Brassens : « si Dieu existe, il exagère »

Les calepins

Par | Penseur libre |
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D’Ormesson, Johnny : la semaine funèbre de Macron. Photo © BFMTV.

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Vendredi 1er décembre

 Ce qu’il faut surtout retenir de la tournée africaine d’Emmanuel Macron tient en un cri : « Débrouillez-vous ! » Par ces mots, le président déclare mettre fin à la France-Afrique, ce concept un peu paternaliste qui avait succédé à la France puissance coloniale. Devant la jeunesse universitaire un tantinet éberluée, ces mots se veulent libérateurs. Elle assumera, cette jeunesse, avec force et sagesse, mais ses aînés auront peine à s’adapter. Ces peuples ont tellement été habitués à être assistés que l’aide extérieure fait partie de leur mode de vie. Si la tutelle de la Chine, par exemple, remplace la tutelle de la France, le geste de Macron n’aura pas déclenché le progrès. La bonne volonté du chef de l’État français ne doit donc pas être dégagée des réalités comme des contingences. Quand le Mali faillit tomber aux mains des islamistes, François Hollande n’hésita pas à envoyer son armée. Il en fut tellement récompensé qu’il fut accueilli en héros, considérant que c’était « le plus beau jour de sa vie »… Et puis, il y a l’économie. C’est par milliers que l’on compte les entreprises françaises implantées en Afrique. Attention et prudence, donc. On connaît les limites de la politique du claquement de doigts.

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 Des élections locales et régionales ont eu lieu hier et aujourd’hui en Algérie. Moins de 20 % d’électeurs y ont participé. On a même vu Bouteflika se rendre au bureau de vote. Vive la démocratie !

Samedi 2 décembre

 Obama est à Paris. Bien entendu, Macron le reçoit… Mais après le dessert, l’ancien président des Etats-Unis  quitte l’Élysée pour rejoindre François Hollande. Ces deux retraités-là se portent bien. Merci. Et s’entendent bien. Aussi.

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 Quelqu’un aurait-il des nouvelles de Carles Puigdemont ? On l’a vu dans les rues d’Anvers, il a donné une conférence de presse afin de lancer sa campagne depuis la Flandre, mais comment vit-il ? Et où ? Et avec quels moyens ? Qui l’aide en Belgique ?  La presse, désormais liée au fait que l’urgent chasse l’important, ne s’intéresse plus à l’ancien président de la Catalogne. Et, pourtant, Puigdemont cacherait encore bien un scoupe, peut-être malgré lui…

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  On le sait : Robert Guédiguian aime Marseille. Intensément. Tellement fort et bien qu’il ne peut pas rater une histoire lorsqu’il l’enracine dans ses espaces. L’intégralité de La Villa se déroule dans une calanque (le générique nous apprend qu’il s’agit de celle de Méjean) qui perd petit à petit de son charme et de son identité, soumise à la spéculation immobilière. Il s’agit d’une histoire de famille assez banale. Le père va mourir, deux fils et leur sœur se retrouvent après de longues années d’éloignement. Les témoignages, les affections, les souvenirs et les accrocs de la vie apparaissent au fil des dialogues. Les retrouvailles consécutives à l’événement qui annoncent le deuil s’accomplissent de manière somme toute assez ordinaire jusqu’à ce les hommes découvrent, cachés dans les broussailles, trois petits enfants de migrants dont les parents ont dû périr dans les flots. Et soudain, cette narration lente, anodine, presque quelconque, prend une dimension humaniste grâce à des réflexes humanitaires. Mare nostrum n’a pas fini d’ordonnancer le monde.

Dimanche 3 décembre

  Mohammad Rasoulof. Retenir ce nom : Mohammad Rasoulof. C’est celui d’un brillant cinéaste iranien, salué à Cannes, censuré dans son pays, susceptible d’y être emprisonné pour avoir critiqué le régime. Il a déjà été privé de passeport et jusqu’à présent, il communique avec l’extérieur (c’est-à-dire le monde entier ou presque…) grâce à Skype. Mohammad Rasoulof. Mohammad Rasoulof. Son dernier film s’intitule Un homme intègre. Rien que cette expression doit déranger une théocratie.

