Chemins noirs - Poèmes inédits de Serge Noël

Le Chant la vie

Par | Penseur libre |
le

Une photo que Serge Noël appréciait. Photos © Jean-Frédéric Hanssens

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Lecture 3 min.

Serge avait commencé à écrire des poèmes inspirés par quelques unes de mes photos qu’il avait choisies. Il m’avait dit, dès que les poèmes écrits en regard des dessins de Roger Somville sont terminés, je poursuis avec « Chemins noirs ». Ce mardi 27 octobre, en début en soirée, il est parti pour une destination inconnue, laissant encore ces quelques traces indélébiles de son art. Il se nourrissait de poésie pour y puiser la force de lutter pour un monde meilleur.

Jean-Frédéric Hanssens

Poème écrit sur base de la photo ci-dessus

vois la petite rose noire
pousser dans la boue l’amertume

ô jour enfant où vient l’espoir
frapper de ses pieds le bitume

qu’est-ce qui reste de vos jeux
dans la poussière et dans le vent

vous êtes beaux et courageux
puisque vous êtes des enfants

et sur les épaules du monde
moineaux nés de l’ambre et du miel

contre les lois les gens immondes
les peurs les haines démentielles

vous chantez vous menez la fronde
vos poings tendres levés au ciel


fleur de rêveurs rose des vents
tu te souviens de moi souvent

tu ris tu pleures et comme avant
tu vas-tu regardes devant

marchons alors et sur les routes
dans les villes immenses amères

emporte espoirs songes et doutes
tu penses à moi qui suis ta mère

à moi de ta mère les yeux
la voix le chant l’odeur d’été

sous un ciel pâle toujours pluvieux
bois l’aube chaude comme un thé

quand le sommeil est oublieux
marche je suis ta liberté


aveugles de leurs yeux de marbre
ils ne regardent qu’en dedans

nous sommes au désert comme l’arbre
plaie ouverte rage de dent

nos mains frappent les chauds tambours
et de nos voix scandent les chants

dans leurs villes et dans leurs faubourgs
ils ont des rêves noirs méchants

ils font de nous les criminels
qui les hantent aux petites heures

fantômes étrangers éternels
ils vendent leur âme pour la peur

pourtant c’est nous les sentinelles
de nos cœurs humains et des leurs


sur ce banc je suis seul et nu
devant les rideaux qui s’effacent

toujours perdu et revenu
revenir et perdre la face

les allées mènent au bout du monde
mais ils ne comprendront jamais

la vie que j’ai la vie immonde
ils croient qu’on est toujours en mai

et que les hivers passent à l’as
l’hiver la faim la nuit tombant

dans les rues le bruit et la crasse
je suis seul et nu sur ce banc

sous un crachin gris dégueulasse
comment leur dire ce ciel plombant

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