Les horaires des bibliothèques respectent-ils la population active?

ConsoLoisirs

Par | Journaliste |
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Photo: Bernard Hennebert

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Si les bibliothèques n’ouvrent pas régulièrement en nocturne ou pendant le week-end (de préférence, le dimanche car le samedi, c’est souvent le jour des courses pour les adultes et du sport ou de l’académie pour les plus jeunes), c’est au moins 25% de la population qui est lésée. Heureusement beaucoup d’institutions sont attentives à cette problématique. Mais pas toutes… 

SOMMAIRE

1. Les bibliothèques et la population active
2. Allez à Liège et à Mons
3. La RTBF vous coûte chaque mois moins que le prix d’un café
4. Retenez que c’est le lendemain de la St Nicolas
5. Étudiants et profs, invitez-moi pour témoigner à votre cours
6. Merveilleux? Nos musées fédéraux vont-ils passer du 1er mercredi au 1er dimanche gratuit?
7. Deux heures d’échanges au Cabinet de la Secrétaire d’Etat Zuhal Demir
8. Pas de magie quand la loi, c’est la loi
9. Pas d’accord avec Jack Ralite! Hommage à lui
10. Coup de projecteur sur un communiqué de presse passionnant
11. Qui n’invite-t-on pas à la RTBF?

1. Les bibliothèques et la population active

C’est le fait que deux musées fédéraux sont inaccessible depuis plus de dix ans à la population active qui m’a mené à une réflexion du même type à propos des bibliothèques. 

Sans doute que cette «discrimination» concerne environ 25% de notre population, ce qui n’est pas rien. Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique ont également pris pendant plusieurs années une autre décision défavorable à cette population active en rendant plus cher la tarification de ses expositions temporaires pendant les week-ends. Heureusement, après de nombreuses protestations dont celles de Consoloisirs, elle a mis fin à cette mauvaise «pratique» pour l’exposition actuelle «Magritte, Broodthaers & l’art contemporain».

Beaucoup de bibliothèques en Belgique tiennent compte des disponibilités de la population active. Il faudrait que cela devienne une règle contraignante pour toutes.

On a parfois l’impression qu’il est plus compliqué de faire accepter des heures d’ouverture en nocturne ou pendant le week-end pour certaines activités culturelles alors que ce fait est tout-à-fait normal pour les salles de cinéma ou de spectacles. Pourquoi donc? 

En France, une réflexion sur cette thématique est déjà bien engagée et d’actualité.
L’ouverture plus large des bibliothèques en soirée et le week-end fut une des promesses du candidat Macron. Le quotidien Le Monde a réalisé un dossier sur cette thématique dans son édition du 22 octobre 2017. 

Le ministère de la culture en France a publié des chiffres intéressants: 

  • 40% de la population française a fréquenté en 2016 une bibliothèque municipale au moins une fois (contre 25% en 1997, et 35% en 2005). Internet n’a donc pas rendu la bibliothèque obsolète.
  • Dans les villes de plus de 100.000 habitants, seuls 37% des bibliothèques sont ouvertes le dimanche.
  • Les grandes villes de plus de 100.000 habitants en France ont une amplitude horaire moyenne de 42 heures. On est très loin des horaires de la bibliothèque d’Amsterdam qui est ouverte 80 heures par semaine.
  • 50% des usagers des bibliothèques se disent sensibles aux jours et horaires d’ouverture.
  • 47% souhaitent une ouverture le dimanche, et 56% aimeraient pouvoir s’y rendre après 18 heures. Répondre à ces attentes permettrait d’augmenter de 10% le nombre d’usagers des bibliothèques municipales.

Le sujet sera débattu en France au cours de ces prochains mois. L’académicien Éric Orsenna effectue actuellement un tour de France des bibliothèques pour évaluer les besoins du public et les moyens nécessaires. Un grand débat national sur cette thématique sera organisé par le ministère de la culture en mars 2018.

2. Allez à Liège et à Mons

N’oubliez pas que ce dimanche 3 décembre, ce sont plus de 150 musées qui sont gratuits à Bruxelles et en Wallonie. Toutes les infos: http://www.artsetpublics.be

La dernière fête 2017 de la «gratuité du premier dimanche» se déroulera à Liège, avec des activités particulières à l’Archéoforum (de 13H00 à 17H00, sous la place St Lambert) ainsi qu’au Musée de la Vie Wallonne (de 09H30 à 18H00, Cour des Mineurs). 

