Pose ton bouquet sur la tombe de Satan

Le Chant la vie

Par | Penseur libre |
le
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Lecture 3 min.

tu sais je suis maudit

j'essaye d'être un humain je vis

avec mes membres mes pensées

mon visage et mes rêves

j'ai assez de choses à faire

de mon corps de mes

yeux et de ma mémoire

pour encore me soucier

de pouvoir et d'argent

je vais dans des couloirs de gens

hantés par le pouvoir

de gens démolis par l'argent

dévorés le visage dévoré les yeux brûlants

de pouvoir et d'argent

les ongles plantés dans la chair du pouvoir

la bouche un roi

jadis a fait couler de l'argent pur

dans la bouche de ces gens

ils ont le corps qui brûle

et la peau saturée de haine

les lèvres arrachées

des mots de pointe de fer de glace de griffes de sang

les hommes au gros esprit

et aux petites mains

un Juif courbe dans les viscères

un pédé qui leur pète au nez

un communiste qui leur sert

de sorcière satanée

ils vont en bandes et gueulent comme des chiens dans les rues

se mêlent du sexe des amants et injurient les femmes

cassent les vitres et grandissent dans la peur

ils cherchent leur bonheur dans le sang de la race

de la race compliquée supérieure inférieure

avec des crânes longs des crânes courts des crânes plats

disent à la haine qu'elle est belle comme un rire de fou

aménagent des camps installent des prisons parlent de règlements

leur bouche est raide

leur bouche est dure elle embrasse la mort

elle est un noir tuyau par où passe la mort

en 85 ils pissent sur les tombes

des victimes de 45

la ration calorique des habitants du ghetto

n'atteint pas 10% de la ration allemande

là est

en fait

toute la question

là est toute la question là est

toute la question

en 1943 les trains transportent

les morts vivants

facturés troisième classe aller simple

en 2000 les postes distribuent

les tracts des nazis

au tarif imprimés

fais ton compte

ça valait bien le coup

tranquille l'enfant qui naît

qui n'est qui nez qui n'aie

qui vermine et qui brûle bétail de l'horreur

tranquille la femme émue

qui se souvient du bon temps de comment le führer on l'aimait

son beau sourire de coquillage à marée noire

comment ne pas aimer les étrangers quand on n'est pas raciste

comment craindre les travailleurs quand on est démocrate

comment vivre aujourd'hui quand au fond c'est la vie qui fait peur

ça commence où ça commence quand

on commence par oublier que le monde humain

est fait pour les humains à hauteur d'homme à main

d'homme on croise des tués

par la solitude des rues où mendier

se fait dans le silence et le mépris

qui parle déjà de ces rires

d'Allemands ordinaires pour ces Juifs ordinaires

qui frottaient les trottoirs avec des brosses à dents

ça commence par le silence par le silence par le silence

par

le

silence

sortir

sortir

et prendre l'air

chercher dans le matin

les tendres luminaires

qui trahissent l'horreur

le goût le goût profond

le goût de l'âme humaine

point du jour et genêt

je meurs et je renais

je ne meurs jamais

 

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je suis maudit tu sais

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