Ne snobez pas Léon

À table avec l'Ogre

Par | Journaliste |
le

Marseille sur Senne. Photo © J. Rebuffat

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Il y a des gens qui ne supportent plus d'entendre la cinquième symphonie ou la petite musique de nuit. Parallèlement, il y a des gens qui snobent certains endroits supposés trop connus. Je pensais à cela en déjeunant récemment chez Léon. Oui, chez Léon, la friture bruxelloise bien connue, érigée dans tous les guides internationaux comme monument incontournable de la cuisine belge comme par exemple Chartier l'est à Paris. Des hordes de touristes de tous horizons, du coup, font la file pour déjeuner ou dîner au royaume de la moule qui n'a pas peur du homard ou de la bière que n'effraie pas le sancerre. Et des Bruxellois pur jus (pour autant que cela existe), qui sont pourtant pour beaucoup dans ce triomphe international par un siècle et un quart de fréquentation assidue, croient déchoir en posant leur postérieur sur les chaises léoniennes.

Ils ont tort. Notez, ils ont retrouvé le chemin des Armes de Bruxelles, juste en face, et comme c'est désormais le même proprio, Rudy Vanlancker, celui-ci n'y perd pas. Notez encore que personnellement, je vais surtout chez Léon quand des groupes d'amis lyonnais ou parisiens débarquent à Bruxelles, tout simplement parce que le rapport qualité-prix est évident et qu'il y a moyen de négocier des menus copieusement arrosés à des prix qui ne feraient pas fuir un canut ou Gavroche, tout en leur offrant la dose de bruxellitude qu'ils espèrent. Cette fois-ci, c'était un tête-à-tête : je suis allé retrouver une vieille complice qui certes s'occupe de promouvoir les lieux mais qui pousse la conscience professionnelle jusqu'à insister sur la vraie nouveauté de Léon : une nouvelle cuisine. Non, pas de panique, Léon ne s'est pas converti au filet de sole kiwi, la cuisine reste traditionnelle sauf qu'elle est concoctée dans des lieux rénovés. Et pour me démontrer que dans des casseroles neuves on peut faire de bonne soupe, nous avons opté pour la bouillabaisse au homard, plat je l'admets assez peu bruxellois, sauf cette manie locale de faire riche en y incorporant un homard.

Que dire sinon que je m'extasie toujours, chez Léon, du fait que malgré l'impressionnant débit et l'incroyable variété des plats proposés, ce n'est jamais mauvais. Pour être tout à fait honnête, cela n'atteint pas toujours des sommets gastronomiques mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. Marcel Kreusch, qui dirigeait dans les années 70 le premier restaurant bruxellois à avoir décroché trois étoiles au Michelin, venait chaque semaine chez Léon pour y déguster une sole meunière dont il clamait qu'elle était la meilleure de la capitale de l'Europe. Bref, Léon, moi, j'aime vraiment et je ne suis pas prêt d'arrêter d'y retourner, sole meunière ou moules, américain ou vol au vent, sachant que je peux bien y manger à moins de 20 euros et qu'en cas de folie, j'en aurai tout de même pour mon argent si je prends des plats plus distingués.

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D'ailleurs c'est tellement vrai que je feuillette souvent « Chez Léon, une friture bruxelloise », en vente sur place, et qui, sous la plume de Rudy Vanlancker et de quelques autres, vous raconte tout sur les lieux, même les recettes. Car rien ne vous empêche de vous laisser tenter par des œufs à la Meulemeester, même si sauf erreur ils ne figurent pas à la carte. Un jour, je vous en donnerai ma propre recette, c'est promis. D'ici là, bon appétit et large soif (la bière Léon est réservée aux lieux).

Chez Léon, rue des Bouchers, 20, 1000 Bruxelles. Ouvert tous les jours.

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