Qui veut encore du FMI et de la BM?

Sur quelle barque navigue encore l’économie mondiale? Il semble que la déstabilisation mondiale opérée par les crises financières récentes, la pandémie de Covid et ensuite la guerre en Ukraine, précédée par la débâcle des occidentaux en Afghanisstan, provoquent une vague de contestations puissantes.

« Ni l’euro ni le dollar ne sont garantis par quoi que ce soit, et nos pays peuvent faire ce que le système de Bretton Woods a détruit », a déclaré le vice-président de la Douma de la Fédération de Russie, le jeudi 6 avril 2023. Le groupe BRICS, qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, pourrait créer une monnaie commune « fondamentalement nouvelle » , précise-t-il. Il explique que cette monnaie serait adossée non seulement à l’or, mais aussi à des ressources réelles, telles que la terre et les métaux des terres rares. « Les économistes discutent de la liste des matières premières qui sont demandées sur le marché et ce, à juste titre. Et il n’y a pas que l’or. Il y a des ressources », a-t-il souligné.

Cette révolution de la guidance monétaire mondiale pourrait avoir lieu lors du prochain sommet des BRICS en Afrique du Sud en août de cette année.

Mais déjà les présidents de 11 pays d'Amérique latine, dont les principales économies de la région – Brésil, Mexique, Argentine, Chili et Colombie –, ont annoncé le 5 avril la création de « L'Alliance des pays d'Amérique latine et des Caraïbes contre l'inflation». Histoire d’échapper à la tutelle du dollar et du Fonds Monétaire International ainsi qu’aux guidances catastrophiques de la Banque Mondiale. Et peut-être développer une autre dynamique économique que celle imposée par ces institutions mondiales tant décriées actuellement. ( https://francais.rt.com/economie/105303-11-pays-damerique-latine-lancent-alliance-contre-inflation )

https://www.pressenza.com/fr/2023/04/les-brics-creeraient-une-monnaie-commune-fondamentalement-nouvelle-selon-un-haut-fonctionnaire-russe/

Peu auparavant, les Émirats Arabes Unis et l’Inde s’efforcent de stimuler le commerce non pétrolier en roupies et même en créant une monnaie numérique commune. ( https://www.bfmtv.com/crypto/l-inde-et-les-emirats-arabes-unis-s-allient-dans-les-monnaies-numeriques_AV-202303160370.html )
Il faut dire que l’Inde se classe à présent dans le top cinq des grandes puissances économiques mondiales et elle entend se faire respecter, au même niveau que la Chine, la Russie, le Brésil.

https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/inde-la-nouvelle-superpuissance-mondiale_5761376.html#xtor=EPR-555-[newsletterquotidienne]-20230411&pid=726375-1571873380-fb893875

Appel à un contre-sommet FMI, B.M.

Bref, la hiérarchie économique mondiale bouge, s’effrite et les demandes d’un autre ordre économique mondial se font entendre du côté des mouvements sociaux; ceux-ci appellent à un contre-sommet du FMI et de la BM lors des assemblées annuelles de ces deux instances (du 9 au 15 octobre 2023 à Marrakech au Maroc).

Depuis des décennies, ces deux instances sont analysées, décxortiquée et fortement critiquées notamment par le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) qui appelle à ce contre-sommet et à un argumentaire commun contre elles car “ Ces deux institutions poursuivent la promotion du néolibéralisme et du capitalisme qui ont causé des ravages sociaux, économiques et écologiques à l’échelle planétaire.” Le CADTM constate en effet que le FMI “ a signé des accords de crédit avec une centaine de gouvernements au cours des trois dernières années. Dans le cadre de chacun de ces accords le FMI exige la poursuite de politiques néolibérales. Dans le même temps une nouvelle crise de la dette se développe.”

Quant à la Banque mondiale, elle “ poursuit le développement d’une politique productiviste et extractiviste désastreuse pour les peuples et néfaste pour la nature. Contrairement à ses promesses, elle continue à financer massivement les énergies fossiles qui ont un effet désastreux au niveau de la pollution et du changement climatique.”

Le CADTM et quantité de mouvements sociaux militent donc pour un “ nouveau FMI, quant à lui, devrait retrouver une part de son mandat originel pour garantir la stabilité des monnaies, lutter contre la spéculation, contrôler les mouvements de capitaux, agir pour interdire les paradis fiscaux et la fraude fiscale. Pour atteindre cet objectif, il devrait contribuer, en collaboration avec les autorités nationales et des fonds monétaires régionaux (qu’il faut créer), à la collecte de différentes taxes internationales."

Quant à la nouvelle Banque Mondiale, elle devrait être “largement régionalisée (des banques du Sud pourraient y être reliées), elle aurait pour fonction de fournir des prêts à taux d’intérêt très bas ou nuls et des dons qui ne pourraient être octroyés qu’à condition d’être utilisés dans le respect rigoureux des normes sociales et environnementales et, plus généralement, des droits humains fondamentaux.”

https://www.cadtm.org/Appel-a-un-contre-sommet-mondial-des-mouvements-sociaux-aux-Assemblees?fbclid=IwAR09qHcUQPlXJ0ZgcQv6LKPMudv7Y2VWZI3YCAEBuJP4LysX1l6m_0WteuQ

En effet, il y a urgence à réformer le système car les récentes prévsions du FMI ne sont pas bonnes : “ la croissance devrait ralentir de 3,4 % en 2022 à 2,8 % en 2023, avant de s’établir à 3,0 % en 2024. Les pays avancés devraient connaître un ralentissement particulièrement marqué de leur activité économique, avec un taux de croissance chutant de 2,7 % en 2022 à 1,3 % en 2023. Dans un autre scénario plausible avec une amplification des tensions sur le secteur financier, la croissance mondiale chute aux alentours de 2,5 % en 2023 et celle des pays avancés passe sous la barre de 1 %. “ https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2023/04/11/world-economic-outlook-april-2023

Pour en savoir plus:

- "Banque Mondiale, une histoire critique." Eric Toussaint. Préface de Gilbert Achkar. Ed. Syllepse. Janvier 2022.

- "Démondialisation? Points de vue du Sud." Ed. Alternatives Sud / Ed. Syllepse. Juin 2021.