Réflexions sur le « droite – gauche » en politique

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Sur fond de bavardages pré-électoraux en France, voici les leçons de Norberto Bobbio, philosophe militant.

Jeudi 13 octobre

 Un personnage de fiction devenu tellement célèbre et surtout familier qu’il est considéré comme vivant étant ou ayant existé. Albert Algoud, grand connaisseur de Tintin et humoriste réputé, racontait lundi soir à son auditoire du Centre culturel d’Uccle où il présentait son livre, qu’il avait écrit au pape à la mort d’Hergé pour solliciter du réconfort en faveur des milliers de personnes qui supporteraient mal la mort de Tintin. Le nonce apostolique lui avait répondu tout à fait sérieusement. Il avait aussi écrit au Syndicat des concierges, évoquant la mort de Madame Pinson, une héroïne de Tintin, et ledit syndicat, sensible à la supplique, lui avait répondu qu’il s’occuperait du triste cas…Le sculpteur Nat Neujean, malgré son grand âge, était dans l’assemblée. C’est à lui que l’on doit Tintin en trois dimensions, qui, d’après ses dires, émut Hergé aux larmes quand il le découvrit dans son atelier. La sculpture en bronze, de taille réelle, figure dans le hall d’entrée du Centre culturel. Les passants la regardent comme n’importe quelle autre statue que l’on peut trouver dans les lieux publics de Bruxelles. Sauf que le personnage qu’elle représente n’a jamais existé. En est-on bien sûr, en vérité ? Le philosophe ne prétend-il pas : « Cette chose existe puisque je l’ai pensée » ?, tandis qu’Henri Michaux affirme : « Même si c’est vrai, c’est faux » ?

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 Il y a fort à parier qu’aucun commentaire négatif ne sera publié à propos du Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier. Tout le monde s’accordera pour considérer qu’il nous offre trois heures d’érudition et de bonheur. Cette autobiographie cinématographique n’a rien d’une démonstration d’ego, bien au contraire. On a plutôt le sentiment que Tavernier s’efface pour mieux mettre en évidence le talent de ses maîtres et de ses confrères. Une seule fois il ne résiste pas à confier un compliment. Les louanges viennent de Claude Sautet pour lequel il travailla jadis, et concernent son Capitaine Conan. Dans trois jours, on célèbrera le vingtième anniversaire de la sortie de ce film, une œuvre magistrale qu’il serait pertinent de programmer en télévision, en cette période d’évocations de la Première Guerre mondiale. Ce Voyage, remue-mémoire pour les uns, initiatique pour d’autres, s’achève en annonçant, avant le générique de fin, une suite du même type qui complète l’itinéraire chronologique. En quittant la salle obscure, on se promet de ne pas la manquer.

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 « Ce que j’avais notamment envie de dire sur le cinéma ; c’est : ‘arrêtons les exclusions, les querelles, les écoles !’ C’est creux. On a mis dans une case des gens qui n’ont aucun rapport les uns avec les autres. Quand je travaille chez Beauregard, le producteur, et que je vois Pierrot le fou d’un côté et Landru de l’autre, quel rapport entre Godard et Chabrol? Ce qui est intéressant, c’est de montrer en quoi Chabrol est unique, en quoi Godard est unique ! Quant au ‘réalisme poétique’, on met ensemble Grémillon, Carné et Duvivier. Ils n’ont aucun point commun. Duvivier a tourné très tôt en extérieurs, Carné ne travaille qu’en studio. Á propos des écoles littéraires, Bernard Frank disait : ‘Ça me fait penser aux photos de classe. Sous prétexte que vous êtes sur la même photo, on essaie de créer une génération alors que rien ne vous rapproche.’ »

(Bertrand Tavernier. Entretien avec Fernand Denis, in La Libre Belgique, supplément Culture, 12 octobre 2016)

Vendredi 14 octobre

 Dès le début du quinquennat de François Hollande, deux journalistes du Monde obtinrent la possibilité de dialoguer en moyenne une fois par mois avec lui, sous deux conditions qu’ils souhaitaient imposer : l’enregistreur sur la table et pas de conseillers à ses côtés. Le président accepta. Un livre paraît qui reflète ces échanges-là et démontrent que l’on n’a pas affaire à un président « normal » mais bien à un homme qui cultive l’ambiguïté à la manière de son maître François Mitterrand, tout en trouvant le moyen de se défouler (Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Un président ne devrait pas dire ça. Les secrets d’un quinquennat, éd. Stock) L’ouvrage est donc très instructif et dévoile certains aspects surprenants de la pensée présidentielle. Hélas !, ceux-ci conduisent parfois au dérapage. Ainsi, lorsque Hollande estime que la Justice (« les procureurs, les magistrats…) « est une Institution de lâcheté », il ne fait en fait que de se retrouver dans la position que les chefs de la Ve République ont tous souvent connue. Le problème, c’est qu’à la différence de ses prédécesseurs, il n’assume pas et se fend d’une lettre de remords. Serge Raffy, le journaliste qui le connaît le mieux pour lui avoir consacré deux livres bien avant sa candidature de 2011, affirme qu’il a pris consciemment le risque de dynamiter sa candidature, qu’en somme, il joue à quitte ou double. C’est possible. L’homme est tellement plus diabolique encore que son maître. Ne précipitons donc pas le jugement (si l’on ose dire…) et attendons la suite de l’histoire. Cela devient passionnant, à la manière d’un drame shakespearien.

