Et toujours la guerre de l’eau !

Le monde est en guerre, depuis des siècles et cela dure encore. Les plus riches et les plus armés de l’humanité convoitent toujours plus la domination sur les ressources de la terre. Parmi elles, une des plus précieuses, des plus vitale est l’eau. Tellement importante pour notre vie que l’ONU a décidé en 1993 que le 22 mars sera la Journée mondiale de l’Eau. Une journée de mobilisation pour rappeler un des objectifs les plus essentiels du développement durable : eau propre et assainissement, pour tous d’ici à 2030.

2030. Autrement dire : demain. Un demain de guerres, de désastre climatique, d’exploitation forcenée des énergies fossiles et autres richesses de la terre au bénéfice des grandes firmes dirigées par une poignée d’ultra riches qui s’enrichissent ouvertement. « Après moi le déluge » …

Les Nations Unies face à l'eau

Il faut bien reconnaître que la majorité de dépenses des Etats les plus riches, des empires actuels ont été faites dans les armes et pas dans le développement durable et encore moins dans la protection et la juste redistribution des ressources agricoles et hydriques.

Les Etats-Unis ont augmenté de manière démesurée leur budget de défense (en réalité d’attaque), poussant l’Europe à augmenter elle-aussi ses dépenses d’armement face à l’autre superpuissance qu’est la Russie et pour contrer la superpuissance montante, la Chine. Le secteur de la vente des armes se porte extrêmement bien dans une économie mondiale en déroute.

L’emprise des Etats corrompus par les intérêts privés des grandes multinationales s’est encore accrue sur les ressources naturelles, dévastant les poumons verts de notre planète, transformant les déserts en centrales électriques sans pourtant les rendre plus verts, empoisonnant les terres agricoles à force de déversement de pesticides plus meurtriers les uns que les autres… Les énergies renouvelables et propres doivent encore attendre le triomphe du nucléaire, du fossile, du polluant, de l’extrêmement dangereux.

Quant à l’eau, elle est de plus en plus privatisée, alors même qu’elle est déjà l’enjeu de luttes meurtrières dans le monde. Et pourtant, les Nations Unies ont lancé la  Décennie internationale d’action « L’eau et le développement durable » (2018-2028). Car il est parfaitement possible de gérer cette précieuse ressource de manière durable, à des fins sociales, économiques et environnementales.

 Seulement voilà, « presque toute l'eau douce sous sa forme liquide dans le monde est souterraine », nous dit l’ONU. « Environ 40 % de l'eau utilisée pour l'irrigation provient des aquifères. » Et : « La région de l'Asie et du Pacifique a la plus faible disponibilité d'eau par habitant au monde, l'utilisation des eaux souterraines dans la région devant augmenter de 30 % d'ici 2050. »

Et nous ? « En Amérique du Nord et en Europe, les nitrates et les pesticides représentent une grande menace pour la qualité des eaux souterraines : 20 % des masses d'eau souterraines de l'Union européenne (UE) dépassent les normes de l'UE en matière de bonne qualité de l'eau en raison de la pollution agricole. »

Forum mondial de l’Eau… et les alternatives

Pollueurs – tueurs de biodiversité : notre bilan de monde « libre » est consternant ! Pourtant, il annonce de bien belles intentions à l’occasion d’une grand-messe de l’eau organisée du 21 au 26 mars au Sénégal par le 9e « Forum mondial de l'eau ». Ce méga-événement est organisé par le Conseil mondial de l'eau, « un organisme multipartite dirigé par des entreprises qui réunit des banques, des sociétés transnationales de l'eau, des universitaires et des agences publiques pour promouvoir principalement des solutions du secteur privé à la gouvernance, à la gestion et à la distribution de l'eau. », analysent les opposants, à savoir le « mouvement mondial pour la justice de l'eau », un réseau croissant d'organisations œuvrant pour la justice de l'eau et de l'environnement, de mouvements sociaux, de petits agriculteurs, de syndicats et de défenseurs des droits de l'homme dans le monde entier. « Les organisateurs du Forum Alternatif Mondial de l’eau (FAME) croient fermement que l'eau est vitale et sacrée et qu'elle ne devrait pas être commercialisée publiquement comme elle l'a été en 2021 en Californie. Ce n'est pas une marchandise, mais une partie de nos biens communs mondiaux à partager équitablement et à protéger pour les générations futures ainsi qu'une partie de l'atténuation du changement climatique. » Il y aura de l’ambiance à Dakar grâce à ces alternatifs : voyez le programme ! http://www.fame2022.org/fr/

