« Le socialisme est d’abord une morale »

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Le monde a bien besoin de Lumière!

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Lecture 29 min.

Mercredi 1er novembre

 Il y a vingt ans, la firme Monsanto lançait des écrans publicitaires en faveur du glyphosate (que l’on appelait Roundup) à l’aide d’un chien, Rex, qui paraissait heureux de gambader dans des sentiers arrosés de cet herbicide. La publicité précisait que le produit n’était pas polluant, donc pas dangereux pour la terre « ni pour les os de Rex. » Et puis vinrent les cancers et les cas de maladie de Parkinson…On ne sait pas ce qu’est devenu Rex… Sans doute mort de vieillesse, car ce chien faisait du cinéma ; il n’avait peut-être jamais reniflé du gyphosate.

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 … Et en ce jour de Toussaint, une question lancinante plane sur les cimetières : que sont devenues les sépultures aspergées de gyphosate ? Le cadavre empoisonné : un beau titre pour un polar.

Jeudi 2 novembre

 Comment est-il possible que l’on découvre seulement aujourd’hui dans la pyramide de Khéops une cavité aussi grande « qu’un avion de 200 places » (selon le co-directeur du projet ScanPyramides à l’origine de la trouvaille) ? Comme elle n’héberge rien, cette cavité a déjà été baptisée « Le grand vide ». Gageons que ce vide sera plein d’enseignements.

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 Si l’on est parfois habité par des personnages de fiction (Pierre Dumayet avoua naguère être tombé amoureux d’Emma Bovary…), on habite aussi parfois chez eux. Á Paris, dans le XXe arrondissement, par décret préfectoral du 2 février 1977, une rue – impasse s’intitule rue Lucien Leuwen. Elle démarre au numéro 3 de la rue Stendhal (sic). L’œuvre de Beyle témoigne du fait que l’on sait quasiment tout de sa vie. Dès lors, on peut considérer qu’il ne soit jamais allé se promener dans ce quartier-là, encore qu’il s’agisse d’artères proches du cimetière du Père-Lachaise dont la célébrité fut surtout reconnue après Stendhal. Á son époque, il n’aurait pu visiter que les tombes d’Héloïse et d’Abélard, de Molière ou de La Fontaine… Cela dit, une des manières de  prendre le virtuel et le faux – si insidieux de nos jours - à contrepied est de plonger la grande fiction dans la réalité. On irait dîner chez les de Rénal à Verrières, dans le Doubs,  pour rencontrer Julien Sorel, interpeller Meursault dans les rues d’Alger, ou retrouver les personnages du merveilleux Patrick Modiano dans les rues de Paris. Justement ; voilà des visages qui mériteraient de laisser leur nom à des lieux… On pourrait aussi dénommer des cellules de prison, à l’instar des chambres d’hôtel. Si l’on connaît la chambre de Proust à Cabourg, l’on ignore le lieu d’incarcération de Fabrice del Dongo à Parme… Balzac, Pagnol, Flaubert, Zola et Hugo, bien sûr… La veine est intarissable. Il y a de nouveaux guides touristiques à écrire.

Vendredi 3 novembre

 Le Figaro a trop d’argent. Il ne sait plus qu’en faire. Il a commandé un sondage pour savoir si, un an après son élection, les Français avaient une opinion négative ou positive de Donald Trump. Le résultat est flagrant et publié comme une révélation : « Neuf Français sur dix ont une opinion négative de Trump». Cela signifie que plus de 6 millions de Français ont donc une opinion positive du président étatsunien. Si Le Figaro a encore quelques moyens, il devrait désormais approfondir. Car ce qui serait intéressant, c’est de mener l’enquête auprès de cette masse de citoyens-là.

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 Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Ursula Haverbeck est surnommée « Mamie nazie » par la presse allemande. Elle vient d’être frappée par la justice pour avoir tenu publiquement des propos négationnistes (le génocide des Juifs n’avait jamais existé, il n’y avait pas de chambres à gaz à Auschwitz, etc.) Cette femme a 88 ans. On serait tenté de considérer qu’elle est sénile. Mais non ! Elle a toujours tenu le même langage depuis plus de 60 ans !...

