Il y a des solutions contre les Fake News

Humeurs d'un alterpubliciste

Par | Penseur libre |
le
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Dans un monde où tout est communication si les fake news prospèrent autant, c’est qu’ils remplissent une fonction. Pour les hommes politiques qui en abusent, elle est claire : cela leur permet de discréditer les médias et toute information qui ne leur serait pas favorable, en général. Le conseil de l’Europe a commandé une étude sur le sujet à First Draft. Ceux-ci mettent le concept de Fake News directement à mal : il recouvre tout et n’importe quoi, il est donc impossible à mesurer et ce qui n’est pas mesurable, n’est pas gérable. Ils se sont donc penchés sur les dysfonctions de l’info qui se polarisent autour de la mésinformation et la désinformation.

Ils recensent 7 types de més- ou désinformations : la parodie de type Gorafi, le contenu biaisé pour favoriser un point de vue, le contenu d’imposteur aux sources vagues, le contenu contrefait à 100%, les titres et visuels qui ne correspondent pas au contenu, le contenu vrai, mais décontextualisé, enfin le contenu ou les images manipulées. Parce que la désinfo passe essentiellement par les titres et les images qui se propagent sur le net à une vitesse étourdissante. Tous ces types peuvent se regrouper en deux zones qui se rejoignent, la fausse info et l’info mal intentionnée, les deux zones pouvant se recouper.

Il faut également distinguer les acteurs qui sont à l'origine des dysfonctions, leurs messages, leurs audiences et l'interprétation que font ces dernières de leurs messages. Selon qu'un individu a des intérêts politiques ou économiques à défendre, il ne faudra pas réagir de la même manière.

Enfin, il faut bien cerner les phases de la diffusion de l'info : sa création, sa production sur un média, sa diffusion et puis son partage ou sa reproduction. Et c'est évidemment là que tout se complique comme je l'évoquais dans une précédente chronique, "combien tu donnes pour être informé ? " 
Le partage de l’info n’est pas un acte neutre. C’est un acte social et public puisque nous partageons avec nos connaissances qui ont plus confiance en leur proches qu’en d’autres institutions. Les producteurs de désinformation en ont bien conscience et les algorithmes amplifient le phénomène: les individus sur les réseaux sociaux finissent par fréquenter les gens qui pensent comme eux et en partagent les informations. Tout cela crée plus que de l’amplification, on assiste à une vraie caisse de résonnance et un isolement de l’individu dans une bulle où ne paraît plus que l'information qui le conforte. Les algorithmes y propagent toute info pourvu qu’elle caresse le nombril de l’audience qui en redemandera. Plus il valorise l’info qu’il reçoit et plus il sera valorisé par l’info qui vient. 

Le rapport se termine par 34 propositions pour les multiples acteurs de l’info. En voici quelques-unes que je livre à votre esprit critique parce que la liberté d’expression risque de perdre quelques plumes dans le combat.

Que pourraient faire les entreprises technologiques ?

  • Créer un conseil consultatif qui donnerait aux chercheurs un accès aux données relatives à l’amélioration des discours publics. C’est un minimum mais dans un cadre public.
  • Garantir la transparence des critères pour tout changement algorithmique qui déclasse du contenu informatif.
  • Collaborer
  • Mettre en exergue les détails contextuels
  • Éliminer les récompenses financières
  • Arrêter l’amplification informatique
  • Modérer les contenus dans d’autres langues que l’anglais
  • Veiller aux contenus audiovisuels de dés- et mésinformation
  • Fournir la métadonnée aux parties prenantes de l’infosphère
  • Mettre à disposition des outils de vérification (fact checking)
  • Construire des moteurs d’authenticité
  • Trouver des solutions qui minimisent l’effet “bulle” qui entoure l’individu sur les réseaux
    • En laissant l’utilisateur customiser les algorithmes qui l’alimentent en info et ceux qui font sa recherche;
    • En diversifiant l’exposition pour être confronté à l’altérité;
    • En permettant la consommation d’information privative, sans puce qui trace ce que je fais, lis, aime;

Que peuvent faire les gouvernements ?

  • Soutenir la recherche qui cartographie les dysfonctions de l’info
  • Réguler les réseaux publicitaires
  • Exiger la transparence sur la publicité sur Facebook
  • Soutenir les organes d’information de service public et les informations locales.
  • Former à la cybersécurité
  • Imposer un minimum d’information de service public aux plateformes présentes sur la toile.

Que peuvent faire les médias ?

  • Collaborer
  • Établir des règles communes pour le silence stratégique
  • Établir et respecter des codes éthiques multimédias
  • Discréditer les sources et contenus malveillants
  • Éduquer à l’info
  • Raconter l’ampleur et les dangers de ces dysfonctions
  • Améliorer la qualité des titres
  • Ne pas disséminer du contenu factice
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Voilà, il y a du travail et des choses à faire. La première c’est de continuer à exercer son libre-examen.

Patrick Willemarck

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