Non à l’asphyxie des musées Constantin Meunier et Antoine Wiertz

ConsoLoisirs

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Le Musée Constantin Meunier

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Lecture 25 min.

Le “Consoloisirs” et sa newsletter mensuelle prennent la défense des intérêts des usagers dans le domaine de la consommation des loisirs, dans les activités du “temps libre” (médias, culture, divertissements, etc.). Les titres de deux des livres récents publiés par son coordinateur Bernard Hennebert explicitent cet objectif. Côté culture: « Les musées aiment-ils le public? ». Côté médias: « RTBF, le désamour » (aux éditions Couleur Livres).

SOMMAIRE

1. Neuf musées gratuits à Tournai, et une quinzaine à Mons

2. Absurde: deux salaires de ministre pour la RTBF? Un wallon et un bruxellois?

3. Le métro a 40 ans: il vénère l’art plastique et méprise les musiques

4. Un qualimat sans Arte et sans La Trois

5. Si les concerts de Renaud étaient annulés?

6. Un agenda des mouvements citoyens sur «Entre les lignes»

7. Au Soir et à La Libre, les pages «culture» sont-elles libres?

8. Spectacles de mime (suite)

9. Médialog (RTBF) et les images de marques dans nos JT

10. Un oubli dans la bio d’Arnaud Montebourg

11. Hergé! Toujours…

12. Théâtre: faut-il amplifier la voix des comédiens?

1. Neuf musées gratuits à Tournai, et une quinzaine à Mons

À Tournai, la Fête de la gratuité du «premier dimanche du mois» des musées se déroule ce 2 octobre (de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30) au Musée de la Tapisserie et des Arts du Tissu (TAMAT), place Reine Astrid, 9: http://www.tamat.be/fr/

Cette journée sera l’occasion de découvrir l’exposition temporaire «Recherches 16» avec 8 artistes boursiers fréquentant les ateliers de recherche.

De 13h30 à 16h30, ceux-ci seront présents pour vous présenter le fruit de leurs expérimentations textiles hors des sentiers battus. Vidéo, design, sérigraphie, dessin, sculpture, toutes les techniques seront utilisées pour (re)découvrir les arts textiles et leurs infinies possibilités.

Une virée touristique «pas chère» à Tournai? Chaque week-end, la SNCB pratique son tarif 50%. Ce jour-là, comme chaque mois, huit autres musées s’y visitent gratuitement. Quelques photos et des commentaires d’une visite datant de 2009: http://www.consoloisirs.be/dimanches/090104.html

N’oubliez pas que ce 2 octobre, plus de 150 musées sont gratuits à Bruxelles et en Wallonie. Toutes les infos à propos de ces musées partenaires (dont leur site internet): http://www.artsetpublics.be

Prévoyez déjà qu’à Mons, la fête muséale suivante sera organisée le dimanche 6 novembre au Memorial Mons Museum: http://www.monsmemorialmuseum.mons.be

Une journée complète de tourisme dans l’ex-capitale européenne de la culture?

Dans cette ville, ce jour-là, une quinzaine d’autres musées sont également gratuits.

Chaque mois, une newsletter mensuelle spécifique vous met au courant des différentes nouveautés de cette gratuité du premier dimanche.

Pour vous y inscrire: info@artsetpublics.be

2. Absurde: deux salaires de ministre pour la RTBF? Un wallon et un bruxellois?

Comme le signalait récemment La Libre, «(…) Un groupe d’intellectuels francophones en appelle à la non-régionalisation de la compétence culturelle gérée par un organe propre aux Régions bruxelloise et wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ces derniers mois, des députés libéraux et socialistes ont affiché leur volonté de voir la Wallonie récupérer les compétences de l’Enseignement et de la Culture. Encore plus récemment, le ministre-Président wallon, Paul Magnette (PS), a affirmé que sans ces deux compétences, la Wallonie était "eunuque" (…)».

Ce débat revient régulièrement dans l’actualité. Voici les rétroactes:

http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/regionaliser-la-culture-les-acteurs-du-secteur-disent-non-57d1ac7e35701f2d1171d3c5

Je suis l’un des signataires de la carte blanche suivante publiée dans La Libre du 9 septembre 2016 et intitulée «La culture: socle commun des valeurs partagées par les Wallons et les Bruxellois».