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 « Il vaut mieux se préserver des remords que des regrets. »

            (Oscar Wilde. Le Portrait de Dorian Gray, 1890)

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 On s’attendait à ce que le prix Nobel de Littérature revînt cette année à un américain et beaucoup d’observateurs citaient Philippe Roth. La surprise fut partout totale lorsque l’on apprit que la palme était attribuée à Bob Dylan. Pourquoi pas ? On regrettera seulement que le jury Nobel attendit si longtemps pour oser récompenser la poésie chantée. Comment, par exemple, auraient réagi les anarchistes Brassens et Ferré si cette noble et nobelle décision leur était tombée sur le paletot ?

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 Pour les moines chartreux, « le silence, c’est l’absence de mots inutiles. »

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Samedi 15 octobre

 Sur Europe 1 tous les samedis, dans la foulée du journal de 13 heures jusqu’à 14 heures, trois journalistes expérimentés débattent des événements de la semaine écoulée. La station les appelle pompeusement « les grandes voix ». Michèle Cotta, Gérard Careyrou et Charles Villeneuve possèdent en tout cas une longue expérience de l’observation politique pour donner libre cours à des analyses expertes et qualifiées. Parfois, ces docteurs ès querelles d’ambition peuvent cependant déraper. Ainsi, concernant la crise qui provoqua la disparition de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008, Charles Villeneuve, n’hésita pas, dans son envolée, à considérer que Nicolas Sarkozy « avait sauvé le monde. » Il faudra retenir cette appréciation lorsque des jurys se réuniront pour couronner les citations les plus cocasses de l’année.

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 Des techniques nouvelles (infrarouges, etc.) offriraient donc la possibilité de découvrir des cavités jusqu’à présent inconnues de la grande pyramide de Khéops. Un talisman pour apprendre l’art de gouverner dans la paix du monde serait le bienvenu.

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  « La civilisation moderne a tout souillé de ce qui fut. Notre époque a réussi à infliger aux pyramides une ambiance de fête foraine. Et, là-bas, personne ne se doute de l’énormité du sacrilège quotidien. »

(Georges Barbarin. L’Énigme du Grand Sphinx, coll.’ L’Aventure mystérieuse, éd. J’ai lu, 1946)

Dimanche 16 octobre

 Il n’y en a que pour François Hollande dans les commentaires dominicaux à propos de la semaine écoulée. La plupart des observateurs le considèrent disqualifié à la suite des propos enregistrés – et publiés – par les deux journalistes du Monde. Certains observateurs ne réagissent pas aussi négativement ; tel Grégoire Biseau, dans Libération, qui constate que le président « a réussi à saturer l’espace médiatique ». La droite a raison de faire courir l’idée que François Hollande parle trop aux journalistes… Drôle de reproche quand même, exprimé par des gens qui espèrent que les journalistes parleront d’eux… Mais c’est un fait : pendant la campagne pour la primaire de la droite, on évoque plus Hollande que les sept aspirants. Jeudi, lors de leur premier débat télévisé, ils avaient sans doute craint le clash. Ils ont lassé, certains observateurs – comme Jean d’Ormesson – qui leur portent pourtant sympathie, ont évoqué l’apparition d’une « somnolence ». Ils ne se sont pas combattus mais en revanche, ils ont tous parlé… de François Hollande. Pas en bien évidemment, il ne faut pas rêver, mais Hollande est au centre de l’actualité. Il a pris le pari du risque presque pas calculé. On verra bien la suite. En tout cas, la situation est moins néfaste qu’on ne le croirait. Jean-François Kahn, l’un des meilleurs observateurs de la politique française, déclara voici au moins deux ans qu’Hollande avait perdu toutes ses chances de se succéder à lui-même. Aujourd’hui, il estime qu’il lui reste une petite possibilité, « un trou de souris », formule utilisée par Hollande lui-même, s’il faut en croire Le Point dans son édition du 11 août dernier. Eh bien considérons que nous allons désormais analyser le syndrome du trou de souris. Et si Hollande parvenait à se faire réélire, l’ouvrage qui relaterait son parcours étonnant autant qu’imprévu s’intitulerait Le symbole du trou de souris...                                                             

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 Quand la souris nargue le chat, c’est que son trou n’est pas loin.

            (Proverbe nigérien)

Lundi 17 octobre

 La reconquête de Mossoul a commencé avec des troupes au sol. L’opération devrait sans nul doute réussir mais il est bon de s’interroger déjà sur l’après : Que va-t-on faire des combattants de l’État islamique capturés ? Comment auront réagi les quelques un million et demi d’habitants ? Beaucoup auront fui avant le début des hostilités, voudront-ils tous revenir ? Des questions lancinantes propres à tout état de guerre qui ne doivent pas retarder le processus : d’abord éradiquer Daech.

