metoo : où sont les hommes et les dieux ?

Poing de vue

Par | Penseur libre |
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Jean Rebuffat souligne le succès de #balancetonporc: plus de 300 000 occurrences. Il reste faible à côté de la résurgence du #metoo lancé en 2006 par l'activiste Tarana Burke, victime de violence sexuelle et de racisme. On en compte 4 fois plus ces derniers jours.
Il faut se réjouir que les réseaux sociaux permettent ainsi à la parole de se libérer. Mais il y a une différence sémantique importante. Il me semble que #balancetonporc ramène le combat féministe au même niveau que le machisme qui ne rate jamais une occasion d'être grossier, insultant et agressif outre l'incitation à la délation et toutes les dérives qu'elle peut entraîner. Le combat féministe et la souffrance des victimes ne méritent-elles pas mieux ? Réduire l'homme à deux dimensions, soit t'es un porc soit t'es un mec bien, c'est peut-être un peu court, non ? Le #metoo m'apparaît plus solidaire et son succès montre que les victimes pensent la même chose. C'est le maillon de la grande chaîne qui rassemble toutes celles qui en ont assez de la violence et du harcèlement sexuel dont elles souffrent et qui osent l’afficher. Combien se taisent encore ?

L'économie de l'attention est telle que je vois peu de témoignages à propos des coupables. Où sont-ils ? Derrière les barreaux ou repliés sur leur honte ? Et que disent leurs mères ? Où sont ces hommes qui grandissent ou sévissent dans un monde où la pornographie est omniprésente, où un président des États-Unis se vante de saisir les femmes par la chatte; où des ados se rassemblent dans les coins des cours de récrés pour fantasmer sur les filles et se vanter d'exploits sexuels qui n'ont pas encore eu lieu; où des jeunes-gens abusent des petites sœurs de leurs amis en échange d'un bonbon pour un petite service et de la menace de mort si elle se mettait à en parler parce qu'elle n'aime ni le bonbon ni le service; où les pères abusent d' enfants et que cela reste indicible parce que si la fille en parle à sa maman, le mari risque de la répudier... C'est à cela que se nourrissent les porcs : le non-dit et le mimétisme sexiste. Aujourd'hui, heureusement, des millions de femmes affirment être victimes. Alors, que font les hommes ?

Au risque de passer pour l'inspecteur Colombo, ma femme me rappelait, sans pouvoir l'étayer scientifiquement, qu'il y a plus de femmes coupées en morceaux que d'hommes. Et elle a l'impression que l'assassin est plus prompt à découper une femme en morceaux qu'un homme. Le mystère de la question des origines, peut-être ? Sans doute, mais pourquoi ce mystère doit-il engendrer le sexisme ?
Et si c’était la convergence de toutes les religions depuis des siècles qui nous y encouragent. Le christianisme dit « dans la crainte du Christ, soyez tout dévouement les uns aux autres, les femmes pour leur mari comme au Seigneur, car leur mari est la tête de la femme comme le christ est la tête de l'église, son corps, dont il est le sauveur. " Le Coran n'est pas en reste : la femme idéale y est plus proche de l'esclave soumis que d'une personne apte à décider de sa vie (IV, 38) : "Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises." Et il ajoute: "Les femmes sont votre champ. Cultivez-le de la manière que vous entendrez, ayant fait auparavant quelque acte de piété." Raoul Vaneigem rappelle dans son livre De l'inhumanité de la religion (page 113) que le Boudhisme n'est pas plus tendre : "Enfin à ceux qui verraient dans le bouddhisme une religion moins brutale et plus ouverte au sentiment d'émancipation, il n'est pas inutile de rappeler quelques préceptes de la Précieuse Guirlande des avis au roi, que le Dalaï Lama ne dédaigne pas de citer et d'approuver dans son ouvrage, Comme la lumière avec la flamme:
L'attirance pour une femme vient surtout
De la pensée que son corps est pur
Mais il n'y a rien de pur
Dans le corps d'une femme.

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Tout cela ne changera rien à la souffrance des victimes, mais peut-être bien au contenu du cours de citoyenneté. Il est urgent d'apprendre à l'homme (et certaines femmes) à désapprendre le sexisme et comprendre qu'un homme libre peut tout faire pour autant qu'il ne nuise pas à l'autre en se prenant, par exemple, et ce n'en est qu'un, pour celui qui peut clamer que telle femme est bonne ou super bonne tant il a peur de découvrir qu'elle simule. Je suis allé à l'internat (entre garçons); j'ai fait mon service militaire (entre mecs); je me suis pété la gueule dans les cercles d'étudiants (avec plus de potes que de nanas, elle tenait moins bien (l'alcool) sur la longueur.); j'ai suivi et participé à l'élection de Miss Saint Louis qui existe toujours; j'ai dû être maladroit avec beaucoup de femmes; j'ai ri et je ris encore de blagues idiotes sur les femmes, blondes ou pas; j'ai pu être violent avec certaines autres, mais je ne peux pas me cacher derrière le mimétisme social... il faut désapprendre le sexisme et apprendre à vivre avec le mystère de la création sans s'en remettre à un dieu. Me too. Un jour peut-être, hommes et femmes finiront par en rire. Ce serait bien, non ?

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