Voici son texte: «Une nouvelle fois, ces derniers temps, des voix se sont fait entendre en faveur d’une régionalisation de compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles et en particulier de la culture.

Au moment où les citoyens sont confrontés à d’importants défis de société, plutôt qu’au besoin de se relancer dans de nouveaux chantiers institutionnels, nous comprenons mal cette démarche.

La langue et la culture constituent un vecteur d’échanges et de dialogue entre Wallons et Bruxellois. Ils ont tant à gagner des synergies culturelles et créatrices qu’ils entendent nouer ensemble!

Certes, il faut pouvoir prendre en compte la dimension territoriale et économique de la politique culturelle, mais ce n’est pas un argument suffisant pour régionaliser la culture car le clivage ne réside nullement en une différence entre régions, mais plutôt entre les grandes villes et les autres territoires. Il est donc fondamental de tenir compte de cet élément. Wallons et Bruxellois doivent pouvoir défendre ensemble les diversités et les richesses locales.

Régionaliser les compétences en matière culturelle, c’est multiplier les administrations et réduire les budgets, c’est compliquer encore la vie des artistes et des responsables des structures culturelles. Qu’on pense par exemple à tous les organes consultatifs comme les commissions d’avis, le Conseil du livre, la Commission de sélection des films, etc.

Régionaliser la culture, c’est scinder l’audiovisuel: veut-on multiplier les législations sur cette matière en pleine évolution, dédoubler la RTBF? Même chose pour les aides à la presse écrite.

Régionaliser la politique culturelle, c’est diluer la force de frappe des francophones en Belgique et dans le monde.

Régionaliser la culture, c’est aussi entraver la dynamique qui permet aux Wallons et aux Bruxellois d’inscrire leurs enjeux économiques et sociaux dans un horizon prometteur grâce à leur complémentarité.

C’est pourquoi les signataires du présent texte en appellent au monde politique de Wallonie-Bruxelles pour maintenir et renforcer la capacité de la Fédération Wallonie-Bruxelles en ces domaines».

Les premiers signataires sont:

  • Michel BAUDSON (ancien directeur de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles et ancien président de la Commission des arts plastiques de la FWB);
  • Jean-Louis COLINET (directeur du Festival de Liège);
  • Jacques DECK (conseiller culturel);
  • Jacques DE DECKER (Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises);
  • Roger DEHAYBE (ancien Commissaire général aux relations internationales de Wallonie-Bruxelles);
  • Savina DELLICOUR (cinéaste);
  • Jean-Pierre DERU (directeur de l’Association Marcel Hicter pour la Démocratie culturelle);
  • Jean-Michel D’HOOP (metteur en scène);
  • Philippe GARCIA, président de la FNCD (Fédération Nationale des Compagnies Dramatiques);
  • Bernard HENNEBERT (coordinateur de Consoloisirs);
  • Michel HUISMAN (artiste);
  • Martine LA HAYE (ancienne Directrice adjointe du cabinet de la ministre de la culture);
  • Bernard MARCELIS (président de la Commission consultative arts plastiques du ministère de la FWB);
  • Pierre MERTENS (écrivain);
  • Jean-Luc OUTERS (écrivain);
  • Dominique SERRON (directrice de l’Infini Théâtre);
  • Gaëtan VANDEPLAS (Guichet des Arts);
  • Marc WILMET (Professeur à l’ULB).

3. Le métro a 40 ans: il vénère l’art plastique et méprise les musiques

À Bruxelles, le métro fête cette année ses 40 ans.

C’est l’un des musées parmi les plus populaires du pays (les œuvres qu’il expose dans ses stations sont accessibles à tous) et il respecte l'art plastique.

http://www.stib-mivb.be/kunst-metro-art.html?l=fr

Par contre, il utilise la musique comme une aspirine (recours à la musique fonctionnelle pour tenter de calmer les voyageurs en attente) ou comme un commerce.

Tous les arts ne méritent-ils pas le même traitement?

