"On les paie beaucoup trop!"

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Faut-il diviser par deux ce que gagne le bourgmestre des grandes villes? Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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Comment rétribuer le personnel politique? Face au populisme ambiant et à ses simplismes qui n'épargnent pas la gauche, quelques éléments de réflexion.

1. Le cumul des rémunérations est de plus en plus limité par deux phénomènes concomitants: le décumul des fonctions (autant vrai en Belgique qu'en France) et à défaut, la limitation des revenus des mandataires à 150% de ce que gagne un député (Belgique).

2. Il s'agit dans tous les cas d'argent public. Les excès tant dénoncés ces dernières années, et à raison, ont rendu ce point extrêmement sensible, même si les excès viennent des mandats annexes, souvent opaques. Le remède est simple: appliquer un plafond général.

3. Les politiques d'un certain niveau, surtout s'ils sont consciencieux et travailleurs, ce qui n'est pas exceptionnel, exercent des fonctions que l'on peut assimiler à celles d'un cadre supérieur. Herman De Croo avait résumé le problème en une phrase: à ne donner que des cacahuètes aux hommes politiques, ne vous étonnez pas s'il ne reste que des singes.

4. Même les entreprises publiques rémunèrent mieux leurs cadres principaux à un niveau supérieur aux revenus des députés.

5. Ce sont les abus qui choquent et comme souvent, la réaction est de diminuer le salaire de base de tous alors que ce n'est pas là l'injustice de départ ni la cause de la dérive.

6. Les avantages de toutes sortes accompagnants les fonctions prestigieuses ont été rabotés considérablement.

7. Une transparence absolue des rémunérations et des fortunes des mandataires publics est un souhait qui connaît une application de plus en plus rigoureuse (encore plus en France qu'en Belgique).

8. Certains hommes politiques, en entrant en fonction, conscients de l'air du temps, ont baissé de droit ou de fait leur rémunération (François Hollande, Philippe Close).

Que résulte-t-il de tout cela?

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Qu'appliquer le principe simple d'une rémunération suffisante, certes inférieure à ce que le privé peut offrir, limité dans tous les cas à un plafond, sous le contrôle d'une transparence totale, et liée à la présence effective et au travail réellement accompli, vaudrait mieux que des formules à l'emporte-pièce qui sont parfois le fait de députés eux-mêmes. Et qu'à l'inverse de l'image générale, la plus grande partie des mandataires publics est peu payée. Les fameux jetons de présence, dont on ricane sous cape, ne représentent bien souvent en net que quelques dizaines d'euros pour plusieurs heures de travail. Le taux horaire, dans ce cas, est même parfois inférieur au salaire horaire minimal. Or la complexité des dossiers et leur nombre sans cesse grandissant a de quoi décourager les meilleurs volontés. Qu'il s'agisse d'un maire en France ou d'un bourgmestre en Belgique, il y a une crise des vocations très sensible dans les petites communes.

Bref un équilibre est à trouver entre le nécessaire dévouement et la justice sociale, dont on ne voit pas pourquoi elle devrait être absente pour les mandataires publics. Faire de la politique pour être riche est immoral et dégoûtant; pour être pauvre, certes grandiose à première vue mais très dangereux pour la démocratie en réalité. S'il ne restait, outre les singes, que les très riches pour se permettre de faire de la politique en pensant probablement aux retombées ultérieures, c'est alors que la corruption triompherait. Et qui a envie d'être gouverné par Donald Trump?

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