Ici commence la mer

Bruxelles sur Senne est aussi épousée par le canal qui mène jusqu’à la mer… La Ville organise donc ses « Journées bruxelloises de l’Eau du 20 au 27 mars. Parmi celles-ci, une campagne de sensibilisation « ici commence la mer », à savoir des pochoirs auprès des avaloirs rappelant aux enfants et à tous les distraits et paresseux que jeter des objets polluants à l’égout c’est salir nos rivières, nos plages et la mer entière. (https://www.coordinationsenne.be/fr/icicommencelamer.php )

Libérons l’eau de la Bourse !

Nous en avons parlé plusieurs fois dans « entreleslignes.be, l’Agora des Habitants de la Terre a organisé plusieurs manifestations en guise de protestation forte contre la privatisation de l’eau. Ce 22 mars, des parlementaires issus de divers pays du monde se réuniront virtuellement pour « Libérer l’eau de la Bourse » Ils « viendront » d’Allemagne, Argentine, Belgique, Cameroun, Canada, Chili, Egypte, Espagne, France, Grèce, Jordanie, Italie, Liban, Nicaragua, Palestine, Portugal, Sénégal, Togo, Tunisie, Uruguay, Venezuela. Leur objectif : proposer des actions efficaces et urgentes pour mettre fin à la subjugation de l’eau et de la vie, aux intérêts prédateurs de la finance mondiale.

Très concrètement, ce midi-là, les promeneurs sur le piétonnier à hauteur de la Bourse de Bruxelles découvriront la sculpture de la Spoliation de l’Eau, de Bernard Tirtiaux et Luc Massenhove. A cette occasion, ces mêmes promeneurs pourront boire un verre d’eau de Vivaqua, entreprise de distribution et d’égouttage 100/100 publique, une rareté dans le monde ! Ils pourront entendre et dialoguer avec des intervenants de « l'AGORA des habitants de la terre », de « Jai Jagat », de « Rise for Climat » et ATTAC. Et des artistes nous déclineront l’eau de manière poétique : il y aura du Purcell, du rap, de la poésie, de la lecture de textes d’auteurs éclairés, qu’ils soient économistes, sociologues, scientifiques ou poètes. Enfin, un hymne qui donne la parole à l’eau fermera la boucle.

Avec la participation des artistes suivant.e.s:

-Soumaya Hallak, chant lyrique

-Stella Marquet, chant et récitation

-Pietro Pizzuti, récitation

-Maria Palatine, chant, harpe et composition

-Bernard Tirtiaux, création de la "sculpture de la spoliation de l'eau", récitation

-Grégoir Wuillaume, conseiller artistique

La musique de ce programme est en partie tirée de la comédie musicale « Le chant d'éos » (Libretto: B. Tirtiaux, Musique: M. Palatine)

https://environnement.brussels/news/les-journees-bruxelloises-de-leau-se-derouleront-du-20-au-27-mars-plongez-dans-ce-theme-passionnant-et-participez-aux-nombreuses-activites-aquatiques-gratuites

https://agora-humanite.org/des-parlementaires-de-divers-pays-du-monde-se-rencontreront-en-ligne-pour-liberer-leau-de-la-bourse-ce-22-mars/

https://www.vivaqua.be/fr/qui-sommes-nous/

Pour complèter, lisez l'excellent article de Romain Gelin dans les Cahiers du Gresea:

https://gresea.be/La-gratuite-en-Belgique-flux-et-reflux

A complèter par l'interview de Romain Gelin dans la revue Alter Echos de mars 2022.

Déjà paru sur ELL:

https://www.entreleslignes.be/humeurs/les-indign%C3%A9s/lib%C3%A9rer-l-eau-de-la-bourse

https://www.entreleslignes.be/humeurs/zooms-curieux/l%E2%80%99eau-appartient-%C3%A0-l%E2%80%99humanit%C3%A9