Sur mon blog, je détaille bien davantage ce constat:

http://blogs.politique.eu.org/La-musique-dans-le-metro-un-art

4. Un qualimat sans Arte et sans La Trois

Le «qualimat» de l’hebdomadaire Télépro s’installe dans notre paysage audiovisuel.

Progressivement, puisque personne ne le remet en question, vous allez prendre pour argent comptant ses résultats.

La cinquième vague vient d’être relayée par nombre de nos médias traditionnels. Par exemple:

- La Libre:

http://www.lalibre.be/culture/medias-tele/ennemi-public-et-on-n-est-pas-des-pigeons-en-tete-d-un-classement-telepro-57dbf5093570b0f26a15aae3

- La Dernière Heure (voir surtout la première ligne de l’article, la plus lue sans doute):

http://www.dhnet.be/medias/television/les-pigeons-perdent-des-plumes-57deca3c35704b54e6c5d9ae

Et pourtant, selon moi, ceci n’est qu’un faux qualimat. C’est en fait un «qualimat» esprit «audimat».

Ce que ne rappellent pas ces articles c’est que le pseudo qualimat de Télépro exclut de la présentation de ses résultats des chaînes qui justement cultivent davantage la qualité: par exemple Arte et La Trois.

Il me semble troublant que la presse ne signale pas ceci régulièrement à ses lecteurs. Que le public connaisse au moins les règles du jeu pour pouvoir mieux évaluer et se distancier de ces résultats.

Moustique pourrait «piquer» (comme son slogan l’indique) en dévoilant ce fait, mais comme il est le concurrent direct de Télépro, il préfère ignorer ces résultats alors qu’il est censé couvrir de façon critique l’actualité de nos télévisions.

Il me semble aussi aberrant que le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne prenne pas ses distances avec cette initiative.

Pour la direction de Télépro (dont Consoloisirs a publié naguère les réactions véhémentes à notre dénonciation), ce qualimat a été conçu précisément pour fournir un outil alternatif à la mesure d'audience, qui domine le paysage audiovisuel.

Mais ses méthodes sont celles de l’audimat.

Il ne faut pas proposer une sorte de «hit-parade», genre par genre (séries, émissions d’infos, etc.) des programmes les plus aimés du public.

Ce qui manque, c’est pour chaque émission accessible au public, de découvrir les pourcentages précis de personnes qui ont apprécié un peu, beaucoup, à la folie et pas du tout. Ce qui est fort différent. Car peu de téléspectateurs ont peut-être regardé un programme mais l’ont à 99% adoré, tandis qu’un autre programme aurait fait une part d’audience reine mais son public aurait été déçu à 60 ou 80%.

Le vaste public qui découvrirait ainsi combien le JT d’Arte est énormément apprécié par la majorité des téléspectateurs qui ont eu la chance de le tester aurait peut-être envie de s’y adonner également?

Saviez-vous que le contrat de gestion de la RTBF contraint le service public à réaliser régulièrement le qualimat de ses émissions? Mais hélas, rien n’est prévu concernant la diffusion de l’intégralité des résultats auprès des journalistes et du public (bien sûr, seuls, certaines mauvaises appréciations restent secret défense).

Voilà un élément pas du tout mineur qu’il faudrait préciser dans le prochain contrat de gestion de la RTBF qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2018.

5. Si les concerts de Renaud étaient annulés?

Renaud viendra-t-il donner ses concerts en Belgique? Probablement. Mais si ce n’était pas le cas?

«Flou total autour des concerts belges de Renaud» titrait récemment La Dernière Heure et d’autres médias:

http://www.dhnet.be/medias/musique/flou-total-autour-des-concerts-belges-de-renaud-57e2c321cd70502b99a8bb25#.V-PhgIasBrY.facebook

En cas de non-concert, le spectateur sera-t-il remboursé intégralement (ticket plus de soit-disant frais d'ouverture de dossier)?

Qu'en sera-t-il des hôtels ou transports déjà payés pour cette occasion? Et je ne rigole pas: il serait normal qu'il soit tenu compte de ceux-ci.