Leurs sites: 

En outre, il y a onze autres musées liégeois également gratuits, ce jour-là. 

À l’occasion de cette fête de la gratuité, l’Archéoforum proposera deux visites guidées de son exposition temporaire, à 14H00 et 15H30 (durée : une heure) pour des groupes de 25 personnes maximum, sur réservation préalable, par téléphone au 04 250 93 70 ou via infoarcheo@idpw.be
Quant au Musée de la Vie wallonne, il vous propose ses deux expositions actuelles: «Au nom du Foot» et «Jouet Star», avec à 15H00, dans le théâtre, «Tchantchès et les crampons magiques», la nouvelle et surprenante aventure de la marionnette héroïne du folklore liégeois contée et jouée par son auteur.

Quant à moi-même, j’ai fait un autre choix. J’irai voir vers 14H00 à Mons la grande expo des photos de David Lachapelle. En effet, son accès est gratuit chaque premier dimanche du mois au BAM (Beaux-Arts Mons), à 200 mètres de la Grand-Place. 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas cet artiste américain, voici sa récente interview par Yann Barthes dans «Quotidien».

Ensuite, j’irai voir un autre musée (ils sont nombreux) ou un monument gratuit (par exemple, le Beffroi), et boire un café.

Infos pour l’ensemble des musées de Mons: www.polemuseal.mons.be/fr

3. La RTBF vous coûte chaque mois moins que le prix d’un café

Le 17 novembre 2017, Sudpresse consacra une page entière à un dossier réalisé par Charlotte Vanbever et Sam Christophe au sujet de «La RTBF coûte-t-elle trop cher ou pas?».

Les rentrées annuelles de la RTBF sont de 249 millions d’euros pour la dotation, de 74 millions pour les recettes publicitaires (dont 43,5% pour la télé, 28,5% pour la radio, et le reste pour Internet). Enfin, les autres recettes d’environ 25 millions d’euros sont constituées par les aides à la production, la location de services, la part des câblodistributeurs.
Au total donc, les rentrées de la RTBF se chiffrent à environ 348 millions d’euros. 

Quelles sont donc les dépenses de la RTBF en 2016?
Les charges salariales, soit environ 165 millions €.
Les achats de programmes, les droits notamment sportifs, divers services: 147 millions € environ.
Enfin, les autres coûts pour près de 27 millions €. Un total donc 338 millions € dont 154 pour la télé, 52 pour pour les radios, et le reste pour le digital.

La redevance coûte par année à chaque citoyen de la Fédération Wallonie Bruxelles environ 47€.
Selon les calculs de Sudpresse, la RTBF revient aux citoyens moins cher que ce qui se passe dans bien d’autres pays où régions, à l’exception de ce qui se passe en Flandre (43€). 
Les petits pays comparable en Europe seraient à une moyenne de 67€. 
C’est bien plus élevé en France: 139€. 
Et 147 livres, soit 164€, en Grande-Bretagne. 

Côté personnel, juste avant sa récente restructuration, RTL TVi comptait 800 équivalent plein temps. À la RTBF il y a 1.900 équivalent plein temps. France télévisions aligne 9.840 salariés (24 bureaux couvrent l’information locale) auxquels il faut ajouter les 4.613 employés de Radio France. À TV5 Monde, 400 personnes sont salariées, et à Arte, 241.

Êtes-vous fort en math?
Je vous propose l’exercice suivant:

  • Si l’on supprime la publicité à la RTBF, à combien se chiffrera le manque financier?
  • Divisez par deux cette somme (en effet, le service public va faire beaucoup d’économies: ne plus produire autant d’émissions de divertissement ou de téléréalité onéreuses qui ne correspondent pas à l’esprit de ses obligations; multiplier les rediffusions selon des horaires qui vous sont profitables; ne plus dépenser un euro pour rechercher et séduire des annonceurs; ne plus participer financièrement au calcul de l’audimétrie, le CIM; peut-être supprimer un chaîne de radio et une chaîne de télé qui auraient été mises en place spécialement pour capter des cibles de publics adorés des publicitaires qui veulent vendre très vite un pseudo nouveau produit, etc.).
  • Si l’on cherche à récupérer le montant de cette somme que vous venez de calculer au point 2 dans les poches des usagers de la RTBF, de combien devra-t-on augmenter la somme déboursée actuellement par année qui est de 47€?
  • Cette somme payée chaque année sera de combien supérieure ou inférieure à ce que doivent payer nos voisins de France (qui disposent, certes, de médias plus nombreux, mais qui sont aussi beaucoup plus nombreux à les financer)?