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 On a retrouvé Puigdemont ! Il est à Bruxelles (du moins de jour), et il fait campagne pour les élections du 21 décembre. Rien que ça ! Son avocat, préventif, a déjà indiqué qu’il resterait en Belgique après le scrutin. Même s’il est réélu président de la Catalogne comme il l’affirme dans ses discours ? Diriger la Catalogne depuis Bruxelles, la Commission européenne n’y aurait pas pensé. Ou plutôt n’aurait pas osé le penser… En attendant, Puigdemont est occupé à entrer dans l’histoire des exilés nombreux qui se sont réfugiés dans la capitale belge : Hugo, Marx, Serge, Trotski, Durutti, tant d’antifascistes espagnols célèbres, souvent originaires de Catalogne… Hélas ! Carles Puigdemont ne possède pas le talent de ses illustres prédécesseurs. Tout fout l’camp, même les réfugiés politiques.

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 En se servant de la série américaine House of Cards, et en développant l’aspect shakespearien de certains acteurs comme Kevin Spacey, sous les feux de la délation sordide, Jacques De Decker, constatant que la réalité, une fois de plus, dépassait la fiction, affirmait que cette fois-ci, « la confusion est totale ». Le virtuel et les fausses informations nous ont en effet fait entrer dans la société de la confusion comme nous avions autrefois muté dans la société de consommation. Le nouveau concept est beaucoup plus spécieux, tandis que l’autre est entré (ancré) dans les mœurs…

Lundi 4 décembre

 Au premier tour des élections régionales corses, les nationalistes raflent déjà la mise. Décidément, les avatars du Brexit et les cafouillages des Catalans n’ont pas contrarié la détermination des électeurs. Le fait régional est dépendant de l’élan régional. Être de quelque part, le revendiquer, s’en émouvoir. Si l’Europe ne fait pas rêver l’an prochain, les élections de juin 2019 seront encore l’occasion de la dénigrer un peu plus. C’est le devoir des démocraties d’harmoniser le local et le mondial en un pareil élan civique.

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  Cannes n’a pas manqué à sa tradition de couronner les films qui bousculent, qui interrogent ou dénoncent les scories de la société, en octroyant cette année sa Palme d’or à The Square, cette satire permanente de Ruben Ostlund dont un musée d’art contemporain, ses arcanes et ses chafouineries pédantes lui servent de marchepied. Nous vivons dans un monde où les inégalités sont flagrantes, insolentes, tellement dérangeantes qu’on ne les distingue plus. Elles font partie du paysage quotidien, comme des fatalités de la nature. Les feuilles des arbres brunissent, jaunissent et tombent, on n’y peut rien. Il y a des paraboles et des symboles qui secouent ; d’autant plus que les plans, judicieusement élaborés, frappent souvent le regard avant de laisser trace.

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  Projet de roman. Á l’instar de Sagan (Aimez-vous Brahms ?), s’appuyer sur Flaubert, et en particulier sur son Dictionnaire des idées reçues. Exemple : définition du mot Exposition : « Sujet de délire du XIXe siècle ». C’est assez pour bâtir au moins trois chapitres…

Mardi 5 décembre

 On se surprend à se demander ce que Jean d’Ormesson a bien plus laisser comme phrase ultime en décédant à 92 ans, diminué mais lucide. Á l’instar de Charles Trenet qui multiplia les tournées d’adieu, il publia plusieurs livres pouvant être considérés comme le dernier chant (dont cette belle autobiographie parue l’an dernier, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, titre somptueux emprunté à son ami Aragon) Il n’avait donc pas à prononcer le mot qui marquerait sa postérité. Une référence à Dieu sans doute… Comme celle que Brassens exprima dans son dernier soupir et qui dut amuser d’Ormesson s’il en eut connaissance : « Si Dieu existe, il exagère ». Eh oui, Tonton Georges n’avait que 60 ans. Il mourut aux deux tiers de la vie de d’Ormesson et moins encore par rapport à celle de Charles Aznavour, qui aime toujours Paris au mois de mai, celui de son anniversaire…

Mercredi 6 décembre

 8 heures. Les radios donnent un reflet étrange d’une journée qui s’annonce en une nostalgie musicale et des témoignages déversés à satiété. Y a-t-il toujours la guerre en Syrie ? Trump va-t-il réellement transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem au risque de vexer tous les pays arabes ? Macron est-il bien parti à Alger ? Quel est son programme d’un jour ? Et Theresa May, a-t-elle réussi à convaincre le petit parti unioniste irlandais indispensable à sa majorité d’accepter les conditions du Brexit ? Hola ! De nouveaux troubles en Ukraine où la Russie serait impliquée !... La Chine a-t-elle calmé le fou de la Corée du Nord ? Carles Puigdemont continue-t-il à faire campagne depuis le sol belge ?...

