Deux amis

Allo, allo, quelle nouvelle

Par | Penseur libre |
le
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Lecture 2 min.

Ils se connaissent depuis toujours mais leur parcours n’est pas parallèle. Le premier a aimé 1,43 femme et fait 2,4 enfants. Plus dans la norme, on ne peut pas. Le second, un géant sans enfant, affirme avoir aimé plus de cent mille femmes mais le chiffre est sujet à caution car sa mémoire est défaillante. Le premier mène une existence tellement précise qu’un grain de sable peut tout détruire, le second vit mille vies mais jamais la sienne. Le premier marche dans les clous quand le second plane dans les airs. Le géant braille trop fort, rêve éveillé, bouscule les étoiles, fait trembler la ville en marchant et inquiète les passants. Le géant est toujours à la marge, un peu voyou, un peu voleur quand il dérobe des boîtes de sardines aux multinationales alors que l’autre vit toujours sous la loi de ses parents et depuis leur mort sous celle des braves et honnêtes gens. Jamais volé, jamais pris, c’est tout comme.

L’asile, c’est là qu’on enferme ceux qui pourraient donner des idées aux autres. Un jour, on y enferme le second pour délire et trouble de l’ordre public. Le délire, on ne peut pas. Le premier homme décide de visiter le second. Ils sont amis quand même. Il trouve le géant assis sur un banc entre une femme terrorisée et un homme dont l’esprit a déserté son corps. Sans esprit, le corps ne se tient pas comme il faut. Déjà le front est trop grand, la bouche a disparu et les yeux ne sont plus à leur place. A sa gauche, la femme jette des regards paniqués autour d’elle en murmurant : « Ils sont là, ils m’ont retrouvée, ils me touchent. ». Le visiteur propose à son ami de sortir de  l’établissement.
- On ne peut pas. Tu sais bien que c’est interdit, répond le géant.
- On s’en fiche, on tente le coup, réplique l’autre à qui l’amitié donne des ailes, tu n’es ici que depuis 18 heures, personne ne te connait. Tu te lèves, tu marches vers la sortie comme si de rien n’était et moi, je te suis. Le géant se lève et se dirige vers la sortie. Tout se passe comme prévu. Dans la rue, le géant prend son ami dans ses bras et lui dit : « Tu m’as sauvé la vie ! » alors qu’évidemment, c’est tout le contraire.

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