Le journalisme, un perpétuel débat citoyen

Les indignés

Par | Journaliste |
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Cette année, c'est le dessinateur de presse OLI qui illustre l'agenda des journalistes professionnels.

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En cette période troublée, certain.e.s se lancent dans des critiques acerbes des médias d’information, accusant les journalistes de désinformation, de manque d’esprit critique, voire même de diffuseurs d’informations fausses. Une perception aiguisée par l’angoisse qu’a fait surgir la pandémie de la Covid-19 dans tous les esprits. Cette perception ne correspond pas à la réalité objective pour qui lit et écoute attentivement les médias d’information journalistique. En Belgique, ces médias ont globalement bien fait leur travail d’information et de plateforme de débats au fur et à mesure du déroulement de l’épidémie, des mises en place des stratégies sanitaires par les gouvernements, des réactions des divers corps de métier impliqués dans ces événements totalement inhabituels. Les critiques sur les défauts graves de politique de santé publique ont été émises, les accusations contre des représentants politiques ont été relayées avec le soin nécessaire (enquêtes, recoupements d’infos, vérification des sources, droit de réplique, etc.) Reste que nombre de personnes ont le sentiment que les médias n’ont pas fait correctement leur travail. Un sentiment n’est pas un critère objectif et « les médias », cela n’existe pas puisqu’ils sont très nombreux et très divers.

Que des informations déplaisent parce qu’elles ne correspondent pas à des croyances, des présupposés, des préjugés, c’est normal. C’est cela, le journalisme : apporter un maximum de faits, d’analyses et servir de plateforme de débats citoyens. C’est aussi commettre des erreurs, inévitables dans une actualité mouvante, les reconnaître et apporter les éléments de connaissance indispensables à la réflexion collective.

 Cette démarche est ardue, complexe et nécessite un dialogue constant avec la société. C’est ce que font les journalistes qui, pendant cette crise, ont été sur le terrain, y compris les plus dangereux au point de vue sanitaire, afin de permettre au public de prendre connaissance de la gravité et de la complexité de cet événement d’ampleur mondiale. En informant, en expliquant les enjeux et erreurs des décisions politiques, ils ont contribué à la compréhension par le grand public des raisons de certaines décisions privant temporairement les gens de certaines de leurs libertés pour le bien de tous. C’est ce sentiment de collectivité, de solidarité entre personnes, entre générations qui devrait triompher et pas un sentiment de doute, de méfiance, de colère qui accroît l’individualisme et le défaitisme.

Face aux critiques, la plupart du temps non fondées objectivement et qui blessent profondément les journalistes qui ont travaillé avec courage lors de cette crise angoissante et les autres, les nombreux indépendants qui ont perdu tous leurs moyens d’existence faute de travail dans les rédactions réduites au télétravail, l’Association des Journalistes Professionnels a adopté, ce 27 février en assemblée générale, la motion suivante :

  • Salue le rôle essentiel joué par les journalistes au cours de la crise COVID ainsi que la reconnaissance de ce caractère essentiel tant par le public que par les autorités.
  • Rappelle que « les médias » est un ensemble très loin d’être univoque et que c’est la diversité de ceux-ci qui offre une information de qualité.
  • Souligne le professionnalisme avec lequel l’ensemble des journalistes professionnels ont vérifié les faits, diffusé les consignes élémentaires, recherché la parole des scientifiques, fait une large place aux débats et aux critiques de la gestion de la crise, y compris par les experts.
  • Estime qu’une telle information professionnelle a contribué à la protection sanitaire de la population.
  • Invite dans le même temps les rédactions à initier ou poursuivre un travail de réflexion et d’évaluation, vu l’année qui vient de s’écouler, en questionnant leurs pratiques journalistiques, leurs méthodes de travail et la gestion de leurs ressources humaines, salariées comme indépendantes.
  • Félicite les rédactions pour les efforts déployés, dans des conditions souvent difficiles, pour livrer des reportages de terrain autant que pour donner voix à chacun.e, y compris aux publics les plus défavorisés.
  • Constate que l’indépendance, indispensable pour qu’un tel travail journalistique de qualité puisse être réalisé, particulièrement en temps de crise, demeure une valeur cardinale du journalisme et que cette indépendance illustre que le seul enjeu pour les journalistes est d’être au service des publics et des citoyen.ne.s.
  • Admire le courage avec lequel les journalistes ont surmonté les difficultés quotidiennes que génère le travail à distance, dans des conditions rarement idéales et souvent en sous-effectifs.
  • Déplore que nombre d’entre eux.elles sont, après un an à ce régime, exténué.e.s, voire dans l’impossibilité de travailler, ou précarisé.e.s par le climat économique alors même que l’information n’a jamais été aussi recherchée.
  • Engage fermement les directions de médias à investir davantage de moyens dans les forces vives qui recherchent, traitent et diffusent l’information : les journalistes.
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