Deborah

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

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Lecture 2 min.

Je vis seul depuis si longtemps  que je suis à l’affût du moindre évènement de vie. Un moineau qui vient boire sur ma terrasse illumine ma journée. Il suffit qu’une feuille pointe le bout de sa vie  sur mon géranium et  déploie lentement sa  peau tendre pour que ma vie soit réussie. Alors, cette jolie araignée que j’ai découverte en train de remonter sur mes cuisses un matin fut un vrai bonheur. Je l’ai appelée Deborah parce que j’aurais aimé aimer une femme qui s’appelle Deborah. Depuis ce coup de foudre, nous vivons ensemble au lit la plupart du temps parce que, pendant la journée, revêtu de mes habits, je ne l’aperçois jamais. Ma cravate lui fait peur. Elle aime se réfugier dans mes poils  pubiens et ceux qui recouvrent ma poitrine. Je la sens parfois la nuit arpenter mon corps en tous sens car elle me chatouille. Son corps minuscule perché sur ses longues pattes et sa gracieuse démarche me font penser à une femme. Elle ne me mord jamais puisque nous sommes amis, presque amants.  D’ailleurs, un matin que je bandais comme tous les matins,  elle  a arpenté mon sexe jusqu’au gland, une ascension très facile car mon appendice est d’une taille très, trop raisonnable. Elle a chatouillé mon gland longuement  et moi qui n’ai plus connu de relation sexuelle depuis bien longtemps, j’ai joui. Ouf ! Je l’ai sauvée de justesse de la marée de sperme  qui l’aurait certainement noyée. Le lendemain, j’ai trouvé mon sexe prisonnier d’une toile mais je sais bien qu’elle ne me voulait aucun mal, juste coucher mon membre dans la soie. Ce matin, je l’ai trouvée morte à mes côtés. probablement écrasée par mon corps  pendant la nuit. L’homme est une brute, tout simplement une brute. Je l’ai enterrée dans la terre du géranium. Depuis, je ne vis plus que de souvenirs tant elle me manque. Si, par chance, elle m’avait mordu, j’aurais gardé quelque chose d’elle  même si tout s’efface vite, si vite, trop vite. Retourné à ma solitude cruelle, j’attends qu’une feuille pointe le bout de sa vie sur le géranium comme un signe d’elle. Je regrette de l’avoir tuée mais n’est-ce pas justement cela l’amour ? La mort de l’aimé. Homme / femme, Homme/ homme, femme/ femme, Homme/ Nature ?

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