Les Soeurs complices : Little Women

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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Le joyeux quatuor de la famille March secoue un incunable du 19ème siècle

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En nos temps tourmentés, beaucoup ont probablement oublié ce qu’est la bonté, qualité qui n’est pas très à la mode, ou n’ont qu’une idée vague de ce que peut être l’amour partagé. Peu de jeunes filles d’ici savent quelle fut la condition féminine en Occident au siècle dernier où naître fille était calamiteux, car sans autre choix que celui qui découlait de la dépendance, également financière, aux hommes, père de famille ou mari. Un état funeste que l’ont connaît à présent rarement chez nous, l’école étant passée par là. Quant au destin des jeunes filles d’un ailleurs ployant souvent sous le joug de la pauvreté, des traditions, des usages, de la religion, il reste désastreux. 

C’est ainsi que j’en viens au film Little Women, réalisé par l’Américaine Greta Gerwig d’après le roman de Louisa May Alcott (1832-1888) et édité en français sous le titre «Quatre filles du docteur March. Cette auteure également américaine qui a défendu la cause de l’émancipation des femmes et celle de l’abolition de l’esclavage, nous a laissé un classique de la littérature jeunesse régulièrement adapté au cinéma et cela dès le début du muet.  

Dans cette dernière version, Greta Gerwig a, au travers du personnage de Jo, jeune fille aspirant a vivre de sa plume, mixé l’histoire réelle de Louisa May Alcott à celle de ses propres personnages de fiction. L’idée est habile, le résultat l’est aussi. 

Les demoiselles, filles d’un pasteur aumônier nordiste de la guerre de Sécession (et non pas docteur comme le propose la traduction en français), ne manquent pas de fantaisie, rêvent gentiment au parfait amour à l’exception de Jo qui ne se voit pas du tout en épouse modèle ni en épouse tout court. Le milieu est modeste, chacune s’accommode plus ou moins de ce qu’elle a, donne ce qu’elle peut, et invente beaucoup. Tout le monde s’émerveille facilement, se ramasse dans les coups durs puisqu’ils existent partout, la vie sans champagne se déroule en pétillant et cela fait un bien fou d’y croire. 

Cette fort jolie fresque romantique est portée par de si excellentes actrices féminines qu’il est quasi ridicule d’y joindre d’autres adjectifs. Il y a, droit d’aînesse, Meryl Streep en tante fortunée et revêche ;  il y a les quatre soeurs, parmi lesquelles trône Saoirse Ronan en Jo et Emma Watson en Amy ; Il y a encore un jeune homme nanti et parfaitement oisif sous la charmante figure de Timothée Chalamet. 

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Pourtant nommé à plusieurs égards, Little Women ne sera gratifié « que » de l’Oscar 2020 des meilleurs costumes, fort ravissants effectivement, et à apprécier sans honte. Un « Little Women » à des années-lumière du film Parasite , grand vainqueur à Los Angeles, mais qui ne manque ni de classe ni d’esprit. 

 

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