Pose ton bouquet sur la tombe de Satan
tu sais je suis maudit
j'essaye d'être un humain je vis
avec mes membres mes pensées
mon visage et mes rêves
j'ai assez de choses à faire
de mon corps de mes
yeux et de ma mémoire
pour encore me soucier
de pouvoir et d'argent
je vais dans des couloirs de gens
hantés par le pouvoir
de gens démolis par l'argent
dévorés le visage dévoré les yeux brûlants
de pouvoir et d'argent
les ongles plantés dans la chair du pouvoir
la bouche un roi
jadis a fait couler de l'argent pur
dans la bouche de ces gens
ils ont le corps qui brûle
et la peau saturée de haine
les lèvres arrachées
des mots de pointe de fer de glace de griffes de sang
les hommes au gros esprit
et aux petites mains
un Juif courbe dans les viscères
un pédé qui leur pète au nez
un communiste qui leur sert
de sorcière satanée
ils vont en bandes et gueulent comme des chiens dans les rues
se mêlent du sexe des amants et injurient les femmes
cassent les vitres et grandissent dans la peur
ils cherchent leur bonheur dans le sang de la race
de la race compliquée supérieure inférieure
avec des crânes longs des crânes courts des crânes plats
disent à la haine qu'elle est belle comme un rire de fou
aménagent des camps installent des prisons parlent de règlements
leur bouche est raide
leur bouche est dure elle embrasse la mort
elle est un noir tuyau par où passe la mort
en 85 ils pissent sur les tombes
des victimes de 45
la ration calorique des habitants du ghetto
n'atteint pas 10% de la ration allemande
là est
en fait
toute la question
là est toute la question là est
toute la question
en 1943 les trains transportent
les morts vivants
facturés troisième classe aller simple
en 2000 les postes distribuent
les tracts des nazis
au tarif imprimés
fais ton compte
ça valait bien le coup
tranquille l'enfant qui naît
qui n'est qui nez qui n'aie
qui vermine et qui brûle bétail de l'horreur
tranquille la femme émue
qui se souvient du bon temps de comment le führer on l'aimait
son beau sourire de coquillage à marée noire
comment ne pas aimer les étrangers quand on n'est pas raciste
comment craindre les travailleurs quand on est démocrate
comment vivre aujourd'hui quand au fond c'est la vie qui fait peur
ça commence où ça commence quand
on commence par oublier que le monde humain
est fait pour les humains à hauteur d'homme à main
d'homme on croise des tués
par la solitude des rues où mendier
se fait dans le silence et le mépris
qui parle déjà de ces rires
d'Allemands ordinaires pour ces Juifs ordinaires
qui frottaient les trottoirs avec des brosses à dents
ça commence par le silence par le silence par le silence
par
le
silence
sortir
sortir
et prendre l'air
chercher dans le matin
les tendres luminaires
qui trahissent l'horreur
le goût le goût profond
le goût de l'âme humaine
point du jour et genêt
je meurs et je renais
je ne meurs jamais
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