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Par | Penseur libre |
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Danièle Aron, Anne Jones et Bern Wéry

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De Namur à Bruxelles en passant par Beersel

Il ne reste que ce week-end, ces samedi 29 et dimanche 30 janvier, pour aller découvrir l’exposition de Danièle Aron au 89b à Beersel. Ce 89b est une charmante maison privée à l’atmosphère particulièrement conviviale, un espace à la fois intime et stylé dont la lumière a été spécialement étudiée afin d’y recevoir et de mettre en valeur des œuvres aussi subtiles que ce très bel ensemble de gravures de Danièle Aron.Cette série d’œuvres récentes montre des compositions qui semblent hésiter entre pages d’herbier à l’ancienne et portraits finement naturalistes. On voyage entre elles comme dans un livre de bord, témoin de tendres escales. A l’occasion, une feuille de glycine se glisse devant un œil. Ou, un petit tarsier aux ampoules digitales et venu du fond des âges, apparaît dans un rayon de lumière et met l’humain visage dans la pénombre. Voici pour cette étrange iconographie, dont le dessin pointilleux n’est pas sans faire songer au grand Holbein.Erasme lui-même est présent dans un portrait connu, reconnu et néanmoins magistral par son intemporalité.J’ai dit « à l’ancienne », mais ce n’en est qu’apparence finaude; ces étonnements, ces moues lippues, ces regards surpris sont bien d’aujourd’hui, de notre vie et nous nous retrouvons en eux, hors du temps.


Danièle Aron, gravures, jusqu’au 30 janvier.
Le 89b Dachelenbergstraat, 89b 1650 Beersel

Jusqu’au 5 février, la Galerie Détour à Namur présente le travail récent du sculpteur Anne Jones. L’exposition nous invite à une déambulation méditative dont chaque pièce est un dialogue entre la sensualité de l’ardoise et celle du papier. Anne Jones travaille l’ardoise et le schiste depuis de nombreuses années et quelques-unes de ses œuvres sont visibles dans l’espace public.
Son art, s’il est urbain, est néanmoins toujours le lieu d’une réflexion toute intime et méditative. Formes pures, nues, solennelles, elles existent toujours en parfaite résonnance des lieux inattendus qui les accueillent. C’est le cas dans cette belle (et peut-être trop courte) exposition.
L’artiste a observé, tenté et finalement superbement organisé, cet échange entre la pierre millénaire et la fragile particularité du papier. C’est l’eau, nécessaire à la tranchante agression de l’outil dans l’ardoise qui, faisant dépôt sur la peau sensible du papier, révèle aux yeux d’Anne Jones le dessin d’un paysage éternel. Presque chinoises en effet, ces images qui naissent en lavis disent l’immémoriale persistance du jeu des espaces naturels dans notre monde visible.Dire encore que cette fausse encre, essence même de la pierre, réussit des chatoiements chromatiques à peine perceptibles mais bien réels et qui nous étonnent.


Anne Jones, sculptures, jusqu’au 5 février.

Galerie Détours Rue Bourgmestre Jean Materne,166 5100 Namur

Enfin, chez Albert Dumont, un autre dialogue nous est proposé. Le galeriste, véritable amoureux de peinture, nous a habitué à ces rencontres d’œuvres et d’artistes. Les peintures d’Oana Cosug accompagnent d’heureuse façon les peintures de Bern Wéry.
Découvrant les compositions de cette artiste d’origine roumaine, nous y retrouvons la préoccupation de ce qu’est la présence d’un corps, sa graphie, son geste.Picturalité assumée d’un pinceau souple, l’écriture n’est jamais affectée ; elle court à la recherche de l’identité de l’être qui passe. Chanson de geste.Chanson de geste, comme celle qui perdure depuis tant d’années déjà dans la peinture de Bern Wéry.Plus de trente ans que le peintre se baigne dans chacune de ses esquisses avec délices peut-être, mais avec une fougue à la fois romanesque et exceptionnelle.On se souvient des compositions grands formats, mais depuis quelques années, ces peintures sur bois ou sur papier restent de dimensions modestes et néanmoins, étonnamment, l’expression de la mise en scène y est toujours monumentale.
On a souvent évoqué des exodes pour décrire la démarche de ce vrai peintre.
Exodes, clans humains en marche, danses et batailles, on y revoit la route qui va de Sicca à Mégara. Vous savez ? Vers les jardins d’Hamilcar… On est loin dans l’espace, dans le temps, mais dans lequel…?Celui de la peinture sans aucun doute.
Ici le tourbillon et le mouvement des hommes et des femmes sont encombrés d’images souvenirs ou de présences fantômes qui se mêlent aux marcheurs. Et la peinture elle-même pousse des cris étranges : un trait bleu royal, une trace courbe et pourpre émergent souvent de ce récit permanent et nous rappellent le mentir vrai de la peinture.
Entre ces audaces tachistes se glissent les corps meurtris de leurs voyages et dont la vie propre perdure sans réserve dans notre imagination.

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Boris Almayer


Bern Wéry, jusqu’au 13 février.

Galerie Albert Dumont Rue Léon Lepagestraat 43 1000 Bruxelles


Oana Cosug, jusqu’au 13 février.

Galerie Albert Dumont Rue Léon Lepagestraat 43 1000 Bruxelles

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