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 197 pays ont signé à Kigali un accord sur la réduction des gaz à effet de serre, considéré par les experts internationaux comme « une avancée majeure » dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’accord de Kigali est plus important que celui de Paris (COP 21) signé en décembre puisqu’il est coercitif, des sanctions étant prévues en cas de non-respect. Mais l’accord de Kigali n’aurait pas pu naître si celui de Paris n’avait pas existé. Les résultats de la COP 21 commencent à concrétiser des actes forts. C’est essentiel. Cela semble négligé, cela ne sera pas considéré à sa juste valeur comme un des succès du quinquennat dans la campagne qui s’annonce, et pourtant, c’est peut-être le point principal du bilan que l’Histoire retiendra.

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 « Vagabonder à la surface des océans est souvent source de sérénité et, parfois, permet de tutoyer ses rêves. S’y immerger, c’est s’ouvrir à son observation et à sa compréhension. »

            (Nicolas Hulot, in Ma Planète, mai/juin 1998)

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 Il y aura un centre d’hébergement pour SDF cet hiver dans le très bourgeois 16e arrondissement de Paris comme dans tous les autres. Dès que la décision fut officialisée, une pétition rassembla 40.000 signatures en un éclair. Rien n’y fit. L’établissement vient d’être incendié.                                        

Mardi 18 octobre

 La Russie interrompt ses frappes aériennes sur Alep, souhaitant procéder à une « pause humanitaire ». Une pause humanitaire… Le cynisme et l’impudence du langage guerrier n’ont que la drôlerie répugnante comme limite.

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 Promis, juré. Les élections qui auraient dû se dérouler en novembre 2016 en République démocratique du Congo n’auront pas lieu mais elles seront organisées, c’est convenu, arrêté, signé, en avril 2018. - Mais… Euh !... La Constitution…  - Comment ?… La… Constitution ?... Ah oui !... Bah !...

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 « Un remords vaut mieux qu’une hésitation qui se prolonge. »

            (Henry de Montherlant. La Reine morte, 1942)

Mercredi 19 octobre

 Si plus d’un semestre nous sépare encore de l’élection présidentielle française, la préparation de la primaire de la droite et du centre incite déjà les médias aux commentaires audacieux ou farfelus, au point que l’on est en droit de se demander s’il ne vont pas tomber à court d’analyses dans quelques semaines, ou s’ils ne vont pas sombrer dans l’inconvenance journalistique. N’étaient quelques observateurs avertis et expérimentés comme Michèle Cotta ou Franz-Olivier Giesbert, on serait déjà enclin à répertorier les bourdes et les lieux communs. Et d’abord, une élémentaire introduction s’impose pour contourner les clabauderies : oui, il existe bien une droite et une gauche. Il y a quelques décennies, des partis de la droite classique avaient, avec un certain succès, tenté de démontrer que c’était là des notions dépassées, qu’elles n’avaient plus vraiment de raison d’être. De l’assimilation, on est passé à la confusion. Hier, des journalistes réputés compétents expliquaient que François Hollande avait mené une politique de droite tandis qu’Alain Juppé défendait un programme de gauche. Protégé par l’intouchable liberté de la presse, le critique semble pouvoir dire et même prétendre n’importe quoi. Non. Juppé est un candidat très estimable mais c’est un homme de droite qui défend un programme de droite. Hollande n’a peut-être pas tenu tous ses engagements de campagne mais il a conduit une politique de gauche en dirigeant la France. La distinction entre la droite et la gauche existe bien et c’est tant mieux pour la santé d’une démocratie et la richesse du débat qui la sous-tend. La distinction existe et elle existera encore longtemps parce que les deux options sont très différentes, ancrées dans la vision du genre humain.

 Cette différence est perceptible et fondamentalement bien enracinée dans la notion d’égalité. Pour la gauche, les inégalités sont sociales et doivent, sinon disparaître, du moins être corrigées. Pour la droite, au contraire, elles sont naturelles, et il n’est pas souhaitable d’espérer leur suppression, car elles sont essentielles à la construction du social.

 Cette nuance de base a été définie par un célèbre philosophe italien, Norberto Bobbio qui, écœuré de voir son pays sombrer dans le berlusconisme, a voulu replacer la pensée politique à sa juste place dans l’organisation de la société. Son livre parut à Rome en 1994. Les éditions du Seuil le publièrent en mai 1996 sous le titre Droite et Gauche. Comme si, par-delà leur confidentialité, ces Calepins avaient une chance d’être lus par l’un ou l’autre annotateur politique, on y trouvera chaque jour de petits extraits du livre de Bobbio, jalons indispensables à l’analyse des faits pendant les joutes à commenter.