Samedi 4 novembre

 Dans 4 jours, Donald Trump soufflera sa première bougie à la Maison Blanche. Les suppléments de journaux propres à la fin de semaine consacrent quelques analyses en forme de bilan intermédiaire. La question fondamentale – la seule en vérité – n’est pas de savoir s’il tiendra quatre ans mais bien plutôt si nous tiendrons quatre ans…

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 La Belgique a souvent été une terre d’exil pour des personnalités connaissant des ennuis politiques dans leur pays. Mais c’était surtout au 19e siècle. Á présent, l’Union européenne lie les États qui en font partie. L’Espagne est de ceux-là, souveraine, démocratique, n’ayant aucune leçon à recevoir de mouvements nationalistes extérieurs et surtout pas des Flamands comme, par exemple, monsieur Geert Bourgeois, président de la Région flamande. Dès lors, la présence de Carles Puigdemont à Bruxelles devient chaque jour un peu plus ambiguë. En début de semaine, s’appuyant sur les accords de Schengen qui garantissent la libre circulation des personnes, on pouvait essayer de considérer que l’homme avait bien le droit de venir visiter l’atomium. Comme il fallait néanmoins s’y attendre, la justice espagnole a lancé un mandat d’arrêt international contre le président déchu de la Catalogne déboussolée. Puigdemont devient donc un cas, ainsi, nous dit-on, que le Premier ministre Charles Michel l’avait prévu et craint depuis longtemps déjà. Mais comme le dit Kris Peeters, vice-Premier ministre, chef du parti catholique flamand, « quand on proclame l’indépendance de son peuple, on reste à ses côtés. » Eh oui ! Ou bien on est lâche et on sera tôt ou tard relégué aux magasins des accessoires de l’Histoire, ou bien on provoque cette Histoire et l’on en devient un héros en tant qu’acteur. Pour l’heure, Puigdemont aurait davantage sa place dans une histoire de Tintin. Un second rôle, bien entendu.

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 « Le monde revient. Et c’est la meilleure des nouvelles. N’aura-t-il pas été longtemps le grand absent de la littérature française ? » Cette question pouvant paraître saugrenue et pourtant fondamentale était posée dans Le Monde du 16 mars 2007 par quarante-quatre écrivains parmi lesquels Tahar Ben Jelloun, JMG Le Clézio, Amin Maalouf, Érik Orsenna, Benoît Peeters, Patrick Rambaud, Jean Vautrin. Le texte commençait ainsi : « Plus tard, on dira peut-être que ce fut un moment historique : le Goncourt, le Grand Prix du roman de l’Académie française, le Renaudot, le Femina,  le Goncourt des lycéens, décernés le même automne à des écrivains d’outre-France. Simple hasard d’une rentrée éditoriale concentrant par exception les talents venus de la ‘périphérie’, simple détour vagabond avant que le fleuve ne revienne dans son lit ? Nous pensons au contraire : révolution copernicienne. » Dans quelques jours la saison des prix va modifier les rayonnages des librairies. Une décennie plus tard, il sera intéressant d’évaluer l’apport de la ‘périphérie’ et l’intensité de la révolution copernicienne.  

Dimanche 5 novembre

 Mohammed ben Salmane, 32 ans, se prépare doucement à occuper le pouvoir en Arabie Saoudite. Il est adoubé par son père, le roi, qui pourrait abdiquer en sa faveur. Une révolution de velours s’accomplit sous la direction de celui qui veut un islam moderne, tolérant ; promouvoir les femmes, ouvrir des cinémas, et surtout, investir dans d’autres domaines que celui du pétrole. Manifestement les émirats comme Dubaï ou Qatar impressionnent leur grand voisin. Alors le jeune Mohammed frappe un grand coup contre la corruption. Des dizaines de princes, ministres, hommes d’affaires dont plusieurs sont notamment propriétaires de palaces parisiens, sont désormais sous les verrous. « Avec ces arrestations, le royaume amorce une nouvelle ère et une politique de transparence, de clarté et de responsabilité » déclare le ministre des Finances Mohammed al-Jadaan. Celui-là ne doit pas figurer parmi les sanctionnés.

