Le Triomphe de Bacchus de Diego Velàsquez - Peut-être le plus beau tableau au monde

Une édition originale

Par | Penseur libre |
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Le Triomphe de Bacchus ou « Los Borrachos » de Diego Vélasquez - 1629

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Lecture 2 min.

La fête battait son plein.
Elle annonçait l'épiphanie, arrivant aux ides de mars et célébrant avec elles les cultes de purification.
A peine le vin versé et goûté après les libations d'usage, une ivresse parfumée parcourut les visages d'un seul et même frisson. Quelques rires fusèrent ensuite, vite estompés par une gêne inquiète. Séisme des corps, errance des esprits.

L'air à présent était plus chaud et des bruants tapageurs sifflaient la fin du jour. D'autres jets de vin épais mouillèrent la pierre, le sol terreux et l'herbe fraîche.
Soudain le dieu était présent.
La blancheur du torse dénudé, la lèvre humide et purpurine, l'oeil lent et oblique lui donnaient l'allure d'un jeune homme intriguant qui observe à la dérobée les grotesques travers de ses convives à la mine stupide. Couronné du pampre de la vigne, Dionysos, sensuel et hâbleur s'était assis en roi de la fête. La pourpre sur les genoux il n'était pas venu seul; un garçon nonchalant, allongé dans son ombre, tenait le cratère divin.

Car la fête serait incomplète sans sa victime expiatoire. Un innocent fût désigné; Kaeso fils de Séléné, fût agenouillé de force et reçut des mains mêmes du dieu la couronne du visiteur du soir. La joie de tous engendra des panthères, des tambours, des fifres et le cortège put s'ébranler.
Plus tard, une fièvre brûlante devait envahir le front du jeune berger et, l'esprit dérangé, il courrait encore au petit matin dans les collines désertées de l'Attique. L'enfance ne l'avait jusque là pas encore quitté. Elle le fit pourtant.
Sans doute lorsqu'il crût voir les nymphes, celles là mêmes qui avaient, pour l'élever, retiré le dieu nouveau né des cendres de sa mère.

C'est dans la lie des campagnes que Kaezo avait été choisi. Le souvenir de son frère à peine plus jeune que lui lorsqu'il disparut dans la montagne lui arracha un flot de larmes. Un aigle avait été aperçu ce jour là tournoyant haut dans le ciel.
Quand les dernières traces bleues des libations eurent disparu sur le granit de midi plein, il ne se souvenait plus du sourire en coin de Dionysos l'étrange étranger.
Quelque chose pourtant lui restait, incertain et vague, et le gardait dans les limbes ; peut-être l'apaisante sensation de quelques doigts tendres glissants dans ses cheveux une couronne bucolique.

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