Miroir, … mon beau miroir, dis-moi, qui est la plus belle?

Décodage EXPRESS

Par | Penseur libre |
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Notre mère Ève possédait-elle un miroir, une surface polie dans laquelle elle se mirait ? Un ruisseau, un étang limpide, dans un coin du paradis? Peut-être, peut-être pas. En tout cas, nous savons que les premiers miroirs datent de 6.000 ans avant notre ère. Ils étaient fait d’obsidienne, une pierre volcanique polie, et sont, pour ainsi dire, les ancêtres des miroirs de bronze ou de cuivre utilisés dès 4.000 ans avant JC en Égypte, Mésopotamie et en Chine.

Un inconvénient: leur oxydation rapide, Pline l’Ancien, fait allusion à de minuscules fragments de verre doublé d’une feuille de métal et les Romains mettent au point un alliage d’étain, de cuivre et d’argent pour la fabrication d’objets “à se mirer”.

Il faut attendre la Renaissance pour que les Italiens réussissent à recouvrir le verre d’un amalgame d’étain et de mercure, au risque de leur santé, pour créer des miroirs de petites dimensions, symboles de luxe et de richesse. Ils décorent la maison du salon à la chambre, et l’Europe entière se les arrachent. Motivés par cet immense succès, les Vénitiens parviennent à réaliser de grandes parois appelées “glaces”, dont la meilleure illustration est la spectaculaire Galerie des Glaces au Château de Versailles. Rien n’était trop beau ou trop cher pour le jeune Roi Louis XIV qui faisait appel à la meilleure équipe d’architectes (Hardouin et Mansart), décorateur (Le Brun) et jardinier (Le Notre) pour éblouir le monde entier.

Et l’exceptionnel va créer l’événement. 357 miroirs sont fabriqués à prix d’or par des ouvriers français de la Manufacture des Glaces fondée par le ministre Colbert pour combattre la prééminence de Murano. Les artisans italiens étaient alors les seuls à réaliser des miroirs de qualité et de dimension considérable. Aussi, vu leur réussite à rattraper leur retard, les Français interdisent l’importation des produits vénitiens dès 1672.

Le miroir restait un objet de luxe, apanage de l’aristocratie, symbole de réussite sociale et de puissance. Il a fallu attendre le dix-neuvième siècle,1835 plus exactement, pour que Justus Liebig, un chimiste allemand, remplace l’amalgame toxique, étain-mercure, par une couche d’argent sur le verre pour le rendre opaque. La commercialisation du procédé entraîne une immense demande. Tous les foyers peuvent s’offrir un ou des miroirs à prix abordable. La grande folie bourgeoise est la Psyché, un miroir monté sur châssis à piétement, ce qui permet enfin de se voir en pieds.

Et, suite à la hausse du niveau de vie, on les retrouve partout, de la cheminée du salon à la salle de bain et dans les chambres. Ils sont produits en masse pour satisfaire à la demande.

Avec le temps se développent des motifs de décoration multiples. Miroirs bombés ou sorcière au Moyen-Age, encadrés de bois chantourné, doré à la feuille, laqué, en stuc, en papier mâché; ils reflètent aussi l’histoire dans son actualité comme les miroirs “retour d‘Égypte” sous Napoléon premier… Ils défendent une époque aussi : Art Déco, Art Nouveau, Baroque ou Romantique.

Et aujourd’hui ?

Et bien le miroir a dépassé son but de refléter sa propre image afin de se recoiffer, de s’adapter, de se retrouver aussi. Il est devenu accessoire de décoration, pour agrandir une pièce, y apporter lumière, originalité. Qu’il soit coloré violet, rose gold, carré, rond, il est tendance. On en tapissé des murs, par accumulation de tous les styles.

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Il a dépassé sa fonction première, et c’est très bien ainsi.


 

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