Sans publicité, la RTBF se construira tout autrement et se métamorphosera. Elle continuera aussi à éviter fortement les tentatives d’influences politiques (en un quart de siècle, elle a conquis une certaine autonomie rédactionnelle). 

Seriez-vous prêt à financer ce supplément pour avoir droit à un service public transformé grâce à la suppression de la publicité? 
Votre réponse (arguments bienvenus): bernard.hennebert@consoloisirs.be

4. Retenez que c’est le lendemain de la St Nicolas

2017 a été l’année de la montée en crédibilité du collectif d’usagers «La RTBF nous appartient». 

Après avoir été auditionné pendant près de deux heures par les parlementaires pour la préparation du prochain contrat de gestion de la RTBF, toute la presse a reparlé récemment de lui à l’occasion de la refonte du conseil d’administration du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). 

L’un des membres parmi les plus impliqués du collectif vient d’être nommé pour cinq ans vice-président du CSA et les différent médias ont souligné cette activité pour présenter Alexis De Boe au grand public. Bravo à lui!

Voici les compte-rendus du Soir et de La Libre.

Si le CSA est ainsi renforcé dans sa crédibilité et son action future, le collectif perd un de ses atouts, du moins pendant cinq ans. C’est donc un bon déclic pour s’élargir, et rebondir. 

Rendre la RTBF davantage service public, c’est possible.
Rejoignez le collectif qui se réunit deux fois par mois, de 18H00 à 20H00 en semaine, pour le moment à Bruxelles. 

Faites un essai?
Venez simplement en observateur assister à une de ses réunions pour découvrir comment cela se passe. On a bien entendu besoin d’être plus nombreux car le chantier est vaste. La prochaine réunion se déroulera le jeudi 7 décembre. 

Les objectifs? (Re)découvrez donc les cinq priorités de «La RTBF nous appartient»:

Contactez au préalable: mathieurichard8@gmail.com

Enfin, puisqu’il existe une nouvelle direction au CSA, je me permets d’espérer qu’elle se préoccupera davantage des usagers des médias.
J’espère donc qu’elle lira très attentivement le point 7 de ma lettre du mois dernier.

5. Étudiants et profs, invitez-moi pour témoigner à votre cours 

Lundi 11 décembre 2017, pendant deux heures de cours, je tenterai de rallier à la cause de la suppression de la publicité à la RTBF une petite centaine d’étudiants aguerris qui s’intéressent aux médias, à la com, au marketing. 
Bon, c’est pas gagné. Mais voici mon copion. Il est particulièrement efficace (je l’ai déjà testé devant plusieurs auditoires): 

Voici la 10ème et dernière conclusion de mon quatrième bouquin qui traite du service public, «Une réflexion usagers pour les étudiants en journalisme»: «(…) La question qui fâche : les diverses études qui peuvent mener à travailler à la RTBF (dont le journalisme ou la communication) abordent-elles une réflexion détaillée sur les droits des auditeurs, téléspectateurs et internautes ?
Le développement commercial débridé des médias, même de service public, mènera à l’émergence de ces associations d’usagers qui, un jour ou l’autre, arriveront à se professionnaliser. Il y aura là, très certainement, des «postes» à créer. Qu’on détaille donc aux étudiants ces futurs gisements d’emplois et qu’on les prépare à les exercer avec brio.
Les étudiants devraient questionner les professeurs et leur direction : dans l’organisation des cours, des travaux pratiques ou des stages, accordent-ils suffisamment de temps et d’intérêt aux droits et devoirs des usagers des médias ?». 