Plus les organisateurs devront banquer, plus ils éviteront de reporter ou annuler.

Public, deviens une force dont on tient compte dans cette culture qui se commercialise de plus en plus fort. Créons une véritable asbl d'usagers culturels qui traite les dossiers en continuité et nous représente auprès des journalistes, qui pourraient relayer nos préoccupations et propositions de solution, et auprès de ceux qui préparent les futures législations.

6. Un agenda des mouvements citoyens sur «Entre les lignes»

Jusqu’à présent, il était quasi impossible de retrouver, quelques mois ou années après publication, tel ou tel extrait de mes anciennes newsletters.

Désormais, elles seront archivées grâce au site «Entre les lignes» qui en proposera la lecture à son public, mois après mois.

Ce site a été créé par un groupe d’amis principalement ex-travailleurs du «Soir» (photographes, journalistes, etc.) et réunit de plus en plus de citoyens préoccupés par l’évolution de l’information.

Voici ce qui les rassemble: http://www.entreleslignes.be/node/595

Je vous conseille tout particulièrement l’une de ses initiatives qu’on ne retrouve nulle part ailleurs et qui est pourtant bien utile et concrète: son agenda des mouvements citoyens, régulièrement mis à jour (ce qui n’est pas une mince affaire): http://www.entreleslignes.be/agenda

Pour rappel, je tiens également mon blog sur le site de la revue Politique.

Voici les titres de mes articles les plus récents: http://blogs.politique.eu.org/-Le-blog-de-Bernard-Hennebert-

7. Au Soir et à La Libre, les pages «culture» sont-elles libres?

Voici deux constats récents en tant que lecteur attentif de la presse quotidienne et craignant les liens incestueux de plus en plus présents entre les journaux, télés, radios et grands opérateurs culturels.

1) Lundi 26 septembre 2016, on découvre uniquement dans La Libre deux pages, et très bien annoncées en «une», sur les mauvais résultats financiers de Mons capitale européenne de la culture alors que Le Soir était partenaire de cet événement;

2) Dans Le Soir, au cours de cet été 2016, on comptabilise l’équivalent de près d’une quinzaine de pages entières, présentées et mis en page comme du pur rédactionnel (aucune indication «publireportage»), à propos de «100 Masters», l'opération des 100 chefs d'œuvres des musées bruxellois, alors que ce quotidien est partenaire de cet événement mais seulement quelques lignes dans La Libre.

Conclusion: les lecteurs des deux organes de presse sont pris en otage par pareils liens car ils reçoivent soit beaucoup trop à lire, soit pas assez.

8. Spectacles de mime (suite)

J’écrivais (et je maintiens) ceci dans ma newsletter précédente:

«(…) Il ne faut pas ranger tous les play-back dans le même sac. Certains sont là pour se substituer à la médiocrité d’un interprète et le transformer en produit, d’autres (comme certains éléments sonores additifs) sont prévus pour offrir un spectacle encore plus élaboré au public.

Les seuls reproches que l’on peut faire sont de l’ordre de l’étiquetage… dudit «produit». Le public est-il clairement averti avant qu’il achète son ticket pour un spectacle (par exemple, une comédie musicale où une bande orchestrale est substituée à un orchestre) ou avant qu’il ne «consomme» un spectacle à la télé du fait qu’il va devoir écouter un play-back (partiel ou complet)?

Le plus souvent, cette annonce n’est pas prévue. Michel Drucker annoncera bien qu’un de ses invités va chanter en live (pourquoi n’utilise-t-il pas un terme français?) mais jamais n’apparaîtra, dans le cas contraire qui est très fréquent, en incrustation, le mot «play-back» sur un bord de l’écran (comme on le fait pourtant pour indiquer, par exemple, qu’une émission est «en direct»).

Le seul combat à mener donc est cette information préalable du public (…)».

Aujourd’hui, le play-back demeure une pratique fréquente mais elle est de plus en plus banalisée. On la considère comme normale et on se contente de la décrire.

Cela n’a pas toujours été le cas.

