La société

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

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Lecture 3 min.

Depuis que les multinationales, les groupes pétroliers, les fournisseurs de gaz et d’électricité, la grande distribution et les banques ont officiellement renversé les Etats, elles ont dressé des listes comprenant les mauvais payeurs, les piètres consommateurs, des familles qui refusent les crédits et des petits voleurs à l’étalage. Le mot Société prit enfin tout son sens. Faire de l’argent, le plus possible est le nouveau credo de La Société. