Morsure des mots ..... Rirais-tu si tu « mourirais » plus inquiet que ça du démon de la morsure des mots ?

A PA PEUR

Par | Penseur libre |
le
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Lecture 6 min.

Bref, je suis très inquiet... inquiet de chez inquiet.

Quelle inquiétude ? Pourquoi celle-ci ? Pourquoi devrais-je être plongé dans l'inquiétude? Pourquoi me tracasser, me poser des questions , m'interroger sur le « pourquoi le comment » et le « comment du pourquoi pas » ? Quoi penser de l'absence, du non-dit, de la non-verbalisation de l'instant présent ? Et pourquoi donc prendre cette soi-disante aberration de considérer le silence comme un message, tout ça parce qu'on croit, certes, que, s'il est bien parti, il n'est pas arrivé à destination ? Pourquoi croit-on entendre quelque chose alors que ça n'existe pas, mais qui, pourtant, pourrait être réelle, alors que ce n'est que le fruit débordant d'une imagination débordée.

Je n'ose même pas évaluer le nombre de tous ces gens disparus, et admettre que ces intelligences, maintenant éteintes, n'ont laissés derrière eux que des écrits, des phrases et des mots, aussi secs que le sable du désert, sans chaleur réelle...rien que des lettres authentifiant l'érudit, rien que de l'écriture reconnaissable : des courbes, des pleins et des déliés, accolées les unes aux autres, formées de main de maître par l'automatisme du cerveau, lequel imagine des sons imaginaires qui, en tant que signe n'ont pas l'apparence formelle d'avoir le même sens que ceux qui sont écrits !!!

Mais la vérité ou les mensonges qui sortaient de leur bouche, ou encore leurs raisonnements fallacieux, tout a disparu, ça s'est effacé, envolé et réduits en un résidu de silence inquiétant... il n'y a plus rien d'autres que du vent dans les feuilles des branches du laurier-rose, un bruissement qui ne laisse la place non pas à une lourdeur d'épaisseur incertaine, mais plutôt à un certain écrasement, un pilonnage qui fait tout disparaître dans le vacarme du martellement du pilon, lequel fait rentrer de force la signification dans un réduit aussi petit qu'un micron de micron.

Si alors vous croyez qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter, je me demande vraiment ce qui pourrait vraiment vous susciter enfin un doute? Vous posez-vous des questions uniquement lorsqu'une parole vraie ou même fausse, vous atteint ? Faut-il qu'on vous questionne ex-abrupto, pour que vous preniez conscience qu'il y a là une question à laquelle vous pourriez être tenu de répondre ?

Non-non, pour moi le silence, sans possibilité d'entendre l'écho d'un écho, est beaucoup plus terrifiant à accepter que le brouhaha habituel de la multitude des mots qui se bousculent à la sortie des bouches baveuses, glaireuses ou même huileuses...les sons discordants que forment les mots sont d'une effroyable réalité, laquelle ne fait que passer d'une oreille à l'autre, celles d’autrui, puis qui laisse place de nouveau à ce silence sournois soupçonné de n'être là que pour inquiéter...c'est pourquoi beaucoup de personnes n’arrêtent jamais d'éructer ces sons désaccordés, de faire jaillir leur « parlature », même lorsqu'ils sont couchés dans le lit conjugal, ce qui étonne et empêche le/la partenaire de s'enfoncer dans le sommeil réparateur...

Ils parlent, ils parlent, ils dégoisent et parfois même, dans leur sommeil profond, émettent des sons contradictoires, fortement articulés, dont le sens caché signifierait l'angoisse du dormeur ! Ces endormis qui attendent le baiser du prince charmant, se révèlent être des coincés littéraires, une littérature qui ne peut être mise entre toutes les mains si elle ne ressassait inlassablement, les propos tenus dans l'ombre des pensées interdites! Et le penseur/censeur endormi, somnambule sans le savoir, répète et interprète à son réveil la vilaine réalité d'une façon qui provoque des vomissures de truismes monstrueux qu'il n'aurait jamais pensé avoir eu l'idée d'exprimer d'une autre façon!

Les autres s'en saisissent et en font des commentaires incompréhensibles pour le profane, ils en font des murmures inaudibles, des messes tonitruantes mais à voix basse. Tout ça fini même par ressembler à un dialogue intérieur de bas étage, telle une lamentation assortie d'une longue plainte désarticulée où les mêmes suites de mots reviennent inlassablement, tel un chapelet de regrets. C'est alors qu'au réveil brutal de ce sommeil lénifiant, une angoisse inquiète les prends réellement au plexus, l'absurdité de leurs vies misérables leur apparaît, révélatrice d'une consistance nauséabonde, à la vitesse d'un éclair aveuglant de lucidité. C'est une réalité effroyable qu'ils avaient cru indicible en pleine lumière, tant elle étale une brutalité qui effraie, si importante en masse et en qualité, qu'ils s'empresseront de l'enfermer à double tour et même de décider de l'oublier instantanément, afin de retourner au sommeil qu'ils croyaient perdu !

Cependant, à leur réveil suivant, pris d'une angoisse nouvelle, ils ne se souviendront que vaguement d'instants intenses, si courts que ça ne ressemblerait même pas à un événement complet : juste un mot, une phrase arrivée en chuintant dans le terminus de leur bouche, sans avoir pu la prononcer réellement dans un de ces rêves idiots dont parfois on se souvient et qu'on raconte à son conjoint en riant, mais qu'au fin fond de notre for intérieur, on sait très bien que c'est un rire jaune, une grimace monstrueuse, si bien dissimulée aux autres, que plus tard, bien plus tard , l'inquiétude reprendra le dessus, qu'elle vous suivra matin, midi et soir, sans jamais diminuer d'intensité, sans jamais offrir la possibilité de s'en débarrasser au moins pendant quelques secondes.

On cherche sans la trouver, la signification véritable de ce magma de sons, cet inextricable melting-pot de phonèmes, dont on essaie de percevoir les morphèmes et leurs réalités tangibles, l'invraisemblable impact de leur signifiance potentielle, celle qui suscite la Lucidité, pour autant qu'on puisse trouver la clé de son interprétation.

Voilà ! C'est là qu'est le creuset de l'inquiétude, c'est là où se trouve la source de notre désir de fuir très vite vers l'avant, vers l'inconnu, qui semble préférable aux monstruosités que contient le présent, dans sa hotte de père Fouettard déguisé en père Noël !!!

Voila le résultat d'expérimentations délictueuses que pourtant rien ne nous prédestinait à en ressentir les effets désagréables surgis sans qu'on les ait vraiment désirés : une cacophonie, une confusion que rien ne distingue de la Vérité qu'on nous avait promise !

Quand les sons exprimés, criards et confus, qui vont parfois, et même souvent, dans le sens contraire de leur signifiante signification significative, et donc réelle, l'illumination apparaît au mitan d'une foule hurlante qui soudain se tait ; elle jaillit au sommet de la houle avec une force insoupçonnable, traverse l'océan des fantasmes délirants, vogue sur des flots aux vagues porteuses de sens et conquiert même l'espace intersidéral en quête d'exo-planètes porteuses d'autres d'auditeurs qui, on l'espère, pourraient délaisser leur fonction de déchiffreur textuel afin de saisir les messages des sonorités nouvelles.

 

A pa peur  ?.......p't-être ben qu'oui, p't-être ben qu'non...

 

     

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