Lumières terrestres (10)

Question d'optique

Par | Journaliste |
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La forêt tropicale qui borde le Mékong. Photos © Jean-Frédéric Hanssens

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Lecture 3 min.

Des grands Tsingy de Madagascar, nous nous retrouvons sur le Mékong au Laos. Il est le dixième fleuve du monde et le quatrième d'Asie. Sa longueur varie entre 4.350 et 4.909 km. Pour le pays le plus pauvre d’Asie du Sud-Est, le Mékong représente depuis longtemps la clef de sa croissance future.


Le Mékong à Luang Prabang

Huit projets de centrales hydroélectriques sont programmés sur son cours ainsi qu'un nombre démesuré sur ses affluents, ce qui permettrait au pays de vendre de l'électricité à la Thaïlande, au Vietnam et à la Chine, mais au prix de conséquences destructrices sur l'environnement ainsi que pour les populations contraintes de se déplacer. Il y a juste un an, l'effondrement d'un barrage a fait plusieurs dizaines de morts. Nous embarquons à bord d'une péniche, anciennement destinée au transport du bois et du riz, aujourd'hui aménagée pour le transport de personnes. Le puissant moteur lâche son nuage de fumée âcre, le bateau en bois vibre de toutes parts avant de prendre sa vitesse de croisière en direction du village de Houey Xay où nous emprunterons, dans deux jours un des quatre ponts de l'amitié qui relie le Laos à la Thaïlande. Ce matin, il fait étrangement calme. On s'habitue déjà au ronronnement du diesel. Nous croisons des pêcheurs, dans leurs petites barques à moteur. Un signe, des regards, quelques remous, le fleuve n'est pas toujours docile et puis ces montagnes enveloppées dans une épaisse forêt vierge dont les sommets sont bordés par la brume. Etrange ambiance. Un flash grossier me vient à l'esprit. Apocalypse Now. Il m'éblouira encore à plusieurs reprises jusqu'à destination. Et puis, au coucher du soleil, comme un cadeau, il y a cet étrange reflet de lumière sur les cimes de ce bouquet d'arbres. Tellement furtif que j'ai bien failli le rater.
Notre regard est attiré par ce drapeau laotien aux couleurs vives qui flotte aux mâts de toutes les péniches de transport de marchandises, même aux barques de certains pêcheurs que nous croisons, comme de multiples phares dans la brume. Les deux bandes rouges rappellent le sang versé pour la libération du pays. Le bleu symbolise le Mékong et la couleur de la forêt à la tombée du jour. Il est synonyme de prospérité. Le rond blanc n'est autre que la lune au-dessus du Mékong et "la brillance qui guide l'avenir du pays à travers le Pathet Lao". De la quiétude à l'inquiétude, naviguer sur ce fleuve en perpétuel mouvement restera une expérience inoubliable. 

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