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 « Si plus de 10.000 personnes lui ont rendu hommage à Turin, le 10 janvier, c’est parce que Norberto Bobbio, décédé la veille, était non seulement le plus grand philosophe italien de la politique et du droit, mais aussi, depuis soixante ans, pour le grand public, un philosophe militant. Mais ce qui faisait parfois de lui un étranger dans son propre pays, c’est sa distance sidérale à l’égard de la politique politicienne et le caractère nettement européen de son profil intellectuel et politique(…) »

            (Mario Telo. Les Leçons de Norberto Bobbio, in Le Monde, 13 janvier 2004)

Jeudi 20 octobre

 Il se passe toujours quelque chose de loufoque chez les écologistes, une sorte d’inclination à choisir l’impasse plutôt que le boulevard. En juillet 2011, Eva Joly avait battu Nicolas Hulot pour l’investiture à l’élection présidentielle où elle s’écrasa superbement. Aujourd’hui, Cécile Duflot se voit éliminée dès le premier tour de leur primaire, alors qu’elle se préparait depuis deux ans au moins à l’épreuve. En digérant sa leçon de modestie, en expérimentant l’humilité face à un coup de tonnerre, il lui reste à méditer l’avenir et à se souvenir que lorsqu’ils avaient comme elle 41 ans, tous ceux qui ont joué un rôle majeur dans leur pays n’étaient pas en position de le revendiquer.

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  « Savoir se contredire est un exercice d’humilité et une méthode de libération. »

            (Michel Polac. Hors de soi, éd. Barrault, 1985 ; rééd. P.U.F., 2001)

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 Mal de pierres, film de Nicole Garcia. Car la vie ordinaire est aussi très complexe et compliquée. Superbe interprétation de Marion Cotillard. Sur l’affiche, le nom de Louis Garrel apparaît en caractères plus grands que celui d’Alexis Brendemühl. Celui-ci développe  pourtant un jeu plus important, et au demeurant remarquable.

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 Droite / Gauche. « Droits de l’homme, démocratie et paix sont trois moments nécessaires du même mouvement historique : sans droits de l’homme reconnus et protégés, il n’existe pas de démocratie ; les conditions minimales pour la résolution pacifique des conflits ne sont pas réunies.» (Norberto Bobbio)

Vendredi 21 octobre

 Le projet d‘accord de libre-échange Comprehensive Economic and Trade Agreement entre le Canada et l’Union européenne fait des vagues et, surtout, a du plomb dans l’aile. Tous les membres de l’UE l’ont approuvé sauf le Parlement wallon, ici compétent, la Belgique étant un État fédéral. La question qui, à l’analyse, fait problème, est de savoir jusqu’où cet accord est commercial et jusqu’où il est davantage de dérégulation. C’est qu’avec le temps, la mondialisation n’apparaît plus comme une avancée, sacrifiant systématiquement les matières sociales en faveur des profits,  mais au contraire comme une manœuvre de l’ultralibéralisme, actionnée par les multinationales. Sur la forme, le blocage exercé par 4 millions de francophones belges sur 500 millions d’européens est évidemment abusif. Il démontre avant tout un dysfonctionnement au sein de l’Union. Mais sur le fond, on décèle peut-être là une nouvelle manière de considérer les échanges commerciaux entre un capitalisme en crise et une société qui se cherche une modernité tout en préservant ses acquis, résultats de combats séculaires.

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 « La résistance au capitalisme ne devrait pas reposer sur une pensée pré-moderne. »

            (Slavoj Zizek, in Le Nouvel Observateur, 22 janvier 2015)

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 Droite / Gauche. « La tolérance est un principe qui tire de la constatation de la multiplicité des univers moraux la conséquence de leur nécessaire cohabitation pacifique. » (Norberto Bobbio)

Samedi 22 octobre

 Toutes les télévisions du monde transmirent hier en fin d’après-midi les images de la Ministre canadienne du Commerce, sortant du Bureau de Paul Magnette, Ministre-président wallon, et, au bord des larmes, signalant que le CETA avait échoué, qu’elle rentrait dans son pays avec la seule satisfaction de retrouver ses trois enfants. On apprenait ce matin qu’elle prenait un petit déjeuner avec Martin Schultz, président du Parlement européen. L’avion pour Ottawa était en retard ou y aurait-il encore une chance de voir aboutir ce traité CETA ? Allez savoir… Quant au citoyen européen, il se sent une fois encore, une fois de plus, blousé.

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 Comme autrefois Serge Reggiani, François Morel délaisse le métier de comédien pour celui de chanteur. Et comme son illustre prédécesseur, il est peut-être en train de donner de nouvelles lettres de noblesse à la chanson française. Suivons, attentifs, le chemin de l’artiste et en attendant, écoutons-le chanter Ce baiser, c’est un petit bijou.