Au début des années 80, sur les chaînes de télévision de service public en France, quelques ingénieurs de son refusaient de donner des micros aux chanteurs qui faisaient du lipping (bouger les lèvres pour faire semblant de chanter). Ceux-ci apportèrent alors eux-mêmes au studio leurs micros factices qu'ils considéraient comme des accessoires de scène. Les empêcher de les utiliser aurait été une atteinte à leur liberté d’expression.

À l’époque, Bernard Pivot avait même consacré un numéro de son Bouillon de Culture à ce thème, le 27 avril 1991, avec plein d’invités-témoins.

Marie-France Bruyère qui avait dirigé l'unité de divertissement d'Antenne 2 et de TF1 y déclara, à propos de Patrick Sabatier, Jean-Pierre Foucault et Michel Drucker: «Ils ont beaucoup d'argent pour produire leurs émissions, mais comme ils les produisent eux-mêmes, peut-être qu'ils mettent moins de moyens qu'il n'en faudrait pour que les chanteurs chantent en direct».

Tant que les chaînes de télévision ne seront pas obligées de signaler les play-back au public, les chanteurs qui souhaitent chanter auront intérêt à préférer le lipping. La chanteuse interprète Nicole Croisille expliquait également à Bernard Pivot que chaque fois qu'elle chantait (vraiment) à la télé, elle se disqualifiait: «Il y a un leurre lorsque, dans une même émission, il y a des chanteurs qui chantent véritablement et des chanteurs qui font un play-back avec un micro à la main. Le public n'a plus la possibilité de créer une échelle de valeur entre les différents artistes qu'il découvre».

Davantage de témoignages: http://www.consoloisirs.be/articles/leligueur/004.html

Retour en 2016: dans Le Monde, Stéphanie Binet nous détaille la présence scénique de Justin Bieber: «(…) Aller voir Justin Bieber en concert, c’est – quitte à être taxé de misandrie – avoir la preuve qu’un homme ne peut pas faire deux choses en même temps. Entre danser et chanter, le jeune interprète canadien a choisi: il danse. Son micro, il le cale sous son aisselle, ou le pose sur le sol et laisse une bande tourner pendant qu’il exécute quelques pas avec sa douzaine de danseurs. Côté chorégraphies, celles-ci ne sont pas non plus des plus compliquées, en tout cas à des années-lumière de celles, très sophistiquées, de Beyoncé ou de Rihanna. Devant ses fans, Justin Bieber ne fait même pas l’effort de faire semblant de chanter (…)».

http://www.lemonde.fr/musiques/article/2016/09/21/justin-bieber-chante-en-play-back-pour-ses-fans_5001124_1654986.html#iYshjBx7aZWJrLtz.99

Constatez une nouvelle fois que la journaliste du Monde n’indique pas si le mot «play-back» figure sur le matériel promotionnel ou au dos du ticket (qui constitue de fait le contrat entre l’organisateur et l’usager).

Côté banalisation de la situation, dans La Dernière Heure du 29 septembres 2016, le comédien qui fait la voix dans Secret Story (sur NT1 et Plug RTL) est interviewé pour parler de son travail éducatif: il donne des cours pour apprendre le lipping aux jeunes chanteurs!

9. Médialog (RTBF) et les images de marques dans nos JT

Constatons des efforts dans l’organisation de la séquence «médiation» du Médialog diffusé le 21 septembre 2016 sur La Deux.

À découvrir à partir de la 19ème minute: http://www.rtbf.be/auvio/detail_medialog?id=2143563

La thématique était la présence d’images publicitaires dans le journal télévisé.

Deux téléspectateurs étaient présents sur le plateau (avant, on les interviewait hors plateau) et, ce qui est encourageant, à la fin de l’émission, l’animateur leur demande ce qu’il faut faire pour améliorer la situation.

Par contre, malgré la présence de nombreux spécialistes, certains éléments ne furent pas signalés:

- Si Mathilde Alet, la secrétaire d’instruction du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), a clairement expliqué qu’il ne pouvait pas y avoir de publicité dans les JT et dans les programmes pour enfants, on a omis d’indiquer au public qu’il était désormais possible d’introduire du placement de produits dans les autres émissions d’information de la RTBF.

