Je suis un ready made
dans les pauvres chambres intérieures
tapissées de rêves de merde
des lèvres à bile délicate
murmurent murmurent murmurent
mettent de la merde aux murs
des lèvres qui parlent pour quatre
estomacs alourdis qui gerbent
les murmures durs les murmures durent
dans les pauvres chambres intérieures
silencieusement ça glisse
par la fenêtre entrouverte
et sur quelques visages lisses
ça dépose son encre verte
murmures murmures murmures
dans les pauvres chambres intérieures
ondule et tourne la rumeur
je le tiens d'une source sûre
Je suis un ready made (2)
une radio
machine ventriloque
voix coulée d'outre-moi et des désirs déserts
de flammes qui s'étouffent de visages enneigés
par la fenêtre couvre un périmètre blanc
dans le vent dérobé des villes diamant
des villes embuées couvertes de sueur
une radio
appareil ubiquiste
garçon stylé qui sert ce qui de rien vous sert
diseur de bon aventure de gré à gré
modiste émérite des chapeaux les plus lents
danseuse qui du ventre et des épaules ment
magicien escamotant le monde et la peur
une radio
une gentille breloque
cabinet permanent des derrières qui se serrent
palais des mélodies et des discours légers
paquebot sur les mers péniblement allant
fils des bonnes familles qui cachent leurs déments
chat inutile et lourd un mauvais jour qui meurt
une radio
parle aux gens bien cuits
elle leur dit soyez sages soyez un peu faussaires
il faut bien de nos jours se faire un peu de blé
il faut se faire soi-même et un peu violent
il faut se faire à tout s'écraser calmement
écraser le voisin tout en ayant bon cœur
une radio
pleine de jeux idiots
essuie les ciels gris et les larmes amères
glisse des météos aux nouvelles abrégées
glisse des sports à fric aux flaques d'océan
glisse sur ce mazout et les grands continents
grandiloque les princes leurs cousins et leurs sœurs
une radio
ce vide vent dit haut
ce que les carmélites pensent dans leurs prières
ce que les vieux messieurs attendent d'espérer
le murmure des nuits mortes et dans leur trou béant
le frisson sur les peaux des dieux incontinents
ce que les bouches blêmes accouchent de rumeur
une radio
vous laisse le rabiot
de ce qu'il faut savoir sur les très hautes sphères
et comment l'argent passe entre les doigts pressés
pourquoi les présidents qui président céans
ont des airs entendus des yeux malentendants
comment on vend le monde selon son humeur
une radio
c'est un foutu rafiot
qui fluctue mais ne coule sur la boue des misères
les voiles déchirées mais le mât bien dressé
visible de partout même des coins mourants
à la coque magique et avec rien dedans
on y boit du vinaigre en des verres de splendeur
une radio
à la fin la radio
évide les regards qui contemplent vos frères
remonter les échines et secouer les pieds
rire en pleurant la mort pleurer en se marrant
attendre encore un mois pour se soigner les dents
et dans leurs mains usées retrouver de l'ardeur
éteins plutôt
la radio aveugle
du cœur mourant
du monde
qui chuinte
à tes oreilles
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.
Merci !
Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.
Chaque samedi le meilleur de la semaine.
/ Du même auteur /
-
Chemins noirs - Poèmes inédits de Serge Noël
-
Plage
-
Café de nuit
-
Moment de silence
-
L’arcade des mains coupées
-
Lorsque le moral est bas la ville la nuit
-
Le départ
-
Dans l’ombre et la lumière
-
Dans l’ombre
-
Petit homme
/ humeurs /
/ photos /
/ Commentaires /
Avant de commencer…
Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.
Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement.
Pour en savoir plus, cliquez ici.