Cela serait bien qu’un jour des professeurs ou des étudiants de l’ULB ou des études de journalisme de Louvain-la-Neuve, par exemple, m’invitent (bénévolement, bien entendu)? 
Vous connaissez le contact: bernard.hennebert@consoloisirs.be

Et les étudiants en art ou en éducation permanente? À propos de mon livre «Les musées aiment-ils le public?»…

Je pense profondément que tout retraité doit offrir les principaux enseignements de ses recherches, qui, bien entendu, peuvent être contestés, à la nouvelle génération.

Ce type de thématiques, je les traite aussi pour le public des bibliothèques, des maisons de la culture, des mouvements de jeunesses, etc. Ne vous privez pas! 

Pendant que le nouveau contrat de gestion de la RTBF se prépare, la presse écrite propose davantage d’articles de type économique qui permettent au public de mieux décrypter les enjeux. Je vous en ai sélectionné deux. Bonne lecture! 

6. Merveilleux? Nos musées fédéraux vont-ils passer du 1er mercredi au 1er dimanche gratuit?

Deux députés fédéraux MR, donc de la majorité, Richard Miller (ex-ministre de la Culture en Communauté française) et Gautier Calomne, ont déposé une proposition de résolution visant à instituer la gratuité pour l’ensemble des musées fédéraux chaque premier dimanche du mois: Museum des Sciences naturelles, (futur) Musée de Tervuren, Musées des Beaux-Arts (Magritte, Art Ancien, Fin de siècle, etc.), Musée du Cinquantenaire, Musée de l’Armée, etc.

Actuellement, ces musées pratiquent une autre gratuité mensuelle: le 1er mercredi du mois entre 13H00 et 17H00 (de 10H00 à 13H00, ces jours-là, ils restent payants sans doute pour empêcher les écoles d’utiliser cet avantage… qui a dit que les musées fédéraux aimaient les jeunes?). 

Lorsque cette demi-journée maigrichonne de gratuité est née, Le Soir et La Libre, dans leurs éditions du 28 août 1977 (c’est utile de conserver ses archives!), indiquaient que cette mesure était prise «dans le souci de favoriser la visite au musée pour le plus grand nombre». 
Un vrai mensonge fédéral, puisque le choix de la demi-journée se prive de plus de 25% de la population. Il s’agit clairement d’une discrimination volontaire de la population active.
D’autre part, cette gratuité est une aberration économique si elle a pour but de faire venir davantage de nos concitoyens aux musées. Elle n’est en fait qu’une aubaine pour les touristes… qui, la plupart du temps, ne sont pas au courant de son existence et étaient prêts à payer l’entrée. Les autres principaux visiteurs sont les grand-parents (qui ont droit déjà à des réductions) et leurs petits enfants (pour qui ces musées sont gratuits tous les jours). 
Enfin, on constate depuis 1977 qu’il n’existe aucune solidarité inter-musées. Jamais, par exemple, les MRBAB n’ont donné ce jour-là aux visiteurs une feuille imprimée (elle n’existe pas!) où figureraient les noms, coordonnées et horaires des autres musées qui pratiquent cet avantage mensuel. 
Si l’on supprime cette gratuité du premier mercredi, son public sera gagnant car il pourra participer au premier dimanche gratuit, et pas à partir de 13H00, mais bien de 10H00 jusqu’à la fermeture des portes. 

Il convient maintenant de réfléchir à cette proposition du MR avant d’argumenter prématurément un «Cela va coûter trop cher». 

Une personnalité influente de la majorité fédérale m’a tout de suite pris pour un irresponsable peut-être naïf et m’a fait la leçon: Vous ne savez pas combien cela va coûter!
Heu… Lui non plus! Je reconnais qu’il fut d’accord avec moi pour définir le coût à estimer: ce n’est pas la somme des prix des entrées du dimanche gratuit dont il faut tenir compte mais bien celle de la moyenne des entrées d’un dimanche payant représentatif, ce qui est fort différent.
Je lui ai demandé: et c’est votre dernier mot? Il m’a regardé interloqué. Il semblait avoir oublié qu’il faut soustraire de cette somme les nombreux bénéfices occasionnés par cette journée de gratuité: ceux du shop et du restaurant (par exemple, le Musée Hergé de Louvain-la-Neuve, bien organisé à cet effet, est gagnant chaque premier dimanche); la promo faite aux visiteurs du fond permanent pour qu’ils visitent, ce jour-là ou à un autre moment, l’exposition temporaire restée payante; le placement à la sortie du musée d’un grande tirelire attirante pour les dons du public conscient de l’effort fourni par les musées, etc. Il faut enfin, dans tout bilan, tenir compte de l’effet positif sur le personnel des musées: lorsque la gratuité est bien organisée, elle permet à celui-ci d’avoir des contacts chaleureux avec les visiteurs. C’est un moment mensuel de ressourcement, festif pour le personnel. Cet élément, je l’ai découvert dans une analyse détaillée faite par la direction du plus grand musée privé de Wallonie (le Musée Hergé, déjà cité). 

