Vite ! A Ostende voir l’expo Ensor du Mu.ZEE

Ne dites plus "Rosa, rosa, rosam" comme dans une déclinaison latine ou la chanson de Jacques Brel. Dites "Rose, Rose, Rose à mes yeux", le titre de la magnifique exposition de James Ensor et la nature morte belge à son époque qui se tient au Musée d’art moderne d’Ostende (1). Plus de 150 œuvres y sont accrochées de manière dense, comme il était d’usage en ce temps. Précipitez-vous car cette exposition inédite et très réussie s’achève bientôt, le dimanche 14 avril.

On sait que, septante-cinq ans après son décès, 2024 est l’année Ensor (13 avril 1860 – 19 novembre 1949) et qu’elle génère un vaste programme d’expositions et d’événements. Le Mu.ZEE d’Ostende a fait le choix de la surprise, en proposant les natures mortes de l’artiste, un genre qu’il a beaucoup pratiqué mais qui a rarement été montré. Une cinquantaine d’entre elles y sont à voir, des premières œuvres bourgeoises aux natures mortes tourmentées des années 1890, en passant par les œuvres éthérées et oniriques de la dernière période. Bouquets de fleurs, gerbe de légumes, brassée de chinoiseries mais aussi compositions de crustacés ou de poissons, où s’invitent des masques de théâtre ou des crânes. Variations sans cesse répétées avec chaque fois de nouveaux jeux sur les lumières.

La surprise ostendaise est double car les tableaux de James Ensor prennent place dans leur époque. Ils sont entourés d’une centaine de natures mortes créées en Belgique entre 1830 et 1930. L’idée permet de découvrir par le menu un genre décrié parce que méconnu et de réaliser comment le peintre ostendais a accommodé le genre à son goût. Dans la première partie, on apprend aussi que des peintres belges de sexe féminin se sont intéressées à la nature morte, témoin du faste bourgeois, mais en y glissant parfois des éléments perturbateurs, un objet ici, le reflet sur un miroir là. Ensor a bien entendu poussé le genre à son paroxysme avec sa créativité, son intérêt pour le fantastique et l’humour. On verra en fin de déambulation combien il sera suivi par plusieurs de ses pairs dont on peut aussi admirer le travail aux cimaises.

Agréablement partagé entre Ensor et d’autres créateurs belges, le parcours en spirale de cette riche exposition fournit une mine de révélations graphiques, surtout si on se munit de l’audio-guide agréablement pédagogique. Que de sujets d’admiration !

(1) La phrase termine le discours que James Ensor a prononcé en 1923 au banquet du prix Verhaeren.
Cliquez sur les photos ci-dessous pour les faire défiler en grand format et lire les légendes.

Infos pratiques :
Mu.ZEE Romestraat, 11a (tout près de la gare)
+ 32 (0) 59 24 21 91
www.muzee.be
info@muzee.be
du mardi au dimanche de 10 à 17h30
Une réservation en ligne des billets est conseillée vu l’affluence des derniers jours (ici).