Lundi 6 novembre

 Trump s’en est allé jouer au golf avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe La Corée du Nord ? Oui, bien sûr, ils en ont parlé aussi. D’autant que de Tokyo, il passe à Seoul, en Corée du Sud, où l’on est partagé. On est content de la visite du grand protecteur mais on craint la gaffe qui risquerait d’augmenter les tensions avec le Nord. Ce serait vache ça !... Meuh non !...

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 Il semble que toutes les parties sont d’accord : l’élection présidentielle en République démocratique du Congo aura lieu le 23 décembre 2018. Elle aurait dû se tenir avant la fin 2016. Encore deux ans de gagné pour Joseph Kabila. Surtout pour la nomenklatura qui vit et prospère dans son sillage.

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 Produit par Bertrand Tavernier, Lumière est un film à la fois didactique, amusant et touchant. Des 1422 films de 50 secondes réalisés par Auguste et Louis Lumière, d’abord à Lyon où ils inventèrent le cinématographe et ensuite dans le monde entier, 108 ont été sélectionnés, tournés entre 1895 et 1905. Grâce à un commentaire très instructif de Thierry Frémaux, le spectateur reçoit une magnifique leçon de cinéma, intelligente et distrayante. On apprend et on rit avec des images auxquelles on aurait été quelque peu indifférent. L’art de voir côtoie déjà celui de la mise en scène. C’est prodigieux. Évidemment.

Mardi 7 novembre

 Deux cents maires catalans (sur un peu moins de mille que compte la région) viennent à Bruxelles réclamer la liberté pour les indépendantistes, solliciter l’intervention de la commission européenne et marquer leur solidarité avec Carles Puigdemont, lequel prend la parole devant ses visiteurs au cours d’une  l’assemblée programmée au Palais des Beaux-arts (un haut lieu culturel appartenant à l’État belge…). Il défend ses actes au nom de la démocratie. De jour en jour, on n’entend plus que ces deux mots-là, « Liberté, Démocratie », clamée par des foules indignées. On va finir par oublier que ces gens se sont mis volontairement hors la loi en organisant un référendum interdit par la Constitution de leur pays et en proclamant leur indépendance, donc en bafouant une fois encore ladite Constitution. L’opinion publique aime les martyrs. Puigdemeont se trouve bien dans ce rôle.

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 La France universelle peut déployer cette capacité d’user à dessein de la diplomatie culturelle pour le rester. Abou Dhabi va inaugurer demain en grandes pompes – et en présence du président de la République – un musée majestueux réalisé par Jean Nouvel qui hébergera des collections du Louvre et du Musée d’art moderne comme du Centre Pompidou notamment. Un milliard d’euros seront versés à la France par les Émirats arabes unis en faveur de ses musées. C’est une opération qui place gagnante chacune de parties. Et c’est un extraordinaire événement de beauté au milieu d’un monde qui ne développe que de la fureur.

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 Nicolas Hulot (c’est-à-dire Emmanuel Macron) repousse le projet d’abandonner une partie du nucléaire en 2025 à 2030 et « peut-être 2035 ». Ce n’était pas qu’un engagement de François Hollande ; c’était une loi dite de transition énergétique prise le 17 août 2015 lorsque Ségolène Royal était ministre de l’Environnement, que l’ancien président avait promulguée, tandis que Nicolas Hulot l’avait saluée. Sans doute d’ailleurs l’avait-il  suscitée. Il s’agissait de ramener la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité. On avait connu l’éclatant ministre de la Transition écologique et solidaire plus volontariste sous d’autres législatures. Cette fois-ci, la couleuvre a la taille d’un boa.

