Touche pas à ma maison médicale !

Zooms curieux

Par | Journaliste |
le
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Lecture 3 min.

C’est que je l’aime bien, cette maison médicale située dans un quartier à la fois populaire et aisé de Bruxelles. J’y trouve non seulement mon dossier médical complet mais la diversité des aides et des conseils, le suivi assuré de mes soins, la bonne orientation vers des services plus spécialisés. J’y trouve un/e assistant/e sociale, des kinés, des infirmiers, des psychologues… On vous propose de pratiquer le yoga ou une cuisine saine, de découvrir le quartier et de faire du vélo… Bref, du convivial, du sérieux, du souriant. De quoi vous faire aimer vos médecins qui, en retour, vous expliquent patiemment de quoi vous souffrez, ce qu’il faut faire, et ce jusqu’à ce que vous ayez compris. Car le temps n’est pas minuté comme dans un cabinet d’avocat ! On ose poser des questions, exprimer ses peurs, ses espoirs.

De plus, tout le personnel collabore à ce projet d’accueil global du patient, on discute ensemble des cas des patients et de la politique générale de la Maison Médicale, on élabore des projets pour les plus âgés, pour les jeunes mamans, pour les réfugiés… La liste est longue des initiatives lancées par ce personnel qui, d’ailleurs, communique sur leurs expériences sur le site de la fédération.  Tout bénéfice pour la formation des jeunes médecins, infirmiers et kinés qui se lancent, épaulés par les plus anciens, dans ces métiers éprouvants.  

Et tout cela au forfait, ce qui assure la régularité de mes visites. En fait, je paie ma cotisation à la mutuelle. Celle-ci verse mensuellement une somme fixe pour chaque personne inscrite. Je ne paie donc ni les consultations ni les visites. La société tout entière évite donc de payer très cher des soins en urgence dus au manque de prévention.

En bref, je coûte moins cher à la société grâce à cette médecine préventive, pédagogique et curative.   

Or, pour faire un peu d’économie sur le dos de la sécurité sociale, la ministre Maggie De Block bloque l’arrivée de nouvelles maisons médicales forfaitaires, le temps d’effectuer un audit sur ce système qui, pourtant, soigne déjà 350.000 patients dont beaucoup se situent dans les strates les plus vulnérables de notre société. En trente ans, on compte une centaine de maisons médicales en Wallonie et à Bruxelles. Preuve d’un succès indéniable.

La mesure à peine annoncée par le gouvernement, la Fédération des Maisons Médicales a réagi : « Le moratoire sur les reconnaissances de nouveaux centres prive l’accès aux soins de santé à une série de nouveaux patients, mais cela impactera plus spécifiquement les plus vulnérables.

Les organismes assureurs et les fédérations de maisons médicales (FMM et VWGC) qui ont développé ensemble ce modèle revendiquent qu’une telle proposition est inacceptable, car c’est une atteinte à l’accessibilité aux soins de santé de qualité en particulier pour les groupes les plus faibles.

Par ailleurs, cette mesure est inefficiente, économie prévue 7 millions d’euros, puisqu’elle va automatiquement induire une augmentation des coûts de soins de première ligne, à l’acte et des coûts en deuxième ligne. »

Notre système de santé ne peut être privé des atouts offerts par les Maisons Médicales et leur philosophie de base : aider à créer une « société plus solidaire, équitable, et socialement juste ».

Alors, chère Maggie De Block, portez votre scalpel budgétaire sur autre chose, par exemple sur l’achat d’avions militaires, plutôt que sur la santé de la population.

http://www.maisonmedicale.org/

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