Bouliers compteurs ou calculettes ?

Décodage EXPRESS

Par | Penseur libre |
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Comme beaucoup d’enfants, parmi mes jouets, j’avais un boulier compteur rouge, d’un rouge éclatant, j’avais appris à compter jusqu’à sept en additionnant les deux boules du dessus aux cinq du bas, c’était bien peu de chose, et puis, quelques additions et soustractions simplissimes sans bien savoir à l’époque combien ce système était séculaire et combien sophistiqué.

Ce qu’il y a de curieux, c’est que, partout sur la planète, là où les échanges se pratiquaient grâce aux rencontres sur les marchés ou dans les oasis, un système de calcul s’est installé spontanément. Babyloniens, Indiens de la civilisation de l’Indus, Étrusques. Mexicains, Romains, Chinois, ont mis au point un procédé, soit des cylindres de terre, soit une pierre poussiéreuse sur laquelle on gravait au stylet avant de l’effacer pour passer à d’autres transactions, soit à l’aide d’abaques, nom d’un outil servant à calculer.

Les Chinois ont mis au point, au treizième siècle le boulier compteur que nous connaissons sous le nom de Suanpan. Il se présente sous la forme d’un rectangle séparé à l’horizontale en deux parties. Sur chaque tige verticale, des boules coulissantes, deux en haut, trois en bas. Chaque colonne, en partant de la droite, représente les unités, les dizaines, les centaines.

On parle déjà de ce genre de boulier sous la dynastie Han (de 206 avant JC à 220 après JC). Et il commence à être représenté sur des rouleaux de peinture sur soie, dès la dynastie Tang (618-907).

C’est donc un objet courant qui ressemble pas mal au boulier romain; l’un a sans doute inspiré l’autre… Et c’est à cette époque que le Zéro a été introduit lors des contacts des marchands chinois avec les voyageurs et mathématiciens indiens et musulmans.

Ce boulier que nous connaissons encore aujourd’hui, n’est pas relégué aux oubliettes, loin de là, et on a pu constater que pas mal d’hommes d’affaires en Chine, au Japon et ailleurs continuent à vérifier au boulier compteur les sommes données par leurs calculettes les plus sophistiquées soient-elles… Les premiers matches opposant des 1945 opérateurs japonais de bouliers compteur contre calculettes ont été gagnés par les premiers, par un score de 4 à 1.

Récemment un ministre français observant le niveau assez médiocre de certains élèves en maths recommandait l’initiation de la discipline, dès la maternelle, par l’usage intensif du boulier beaucoup moins rébarbatif pour les petits, que l’apprentissage brutal par des chiffres abstraits.

Ce retour d’un objet qui a fait ses preuves et installé ses différences depuis des siècles serait bien sympathique. Il a déjà tant voyagé, que d’aventures il a connu en passant d’une région, d’un continent à l’autre.

Vers 1400 de notre ère, le Suanpan ou boulier chinois, a pris, en Corée, le nom de Jupan. Et, au Japon, on l’a nommé Soroban. Et chacun de ces pays y a apporté des variantes.

Mais partout, ils sont appréciés pour l’enseignement didactique de base d’expertise au calcul mental.

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Et qui sait si ce petit objet, si vénéré encore, ne reviendra pas en force en cas de pénurie de certaines matières indispensables à la fabrication des calculettes ? Sauvetage ironique, non? Le passé viendrait au secours de l’avenir !

 

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