Qu'est-ce qui brille dans vos yeux tristes
pas plus que vous j'entends le vent je suis aveugle
je ne suis né au front marquée ma destinée
pas plus que vous je ne suis sourd au vent qui beugle
et il n'est pas écrit héros sur mon gros nez
au bout de mes longs doigts battent les chauds tambours
de mon cœur de mon cœur les visuels tambours
je parle de mon cœur c'est pour dire le silence
qui tourne autour de moi et de mon feu qui danse
sous la cendre saignant une braise se bat
je cherche la raison de toutes les passions
pourquoi l'amour est mort et que font les soldats
quand la tranchée s'épanche et permet l'évasion
des cadavres bleuis des filles aux vies brèves
on nous a bien parlé d'un merveilleux pays
au pied de l'horizon qui campait à midi
on nous a expliqué à quoi servent les rêves
on nous a montré les chemins de la souffrance
certains sont morts d'aimer d'autres pour l’espérance
ici dans ce pays on ne meurt que d'ennui
les jeunes gens racontent des histoires de nuit
la plupart d'entre nous travaille chaque jour
la tête et les yeux vides et le cœur à rebours
toute la vie conduite à petits pas comptés
à la mort machinale et la fin de l'été
dans le petit matin se refait la brisure
toute la ville au bord des routes de l'usure
faisant la fête au jour dit et dans la mesure
où il faut se lever pour recompter l'azur
sur les doigts de la main et les poings de la rage
les tempes où parfois éclatent des orages
vous connaîtrez un monde un monde inouï
c'est ce qu'il nous faut croire dans le noir de la nuit
vous saurez ce que c'est que cette humanité
vous n'aurez pas pour rien rêvé de liberté
d’une vie à changer qu’il faut continuer
vous verrez un beau jour s'éclaircir les nuées
au bout du compte il y a comme un rêve tué
des façons de s'y faire et de s'habituer
on supporte la nuit en raison du matin
et pourquoi dans les caves pourrit un genre humain
un genre d'humains vains vainement d'être humains
les bouches invisibles et des liens pour les mains
grattant la terre salée le silence et le vent
étouffant de tristesse comme des survivants
secrètement honteux encerclés par l'angoisse
si lente de durer chaque geste nous froisse
chaque habitude brûle comme une main tremblée
nous-mêmes étranglés par des histoires de blé
domestiques falots de notre survivance
l'égoïsme féroce l'argent l'indifférence
l'argent l'indifférence l'égoïsme féroce
et les petites rues de nos abîmes proches
privilège de vivre en un joli bocal
fatuité ridicule je te baise et t'encule
le problème est partout il est partout local
et partout on se tait on renonce on recule
de votre humanité il faut payer le prix
racheter vos souffrances expliquer vos nuits blanches
vos jours gris le mépris le mépris le mépris
et foutez-nous la paix aujourd'hui c'est dimanche
cette merde devient inerte et souveraine
cette gluante angoisse ronde comme une reine
les amis débranchés parlent comme des ministres
de la réalité en fait ils sont sinistres
cette merde fait de nous de quotidiens dénis
de nous-mêmes et de nos enfances de folie
les plus beaux leur jeunesse simplement ils la nient
qu'est-ce que je fais moi qu'ai-je comme alibi
et nous que faisons-nous scotchés entre nos draps
que faisons-nous l'hiver au profond de nos lits
parce qu'il pleut dehors quelque chose ne va pas
les emmerdes d'argent et l'ennui et l'ennui
est-ce une vie cela comme on va dans sa poche
ramasser et compter la petite monnaie
le ciel était si bleu maintenant il fait moche
on rentre les oreilles on gratte son acné
est-ce cela de vivre quand les jours les saisons
passent distraitement comme font les chansons
regarde-moi les gens regarde comme ils sont
comme si nous n'avions pas les mêmes raisons
où en étais-je oui quelqu'un au téléphone
m'interrompant parlait de questions politiques
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