- Heureusement que Frédéric Brébant, journaliste à Trends Tendances, a pris l’initiative de souligner qu’en France on était moins laxiste et que l’on floutait les marques…

On a ensuite bien vu que les représentants de la RTBF présents en studio ne sont pas prêts à suivre cet exemple et parlent d’hypocrisie… sans jamais oser imaginer ou proposer d’autres solutions pour tenter de moins indisposer le public (les plaintes existent). Aucune proactivité. On respecte au minimum la législation.

La représentante du CSA a indiqué que la règle était différente, et plus stricte, en France: on doit éviter la présentation des marques dans les images diffusées.

Chez nous, les textes officiels précisent qu’il n’y a faute que s’il y a un caractère intentionnel, ce qui permet beaucoup d’abus. En effet, il faudrait prouver qu’il y a eu échange financier ou contre partie matérielle, ce qui est généralement quasi impossible.

- L’animateur demande: que faut-il faire?

Il manquait un expert des droits des usagers de la RTBF sur le plateau. Il aurait pu rappeler que dans les mois qui viennent va se préparer le prochain contrat de gestion de 2018 de la RTBF et que le gouvernement pourrait négocier avec le conseil d’administration des textes moins laxistes, tout comme cela se passe en France.

Ce n’est pas utopique. Lors de l’élaboration du contrat de gestion actuellement en vigueur, la suppression du placement de produits avait ainsi été imposée au service public (mais le PS et le CDH sont revenus sur cette décision dans un deuxième temps, lorsque ECOLO a rejoint l’opposition, et avec un faux argument, celui du manque de financements, alors qu’ensuite la RTBF a trouvé tout l’argent nécessaire pour créer nombre de nouvelles émissions!).

Pour ceux qui s’intéressent à la médiation dans les médias, voici des échanges véhéments entre ACRIMED (l’observatoire des médias «Action-Critique-Médias») et le médiateur de Radio France:

- Acte 1: la remise en question de ce médiateur par ACRIMED:

http://www.acrimed.org/Les-droles-de-mediations-du-mediateur-de-Radio

- Acte 2: comment ACRIMED commente la réaction du médiateur à sa mise en cause:

http://www.acrimed.org/Le-mediateur-de-Radio-France-repond-a-Acrimed

10. Un oubli dans la bio d’Arnaud Montebourg

Mardi 20 septembre 2016, Arnaud Montebourg, candidat à la présidentielle, était l’invité politique du prime-time de France 2.

De nos jours, plus personne n'indique dans sa bio qu’il a, naguère, jeune avocat, initié un procès contre TF1 (avec son association «TV Carton Jaune») à propos de la vraie-fausse interview de Fidel Castro par Patrick Poivre d’Arvor.

C’était fort risqué à l’époque car il s’intéressait déjà à la politique et il n’ignorerait pas que, ce faisant, il risquait de devoir se contenter de France Télévisions pour promouvoir ses idées…

C’est quoi, cette vraie-fausse interview?

Petit rappel historique avec un chef d’œuvre d’investigation: le reportage sur celle-ci du réalisateur Pierre Carles:

http://www.pierrecarles.org/-rubrique9-#.V-T3lDs5bQY

11. Hergé! Toujours…

Pour ceux et celles qui ne pourront pas visiter l’expo Hergé au Grand Palais à Paris (jusqu’au 15 janvier 2017), rappelons que le plus grand musée privé de Wallonie, le Musée Hergé à Louvain-la-Neuve, a pris l’initiative et est très satisfait de pratiquer la gratuité du premier dimanche du mois, de 10H00 à 18H00 (26, rue du Labrador): http://www.museeherge.com

Petit cadeau! Voici de larges extraits de mon interview de Hergé publiée par Le Ligueur, le 30 janvier 1970: http://www.consoloisirs.be/textes/040111herge.html

12. Théâtre: faut-il amplifier la voix des comédiens?

Alexandre von Sivers, comédien belge fort respecté au sein de la profession tant pour son talent que pour sa déontologie, a publié sur un réseau social ses réponses à un questionnaire qui lui avait été soumis. Les voici.

1) Que pensez-vous du principe de l’amplification artificielle de votre voix au théâtre?

