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Mineur mineur en Colombie. N'oubliez pas de lui dire merci.

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Lecture 3 min.

La numérisation[1] forcée et forcenée de notre société, souvent vantée pour les économies qu’elle fait réaliser (moins de papier, moins de déplacements polluants, …) serait-elle un miroir aux alouettes ? C’est en tout cas ce qu’affirme Mathieu Vidard, journaliste à Radio France dans son podcast "La Terre au Carré ".

En réalité, le coût écologique de la numérisation et de ses à-côtés, comme le streaming par exemple, est colossal. Selon Vidard, "Le streaming recracherait 100 millions de tonnes de CO2 par an et engloutirait 80% de la bande passante. Le streaming est une technologie incontournable en 2022." Ça promet.

Les utilisateurs du streaming, mais aussi du "cloud", sont de plus en plus nombreux et ce, dans le monde entier. La bande passante nécessaire pour faire fonctionner ce réseau gigantesque consomme une énergie faramineuse, source elle-même d’une pollution catastrophique liée, notamment, à la production électrique nécessaire à son fonctionnement.

That’s the way I like

Un like, c’est une fraction de seconde. Quasi rien. Quoi de plus innocent ? Eh bien, ce n’est pas l’avis du journaliste Guillaume Pitron qui, trois ans après "La Guerre des métaux rares", s’attaque à un nouveau sujet avec "L’enfer numérique, Voyage au bout d’un like". Il dévoile le coût environnemental d’un secteur dématérialisé. Entre les stratégies des géants qui nous maintiennent dans l’illusion d’un Internet "propre" et la difficulté de ressentir une pollution qui n’a ni goût, ni odeur, l’enquêteur dévoile les dessous d’Internet. Et ce n’est pas de la dentelle !

Selon l’Ademe, tablettes, téléphones et autres écrans sont responsables de 10% de la consommation électrique en France, une consommation énergétique du numérique qui augmente de 6% chaque année. Le numérique génère plus de 3,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre[2]: 28% dues aux infrastructures réseau ; 25% dues aux data centers ; 47% dues aux équipements des consommateurs (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…). Et l’on ne parle même pas du parc informatique mondial… Imaginez : en 2021, il s’est vendu dans le monde 341 millions d’ordinateurs. Jusqu’où cette croissance galopante pourra-t-elle se poursuivre ?

Arrogante insulte

Ce qu’on nomme joliment "l’immatériel" nécessite, pour fonctionner, du "matériel" en quantités astronomiques : outre les écrans déjà nommés, des millions de kilomètres de câbles, des millions d’antennes et d’émetteurs et, bien entendu, leur pesant de minerais et terres rares – dont l’extraction se fait souvent par l’exploitation d’enfants dans des conditions de travail épouvantables - une insulte arrogante à toutes les conventions internationales[3].

Mais que faire ? Une marche arrière est-elle possible ? En Belgique, mais aussi aux États-Unis, au Brésil, en Afrique, en Chine, en Inde et en Russie ? Quel Grenelle, quel Davos, quel Bilderberg, quelle COP, quel OMC va décider pour le monde entier que désormais, la croissance du PIB n’est plus l’étalon en vertu duquel notre économie fonctionne? Si aucun consensus mondial ne se dégage, il va falloir produire de l’énergie sur la Lune ou sur Mars, sans quoi on se prépare à des lendemains difficiles…

Amies lectrices, amis lecteurs, si vous avez des solutions, parlez maintenant – ou taisez-vous à jamais !

 

 

[1] J’utilise délibérément "numérisation" au lieu de "digitalisation", un anglicisme qui n’a aucun sens en français.

[2] Il faudrait un jour qu’une université fasse le décompte des pourcentages d’émissions de GES attribués à tel ou tel secteur : je suis certain qu’on arriverait à plus de 100%...

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[3] Convention n° 182 de l’OIT sur "les pires formes du travail des enfants".

 

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