 On ne saura rien de tout cela. Car cette nuit, Johnny Hallyday est mort.

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 Á la surprise générale, Vladimir Poutine annonce sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2018. Pour une nouvelle inattendue, c’est une nouvelle inattendue ! Et les Dupont et Dupond ajouteraient : « Je dirais même plus : c’est une nouvelle inattendue ! »

Jeudi 7 décembre

 Il l’avait dit au cours de sa campagne, il l’a dit depuis quelques jours, il l’a fait. Donald Trump a décidé de transférer l’ambassade de son pays de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnaissant ainsi implicitement que la Ville sainte est la véritable capitale de l’État hébreu. On pensait qu’avec cette décision, il se mettrait à dos les pays arabes ; c’est la quasi-totalité des pays membres de l’ONU qui désapprouvent cette mesure, à tel point que le Conseil de Sécurité se réunit en urgence afin d’examiner les conséquences d’un pareil geste. (Le Conseil de Sécurité est convoqué si souvent ces temps-ci en urgence que l’on ferait bien d’envisager de le faire siéger en permanence). Cela dit, une fois de plus, on est d’abord dans l’esbroufe. Il y a un bâtiment à construire dans la banlieue de Jérusalem et un déménagement à organiser. Quand tout aura été prêt pour faire mouvement depuis Tel-Aviv, peut-être que Trump n’occupera plus la Maison Blanche.

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 Dans un communiqué publié en début de soirée, le Centre communautaire laïc juif de Bruxelles « regrette la décision de Trump ». Combien d’institutions équivalentes dans le monde sont prêtes à prendre pareille attitude ? Si elles sont nombreuses, le président des Etats-Unis serait d’autant plus démonétisé. Quant au processus de paix, il aurait juste encore une mince raison d’exister…

Vendredi 8 décembre

 Aujourd’hui, les catholiques célèbrent l’Immaculée Conception, l’état lié à la Vierge Marie selon le dogme établi par Pie IX en 1854. On estime en outre qu’à partir du 16e siècle, les médecins se sont intéressés à l’appareil génital féminin.

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 La semaine prochaine, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union européenne ratifieront l’accord conclu entre Theresa May et Jean-Claude Juncker pour entériner le divorce. Incontestablement, la négociation a tourné à l’avantage de l’UE pour plusieurs raisons dont la principale était, du côté de la Première ministre britannique, la nécessité de rester à la tête de son gouvernement. Si elle sauve son poste, elle connaît la feuille de route qui l’attend jusqu’à la fin de la législature : redresser l’économie du Royaume-Uni, fortement handicapée par cette séparation que son peuple a majoritairement voulue et qu’il doit tout aussi majoritairement regretter.

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 On imagine combien les conseillers du président ont dû s’affairer en propositions, en idées, en inventions d’initiatives pour rendre, équilibrés,  les hommages funéraires à Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday. Alea jacta est : ce sera un hommage national aux Invalides pour l’académicien aujourd’hui et une foule populaire qui descend les Champs-Élysées pour le rockeur, demain.  Après les commentaires multiples sur leur vie et leur œuvre, viendront les analyses des séquences commémoratives et des moments de deuil. Entretemps, d’autres conseillers se seront aussi gratté le cuir chevelu pour trouver les mots judicieux à glisser dans les discours et les oraisons. Pour Johnny, il y en aura bien un qui aura repéré que Mozart était, lui aussi, mort un 5 décembre…   

Samedi 9 décembre

 On n’en peut plus ! Cette journée aurait dû être celle de la Laïcité (dénommée ainsi depuis 2011 pour évoquer l’anniversaire de la loi de 1905 dite de séparation des Églises et de l’État) ; elle sera encore celle des soutanes. Le président Macron avait même prévu de prononcer un discours afin d’exposer sa vision de la Laïcité. Après l’office religieux d’hier à Saint-Louis des Invalides pour Jean d’Ormesson, voici celui de ce midi, à la Madeleine, pour Johnny Hallyday. La presse nationale ne parle que de cela, mais pas la presse régionale, branchée sur ses fondamentaux (ce mot si galvaudé ces temps-ci…). Dans son éditorial de Libération, Laurent Joffrin se permet de se demander si on n’en fait pas un peu trop. C’est évidemment la vraie question.

