8 mars : les femmes ne sont pas à (a)battre

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La journée des droits des femmes 2021 a pour thème le leadership féminin. Image © UN Women/Yihui Yuan.

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En Colombie, c’est toutes les 41 heures qu’un.e leader social.e ou paysan.ne est abattu.e : cinq ans après les accords de paix, 250 signataires et 1.139 leaders sociaux ont été assassinés, pour la plupart des paysans, des indigènes et des communautés noires. Cette tragédie quotidienne a été révélée au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies par Nury Martinez, présidente de la Federación Nacional Sindical Unitaria Agropecuaria (FENSUAGRO) de Colombie – organisation membre de La Via Campesina (LVC). En effet, les paysan.ne.s sont les principales victimes des paramilitaires aux ordres de ceux qui s’accaparent les terres et refusent aux paysans le droit de cultiver leurs terres ancestrales ou celles qui ont été privatisées par de grands propriétaires terriens. Et ceci se passe dans l’indifférence de pays riches qui ne visent qu’à l’établissement de relations commerciales libre-échangistes type Mercosur (avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay) plutôt qu’à des coopérations économiques et politique basées sur la justice sociale.  Les contestations de ce type d’accord se font en premier sur base de considérations de politiques climatiques, à savoir l’accroissement de la déforestation notamment en Amazonie où des populations autochtones disparaissent victimes de la pauvreté et des maladies, une hécatombe aggravée par la pandémie du Corona virus.

Brésil : le plus de féminicides

De plus, commercer sans conditions avec le Brésil, c’est reconnaître la politique d’extrême-droite du président Bolsonaro qui privatise les terres appartenant aux populations autochtones, qui accroît la déforestation, qui accentue les injustices sociales et réprime durement les contestations sociales. C’est au Brésil que l’on compte le plus de féminicides, les assassinats de femmes parce qu’elles sont femmes, malgré des lois de plus en plus strictes. Selon GlobalVoices, les principales victimes sont les femmes noires et pauvres : entre 2007 et 2017, le taux de meurtre des femmes noires a progressé de 29,9 % contre une hausse de 4,5 % pour les femmes blanches. Sur l'ensemble des femmes assassinées en 2017, plus de 65 % étaient noires, selon l'Atlas de la violence. « Les facteurs de race et de classe sont essentiels pour comprendre la violence sexiste. Les femmes noires ont un niveau d'éducation moins élevé et sont plus susceptibles de vivre en périphérie des villes. Cela complique leur accès aux services publics. Elles ont des salaires plus bas que des femmes blanches ayant le même niveau d'éducation. », explique Mme Samira Bueno, la directrice exécutive du Forum brésilien de la sécurité publique.

Les femmes brésiliennes ne bénéficient pas du secours du gouvernement puisque la ministre des Droits humains, de la Famille et des Femmes, Damares Alves, est avocate et pasteur évangélique, aux positions ultra conservatrices à propos des droits des femmes et de l'identité de genre.

La révolte des paysannes indiennes

Les femmes paysannes sont les plus vulnérables, dans le monde entier, face aux exactions commises par les riches propriétaires terriens, par leurs propres familles et à cause de ce manque de protection de leurs droits fondamentaux. Pourtant, des millions d’entre elles se mobilisent en Inde contre les mesures criminelles prises par le gouvernement d’extrême-droite de Modi, et participent en masse aux immenses manifestations qui durent depuis décembre 2019, contestant les lois visant à « libéraliser » le commerce des produits agricoles.

Ce sont des situations dramatiques, aggravées encore par l’épidémie de Covid-19 qui atteint plus durement encore les communautés les plus pauvres, des zones agricoles et des bidonvilles où la misère et la précarité font le plus de ravages.

Dans ce contexte d’injustice sociale, d’accroissement des inégalités, nous assistons à une révolte massive des défenseurs d’un monde respectueux des droits des humains mais aussi de la protection de l’environnement contre les accapareurs de terres agricoles, de l’eau qui nous permet de vivre, des médicaments qui peuvent nous soigner, des énergies qui alimentent notre développement économique tout en assurant notre bien-être.

 Les femmes sont en première ligne de ces combats. Elles en sont les principales victimes, l’actualité nous le confirme une fois de plus.

ONU et droits des femmes

Ce 8 mars 2021, la journée internationale du droit des femmes a été placée par l’ONU-Femmes sous le thème : « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». On y reconnaît les capacités indiscutables des femmes « façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19.

A l’ONU, la Commission de la condition de la femme a comme thème d’action la « Participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, élimination de la violence, réalisation de l’égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles». Un grande campagne « Génération Égalité” exige le droit des femmes de participer au processus décisionnel dans tous les domaines de la vie, réclame l’égalité salariale et le partage équitable des tâches familiales et domestiques non rémunérées, et appelle à l’élimination de toutes les formes de violence infligées aux femmes et aux filles ainsi qu’à établir des services de santé adaptés à leurs besoins.

Nous avons applaudi le personnel de soins et de l’enseignement, en majorité des femmes, qui a sauvé tant de vies durant la crise épidémique de la Covid-19. Nous savons moins que ces efforts ne sont pas encore reconnus par une augmentation salariale digne et des conditions de travail améliorées.

L’actualité a mis aussi en évidence la compétence des femmes cheffes d’Etat qui ont géré la pandémie et ses répercussions socio-économiques. L’Onu cite ainsi « les cheffes de gouvernement du Danemark, de l’Éthiopie, de la Finlande, de l’Allemagne, de l’Islande, de la Nouvelle-Zélande et de la Slovaquie, qui ont été largement reconnues pour la rapidité, la détermination et l’efficacité de leur réponse nationale à la Covid-19, ainsi que pour la compassion dont elles ont fait preuve dans leur communication d’informations factuelles sur la santé publique. »

Cependant, on ne compte que 20 femmes cheffes d’État et de gouvernement dans le monde, constate l’ONU. De plus, « partout dans le monde, les femmes sont confrontées à une augmentation de la violence domestique, des tâches de soins non rémunérés, du chômage et de la pauvreté. », insiste l’ONU Femmes. Un constat que les journalistes, dont beaucoup de femmes, elles-aussi victimes des violences sexistes, guerrières, économiques, continuent courageusement à documenter.  Elles nous appellent plus que jamais à la solidarité, hommes et femmes unis, pour un véritable progrès de notre humanité.

Sources :

https://www.cetim.ch/presentation-du-rapport-du-bureau-du-haut-commissaire-aux-droits-de-lhomme-de-colombie/

https://www.vie-publique.fr/en-bref/276259-la-france-opposee-au-projet-daccord-ue-mercosur

https://fr.globalvoices.org/2020/03/23/246789/

https://www.cetri.be/Amerique-latine-L-accaparement-des

https://www.cetri.be/Inde-la-colere-paysanne-defie-le

https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2020/11/announcer-international-womens-day-2021

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