine prochaine aux Rencontres de Pétrarque à Montpellier. Il y est surtout question du Bien social. « Le Bien social est défini par une répartition plus égale des avantages acquis ; mais depuis la Révolution française, on admet que cette répartition dépend en dernier recours d’une seule cause réelle : la répartition des richesses. On retrouve aisément le lexique de la démocratie : que le plus grand nombre possible jouisse du plus grand nombre possible d’avantages, cela s’appelle la démocratie sociale. On a tôt fait, une fois arrivé à cette étape du raisonnement, de démontrer qu’il ne peut y avoir de démocratie politique sans démocratie sociale et réciproquement. » C’est une évidence. Espérons qu’Emmanuel Macron partage cet avis. (1)

Vendredi 7 juillet

 C’était une bonne idée de choisir Hambourg, ville hanséatique facile à surveiller, pour organiser le rendez-vous du G 20. Angela Merkel, à qui revenait donc le tour de l’invitation, ne vit sûrement pas sereinement la rencontre : les manifestations anticapitalistes (altermondialistes d’autrefois) sont plus amples et surtout plus violentes que prévu ; quant à Trump, il trumpise, et même si ça, c’était prévu, c’est toutefois dérangeant. Il a quasiment méprisé la séance de travail sur le réchauffement climatique tandis que son tête-à-tête avec Poutine, durant deux heures, fut presque une affaire de bande à part. L’événement se prolonge jusqu’à demain…

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 La Turquie possédera de nouveaux programmes scolaires à l’automne. Ainsi, les enfants ne connaîtront plus le nom de Darwin. Sa théorie de l’évolution ne sera plus ni enseignée, ni même mentionnée. Seul le créationnisme fera partie de ce qu’il conviendra d’enseigner sur les origines de l’Homme.

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 Dès son arrivée à la présidence, Trump dénonça l’accord de libre-échange transpacifique qu’Obama venait de conclure avec le Japon. Tokyo ne s’en est pas alarmé. Il s’est tourné vers Bruxelles et l’entente commerciale est désormais  conclue entre le Japon et l’Union européenne. Voilà notamment le marché nippon ouvert aux vins européens – et français en particulier -. Une raison de plus pour Macron de remercier Trump lors de sa présence à Paris à la Fête nationale.

Samedi 8 juillet

 C’est une erreur de penser que les hommages sont unanimes à l’’endroit de Simone Veil. Les groupes anti-avortement les plus radicaux se sont réveillés. Du côté des intégristes catholiques menés par Christine Boutin (le groupe Jeunesse de Dieu), un dessin de la défunte serrant la main d’Hitler en lui disant : « Loi Veil : déjà 6 millions de victimes ». Chez les Frères musulmans, un message de leur chef en France, Hani Ramadam : « Hommage tant qu’on voudra à cette rescapée du nazisme. Mais depuis 1975, combien d’enfants à naître ne sont pas nés ? » Bref, d’élégantes paroles de part et d’autre, toutes en délicatesse…

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 Donc, Bertrand Delanoë, qui s’était manifesté en faveur d’Emmanuel Macron, aurait refusé le poste de ministre des Affaires étrangères… Il a bien fait de ne pas aller se fourvoyer au Quai d’Orsay quand on sait que le département fait partie du « domaine réservé », quand on suppose que le dynamique président sera présent sur tous les terrains de l’international. C’est ce que vécut Bernard Kouchner, le véritable « employé » de Nicolas Sarkozy. Delanoë vaut mieux que cela. Et pourquoi ne se chargerait-il pas de relancer le Parti socialiste ?

Dimanche 9 juillet

 De tous les magazines hebdomadaires, c’est sans doute "Le Point" qui publia le dossier le plus complet sur Simone Veil, avec notamment de superbes témoignages et commentaires de Franz-Olivier Giesbert. Au bout du parcours de soixante pages survint celle, traditionnelle, de Bernard-Henri Lévy. On pouvait craindre l’inévitable redondance. Elle fut remarquablement contournée. Le philosophe parvint même à préciser deux points laissés jusque-là en jachères.

