Henri Van Eepoel
Il faut dire le bonheur de revoir les peintures de Van Eepoel (1947 - 1993).
Retrouver et découvrir à nouveau, comme venant de naître, une conception originelle de la peinture, dont notre temps manque cruellement.
Ce fils légitime de Cobra s’est épanoui vers l’âge de vingt ans dans la pratique d’une expression picturale poussée par un vent de liberté. De toutes les libertés.
Peace & flower oblige, c’était le temps des fleurs et des voyages au bout du monde, dans une insouciance possible encore à l’époque. Pas besoin de barda ni de vaccin pour aller au Brésil ou en Cappadoce, on y allait en tongues ou en 2 CV.
De ces périples vagues, tout l’art populaire était rapporté, mais aussi les impressions tant olfactives que visuelles de paradis étranges et palpitants, éblouissant l’imaginaire.
Naissaient alors de grands tableaux, de courts dessins ou de fines gravures. Toujours, ici, l’enfance persiste comme un charme conservé et dont un chant perdure encore. Les personnages n’ont pas de cheveux, mais des feuilles tropicales au crâne ; les visages eux-mêmes apparaissent en pétales auréolés de pointillés. La couleur est matinale, laiteuse ou fruitée. Elle ne décrit pas.
Il faut dire, surtout, le bonheur de ces années privilégiées des seventies, dans l’œuvre de Van Eepoel ; lorsque le jeune peintre établit, d’un élan enchanté sans entraves, le vocabulaire plastique de ce que seront ses compositions. Ici, la peinture s’est libérée de tout académisme, là où bien des artistes contemporains, malgré l’immense inventivité de l’époque, faisaient encore de leurs convictions des ersatz de Vérités.
Cette décennie verra ce travail particulièrement poétique s’adoucir, s’affiner et se multiplier en sujets tendres et toujours axés sur notre humanité.
Ainsi l’œuvre évoluera en périodes distinctes qui seront nourries d’éclairages nouveaux. De grands portraits aux couleurs débridées qu’Arthur Rimbaud aurait aimé comme tableaux de foire. Ensuite viennent des compositions en « petits chemins » de figures en promenade dans des vergers en fleurs, groupes de personnages-enfants aux tons acidulés et enfin une courte série de portraits plus douloureux dans lesquels la peinture se déchire et s’efface peu à peu.
Ce peintre rare, décédé à quarante-six ans, aura donné ces quelques périodes en une vingtaine d’années. Celles-ci, bien distinctes se voient représentées à la galerie d’Albert Dumont en un accord juste, équilibré et pleinement émouvant.
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Boris Almayer
Exposition jusqu’au 17 février du jeudi au dimanche de 13h30 à 19h
Galerie Albert Dumont
43, rue Léon Lepagestraat
1000 Bruxelles
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