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 « Une chanson est une émotion plus une équation. »

            (Guy Béart, in Le Figaro, 21 octobre 1999)

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 Droite / Gauche. « Démocratie. La définition la plus simple, claire et convaincante, en dépit de sa brièveté, celle qui mieux que toute autre permet de distinguer la démocratie des autocraties est la suivante : la démocratie est la forme de gouvernement constituée de règles qui permettent de résoudre les conflits sociaux sans avoir besoin de recourir à la violence. » (Norberto Bobbio)

Dimanche 23 octobre

 Après dix mois de crise, les socialistes espagnols ont décidé de laisser Mariano Rajoy gouverner à la tête d’un gouvernement minoritaire. Cela signifie qu’ils s’engagent à s’abstenir plutôt qu’à voter contre au Parlement et cela évite à l’Espagne des sanctions européennes dues à un retard trop important dans l’élaboration budgétaire ainsi que des situations de faiblesse devant les prétentions indépendantistes de la Catalogne, toujours plus affirmées. Mais cela signifie aussi que les socialistes pourront faire tomber le gouvernement quand ils le souhaiteront. Le reste, cela relève de l’éthique de la responsabilité en politique, ce qu’apparemment, l’extrême gauche ne semble pas appréhender.

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 « Pour gouverner, il faut un gouvernement. »

            (Raymond Barre, sur Antenne 2, juin 1988)

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 Droite / Gauche. « Au fur et à mesure que s’étend et se renforce l’organisation démocratique des États, tous les stades antérieurs peuvent être dépassés : l’anarchie, puisque la communauté démocratique des États est le début d’un ordre ; l’équilibre, puisque c’est un ordre avec un Tiers super partes ; la présence d’une puissance hégémonique dès lors que le pouvoir de ce Tiers ‘au-dessus des parties’ repose sur le consentement et n’est pas imposé par la force. » (Norbert Bobbio)

Lundi 24 octobre

 Tous les regards du monde entier sont tournés vers Calais où le démantèlement du camp de réfugiés (« la jungle ») a commencé.

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 Georges Simenon était Liégeois, comme les frères Dardenne. Il aurait sans doute apprécié La Fille inconnue, leur dernier film. Peut-être aurait-il aimé que le commissaire Maigret se mêlât aux problèmes du docteur Jenny Davin, remarquablement incarnée par une Adèle Haenel plus réaliste qu’on ne puisse l’espérer dans cette histoire triste et désespérante. Il aurait en tout cas sûrement apprécié le décor de cette banlieue liégeoise où l’on sent combien la prospérité industrielle perdue produit aussi des friches dans les maisons et les esprits. Comme Marcel Carné savait si bien le dépeindre, tout drame social a besoin d’un décor sordide. Certains quartiers du Seraing d’aujourd’hui se prêtent parfaitement à ce besoin. Pourquoi, Jean-Pierre et Luc Dardenne iraient-ils donc chercher ailleurs ce qu’ils peuvent trouver dans leur ville natale, où ils connaissent tout le monde et où tout le monde les connaît ?

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 Droite / Gauche. « La distinction droite – gauche a une longue histoire qui va bien au-delà de l’opposition entre capitalisme et communisme. Elle se perpétue et pas seulement, comme quelqu’un l’a dit en plaisantant, sur les panneaux indicateurs. Elle sévit d’une manière presque grotesque dans les journaux, à la radio et à la télévision, dans les débats publics, dans les revues spécialisées d’économie, de politique, de sociologie. Si l’on se mettait à lire les journaux pour voir combien de fois, rien que dans les titres, apparaissent les termes droite et gauche, la moisson serait très abondante : ces deux mots du langage commun, et même populaire, sont désormais employés, au-delà du discours politique, dans les domaines les plus divers de l’activité humaine, et ce jusqu’à la caricature. » (Norberto Bobbio)

Mardi 25 octobre

 Tandis que la baisse du chômage est la plus forte depuis novembre 2000, la candidature éventuelle de François Hollande fait débat dans les rangs mêmes du Parti socialiste et Le Figaro s’en donne, à plaisir, l’écho. Eh oui ! Nombreux étaient ceux qui demandaient au petit président normal de « renverser la table ». Ceux-là le souhaitaient sans bien entendu considérer qu’ils devaient être épinglés dans cet acte fort. Ils le sont et pestent, inévitablement. Hollande est peut-être un petit président mais c’est un grand tacticien, lucide, intelligent. Il n’a pas accordé 60 heures d’entretiens avec deux journalistes du Monde pour ne pas se rendre compte que le livre qui en naîtrait (« Un président ne devrait pas dire ça… », [voir recension du 14 octobre]) allait provoquer quelques tempêtes dans le microcosme. Parier que le peuple de France n’est pas celui des 7e et 16e arrondissements, certes. Mais les sondages, tous convergeant vers la même conclusion ?  Mais les parlementaires socialistes qui ont cessé d’être des godillots ? Et la droite qui, jusqu’à présent, ne se déchire pas assez pendant sa primaire ? Tous éléments de tactique à gérer, à prendre en compte… Jusqu’à la parution d’un prochain livre et, on l’espère celle d’une bonne statistique à Pôle Emploi…

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 « Un sujet normal est essentiellement quelqu’un qui se met dans la position de ne pas prendre au sérieux la plus grande part de son discours intérieur. »

            (Jacques Lacan. Les Psychoses, éd. du Seuil, 1966)

