Ouvrages de prestige

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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Philippe le Bon recevant son ouvrage. Manuscrit attribué à Rogier van der Weyden©KBR

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Je me hasarde à évoquer une exposition installée à la KBR - anciennement Bibliothèque Royale de Belgique -  jusqu’en juin 2021. Le nouveau protocole annoncé ce vendredi matin n’entrave pas davantage le secteur culturel et ceux qui le souhaitent,  pourront aller voir les somptueux manuscrits de « La Librairie des Ducs de Bourgogne ». À moins que, sur les 8 mois qui restent, quelques semaines soient engouffrées dans un super lockdown. 

Néanmoins, avec de l’opiniâtreté, les plus motivés se rendront dans ce qui est devenu le KBR Museum, une des rares reliques culturelles de notre État fédéral. 

Prévue en mai dernier, l’ouverture de ce nouveau musée fut donc reportée de quelques mois et accueille un véritable trésor réparti sur 1500 m2. Le parcours commence par la Chapelle de Nassau - telle que Albrecht Dürer  l’a visitée autour de l’an 1500, - pour une plongée dans le contexte religieux de l’époque. Au premier étage, on découvre les étapes de fabrication d'un manuscrit ainsi qu’une approche du climat politique, économique et artistique du Moyen Âge. Enfin, au deuxième étage, on trouve les riches manuscrits des Ducs de Bourgogne et de ceux de la période qui a vu naître cette collection. 

Pour rappel, il y a six siècles, Bruxelles faisait partie des Pays-Bas bourguignons sous la main de Philippe Le Bon et, à sa suite, de Charles le Téméraire. Fins politiques et mécènes cultivés, ces ducs ont composé une bibliothèque qui, à l’inverse de celles existant à l’époque, n’était pas une bibliothèque abbatiale, mais privée, donc laïque. Ce qui veut dire que, à l’instar de celle des rois de France, des Médicis ou de la papauté, elle contenait outre les manuscrits religieux, de la poésie, des romans de chevalerie, des ouvrages de sciences, de droit, soit tout ce qui touche à  la pensée médiévale. 

Cette librairie contenait quelques 900 ouvrages dont 600 furent rescapés des guerres, des incendies ou simplement épargnés par les outrages du temps. Une partie, soit 280 manuscrits en état, est toujours conservée à Bruxelles. 

Les plus anciens ouvrages remontent au XIIIe siècle tandis que les plus récents datent de la fin de l’époque féodale. Beaucoup d’entre eux ont été transcrits à la demande expresse des ducs par des copistes de renom tels que Jean Mièlot, Jean Wauquelin et David Aubert. Par ailleurs, nombre de codices constituent des chefs-d’œuvre absolus de la miniature française ou flamande, par exemple de la main de Jean le Tavernier, Simon Marmion ou Liévin Van Lathem,  dont la renommée ou le talent rivalisent avec ceux des « Primitifs flamands ».

Trop fragiles pour être exposés en permanence, les 180 manuscrits « vedette » connaîtront une rotation régulière. D’un autre côté, le parcours est jalonné d’autres manuscrits, de tableaux et de sculptures prêtés par plusieurs grands musées. Enfin, selon votre envie d’en savoir plus ou bien juste assez, les explications audio sont prévues pour des visites détaillées ou légères. Bien sûr, des parcours plus ludiques sont prévus pour les enfants. Cerise sur le gâteau, une séduisante scénographie permet à chacun de parcourir agréablement les fabuleuses collections de notre si riche bibliothèque nationale. 

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La Librairie des Ducs de Bourgogne :  KBR Museum, Mont des Arts, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 30 juin 2021. Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h. Fermé le 1, 2 et 11 novembre. www.kbr.be

 

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