Parmi les arguments massues des opposants, dégonflons-en un de suite. Il va y avoir foule (quel bel aveux du succès potentiel!) et le public devra faire la file, il y aura trop de monde dans les salles, la visite ne sera pas agréable pour le public. Ceci est vrai en cas de one shot, quand on organise une journée gratuite tous les X années.
Mais ce sera bien différent pour une activité mensuelle. Enfin, pourquoi ne pas fixer une jauge qui garantit un accueil de qualité et permettre également au public de réserver sa place au préalable? 

On doit donc conseiller à notre gouvernement fédéral, avant la fin de la présente législature, de mettre enfin une plume (qui ne lui coûtera pas trop cher) à son chapeau, dans sa gestion de nos institutions muséales. Et qu’il organise donc bien vite une journée de colloque avant de prendre ses décisions? 
Qu’il y découvre le bilan de l’ASBL Arts&Publics qui travaille sur ce thème en Wallonie et à Bruxelles. Qu’il invite aussi les représentants d’autres pays?
La quinzaine de musées de la ville de Paris qui pratiquent la gratuité quotidienne. Les plus importants musées du monde (en terme de fréquentation) qui agissent de même (donc, la norme mondiale, c’est plutôt la gratuité, et pas le payant): trois musées de Washington et deux de Londres (le seul très grand musée au niveau mondial qui est payant, c’est Le Louvre). Ou le Prado de Madrid qui est gratuit tous les jours de l’années en fin d’après-midi, etc. 

À l’occasion de l’initiative récente des deux personnalités MR, le site de La Libre a questionné son public. Sur 497 votants, la récolte fut de 84,1% de «pour» à la question vague «Êtes-vous favorables à la gratuité des musées (fédéraux)?».

Depuis de très nombreuses années, on ne peut pas dire que Guy Duplat, l’éminent collaborateur de La Libre, soit un grand défenseur de la gratuité du premier dimanche.
À l’occasion du dépôt de la proposition de résolution Calomne-Miller, il vient de réexprimer ses habituels arguments défavorables (en gros, ceux repris à l’argumentaire du patron du Musée de la Photographie de Charleroi qui a été interviewé des dizaines de fois sur ce thème surtout par Le Soir et La Libre, alors qu’il existe 150 musées qui pratiquent cette gratuité et qui devraient aussi avoir leurs mots à dire dans les médias… un quotidien comme L’Avenir proposant souvent un son de cloche fort différent, peut-être parce qu’il est plus en contact avec les musées locaux de moyenne ou petite dimension en Wallonie):
http://www.lalibre.be/culture/politique/le-mr-veut-la-gratuite-des-musees-pas-si-simple-5a098c71cd707514e8ba83b0

Pluraliste, La Libre a publié quelque jours plus tard une carte blanche de Jacques Remacle qui a pris ma succession à la coordination de ce combat du «premier dimanche», il y a déjà de nombreuses années:
http://www.lalibre.be/debats/opinions/gratuite-des-musees-et-si-ca-rapportait-opinion-5a0dce39cd707514e8c64189

Enfin, voici un utile rappel historique: un parti en Flandre s’est battu pour la gratuité du premier dimanche des musées fédéraux, il y a une douzaine d’années déjà. 
Extrait de mon livre «Les musées aiment-ils le public?» (page 108):