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 Droite / Gauche.  « Mon livre était à peine sorti, début mars 1994, que l’hebdomadaire Panorama du 11 mars publiait un article joyeusement intitulé ‘Tu es de droite ou de gauche’, qui commençait ainsi : ‘Ce qui est en train de se dérouler est un vrai, grand duel entre droite et gauche.’ Suivait un texte de Nicola Matteucci [1926 – 2006, politologue italien considéré comme un des plus grands théoriciens du libéralisme au XXe siècle], qui exprimait l’opinion inverse : ‘N’en déplaise à Bobbio, droite et gauche ne sont pas des valeurs, mais des termes vides. Le véritable défi est entre la liberté et l’égalité.’ Matteucci nous a donné tant de raisons de penser que la liberté est de droite et que l’égalité est de gauche que la droite et la gauche ne sont pas, même pour lui, des termes vides. La différence entre Matteucci et moi réside dans le fait que, pour moi, la liberté est aussi bien de droite que de gauche et que la distinction essentielle entre droite et gauche se trouve dans l’importance plus ou moins grande attribuée à l’égalité ou à la diversité. » (Norberto Bobbio)

Mercredi 26 octobre

 Il semble que le démantèlement du plus grand bidonville d’Europe, « la jungle » de Calais, s’achève sans trop de heurts. Il semble aussi que les réfugiés, toujours pour la plupart désireux de gagner le Royaume-Uni, sont dans l’ensemble satisfaits de se retrouver dans des centres d’accueil et d’orientation répartis un peu partout en France et dont les tâches premières sont assumées par des associations et des ONG. Si telle se poursuit la transition, ce sera un nouvel élément positif à inscrire au bilan de François Hollande et à son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve dont on doit objectivement reconnaître le travail consciencieux et l’attention permanente.

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 La Palme d’or du Festival de Cannes c’est comme le prix Nobel de la Paix : un trophée qui éveille les consciences et qui oblige. Celle de mai 2016 est à cet égard très significative. Attribuée à Ken Loach pour Moi, Daniel Blake, elle apporte au monde occidental un regard sur lui-même qui pourrait lui être fatal par un excès d’ultralibéralisme. Avec Daniel Blake, l’on constate que la classe ouvrière n’a pas disparu mais qu’elle a vu son identité changer du tout au tout. Au lieu d’être considérée comme le moteur de la société en mouvement, elle est désormais marginalisée au point d’être méprisée. En présentant le Germinal de Claude Berri, Jean Vautrin avait repris l’expression de Zola : « Hâtez-vous d’être justes ! » et il y avait ajouté : « …avant que les pauvres n’aillent danser sur les ruines de Manhattan ! » La prémonition s’avère un peu plus chaque jour malgré les alertes d’éclaireurs de talent comme les frères Dardenne, qui, entre autres,  produisent, Moi, Daniel Blake, et leur ami Ken Loach.

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 Droite / Gauche. « Est-il vrai ou non que la première question que nous nous posons au sujet d’un homme politique, c’est de savoir s’il est de droite ou de gauche ? La question n’a pas de sens ? Il va de soi qu’on peut toujours répondre que le personnage n’est ni de droite, ni de gauche. Mais la réponse ‘ni oui ni non’ n’est possible que si ‘gauche’ et ‘droite’ ont un sens et si les interlocuteurs savent, même vaguement, lequel. » (Norberto Bobbio)

Jeudi 27 octobre

 Ce n’était pas un discours de meeting que François Hollande devait prononcer sous la pyramide de Pei, hier soir, au Louvre. Il s’agissait de clore la journée d’hommage à François Mitterrand, celle qui commémorait son centenaire. Accueilli par une ovation debout très nourrie, le président dressa un portrait de son maître et prédécesseur en instillant, comme on s’y attendait, quelques caractéristiques susceptibles d’évaluer son époque avec celle d’aujourd’hui. Le mot « rassembler » prenait une nouvelle fois tout son sens. Quant à la dernière phrase de son propos, elle ne manque pas de substance à méditer : « Si Mitterrand semblait parfois à contretemps, c’est qu’il avait de l’avance… » Rideau ! (enfin, pour l’instant…)

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 Chiffres. Pour l’année 2016, à ce jour, on considère à l’ONU que 5400 réfugiés ont perdu la vie en cours d’exode dont près de 4000 en Méditerranée. C’est (déjà) plus que les années précédentes. Il sera encore possible de faire mieux en 2017.

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 « Les chambres de ceux qui sont morts jeunes sont le sanctuaire de leur absence, mais aussi le refuge de la lâcheté des vivants. »

            (Carmen de Posadas, Petites infamies, éd. du Seuil, 2001)

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 Droite / Gauche. « Quoiqu’il puisse arriver, cela dit, droite et gauche ont désormais une vie indépendante de la matrice où elles se sont primitivement développée. Elles ont conquis la planète. Elles sont devenues des catégories universelles de la politique. Elles font partie des notions de base qui informent le fonctionnement des sociétés contemporaines en général. » (Norberto Bobbio citant Marcel Gauchet : Les Lieux de mémoire. La droite et la gauche, éd. Gallimard, 1992)

Vendredi 28 octobre

 Parmi les très nombreuses pratiques étatsuniennes qui finissent par influencer les méthodes politiques européennes figurent les élections primaires. La France les ont adoptées mais il est encore trop tôt pour en évaluer la pertinence et leur éventuel bienfait. On sait seulement, après avoir découvert que le grand Parti républicain serait représenté par Donald Trump, que les primaires ne sont pas une panacée. Demain peut-être, la France optera-t-elle aussi pour le système du « ticket », c’est-à-dire  une compétition entre duos, le candidat président se devant de proposer celui ou celle qu’il choisira, en cas d’élection, comme vice-président. En France, ce pourrait être le Premier ministre potentiel. Une compétition opposant les couples Juppé-Bayrou et Hollande-Macron, ça aurait de la gueule !

