Identité textile

Pasta

Par | Journaliste |
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Monsieur Laurent Minguet, distingué membre de l’Académie Royale de Belgique, à propos de Mme Fatima Zhibou, co-chargée de mission dans la préparation de la candidature de Bruxelles au statut de capitale européenne de la culture en 2030, fait de l’humour qu’il voudrait dans le style Charlie Hebdo, comme si c’était une excuse. Perso, je soutiens totalement le droit de Charlie Hebdo de se farcir les cinglés religieux et autres prédateurs du pouvoir et de la phynance, mais ça ne veut pas dire que ça me fait rigoler à tous les coups.
Bien sûr, M. Minguet a le droit de vouloir faire rire avec ce qu’il veut, de se payer la tête d’une islamiste, ou supposée telle, mais tout de même sa précédente saillie à propos du QI des noirs, des blancs et des asiatiques laisse planer quelques doutes quant à savoir si sa dernière blague, c'est pour rire ou si c’est franchement raciste.
D’un autre côté, il est parfaitement légitime, en famille par exemple, d’exclure des festivités le tonton qui se prend pour un super boute-en-train en racontant à tout propos des blagues de cul lamentablement lourdingues, il va de soi que les académiciens royaux sont droits dans leurs pantoufles en décidant de se passer d’un humoriste qui trouble leur sommeil lors de leurs royales siestes.
Quant à Mme Fatima Zhibou, la franche rigolade à la Bigard que son foulard ostensible déclenche chez M. Minguet, me pose une question.
Ce morceau de textile fait partie de son identité, affirme-t-elle.
Connais-toi toi-même, disait ce bon vieux Socrate, s’il a jamais existé.
Se connaître soi-même, trouver son identité est une chose complexe qui relève de l’introspection sérieuse.
Et voilà qu’un morceau de tissu résout cet immense problème humain, multimillénaire. Nombre de migraines eussent été épargnées aux personnes consciencieuses qui tenaient à expérimenter les recettes des sages.
C’est le choix, assumé, je suppose, de Mme Fatima Zhibou.
Quand je pense à toutes les fringues que j’ai usées ! Que d’identités ai-je jeté à la poubelle. Ah ! inconscience funeste, si peu soucieuse de l’environnement. Pas étonnant que malgré mes efforts, je ne sois toujours pas assuré de savoir qui je suis.
Je ne présume en rien des capacités de Mme Zhibou, mais, pour moi, l’exercice est difficile : je fais les questions et les réponses, je suis juge et partie, je suis observateur et observé, je finis par m’en rendre compte et du coup, il faut tout reprendre à zéro. Ça me complique terriblement la vie. Mais, semble-t-il, pas celle des croyants. Heureux humains.
Mme Fatima Zhibou est de ceux-ci. Elle a manifestement résolu, partiellement du moins, c’est toujours ça de pris, la vie est courte, le problème de son identité. Un foulard sur les cheveux et youpla ! c’est fait !
Jamais le même foulard, bien sûr, l’hygiène élémentaire exigeant une lessive régulière. L’identité lavable est un concept intéressant que les services marketing des marchands de lessive devraient examiner de plus près.
- A-t-elle bien pris en compte l’éventuel rétrécissement au lavage ? me souffle une amie en proie aux exactions de sa machine à laver.
Oui, un rétrécissement de l’identité, là, ça relève de la métaphysique et une légère indisposition digestive m’empêche de m’engager dans cette voie.
Mme Fatima Zhibou porte donc sur sa tête, en étendard, son identité changeante au gré des textiles disponibles dans le commerce, afin que le public n’en ignore. Lequel public ne lui demandait rien. À vrai dire même, la plupart du temps, s’en foutait royalement (tel un académicien) ayant d’autres soucis que l’identité d’un ou d’une telle. Surtout avec l’inflation qui grimpe et le prix de l’énergie qui explose les compteurs.
Voici en conséquence le pékin (et n’oublions pas la pékine pour rester fémininement correct) être obligé, à regret, de prendre en considération une identité imposée à son regard, de même qu’il lui faut, hélas, prendre en compte, à son corps défendant, les exhibitions publicitaires qui salopent nos villes et campagnes.
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

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