Le bouclier du droit contre la violence envers les femmes

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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Un beau résumé des revendications des femmes ! Photo © Gabrielle Lefèvre

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« Cela nous rappelle 1968. Nous avions la même revendication : sortir l’avortement du code pénal ! »

Deux anciens militants du droit des femmes sont présents, une fois de plus, à une manifestation. Celle-ci se déroulait au pied du Mont des Arts à Bruxelles pour les droits des femmes, le 8 juin 2017. Assez confidentielle, cette manifestation ne réunissait en effet pas les mouvements sociaux qui ont fait le succès des luttes féministes dans le passé.  Il s’agissait d’un événement célébrant le 20ème anniversaire du European Women’s Lobby, à la mode anglo-saxonne donc, marquée par la couleur violette du féminisme. Ainsi, des mains géantes, violettes, disaient stop à la violence. Les participant(e)s ont chorégraphié les victimes qui ne sont pas entendues, la lutte contre le viol et l’unité contre les violences.

Touche américaine : la féministe Gloria Steinem a remercié avec humour les féministes européens pour leur soutien au combat des femmes US contre leur président Trump. Une solidarité nécessaire et appréciée outre atlantique. « Ce qu’on veut, c’est une révolution, pas juste une réforme », déclare Pierrette pape, directrice des campagnes au European Women’s Lobby, paraphrasant une des phrases-clé de Gloria Steinem.

Quelle révolution ?  

Depuis août 2014, est entrée en vigueur une convention européenne contre les violences faites aux femmes, un outil législatif important combattant la violence faite aux femmes pour la seule raison que ce sont des femmes.

On y cite le harcèlement sexuel, la violence sexuelle (incluant le viol), l'abus physique et psychologique aux mains de partenaires intimes, le mariage obligatoire et la stérilisation obligatoire. La majorité écrasante de victimes est des femmes. La mutilation génitale féminine et l'avortement démontrent le niveau choquant de diversité dans les comportements cruels et se dégradants des hommes envers les femmes. Car il s’agit bien d’une violence structurelle, celle qui conforte le pouvoir masculin et le contrôle sur les femmes.

Les négociations sur l‘application de cette convention  sont lancées en Europe, à partir de juillet sous la houlette de l’Estonie qui assurera la présidence du Conseil de l’Europe. On craint que ce pays ne s’engage pas trop sur cette voie. Or, appliquée dans tous les pays, la Convention permettrait de renforcer les efforts réalisés dans l'optique de prévenir et de sanctionner les viols, les agressions, l'exploitation, le trafic et toutes les formes de harcèlement que subissent des millions de femmes à travers l'Europe au quotidien. Elle contribuerait à mettre fin à l'impunité associée à des traditions familiales qui servent trop souvent d'excuse aux violences domestiques.

Une campagne est donc lancée par diverses associations, dont celle-ci : https://act.wemove.eu/campaigns/levons-nous-contre-la-violence

Une des violences faites aux femmes belges est le maintien de l’avortement dans le code pénal décrit comme « un crime contre l’ordre des familles et la moralité publique ». On se croirait encore au 19eme siècle… Lorsqu’en 1990, la Belgique a dépénalisé l’avortement, à la suite des combats de féministes et de défenseurs des droits humains (comme nos deux militants de 1968), ce ne fut que partiellement, ce qui permet aux opposants (catholiques et autres extrémistes religieux et politiques) de s’attaquer à cette loi et donc, au droit des femmes à choisir ou non de poursuivre une grossesse. Il n’est pas étonnant que le blocage politique actuel vienne de la droite extrême et flamande : la NVa et le CDNV.

Rappelons aussi qu’en Europe, plusieurs pays ne reconnaissent toujours pas ce droit des femmes à choisir une grossesse ou non. C’est le cas de l’Irlande, de Malte, de la Pologne (tous bien catholiques) et de Chypre (chrétien orthodoxe). Le combat est loin  d’être gagné : la montée de l’extrême-droite dans divers pays européens est une menace réelle pour les droits des femmes.

Dans le monde, 60% des pays interdisent l’avortement ; 40.000 femmes meurent des suites d’un avortement non médicalisé et des millions d’autres sont mutilées.

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Plus que jamais, l’Europe doit montrer l’exemple de protection des droits des femmes contre toutes les violences et pour leur liberté de décider elles-mêmes du moment et des conditions de procréation.

 

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