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 Il y a, dans la pièce de Jean-Claude Idée, Trois hommes pour toutes les saisons, des moments pathétiques réunissant Érasme, Thomas More et François Rabelais. Il y a des phrases authentiques qui les sous-tendent : « La tolérance est fille de l’éducation » (Rabelais) ; « Jésus souriait-il sur la croix ? » (More) ; « J’ai échoué car je voulais réformer les esprits par la persuasion » (Érasme). Il y en a beaucoup d’autres. Mais il ne faut pas être obsédé par le fait de trouver à tout prix dans ces phrases une extraordinaire concordance, un reflet, un jeu de miroirs avec notre temps présent. Elles ont été prononcées il y a cinq siècles, dans un monde totalement différent du nôtre. Et quand Érasme déclare qu’il voudrait mettre un E majuscule à l’Europe, ne nous demandons pas comment il aurait apprécié l’accord commercial avec le Canada, ni même comment il jugerait le comportement de l’Union vis-à-vis des réfugiés syriens. La pièce se termine par l’évocation suivie d’un commentaire sur la décapitation de Thomas More. On est tenté de se demander : « Véhémence ou démence ? ». Gardons-nous en : c’était il y a cinq siècles, dans un autre monde…

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 Mossoul n’est pas encore tombée aux mains des forces libératrices mais on sait déjà que Daesh a exécuté deux à trois centaines de civils et que d’autres ont été capturés comme boucliers humains. Ceci ne serait que de tristes faits de guerre si l’on ne savait déjà aussi que Mossoul libérée, Daesh continuera d’exister. En Irak, ou en Syrie, ou en Libye, ou dans ne rame de métro européen.

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 Droite / Gauche. « Certains soutiennent que la caractéristique de la gauche est la non-violence […] En outre, définir la gauche par la non-violence amène nécessairement à identifier la droite avec le gouvernement de la violence qui renvoie non à la droite en général mais à la droite extrême – selon l’autre dichotomie que j’ajoute à celle qui oppose droite et gauche. » (Norberto Bobbio)

Samedi 29 octobre

 Pour Charles de Gaulle comme pour François Mitterrand, la distinction entre la République française et le Régime de Vichy était fondamentale. Les 10 et 11 juillet 1940, une nouvelle Constitution avait été votée qui dissolvait la République et qui conférait les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Dès lors, pour eux qui avaient combattu la collaboration et contribué à la réinstallation de la République à la Libération, Vichy, ce n’était pas la France. La France, à cette époque-là, elle était à Londres, dans les maquis de la Résistance ou dans les camps de prisonniers. Partant, pour ces deux présidents de la Ve République-là, il n’a jamais été question de présenter des excuses au nom de la France. Tandis que les générations qui n’avaient pas connu la guerre acceptaient mal cette distinction pourtant capitale entre la République et une dictature en estimant qu’elle alimentait une pirouette pour ignorer des faits tragiques, François Mitterrand fit voter un décret le 3 février 1993 qui proclamait le 16 juillet  Journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite « gouvernement de l’État français » (1940-1944).On notera la longueur de l’intitulé motivée par le souci de précision. Le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de cette Journée, Jacques Chirac reconnut la responsabilité de l’État français dans la Déportation et les crimes racistes. François Hollande vient d’un faire de même ce matin à propos la persécution des Tsiganes, en s’exprimant sur le champ de Montreuil-en-Bellay (Maine-et-Loire), là où se situait le plus grand camp de concentration des Tsiganes durant la Seconde Guerre mondiale. « La responsabilité de l’État français ». Son propos, à l’instar de Chirac vingt-et-un an plus tôt, est moins clair. Le mot « République », jusque là écarté, est prononcé, comme dans le communiqué de l’Élysée qui mentionne, lui, « La République ». C’est qu’avant l’arrivée de l’armée allemande, la France avait déjà considéré les nomades de manière inégalitaire, le régime de Vichy ne faisant qu’accentuer l’attitude. Le président ne présente pas d’excuses mais déclare que « La République reconnaît… » C’est courageux. Mais la précision et la nuance nécessaires par rapport aux comportements des trois autres présidents s’imposaient. Les conseillers de François Hollande devraient visiter l’histoire de leur pays avant de lancer des communiqués de presse sur des épisodes aussi dramatiques.