Mercredi 8 novembre

 En 32 ans de bons et loyaux services au Nouvel Observateur, Jacques Julliard (84 ans depuis le 4 mars) a souvent ronronné dans ses éditoriaux. Le voici, au Figaro et à Marianne, recouvrant une verve que l’on croyait éteinte. Á l’occasion de la parution d’un livre (L’Esprit du peuple, coll. « Bouquins », éd. Robert Laffont) réunissant ses principaux écrits, livres et articles, il a dialogué pour L’Obs avec Carole Barjon et Matthieu Croissandeau. En prenant congé de la social-démocratie à laquelle il a pourtant consacré sa vie, il lâche notamment : « Quel intellectuel se situant dans la mouvance sociale-démocrate a publié un livre important dans la période récente ? » D’une certaine manière – indirecte bien sûr – Alain Bergounioux, le meilleur historien de la social-démocratie, lui répond dans le mensuel de critique littéraire, culturelle et artistique de L’OURS (Office universitaire de Recherche socialiste) en saluant le livre d’Axel Honneth, L’Idée de socialisme (éd. Gallimard). Ce disciple d’Habermas, professeur d’histoire sociale à l’université de Francfort, apporte une contribution intéressante à une pensée qui n’est pas à son meilleur dans la traduction politique ces temps-ci. Jetons rapidement trois réflexions élémentaires et cependant utiles à répéter. 1) Pour se garantir un avenir, le socialisme ne peut plus être le domaine et l’action d’une classe particulière. 2) Et très important au regard de l’Histoire : il faut le clamer vigoureusement une fois pour toutes, on ne peut pas l’imaginer en dehors de la liberté. Le socialisme a besoin de liberté pour s’épanouir. 3) Enfin, que tous ceux qui se reconnaissent en lui ne l’oublient pas : le socialisme est d’abord une morale, une manière d’être civique, hors des démons de l’argent. Á partir de ces bases-là, on peut lui attribuer des perspectives d’avenir.

Jeudi 9 novembre

 Un an après son élection à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump aligne des dizaines de gaffes, de menaces, d’insultes, de mensonges ou encore de plaisanteries cyniques. Sa cote de popularité en souffre mais son électorat est satisfait de son champion. Le suffrage universel a écarté durablement la crevasse entre le milieu urbain et le monde rural.

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 La valse des dénonciations pour harcèlement et/ou abus sexuels continue de déferler. L’annonce la plus cocasse (et la plus réjouissante…) est celle qui concerne Tariq Ramadan, exclu de l’université d’Oxford et dont les conférences sont ça et là déprogrammées. Les prises de paroles les plus inattendues fleurissent. Ainsi, la belle Gina Lollobrigida, disparue depuis longtemps des micros et des écrans (90 ans, on la croyait morte…) signale qu’elle a été abusée sexuellement deux fois dans sa vie. Elle ne précise cependant pas le nombre incalculable d’abus oniriques et de fantasmes qu’elle a suscités tout au long de sa carrière, créant, involontairement bien sûr, séparations et scènes de ménage.

                                                           *

 Jeune femme, film de Léonor Serraille honoré de la Caméra d’or à Cannes. Les bricoles de l’existence nourries par les rebonds de la solitude. Interprétation difficile mais étourdissante de Laetitia Doish.

Vendredi 10 novembre

 Cette photographie officielle de la poignée de mains entre Trump et Xi Jiping : l’Étatsunien est bêtement paternaliste tandis que le Chinois n’en pense pas moins.

                                                           *

 L’Arabie Saoudite a-t-elle destitué le Premier ministre libanais Saad Hariri qu’elle aurait de surcroît assigné à résidence ? C’est une question qui était absurde avant-hier, qui est apparue plausible hier, qui demeure lancinante aujourd’hui et qui sera peut-être inquiétante demain avant d’occuper le devant de l’actualité après-demain. Tout dépend de la manière dont Téhéran est impliquée dans cette étrange situation. De près ou de loin.

                                                           *

 Le temps des dénonciations est au beau fixe. En dehors des questions sexuelles, celle de l’argent n’est jamais loin. Les listes de dépositaires dans des paradis fiscaux régalent tous ceux qui aiment décortiquer les facéties du voisin et qui, eux, bien entendu, n’ont rien à se reprocher.

                                                           *

 Les spécialistes des redites sont ravis : Twitter a doublé sa règle concernant la dimension autorisée des messages. On pourra désormais envoyer des avis et des prises de position de 280 caractères maximum au lieu de 140. On n’arrête pas le progrès et le règne de la bêtise enfle un peu plus chaque jour.