«(…) Et en Flandres ? Le Soir du 16 décembre 2004 relate une manifestation ludique qui s’est tenue sous la neige sur les marches de l’entrée des Musées Royaux d’Art Ancien et Moderne, rue de la Régence : «Père Noël s’investit dans la culture. Vous avez peut-être aperçu, ce mercredi midi, une quarantaine de personnes affublées de bonnets rouges distribuer tracts (bilingues) et petits remontants aux passants frigorifiés. Ces militants étaient venus soutenir la proposition de résolution de la députée SP.A Magda de Meyer d’ouvrir gratuitement les musées fédéraux, chaque premier dimanche du mois».
Des comptes-rendus analogues sont publiés à la même date dans deux quotidiens flamands : De Morgen et Het Laatste Nieuws. Durant ce happening, fut diffusé un tract produit par les socialistes flamands : le recto en néerlandais, et le verso en français.
Le texte signé par le SP.A indique donc, dans les deux langues : «Nous avons de splendides musées en Belgique... mais trop peu d’habitants les visitent. Le prix peut constituer un frein pour une partie importante de la population. Tout le monde devrait avoir accès à notre riche patrimoine. C’est pour cela que la députée Madga de Meyer revendique la gratuité de nos musées, chaque premier dimanche du mois. À l’étranger (en France et en Angleterre), différentes expériences prouvent qu’ainsi, un nouveau public trouve le chemin des musées. Actuellement, nos musées fédéraux sont déjà gratuits, chaque premier mercredi du mois après 13H, mais presque personne ne le sait. Pareil horaire est discriminatoire pour les personnes qui travaillent».

Hélas, dans le concret, l’une des rares possibilités en Flandre de visiter gratuitement un musée le premier dimanche s’est singulièrement dégonflée. Le Design Museum de Gand proposait pour tous les visiteurs, jusqu’au 1er avril 2008, la gratuité du dimanche entre 10H00 et 13H00, la visite guidée étant également offerte (en français ou en néerlandais). Repli sur soi? Après cette date, la même offre s’est poursuivie, mais uniquement pour les Gantois.
Pour les autres visiteurs, l’entrée coûtera désormais 3,75€, et la visite guidée, 60€ (pour 20 visiteurs au maximum). L’adjointe à la direction du musée nous explique: (...) Ce n'est pas du tout notre décision. C'est une décision politique».

7. Deux heures d’échanges au Cabinet de la Secrétaire d’Etat Zuhal Demir

Le 29 novembre 2017, j’ai rencontré (à ma demande) pendant près de deux heures Jan Schonk, le chef de cabinet adjoint Politique scientifique (dont les Musées fédéraux) au cabinet de la Secrétaire d’Etat Zuhal Demir. 

  • J’ai constaté une grande écoute. L’étape suivante consistera à découvrir quelles décisions résulteront de la prise de conscience de la réalité que j’ai tenté de dépeindre le plus honnêtement possible. Au moins, on n’est plus dans le non dit. Les faits que j’ai dénoncés et mes propositions de solution (le plus souvent sans coût) sont sur la table. De négociation? 
  • J’ai exprimé avec force mon irritation due au fait que la responsable du Musée des Instruments de Musique (MIM) qui est salariée n’a même pas daigné jusqu’à présent envoyer un accusé de réception (et donc aucune réponse détaillée) à ma lettre et son rappel. 
    Le contenu de cette lettre: voir le point 3.
  • J’ai présenté trois propositions pour que les visiteurs soient mieux respectés par les musées fédéraux. 
    Mon interlocuteur, dans le feu de la discussion, m’a dit qu’aucune d’entre-elles n’était impossible à concrétiser. Cela me semble un premier geste positif. 
    Les voici: voir dans le point 3, la question n° 5.
  • J’ai longuement abordé le projet de rendre gratuit les musées fédéraux chaque premier dimanche du mois (voir dans la présente lettre le point 6). 
  • Enfin, sur la thématique des heures d’ouverture pas accessibles à la population active, je lui ai présenté les résultats actuels de la pétition pour les Musées Wiertz et Meunier. 