Dimanche 10 décembre

 L’agenda d’Emmanuel Macron fut quelque peu bousculé par les décès successifs de Jean d’Ormesson et de Johnny Hallyday auxquels il dut rendre hommage. Ce jeune homme dynamique ne donne toutefois pas l’impression d’être un homme pressé. Sans doute est-ce l’enseignement de Paul Ricoeur, son maître à penser, qui lui confère une capacité sereine à gérer son temps. D’une certaine manière, les oraisons funèbres sont aussi une bonne façon de prendre la mesure de toute chose. D’Ormesson aurait pu disserter sur cette obligation que l’on ne peut point programmer. En outre, le président de la République vit des heures tranquilles à l’Élysée. En actant l’élection de Laurent Wauquiez à la tête de la droite, il obtient du sort un nouveau concurrent idéal. Le chef des Républicains se situant aux marges du discours lepéniste, le parti qu’il dirige désormais pourrait à moyen terme se fracturer. Wauquiez pour LR, Mélenchon pour Le Parti de Gauche, c’est tout à fait contrôlable. Aucune personnalité ne perce au centre puisque Bayrou s’est retiré à Pau et Juppé à Bordeaux. Il reste un bel espace à occuper pour le PS. Encore faut-il qu’une forte personnalité s’en empare. C’est seulement alors que Macron pourrait s’en inquiéter quelque peu. On n’en est pas là. Pour l’heure, il a tout le temps de recevoir Benyamin Netanyahou et de le sermonner à la manière d’un instituteur : « Tu dois faire un geste pour les Palestiniens, Benyamin, un geste courageux !... » L’Israélien a laissé un petit couplet sur la paix et puis s’en est allé. Il avait rendez-vous avec la direction européenne à Bruxelles. En lui donnant l’accolade, Emmanuel a glissé une sucette dans la poche de Benyamin. Pour la route.

Lundi 11 décembre

 En bon adepte de Paul Ricoeur, Emmanuel Macron devrait s’intéresser au petit village de Chambon-sur-Lignon où la mémoire du philosophe - qui enseigna là-bas durant trois ans au sortir de la guerre – est toujours bien vivante grâce à une importante communauté protestante. Les paysans s’étaient distingués par des actes de désobéissance civile en abritant de nombreux enfants juifs ou en les faisant passer en Espagne. La tradition d’hospitalité à l’égard de réfugiés politiques s’y ancra. Chambon accueillit des exilés portugais, chiliens, vietnamiens… Situé en Haute-Loire, donc dans la région Rhône-Alpes que dirige Laurent Wauquiez, ce village de renommée mondiale (il est même le seul à être honoré par une plaque à Jérusalem) a quelque peu vu sa réputation rognée depuis 2008. La nouvelle maire n’est en effet pas très encline à encourager l’accueil des étrangers. Le président de la République, au nom de Paul Ricoeur, devrait motiver le président de la Région afin qu’il raisonne la maire de Chambon-sur-Lignon. C’est d’autant plus souhaitable que celle-ci n’est autre qu’Éliane Wauquiez-Motte, la mère de Laurent. Mais celui-ci le veut-il vraiment ?

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 Macron à la chaîne américaine CBS à propos de l’accord sur le climat : « Je suis certain que mon ami Trump va changer d’avis. » On suppose que l’ami de Trump ne s’avance pas à la légère ; et donc, s’il déclare cela, c’est sur la base de garanties. Soit. Mais ce qui est important, ce n’est pas que Trump change d’avis, c’est qu’il ne change pas d’avis après avoir changé d’avis…

Mardi 12 décembre

 Á son tour, Donald Trump est accusé d’abus sexuel. La vague qui a pris sa source à Hollywood devait bien finir par arriver dans les arcanes du pouvoir. Reste à voir jusqu’où on est dans l’affabulation, le coup monté, la dénonciation d’une mystificatrice, le songe d’une  farceuse… Ou bien l’aveu d’une victime audacieuse. Si tel était le cas, l’affaire prendrait un tour sérieux et grave. La fellation offerte de son plein gré par la belle Monica à Bill Clinton est encore dans toutes les mémoires.