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 « La précision des équivoques est l’un des charmes du style. »

            (Roger Judrin. Miroir d’ombre, éd. Calligrammes, 1981)

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 Droite / Gauche : « Je crois pouvoir dire que ce qui fait d’un gouvernement de libération un mouvement de gauche, c’est la fin ou le résultat qu’il se propose : abattre un régime despotique, fondé sur l’inégalité entre le haut et le bas de l’échelle sociale, et perçu comme un ordre injuste – injuste parce que inégalitaire, parce que hiérarchiquement constitué - ; lutter contre une société où il existe des classes privilégiées, et donc défendre et vouloir instaurer une société d’égaux, juridiquement, politiquement et socialement, contre les formes les plus communes de discrimination. » (Norberto Bobbio)

Dimanche 30 octobre

 Oui, cette semaine, le démantèlement du camp de réfugiés de Calais s’est remarquablement accompli. Non, ce n’était pas si simple. Oui, il faut complimenter le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et ses services, tous ses services, pour le travail remarquablement achevé, saluer aussi les équipes d’accueil dans les communes où les réfugiés seront accueillis, hébergés ; demain, on l’espère, assimilés à la population. Aujourd’hui, comme tous les dimanches, la presse écrite et surtout la presse audiovisuelle procèdent à un coup de rétroviseur sur la semaine écoulée. L’événement calaisien est quasiment passé sous silence ; on entend que les pleureuses qui jonglent avec les « si »… « Vous vous rendez compte, si… » « Heureusement que cela s’est bien passé parce que si… ». On a presque le sentiment qu’elles regrettent la qualité, le succès de cette opération. Et puisqu’il est désormais, grâce à l’informatique, aisé de réécouter les émissions, retournons à dimanche dernier, veille du début de ladite opération. C’est à peine si l’on n’annonçait pas l’apocalypse sur la Côte d’Opale… Mesdames et Messieurs les Journalistes, abandonnez ce principe stupide qui décrète qu’un train qui part à l’heure n’est pas une information. Il y a des choses qui vont bien dans ce monde et le souligner fait aussi partie de votre devoir d’informer.

                                                                       *

 Réécouter, revoir - grâce au site de l’Élysée - le discours  prononcé par François Hollande en clôture de la journée d’hommage à François Mitterrand, mercredi dernier au Louvre. Bien entendu, on repère de nombreuses évocations bien ciselées pour qu’elles puissent s’inscrire dans la présente actualité. On distingue aussi un moment d’émotion contenue, à cinq minutes du terme, lorsqu’il déclare : « … Faut-il rappeler ce que de son vivant François Mitterrand a pu subir de critiques, de contestations, d’outrages, d’outrances, … » et qu’à ce moment précis, la voix s’éraille. Il est très rare, en ce quinquennat, que François Hollande ait laissé paraître une quelconque faiblesse dans le comportement, une quelconque fragilité par le rictus. Là, il est dans le miroir de son maître. Il retient son regard dans la projection de l’autre, il est dans le partage du destin. S’il doit être candidat dans les semaines qui viennent, la leçon, l’évocation, l’exemple de François Mitterrand l’habiteront davantage encore.

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 « Dans les épreuves décisives, on ne franchit correctement l’obstacle que de face. »

            (François Mitterrand. L’Abeille et l’architecte, éd. Flammarion, 1978)

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 Droite / Gauche : « Quant au rapport entre droite et égalité, j’ai dit et répété maintes fois que la droite est inégalitaire non par perversité – pour moi, soutenir que la caractéristique des mouvements de droite est l’inégalitarisme n’est pas un jugement moral – mais parce qu’elle estime que les inégalités entre les hommes sont non seulement impossibles à éliminer, ou alors en étouffant la liberté, mais encore utiles dans la mesure où elles provoquent une lutte incessante pour une amélioration de la société. » (Norberto Bobbio)

Lundi 31 octobre

 Ancienne plume de Nicolas Sarkozy, le député Les Républicains Henri Guaino est (aussi) candidat à l’élection présidentielle ; mais en bon gaulliste, il n’entendait pas s’obliger à concourir à la primaire de la droite. On l’avait oublié celui-là !

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 Parmi les 36.000 et quelques communes de France, en existe-t-il une qui ne possède pas une artère, une place, un lieu évoquant le nom de Victor Hugo ? Il est en tout cas difficile de flâner n’importe où dans l’hexagone sans le rencontrer. Balade à Arzon (Bretagne), sentier du Phare, Port Navalo, le bout du bout de la petite presqu’ile. Une tombe, celle d’un marin retrouvé jadis, cadavre échoué sur le sable, au bas de la falaise. Et sur cette petite sépulture, deux vers, extraits du célèbre poème des Châtiments, écrits à Jersey en 1853 :

« Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute

   Un brouillard lourd et gris couvrait toute la côte (…)

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 Droite / Gauche : « Ce qui s’est produit, c’est que la droite n’est plus en situation d’avoir honte. Après la Libération, se dire de droite était un acte de courage, voire d’impudence. On peut presque affirmer aujourd’hui que c’est un acte de courage que de se proclamer de gauche. » (Norberto Bobbio)

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