  1. Sur le mutisme des rares rescapés de la déportation après la Libération : « Rien ne la mettait plus en colère que d’entendre répéter : ‘la Shoah est indicible et c’est pourquoi les survivants, au retour, s’enfermèrent dans le silence.’ Eh bien non, tonnait-elle ! Ils ne demandaient que ça de parler. Mais c’est le monde qui ne voulait pas entendre. »
  2. Á propos du caractère plus horrible de cette Shoah, comparée à d’autres génocides produits par la folie humaine : « Personne n’a, aussi précisément qu’elle, identifié les traits qui singularisent la Shoah. C’est un crime, disait-elle : a) sans traces (pas d’ordre écrit ; jamais, nulle part, de directive) ; b) sans tombes (son père, son frère, sa mère, partis en cendres et en fumée, sans autre tombe que celle de sa mémoire et, sur le tard, de ses Mémoires) ; c) sans ruines (Auschwitz, lorsqu’elle y revient, n’est-il pas un lieu apaisé, neutralisé, blanchi ?) ; d) sans reste (un Sarajévien avait, au moins en théorie, la possibilité de quitter Sarajevo ; un Rwandais le Rwanda ; un Cambodgien le Cambodge ; le propre de cette extermination-ci, c’est qu’il n’y avait plus nulle part où fuir et que le monde même était un piège) ; e) sans raison enfin, sans l’ombre d’une rationalité (les nazis qui, ayant le choix entre faire passer un train de troupes montant vers le front ou de juifs menés vers les fours, choisissaient toujours le train de juifs). » On pourrait y ajouter une sixième caractéristique, si flagrante et désarmante : cette formidable industrialisation de l’horreur ; du personnel étant chargé de tenir des comptabilités rigoureuses quant aux boîtes de gaz consommées, aux cadavres incinérés, etc., ainsi que l’on aurait pratiqué dans une entreprise de dératisation…

Lundi 10 juillet

 Mossoul est tombée. La ville, retrouvée en ruines, était aux mains de Daech depuis 2014. C’est une victoire irakienne mais pas une délivrance.

                                                           *

 Nicolas Hulot ne compte pas serrer la main de Donald Trump le 14 juillet. Il l’a signifié sur les ondes. Donc le président des Etats-Unis le sait déjà (l’ambassadeur fait sûrement bien son boulot). Le président français le sait déjà aussi (il écoute sûrement la radio…)

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 L’artiste, défini par Yves Klein : « Nous sommes toujours en vacances mais nous ne sommes pas des touristes. » Enraciné à Nice, il explora le bleu jusqu’à la découverte du sien, propre. Jean-Jacques Aillagon, en tant que commissaire des expositions Nice 2017. École(s) de Nice, le met bien à l’honneur aux côtés de Matisse, Arman, César et, bien entendu, Ben…

Mardi 11 juillet

 Il ne doit pas exister en République française beaucoup de rues qui portent le nom de Louis XVI. Á Varennes-en-Argonne (Meuse), l’artère principale a été baptisée du nom du monarque décapité. On y trouve un Bar-tabac Louis XVI où les billets de loteries en tous genres voisinent avec des brochures et des cartes postales évoquant la fameuse arrestation de la famille royale en fuite le 21 juin 1791. Sur la porte de l’établissement, un écriteau précise : Le Bar-tabac Louis XVI sera fermé le 14 juillet. Joli clin d’œil de l’Histoire. Il ne manque plus qu’un comptoir où l’on vendrait du fromage de tête…

                                                           *

  Comme souvent, c’est le contraste qui révèle la vraie nature des choses. Certains observateurs commencent à expertiser la dimension sociale des réformes engagées par François Hollande. Ainsi en va-t-il du « compte pénibilité », une mesure emblématique de son quinquennat. Non seulement il sera revu selon les modifications suggérées par le patronat, mais il changera de nom. Il s’appellera désormais « compte de prévention » « pour ne pas induire que le travail est une douleur », selon le président Macron relayé par son Premier ministre. Relevons d’abord qu’un travail pénible peut être astreignant, fatigant, difficilement assumé avec l’âge, mais qu’il n’est pas pour autant douloureux. Mais au-delà de cette précision, la modification sémantique s’apparente à une certaine vacuité ressentie dans le discours du président devant le congrès comme à celui d’Édouard Philippe devant l’Assemblée. Le flou et le vague semblent imprégner leurs paroles, et l’on sait qu’un pouvoir s’évalue au lien qui unit la parole aux actes. Refuser de reconnaître qu’un travail peut être pénible, c’est dédaigner ceux qui l’assument, c’est s’en désintéresser. Mépris du riche.

Mercredi 12 juillet

 Macron, comme pour justifier l’invitation lancée à Trump de participer au 14 juillet à ses côtés : « Nous avons besoin des États-Unis ! » Si habile, si intelligent, si malin soit-il, un vassal n’est jamais qu’un vassal.