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 Les troupes russes quittent le territoire syrien. Vladimir Poutine a décidé de les rapatrier. Il ne tardera sans doute pas à les célébrer publiquement. Grâce à elles, il a réussi à maintenir Bachar al-Assad au pouvoir et surtout à remettre son pays au premier plan sur la scène internationale. En mars prochain, il sera réélu dans un fauteuil pour six ans. Et un peu partout dans le monde, on se dira que des contacts réguliers doivent reprendre avec le Kremlin. Ce sera un impératif diplomatique.

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 Le pape François, dans un entretien télévisé : « Je veux dire une chose dont je suis convaincu : avec Satan, on ne peut pas dialoguer. Si tu commences à dialoguer avec Satan, tu es perdu, il est plus intelligent que nous et il te renverse, te fait tourner la tête et tu es perdu. Non, va-t-en. » Combien de politiciens ne devraient-ils pas suivre ce sage conseil ?

Mercredi 13 décembre

 Symboliquement, elles rendaient difficile l’argument féministe affirmant que les hommes occupent les plus hauts postes du pouvoir. L’une dirige le Royaume-Uni en s’efforçant de le sauver d‘une crise à plusieurs facettes, autant économiques et financières que morales ; l’autre était considérée chaque année comme la femme la plus puissante du monde. Theresa May vient d’être mise en minorité devant son parlement. Celui-ci aura le dernier mot pour apprécier les avancées des négociations avec l’Union européenne sur le Brexit. Autant dire qu’elle est sous contrôle et qu’elle ne pourra plus gouverner longtemps de la sorte. C’est son propre camp qui la met en difficulté. Angela Merkel ne parvient pas à conclure un nouvel accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates. Ceux-ci sont jugés trop exigeants voire trop gourmands ; n’empêche que c’est dans son propre camp que la chancelière découvre le plus de réticences. « Mon Dieu gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge ! » (Réflexion d’Antigone II  remise au goût du jour par Voltaire)

Jeudi 14 décembre

 Si l’informatique a déjà considérablement modifié les rapports humains sous de multiples formes, de l’instruction à la relation intime en passant par l’auto-surveillance sanitaire, il était prévisible qu’elle s’approprie les rapports financiers. C’est ce que l’on découvre avec le système blockchain (soit : « chaîne de blocs », bien évidemment, qui permet ou envisage l’envoi, le transfert de valeurs par voie directe, sans passer par de grands intermédiaires comme le gouvernement, les banques, un siège central quelconque, etc. Bien entendu, on perçoit les écueils à éviter : le manque de confiance collective, les escrocs, les falsificateurs, les abus, etc. Mais la révolution est en marche et le nouveau monde est au bout du chemin.

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 Une conférencière expliquant le développement infini des applications informatiques : « En Afrique, il est facile d’acquérir un smartphone ; il est plus difficile d’ouvrir un compte en banque. » Pardi ! En Europe aussi ! Disons que les opérations ne sont que plus rapides grâce aux développements urbains…

Vendredi 15 décembre

 L’Europe après la pluie, tableau peint par Max Ernst en 1942, devrait être reproduit dans tous les journaux et magazines. Ce serait là une manière de briser les perceptions apathiques des citoyens de l’Union. Car la carte de l’Europe brunit un peu plus de jour en jour. Á la veille d’un grand rassemblement des partis d’extrême droite à Prague où Le Pen et Wilders illustrent déjà les pages des médias, la droite autrichienne annonce un accord de gouvernement avec ces représentants de la haine. Et la vie continue. Où nous emmène-t-il, le petit train-train quotidien ? Où l’on ne choisit pas son camp ?

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 Dominique Mineur sera la première femme au monde à diriger une ambassade en Arabie saoudite. Ce sera au nom de la Belgique. Un geste audacieux, une belle initiative du ministre des Affaires étrangères qui, on l’espère, ouvrira de nouvelles perspectives diplomatiques. Une autre femme, Véronique Petit, est quant à elle nommée ambassadeur de Belgique à Téhéran. On leur souhaite bonne chance.

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 Discussion infinie qui fleurit surtout dans les écoles de journalisme, mais pas seulement… Entendu hier sur RTL : « En 2018, il restera encore 350 cabines téléphoniques sur le territoire français. » Le Figaro de ce jour : « En 2018, il ne restera plus que 350 cabines téléphoniques. » C’est le même fait, exprimé de deux manières différentes, et donc reçu, perçu différemment. Comme la bouteille à moitié vide… Va savoir !

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