Samedi 11 novembre

 Des centaines de milliers de personnes dans les rues de Barcelone. Pas toutes indépendantistes mais indignées de savoir des anciens ministres régionaux en prison. La répression madrilène rassemble plus qu’elle ne divise, mais le premier diviseur, c’est Carles Puigdemont, ainsi que le souligne Ada Colau, la maire de Barcelone qui ne peut pas être soupçonnée de sympathie pour Mariano Rajoy.

                                                           *

« Oh ! Laissez-moi ! c’est l’heure où l’horizon qui fume

Cache un front inégal sous un cercle de brume,

L’heure où l’astre géant rougit et disparaît.

Le grand bois jaunissant dore seul la colline :

On dirait qu’en ces jours où l’automne décline,

Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

(…) »

 Victor Hugo. Rêverie.

                                                           *

 Tout nous sépare, film coécrit et réalisé par Thierry Klifa. Oui, tout les sépare, ces petits truands de la zone et cette bourgeoise obligée de les côtoyer parce que sa fille, droguée, les fréquente. Tout sépare aussi Deneuve et le rappeur Nekfeu (Ken Samaras) mais il importe de saluer la grande Catherine d’accepter de pareils films à risques et de la féliciter aussi pour la manière avec laquelle son jeu porte Diane Kruger, sa fille à l’écran, dans un rôle ingrat si bien assumé.

                                                           *

 C’est un Français au nom américain. Il s’appelle Teddy Riner. Il est né à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Il a 28 ans. Il vient de décrocher son 10e titre de champion du monde de judo toutes catégories. C’est un artiste. Demain, peut-être un politique.

Dimanche 12 novembre

 Logique respectée. Après l’Armistice, jour des saignées, le jour du Seigneur…

« Mais alors, vous êtes plus puissants que l’Opus Dei ! Ils sont 70.000 !

  • Votre Sainteté, nous ne sommes pas puissants ! Nous ne sommes que des travailleurs humbles et actifs.
  • Non, non et non ! Pour faire le bien, le pouvoir est une nécessité. »

(Jean-Paul II au Grand Recteur de la congrégation  des Salésiens. In Boletin saleslano, avril 1979)

                                                           *

 Xi lui a dit que la Chine allait accentuer ses sanctions à l’égard de la Corée du Nord. Vladimir lui a confirmé que la Russie n’était pas intervenue dans l’élection présidentielle étatsunienne. Mieux : après leur brève rencontre, Vladimir a déclaré à qui voulait l’entendre que le président était « un homme bien élevé et d’un contact agréable ». Trump rentre donc au pays satisfait de son voyage en Asie plus cocoricoesque que jamais. Un tout petit sentiment d’inconfort habite cependant l’observateur : espérer que les conseillers de Poutine l’inviteront à ne pas en faire trop s’il veut être cru. Il y va de sa crédibilité.

                                                           *

 Tandis que les négociations sur le Brexit stagnent, 40 députés conservateurs demandent la démission de Theresa May. Ah ! Comme nombreux doivent être les citoyens britanniques regrettant aujourd’hui de s’être laissé embobiner par les politiciens eurosceptiques !

                                                           *

 François Hollande est partout. La semaine dernière, une soirée culturelle au château d’Hardelot en compagnie de Julie Gayet fut même l’occasion de se retrouver en couverture de Paris-Match. Le voilà aujourd’hui emprunté par Anne Roumanoff sous le pseudonyme François de Tulle dans Le JDD. Une parodie fictionnelle assez gentille… Et ce soir, il s’installe sur le fauteuil rouge de Michel Drucker en face de Caroline Langlade, une rescapée des attentats du Bataclan qui publie un livre bouleversant, Sortie de secours (éd. Robert Laffont) que l’ancien président préfaça. En grand professionnel, en vieux routier, Michel Drucker lui demanda délicatement comment il vivait. Il répondit en terminant son propos par : « Je reste attentif à tout ». Et comme disait Michel Drucker en commentant ce passage sur Europe 1 : « Il a les yeux grands ouverts. »

