Lumières terrestres (17)

Question d'optique

Par | Journaliste |
le

Parc national de Jozani Chwaka Bay Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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Lecture 3 min.

De la Côte d’Opale en France, nous voici à Zanzibar composée de deux îles principales, Unguja et Pemba habitées par une population à 90% musulmane (sunnite) . La capitale, Zanzibar City est distante de 73,51 km à vol d’oiseau de Dar Es Salaam, la capitale tanzanienne qui accorde une large autonomie à l’archipel qui dispose d'un gouvernement et de son propre parlement. Mais l’instabilité politique n’est jamais très loin, des partis d’oppositions réclament l’indépendance totale du pays. En 2015, une partie importante de la population avait d’ailleurs rejeté les résultats des élections provocant des émeutes politiques, mettant à mal la première ressource du pays qu’est le tourisme, qui représente à lui seul, 20 % du PIB. Le secteur qui a mis trois années pour voir une remise à flot de cette industrie, voit d’un mauvais œil l’arrivée prochaine des élections prévues en 2020. Ce n’est pas l’activité de l’agriculture et principalement le commerce du clou de girofle qui pourrait compenser la perte de la manne touristique. Quoique depuis octobre 2018, Zanzibar a signé un accord de partage de la production pétrolière et gazière avec la société RAK Gas, appartenant au gouvernement de Ras Al Khaimah, un petit émirat des Émirats arabes unis, ce qui pourrait relativiser dans l’avenir, l’impératif besoin de favoriser le développement du tourisme sur les îles, dont le revers de la médaille est tout de même assez conséquent. Érosion des sols, disparition de la mangrove (sauf une partie protégée dans le parc national de Jozani Forest-Chwaka Bay), raréfaction de l'eau, un touriste en utilise en moyenne 180 litres par an contre 40 litres pour un Zanzibarite. Surpêche de crabes, langoustes, poulpes et poissons pour fournir les hôtels de luxe est aussi un problème environnemental. Actuellement, la majorité des homards sont importés de Tanga sur la côte continentale. D’autre part, cette industrie de luxe profite, proportionnellement peu à la population locale qui vit avec moins de deux dollars par jour, le seuil de pauvreté mondial. Sur le bord des routes on voit les enfants aller à l'école à pied, parcourant souvent de très longues distances. Ils rapportent les bidons d’eau à la maison, attendent des dala dala surchargés et en mauvais état. Il n'y a ni eau courante ni électricité dans les villages. Souvent, une télévision collective pour les soirs de matchs quand le groupe électrogène est suffisamment alimenté. Il existe bien une coopérative d'économie solidaire qui rémunère des femmes travaillant à la fabrication de produits de beauté à base d'algues cultivées sur les plages de certains villages, notamment des savons que l'on retrouve dans de nombreux hôtels de l'île. S’il s’agit d’une micro entreprise assez unique, elle a le mérite d’exister et de renforcer l’interaction entre la population et les touristes. Nous garderons le souvenir inoubliable de ce petit village où nous avons été invités à un mariage après avoir rendu service au père la mariée.


Zanzibar,
palétuvier Photos © Jean-Frédéric Hanssens

  Le rock restaurant situé sur la plage Michanvi Pingwe.

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