On a dépassé le cap des 2.100 signatures, ce qui est conséquent pour une revendication aussi pointue à propos de deux musées aussi petits et relativement peu connus car point promus:
https://www.change.org/p/michel-draguet-stop-à-l-asphyxie-de-musées-constantin-meunier-et-antoine-wiertz?recruiter=52544414&utm_source=petitions_show_components_action_panel_wrapper&utm_medium=copylink

Je lui ai rappelé que malgré cet intérêt des visiteurs, la direction des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique refuse toujours de répondre aux questions concernant ce dossier. Celles-ci qui permettent de comprendre toute la problématique et sans doute l’extrême mauvaise volonté des MRBAB qui sont énumérées ici au point 6.

Jan Schonk m’a laissé entendre qu’il étudierait attentivement ce dossier et que des évolutions sont peut-être possibles. 

8. Pas de magie quand la loi, c’est la loi

L’hypnose en spectacle est interdite par une loi belge, ancienne (1892) mais toujours d’actualité, puisque jamais amendée. 
Ainsi, le spectacle du québecquois Messmer a été annulé le 15 novembre 2017 à Colfontaine sur base d’une injonction du Procureur du Roi de Mons. 

Cet hypnotiseur doit se produire aussi à Marche et à Bruxelles, les 8 et 10 décembre 2017. Un autre Procureur du Roi prendra-t-il la même injonction légale? 

http://www.lalibre.be/regions/hainaut/le-spectacle-de-messmer-annule-a-colfontaine-car-l-hypnose-en-spectacle-est-illegal-selon-la-loi-5a0b4a28cd70fa5a063cb55b#

9. Pas d’accord avec Jack Ralite! Hommage à lui

Jack Ralite vient de décéder. C’était un ancien ministre communiste qui a beaucoup entrepris pour la démocratisation de la culture et des médias en France:
http://www.liberation.fr/politiques/2017/11/12/l-ancien-ministre-communiste-jack-ralite-est-mort-a-89-ans_1609573

Je tiens ici à lui rendre hommage même si un débat passionnant nous opposait, comme je l'écrivais dans mon livre «Les musées aiment-ils le public?»:

«(...) Au cours d’un débat qui s’était déroulé dans le cadre de l’une des premières éditions du Printemps de Bourges, Jack Ralite, député communiste soutenant la culture de qualité, s’était opposé à mon projet de créer une association de consommateurs culturels en tenant le raisonnement suivant: «(…) Dans pareil cas, on va considérer la culture comme un produit de consommation, ce qui est un non sens (…)». 
Loin de moi, pareille perspective. Il convient plutôt que les usagers culturels soient au moins aussi bien protégés que les acheteurs de produits de consommation industrielle (…).».

Cette newsletter est déjà trop longue. J’imagine que bien de mes lecteurs ne partagent pas mon point de vue. Nous en reparlerons sûrement ultérieurement puisque cette thématique sera l’un des éléments que je traiterai dans mon prochain livre en cours d’écriture et qui me demandera encore plusieurs années de travail: il fera la somme d’une trentaine d’années de recherches et d’actions à propos des droits du public à conquérir dans le domaine de la culture. 

10. Coup de projecteur sur un communiqué de presse passionnant

Certains syndicats RTBF ne furent pas toujours tendres avec les usagers du service public. Parfois même lorsqu’un combat pouvait être utile, et au personnel de la RTBF, et au public. 

Par exemple, l’Association des Téléspectateurs Actifs n’a reçu aucun soutien syndical lorsqu’elle s’opposa à la disparition du générique à la fin des journaux télévisés de la RTBF. Pourtant l’intérêt pour ceux-ci aurait été de conserver la mention des noms des travailleurs diffusés à l’écran. Quant à l’ATA, elle considérait que cette suppression rapprochait trop les dernières paroles du présentateur du début de l’avalanche des publicités. 

Il est utile de rappeler ceci simplement pour montrer combien rien n’est évident et qu’on peut être fort content aujourd’hui. En effet, la CGSP IRW RTBF vient de publier un remarquable communiqué de presse qu’hélas la presse traditionnelle n’a pas considéré comme un événement (à l’inverse que ce que pense Consoloisirs) et ne l’a quasi pas popularisé auprès du public. 
Nous vous l’offrons. Offrez-le aussi à vos amis! 