- Le plus grand mal.

2) Votre voix a-t-elle déjà été amplifiée artificiellement au théâtre durant votre carrière? Où, quand, dans quelle circonstances?

- Je sais que c’est arrivé, mais je n’en ai plus de souvenir précis.

3) Avez-vous reçu une formation spécifique à l’utilisation du micro en vue d’une amplification artificielle de votre voix au théâtre?

- Non. Je ne vois pas d’ailleurs à quoi cela servirait. On ne va pas jouer autrement ou modifier son émission vocale parce qu’il y a des micros. On joue d’abord et avant tout pour les gens avec qui on a un contact physique et ceux qui sont trop loin, voient les acteurs de trop loin et perdent, de toute façon, une bonne partie du «miracle théâtral», même si le son est amplifié.

4) Que pensez-vous de la notion de «performance vocale»? Pensez-vous que la voix naturelle est une condition indispensable au théâtre?

- Je pense que c’est ce qui fait son charme, et même sa spécificité. Rien de plus charnel qu’une voix de comédien se répandant dans un théâtre doté d’une bonne acoustique.

5) Pensez-vous qu’une amplification artificielle systématique de votre voix au théâtre dénaturerait votre travail?

- Oui, déjà par le fait que si la nécessité d’amplifier ma voix se fait sentir, c’est que par ailleurs, il y a perte de la proximité, de l’intimité, de la fragilité propre au théâtre et au contact charnel que le public doit avoir avec les acteurs et dont la voix est un des vecteurs principaux. Il ne faut pas oublier non plus que si la voix est amplifiée, on perd sa localisation dans l’espace ou alors qu’il faudrait la reconstituer par une installation très sophistiquée.

6) Seriez-vous prêt à utiliser systématiquement une amplification artificielle de votre voix?

- Bien sûr que non.

7) Utilisez-vous le micro dans d’autres circonstances de votre métier: doublage, cinéma, chant?

- Bien sûr que oui. Et c’est même un art en soi.

8) Pensez-vous qu’il faut continuer à s’inscrire dans la tradition ou qu’il faut vivre avec son temps et intégrer les techniques modernes à votre travail?

- La question n’est vraiment pas là. Il ne s’agit pas de respecter des traditions, mais de respecter une spécificité. J’irais jusqu’à dire que l’utilisation d’une amplification est contradictoire avec l’idée même que je me fais du théâtre: s’il faut amplifier ma voix, c’est soit que l’acoustique du lieu est mauvaise, soit que le lieu est trop grand (mais alors on n’est plus au théâtre, puisqu’il n’y a plus cette proximité).

Les réponses d’Alexandre von Sivers ont suscité de nombreuses réactions parmi lesquelles:

- Je n'aime vraiment pas cette habitude des micros. Les jeunes comédiens n'apprennent plus a porter la voix et on perd toute l'émotion que peut transmettre un comédien au public par une voix pleine d'émotion et bien maîtrisée. À part dans de rares circonstances, permettant de faire des effets de voix ou de chant, rien de tel qu'un acteur bien formé, avec une diction parfaite et qui sait porter la voix sans hurler.

- Je te trouve très radical sur ce sujet. Je pense au contraire que l’utilisation d’une amplification vocale peut-être une option artistique comme une autre, intégrée à tout le processus créatif. Peut-on imaginer un Pommerat ou un Murgia sans amplification? Kiss & Cry, Cold Blood, Blockbuster et bien d’autres spectacles dans cette veine?

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- À Avignon, dans la cour d'honneur, en 1978, dans l'ancienne version de la disposition des sièges (3.000 places) les cinq ou dix dernières rangées n'entendaient rien ou pas grand chose… d'où la présence de mini haut-parleurs dans les dossiers des sièges mais je suis d'accord avec Alexandre pour l'importance vitale de la voix au théâtre et le plaisir qu'on en retire lorsqu'on joue en plein air, sans micro.

Je ne pense pas non plus que les chanteurs/teuses d'opéra ont besoin d’amplification. Evidemment maintenant, on place des écrans géants et des baffles à se faire péter les tympans…

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