                                                           *

 Une page à conserver, celle du "Figaro" donnant la parole à Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS-Cevipof qui laisse quelques bribes d’analyse dont il importera d’en évaluer la pertinence dans quelques mois (« Le macronisme est une extension de l’idéologie managériale à la politique. Cette conception allie affirmation de l’autorité de l’État et vision libérale exprimée par la nouvelle représentation nationale »  -  « Emmanuel Macron serait et de gauche et de droite, cherchant à obtenir des résultats alors que François Hollande cherchait surtout des compromis »…)

 Ces temps-ci, on fait assez souvent référence à la fameuse réflexion de Raymond Aron à propos de Giscard d’Estaing : « Cet homme ne sait pas que l’Histoire est tragique. » Luc Rouban s’en approche : « Il manque au macronisme ce qui caractérise le gaullisme, à savoir le sens du tragique de l’histoire, l’inscription de l’avenir dans les leçons d’un passé violent où l’on peut voir des sociétés se disloquer. »

Jeudi 13 juillet

 Donald Trump et sa femme sont arrivés à Paris pour assister aux cérémonies de la Fête nationale. Ils dîneront avec Brigitte et Emmanuel Macron au Jules Verne, le célèbre restaurant du 2e étage de la Tour Eiffel. Lorsque l’on verra ce grand butor – qui, bien entendu, se moque de la prise de la Bastille comme de son premier employé congédié – trônant à la place d’honneur dans la tribune officielle dressée au bout des Champs-Élysées, on pourra vraiment se dire que le pouvoir a changé de mains en France.

                                                           *

 « Le lien établi par Emmanuel Macron entre le réchauffement climatique et le terrorisme est un sophisme. » « Il y a une autonomie du terrorisme. Le réchauffement climatique est un fait, le transformer en un principe d’explication générale, en clé universelle des phénomènes humains n’a aucun sens. L’argument écologique devient un couteau suisse : il dépanne en toutes circonstances l’orateur en manque d’idées. Qui était Adolf Hitler ? Une sécheresse prolongée. Joseph Staline ? Des orages de grêle en Sibérie… » (Pascal Bruckner in "Le Figaro", 12 juillet 2017)

Vendredi 14 juillet

  Avant que la Tour Eiffel ne s’embrase en un somptueux feu d’artifice et pour clore un magnifique concert lyrique où les plus grands artistes internationaux étaient accompagnés par l’Orchestre national de France et Les Chœur et Maîtrise de Radio France, des dizaines de milliers de personnes enthousiastes rassemblées au Champ-de-Mars entonnent, avec toutes celles et tous ceux qui se sont produits sur scène, une vibrante Marseillaise dans la version d’Hector Berlioz. C’est émouvant. On est presque demain, la nuit est douce, le peuple ponctue de joies et d’allégresse sa fête nationale. On en oublierait presque la présence matinale d’un butor venu d’Outre-Atlantique tenir la vedette sur la place de la Concorde.

Samedi 15 juillet

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 Tout président nouvellement élu débute son mandat par des actions et des mesures spectaculaires autant que promptes (Ne pas engager pareille pratique quasiment traditionnelle fut probablement la première faiblesse de François Hollande). Le jeune âge et le dynamisme d’Emmanuel Macron, son souhait d’épater les médias le conduisent à se distinguer en se servant des dates commémoratives qui s’offrent à lui. L’Élysée annonce ainsi la présence de Benyamin Netanyahou demain à l’évocation de la Rafle du Vél d’Hiv. de triste mémoire. Prise du 14 juillet 2017, Macron a déjà laissé entendre que Trump pourrait revoir sa position sur l’Accord de Paris. Á voir… Pour le trophée récompensant l’invitation du Premier ministre israélien, pas d’hésitation possible : ce ne peut être que la création de deux États indépendants avec arrêt et même retrait des colonisations dans les territoires palestiniens. Vieux souhait devenu rengaine au fil des années. On peut toujours rêver, mais quoi qu’il en soit, cette politique du coup unique (le one shot) a ses risques et ses limites. Á voir, encore… Cela dit, si le président veut continuer à user des dates-prétextes pour se distinguer, le calendrier peut lui en fournir. Par exemple, le 27 juillet, on célèbrera le centième anniversaire de Bourvil…

  1.  https://www.franceculture.fr/emissions/les-rencontres-de-petrarque/lecon-inaugurale-par-jean-claude-milner-relire-la-revolution

 

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