Déjà oublié, le drame sordide de Melilla
Je rentre chez moi ce lundi soir, profondément perplexe.
Je reviens de la troisième manifestation en une semaine après les atrocités survenues à Melilla le 24 juin. Ce jour-là, la politique migratoire de l’Europe a encore tué. On parle de 40 migrants subsahariens massacrés par la police royale marocaine dans l’enclave espagnole. On dit 40 parce qu’on n’ose pas dire plus. Sur place, tout a été fait pour empêcher un décompte précis des morts. Il y a aussi les blessés qui ont été battus, laissés au soleil sans soins, qui sont morts après le 24 juin et mourront encore.
Depuis le 24 juin, les réseaux sociaux ont chauffé. Les réseaux ont dit NON. Et puis ? Et puis rien ou si peu.
La première manifestation, à chaud, le mardi 28 juin, place du Luxembourg à Bruxelles, devant le Parlement européen, a rassemblé du monde de toutes les couleurs de peau et dans toutes les langues. Activistes, ONG, parlementaires résolus à ne pas laisser oublier, particuliers. La question du racisme anti-noir lors de ce drame a été posée. Celle du traitement des réfugiés ukrainiens. Celle de la politique migratoire européenne. Une enquête internationale a été exigée. EXIGÉE. La deuxième manifestation, vendredi soir devant l’ambassade d’Espagne en synchronisation mondiale, a été un flop. Une vingtaine de personnes. Mauvais timing que le 1er juillet ? La troisième, ce lundi 4 devant l’ambassade du Maroc, n’a pas davantage rassemblé les foules indignées sur les réseaux sociaux. Une quarantaine de personnes, tenues à l’œil par un policier maître-chien et deux agents cyclistes. Moins de monde qu’à l’arrêt de tram quelques dizaines de mètres plus loin.
Je suis chez moi, et je m’interroge.
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.
Merci !
Les morts de Melilla sont-ils déjà oubliés ?
Si oui, pourquoi ?
Ne sont-ils pas des êtres humains ?
Où sont les ONG ? Où sont les partis politiques ? Où sont les citoyens ?
Il y a un moment où il faut arrêter de se justifier en disant que machin ou l’association chose n’étant pas là, je n’y vais pas. Il y a un moment où, si on n’est pas d’accord avec la politique migratoire européenne, si on s’indigne des morts qu’elle produit, il faut le faire savoir. En se bougeant. En descendant dans la rue. En se rassemblant. En usant de ce droit qu’est la liberté d’expression. En écoutant sa conscience.
Notre passivité est responsable. Ce n’est que quand nous serons des milliers dans la rue à crier « pas en notre nom » que les partis politiques seront obligés de réfléchir, d’intervenir et de faire évoluer les choses. Si nous ne bougeons pas, ils ne bougeront pas. Et on pourra décompter : Melilla 1, Melilla 2, Melilla 3, etc.
Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.
Chaque samedi le meilleur de la semaine.
/ Du même auteur /
-
Photos de friche industrielle et illustration jeunesse aux ex-usines Henricot
-
Vite ! A Ostende voir l’expo Ensor du Mu.ZEE
-
Augmentation de 50 % en un an de l’arriéré des dossiers des réfugiés
-
Le centre de jour de DoucheFLUX fermé pendant une semaine
-
L'asbl DoucheFLUX passe de l'hébergement au logement
-
Affaire Mawda: l’État belge un peu condamné
-
« Respectez la loi, Madame De Moor »
-
Sept récits du "procès de la solidarité" en livre
-
Instantané de Tunisie. La danse contemporaine à la rescousse des délinquants mineurs
-
Neuf kilomètres à pied pour penser
/ humeurs /
/ photos /
/ Commentaires /
Avant de commencer…
Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.
Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement.
Pour en savoir plus, cliquez ici.