Yémen, une famine causée par la guerre

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Par | Journaliste |
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Une famine qui est la conséquence de guerres qui sévissent au Yemen depuis 2015. Et une situation dramatique amplifiée par une population qui a toujours été armée pour régler les conflits entre tribus, principalement au nord de Sanaa. Ici en 1979. Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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Un peu partout s’élèvent des appels à l’aide pour tenter de limiter le désastre humain que constitue une famine dans des pays déjà pauvres, déjà soumis à des sécheresses et surtout, dans des pays dévastés par des guerres inexcusables.

Ainsi, le Consortium 12-12 * vient de lancer un appel commun en faveur des victimes de la famine qui sévit au Soudan du Sud et qui menace aussi la Somalie, le Yémen et le Nigéria. 20 millions de personnes, dont 1,4 millions d’enfants, souffrent de malnutrition sévère et sont en danger. Selon les Nations Unies, cette catastrophe humanitaire est la pire depuis 1945.

Ce drame a été causé non pas par des catastrophes climatiques, sauf en Somalie, mais bien par des guerres et guérillas meurtrières qui saccagent les zones rurales et contraignent les populations à fuir.

C’est notamment le cas du Yémen. A ce sujet, Jelena Aparac, doctorante en droit international à l’Université de Paris Nanterre, a publié une analyse qui interroge la manière dont doit être appliqué le droit international humanitaire par les belligérants et par la communauté internationale.*

 Elle rappelle que le conflit armé au Yémen a été déclenché en mars 2015 par une intervention militaire de la coalition de plusieurs pays du Golfe et de la Ligue Arabe à la demande du président Hadi en exil à Riyad. La Coalition, qui agit sur commandement militaire de l’Arabie Saoudite, combat le groupe armé Houthi qui contrôle militairement et administrativement une partie du territoire ensemble avec sa branche politique Ansar Allah. Les Houthis sont soutenus par l’ancien président Saleh. Ils sont chiites et donc suspectés d’être soutenus par l’Iran et donc victimes de la répression des sunnites les plus radicaux menés par l’Arabie saoudite.

Comment qualifier ce conflit armé ainsi que son éventuelle internationalisation ? Quel est le droit applicable ?  L’auteure constate que la communauté internationale reconnaît la légitimité du président Hadi et donc la répression des Houthis. Cependant, ceux-ci sont des opposants aux islamistes guerriers d’Al-Quaida qui représente la branche la plus ancienne et la plus dangereuse, selon les Etats Unis. « L’Arabie Saoudite, mais aussi les Emirats Arabes Unis, ont une relation très ambiguë avec Al-Qaida qui apparemment continuerait de combattre aux côtés de la Coalition contre les Houthis ? » souligne l’auteure.

Le droit international humanitaire s’applique mais dans le cadre d’un conflit armé non international, comme c’est le cas au Yémen. Encore faut-il que ce droit soit vraiment appliqué.

Or, le drame du Yémen se déroule dans un assourdissant silence médiatique « alors que les personnes et des biens civils sont les premiers à être touchés par des attaques militaires ciblées, en violation du droit international humanitaire. Malgré cela, il n’y aura aucune enquête internationale indépendante et impartiale pour documenter les violences. Le Yémen est en train de devenir un « failed state ». », constate Jelena Aparac.

Conséquences : sur 26 millions d’habitants, 18 sont en grande situation de besoin humanitaire et parmi ceux-ci, 10,3 millions ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Sinon, c’est la mort assurée.

La solidarité des peuples est seule à pallier, une fois de plus, l’incurie criminelle des Etats.

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