Tervueren : ambiance africaine

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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AfricaMuseum : La salle des crocodiles ©RMCA - Jo Van de Vijver

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Lecture 3 min.

C'est assez agréable se promener en plein hiver dans ce parc de Tervuren aux abords de Bruxelles. Un peu de bruine ou de givre apporte de la douceur à ce lieu aux parterres tous bêchés en vue du printemps et surplombé par l'AfricaMuseum connu précédemment sous le nom de « Musée Royal d’Afrique centrale ». Musée  fraîchement restauré et rouvert au public depuis presque un mois.  

Un peu à l'écart de la construction voulue par Léopold II,  se trouve le pavillon - cube de verre et de béton - qui sert d’accueil aux visiteurs avec un restaurant l'étage. De là, muni de son billet d’entrée il faut trouver l’escalier (en caracolant un peu on peut aussi trouver des ascenseurs) menant au long couloir souterrain qui conduit au bâtiment principal. C’est là que l'on découvrira  ces collections exceptionnelles proposées cette fois sous les banières de la mémoire et de l’ouverture.  Sur ce sujet, pour ceux qui sont plus livres que musées, Gabrielle Lefèbvre a récemment publié sur entreleslignes.be un article intitulé « Congo- Belgique, créer une mémoire commune » qui fait un tour des publications récentes. Pour ma part, je me contenterai d'être la visiteuse enchantée par les matières, les formes, les usages et les singularités des objets proposés. 

Quoi de très différent visuellement entre l’avant et l’après ? Ce serait injuste de répondre « pas grand chose », parce que nous n’avons pas nécessairement à l’esprit des pièces montrées hier et celles montrées actuellement, mais toujours dans les vitrines d’origine. Parce que les animaux empaillés, dont la fameuse girafe et son copain l’éléphant qui ont émerveillé les écoliers des années soixante, imposent toujours leurs silhouettes et confèrent à cet AfricaMuseum un aspect vintage. Il y a toujours la longue pirogue, les fétiches et surtout les somptueux masques bien mis en valeur selon une nouvelle scénographie et appuyés en explications multimédias. Parce qu’il y a encore ce côté mal éclairé, un peu gris, un peu triste en fait, de ces énormes salles aux volumes inchauffables. Reste la polémique entre restituer ou non les pièces à leur pays d’origine, tout en sachant qu’une large partie des oeuvres ramenées en Europe ne sont pas dans nos musées, mais dorment chez des privés. Quand la politique s’empare de ce genre de questions, celles liées à l’art et à l’histoire, cela tourne généralement au désastre.  A toute combine politiquement correcte, je préfère celle qui, par-dessus tout, privilégie la conservation et la protection du patrimoine. Ce qui est, au final la tâche première de tout musée, mais ce qui réclame beaucoup de moyens et de rigueur.  Notons au passage qu’il a longtemps plu dans des salles du Musée d’Art Ancien à Bruxelles. Alors, à titre d’exemple, posons-nous la question de savoir ce que seraient devenus les tableaux de Bruegel l’Ancien logés et protégés au Kunsthistorisches Museum Vienne, vénérable institution sans laquelle ce grand peintre de la Renaissance ne serait peut-être qu’un artiste oublié du quartier des Marolles. C’est à Vienne - et non chez nous - qu’a lieu maintenant la première exposition monographique au monde du plus important peintre flamand du XVIème siècle. Est-ce choquant ? `

AfricaMuseum, Leuvensesteenweg 13, 3080 Tervueren. Informations : www.africamuseum.be/fr/home

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Gabrielle Lefèvre :  http://www.entreleslignes.be/humeurs/zooms-curieux/congo-belgique-créer-une-mémoire-commune

 

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