Lundi 13 novembre

 Le Monde relaye un cri d’alarme de 15.000 scientifiques issus de 184 pays conduits par des Prix Nobel pour sauver la planète. Une pétition d’une ampleur inédite au moment où les travaux de la COP 23 débutent à Bonn et que la fabuleuse réussite des accords de Paris (COP 21) ne donne pas l’impression de se concrétiser dans les faits. L’histoire de l’humanité repose sur la folie des Hommes. Quand la nécessité ne fait pas loi, le besoin, si essentiel soit-il, reste négligé. Si la Chine s’est associée rapidement aux mesures à prendre pour atténuer le réchauffement climatique, c’est parce que sa population des grandes mégapoles ne peut plus vivre autrement qu’avec un masque sur la bouche et le nez, c’est parce qu’on n’y capte plus les rayons du soleil tant les nuages de pollution s’épaississent. Par-delà les récalcitrants ou ceux qui trainent les pieds voire les resquilleurs, ce sont évidemment les États-Unis que l’on attend pour espérer obtenir une résolution positive et suivie d’effets. Macron est attendu à Bonn après-demain. Peut-être arrivera-t-il muni d’une bonne nouvelle en provenance de son copain Trump. Ce serait un geste sympa pour son amie Angela…

Mardi 14 novembre

 Erdogan et Poutine se rencontrent pour analyser l’état de la Syrie. Devant la presse, ils constatent que la violence régresse dans ce pays ravagé par une guerre civile. Sans doute ont-ils déjà envisagé le sort à réserver à Bachar al-Assad, bien discret depuis quelques semaines. Le maintenir au pouvoir demeure problématique. Pendant leur communication, on apprend qu’un raid aérien sur un marché dans une zone hors combats tua plus de soixante civils. Erdogan et Poutine ne changent pas d’attitude pour autant : la violence régresse en Syrie. Une vraie scène de Muppet Show.

                                                           *

 Depuis soixante ans, l’Italie participait à la phase finale de la Coupe du Monde de football. Elle y brillait au point de remporter parfois le trophée. Surclassée par la Suède dans les épreuves de barrages, elle n’ira pas défendre ses chances à Moscou l’été prochain. Ce n’est qu’un jeu certes, mais le foute a pris tellement d’importance dans la vie des sociétés que cette élimination devient une affaire d’État. C’est à peine si un deuil national n’est pas décrété. Comme toujours en pareille circonstance, des têtes vont tomber. Il est possible que la mafia s’en mêle. Ou le Vatican. Ou les deux…

Mercredi 15 novembre

 Sydney est en liesse. Le peuple australien s’est exprimé à 62 % en faveur du mariage entre personnes de même sexe, avec une participation au scrutin très significative de près de 80 %. C’est quand même un étrange phénomène, ce besoin d’être reconnu en étant autorisé à se marier, alors que les lois, pas si anciennes, avaient prévu des pactes d’union qui, précisément, reconnaissaient le statut de vie commune et ses corrélats juridiques. On ne sait trop comment les historiens commenteront cette tendance dans quelques décennies, une vague qui pourrait ouvrir d’autres remous existentiels, notamment sur le plan de la procréation, sujet beaucoup plus délicat.

                                                            *

 Il arrive un moment où les vieux dictateurs sont tellement sûrs d’eux qu’ils dépassent les bornes de leurs propres bornes. Robert Mugabe, 93 ans, voulait conserver le pouvoir à tout prix. Il envisagea de le confier à sa femme plutôt qu’à son vice-président lequel devait piaffer depuis quelques temps déjà… C’en fut trop. L’armée intervint. On ne sait trop ce qui se passe au Zimbabwe mais on devine le schéma des événements qui vont suivre.

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 Ross 128 b n’est pas un patronyme à consonance poétique. C’est pourtant le nom que l’Observatoire européen installé au Chili vient d’attribuer à sa nouvelle découverte, une planète qui présente de nombreuses caractéristiques autorisant l’éclosion de la vie, et située « seulement » - dit le communiqué – à 11 années lumière de la nôtre, soit un peu moins de 9700 milliards de kilomètres. Oui, seulement… Comme disait Albert Einstein : « J’aime penser que la lune est là, même quand je ne la regarde pas. »

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