COMMUNIQUÉ DE LA CGSP IRW RTBF
Titre: Stop à la marchandisation de la RTBF et aux dérives mercantiles de ses dirigeants

Texte: Le syndicat wallon observe depuis les débuts du Plan Magellan en 2003, l’inflation progressive à la RTBF de programmes de divertissement, de fiction, ou de consommation, au détriment de programmes d’information, d’éducation et de citoyenneté, aux heures de grande écoute. 

La désignation aux postes stratégiques de la RTBF de «mandataires», entérinée par son Conseil d’Administration constitué de représentants politiques, n’a pas suffi à éviter une vision consumériste déjà suggérée par l’introduction de la publicité commerciale sur les médias du service public en 1989.
Au contraire, l’appétit d’audience provoqué par la publicité y a incité les nouveaux dirigeants à s’investir dans des logiques de performances liées à l’audimat.  

À l’instar des entreprises du privé, ces «mandataires», aux salaires inconnus du personnel, se sont construit des objectifs à la hauteur de leurs émoluments: résultats chiffrés (audiences), rentabilité et productivité des services (dégradation structurelle de l’emploi, en quantité et en qualité), diminution de la qualité des programmes (éditoriale et technique) au profit de la quantité (déclinaisons en chaînes et plateformes).
Le montant des rémunérations des dirigeants de la RTBF, leurs avantages substantiels, leur prise d’intérêt via des primes liées à des résultats d’audience, induisent de facto des décisions mercantilistes.

La nouvelle structure de la RTBF proposée par l’Administrateur Général au Conseil d’Administration est d’ailleurs assumée dans ce sens: un pôle «Médias», en réalité une bulle axée sur la marchandisation des sujets à traiter, et un pôle «Contenus», en réalité une bulle constituée des différents moyens de production et de diffusion de la RTBF, au service des spécialistes du marketing.

Les missions de service public, certes toujours présentes dans le Contrat de Gestion, ne serviront plus demain que d’alibi à une nouvelle ère de la RTBF, qui se définit par une préoccupation constante à devancer les aspirations du public par tranches ciblées et mesurées, considéré désormais comme un consommateur de ses programmes, plutôt qu’un acteur ou d’un co-auteur de la société.

Il est indispensable de modifier radicalement la culture du patronat à la RTBF.
Il nous faut des fonctionnaires d’état, à l’éthique et à la modestie irréprochables!
Finis les objectifs ciblés, il faut des intérêts supérieurs qu’on ne peut mesurer que par l’évolution de l’intelligence du citoyen!

La CGSP wallonne exhorte le Conseil d’Administration de la RTBF, par respect pour le public et le personnel de la RTBF, et pour assurer la diversité de ses missions de service public à travers tous ses programmes, toutes ses heures, toutes ses plateformes, et tous ses modes de diffusion, à enfin exiger un changement exemplaire et audacieux de la part de ses dirigeants: de la transparence et de la modération dans la rémunération des mandats à la RTBF.

11. Qui n’invite-t-on pas à la RTBF? 

L’intérêt que cette newsletter touche beaucoup de monde et qu’elle est souvent lue avec intérêt, c’est qu’il y a des retours. Et il en est de même par le biais de mon profil sur facebook. 

Parmi ces retours voici un petit bijoux que je n’hésite pas à vous partager. Un travail qui permet de définir quelles personnes sont invitées à s’exprimer dans les émissions d’information de la RTBF, et lesquelles on n’invite pas… Instructif! 
http://inegalites.be/Qui-invite-t-on-a-la-radio


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Merci !

Et pour terminer …

Voici la mise en ligne de mes lettres les plus récentes: 

  • Novembre 2017: 9 sujets dont «La RTBF doit arrêter de copier les méthodes du privé»
  • Octobre 2017: 11 sujets dont «Au MIM, les instruments de musique sont muets»
  • Septembre 2017: 1 seul sujet: «Mes 50 ans avec Magritte»
  • Juin 2017: 10 sujets dont «Nouveauté au très beau musée Van Buren à Uccle»
  • Mars 2010: 7 sujets dont «Quand les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique répondront-ils enfin à nos questions?
  • Février 2017: 10 sujets dont «Tintin au Pays des Soviets: sa couverture bientôt remaniée»
  • Décembre 2016: 10 sujets dont «6.852 visiteurs en un jour!»

 

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