H comme honnête et Hollande

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Jeudi 16 mars

 Il n’est pas sûr que celui qui succédera au président de la République déploiera un aussi remarquable talent que le sien pour se livrer à une séance de remise de décorations. On attend autre chose d’un président ? Certes. Mais dans les compliments que François Hollande distille, aussi bien à une savante qu’à un informaticien, à un syndicaliste qu’à un historien, tous réunis au cours de la même séance, on y trouve toujours les traces d’un engagement authentique et de quelques allusions bien placées à l’endroit de celles et ceux qui le narguent ou le combattent. Un art consommé de la part d’une belle personne, honnête et digne.

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 Une urgence pour la campagne présidentielle française : qu’elle sorte des communs.

Vendredi 17 mars

 Ce Donald Trump qui reçoit Angela Merkel dans le bureau ovale et qui se refuse à lui serrer la main devant les caméras et les appareils photographiques crépitant : quel rustre !

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 Pour Montesquieu, le despotisme s’appuie sur la crainte, la monarchie sur l’honneur et la démocratie sur la vertu. Et pour l’heure, nous vivons une fameuse crise de la vertu !

Samedi 18 mars

 Martin Schulz est vraiment occupé à réveiller la social-démocratie allemande. Son parti, le SPD, vient de le désigner à la présidence avec une formidable unanimité. Le résultat est inédit. Avant la présidence de l’État ? Ce n’est franchement pas impossible. Mais pas avec 100 % des voix quand même…

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 Jean-Luc Mélenchon rassemble plus de 100.000 personnes sur la Place de la République au nom de La France insoumise. Dopé par le succès populaire, il égrène les grandes heures de la République en les commentant. Son talent oratoire déploie une grandiloquence spectaculaire en une faconde intarissable. Après avoir rappelé l’anniversaire de la Commune de Paris face à la statue de Marianne, il dénonce « la monarchie présidentielle» et en appelle à la construction d’une VIe République. C’est exaltant et c’est médiatiquement impressionnant. Mais ce n’est pas un pareil exercice qui lui donnera plus d’électeurs pour figurer au second tour. Désormais, l’audiovisuel est maître du jeu. C’est au grand débat de lundi soir que Mélenchon doit briller.

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 « Le huitième jour, Dieu créa Paul Claudel. Il avait envie de se foutre du monde. » (Charles Dantzig. Dictionnaire égoïste de la littérature française, éd. Grasset, 2005)

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 La France du rugby a battu le Pays de Galles à Paris et figure sur le podium du Tournoi des Nations, de justesse à la troisième place. Du coup, les commentaires deviennent dithyrambiques et les superlatifs pleuvent. Ce que les commentateurs un brin chauvins oublient de préciser, c’est que l’arbitre a prolongé le match de vingt minutes (du jamais vu… !) et que les Bleus ont renversé le score en toute fin, l’emportant 20 – 18 après avoir été menés durant toute la partie. Ah ! Ce côté franchouillard, comme il est regrettable de le constater parfois fanatiquement cocardier !...

Dimanche 19 mars

 Décidément, les sociaux-démocrates allemands s’activent. Erdogan ayant répété que Merkel adoptait « des pratiques nazies », Sigmar Gabriel, le ministre des Affaires étrangères, lui a sèchement répondu : « Nous sommes tolérants, pas des imbéciles ! » Convenons que la préparation des futures élections législatives n’est en rien le prétexte de cette flèche. La réaction de Gabriel prouve qu’il a le sens de l’État et qu’il respecte la chancelière.

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 Le rassemblement si enthousiaste que François Hollande réussit au Bourget en janvier 2012, Hamon le réalisa dans un pareil élan à Bercy. Mais pour lui non plus ce déploiement spectaculaire ne modifiera pas les données de la compétition. Ce sera, dans sa vie, un émouvant souvenir.

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 L’IFOP sollicite encore des citoyens pour jauger l’appréciation qu’ils portent à l’action de François Hollande. Et comme il fallait s’y attendre, sa cote de popularité remonte. Mais ce qu’il faut surtout retenir, ce sont les commentaires qui apparaissent à l’unisson : « Lui au moins aura été honnête ! » Ben oui, puisqu’on vous le disait…

Lundi 20 mars

 Lorsque Béatrix Beck écrivit Léon Morin prêtre, le roman qui lui valut le Goncourt en 1952, il y avait six ans que le Seconde Guerre mondiale était achevée. Les esprits étaient encore habités par l’occupation allemande qui avait divisé le peuple en suiveurs et en résistants. Et quand Jean-Pierre Melville décida de l’adapter à l’écran, en 1961, les mémoires étaient toujours baignées d’images tristes, horribles et pour certains culpabilisantes. Quant aux souvenirs qu’elles entretenaient, ils étaient transmis à la veillée, de première main à celles et ceux qui étaient nés pendant ou après le conflit. L’histoire de la communiste athée cachant des juifs qui tombe amoureuse d’un curé tandis que son mari est prisonnier marquait son époque. Et puis, le projet de Melville était servi par le jeune Jean-Paul Belmondo et la belle Emmanuelle Riva. Les cinéphiles se souviennent que les Mauriac s‘étaient épanchés à tour de rôle. Claude d’abord, dans Le Figaro du 30 septembre : « Film probe, émouvant, beau comme le roman qu’il reproduit fidèlement. Nous sommes étonnés d’être émus, troublés, de sentir passer le surnaturel. » François ensuite, le patriarche, dans Le Figaro littéraire du 18 novembre : « La grâce s’invite donc me disais-je. Qu’un bon acteur puisse devenir n’importe quelle créature, entrer dans toutes les peaux, je le savais. Mais ici, il fallut devenir ce saint qui ne sait pas qu’il est un saint et qu’il fut en même temps ce garçon aimé d’une jeune femme et qui sait qu’il est aimé. »

 Nicolas Boukhrief propose une nouvelle adaptation cinématographique sous le titre La Confession. Plus d’un demi-siècle plus tard, les esprits ont perdu les repères du climat social glauque, et si le beau Romain Duris ressemble à un saint tandis que Marine Vath joue en pleine authenticité, le film est fade.

Mardi 21 mars

 TF1 avait réuni hier soir cinq des onze candidats à l’élection présidentielle (les mieux cotés aux sondages bien entendu, ce qui met en lumière une discrimination guidée par les exigences de l’audience…) Après que la nuit porta conseil, l’on s’accorde pour considérer que Mélenchon fut le meilleur débatteur. La formation à la IVe Internationale porte encore ses fruits. Macron pouvait paraître parfois vague mais il obtient quand même un bel accessit. Fillon est un peu éteint et Hamon ne déploie aucun charisme pouvant servir ses arguments. Quant à Marine Le Pen, approximative, adepte du n’importe-quoi et vulgaire, forcément vulgaire, on se demande comment elle pourrait être qualifiée pour le second tour. Á un mois du scrutin, 34 % des Français se déclarent encore indécis. La télévision a influencé les primaires, peut-être produira-t-elle le futur président. Ce serait dans la logique du monde médiatisé à outrance.

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Mercredi 22 mars

 Où sont encore les zones de sécurité. Tandis que la Belgique commémore le premier anniversaire des attentats sanglants de Bruxelles, un policier est poignardé à Londres en face du Parlement. Quelques minutes plus tard, des coups de feu éclatent sur le pont de Westminster. Plusieurs blessés sont à déplorer dont des lycéens français. Le moins que l’on puisse dire est que cela ne se déroulait pas dans les quartiers mal famés de la capitale britannique.

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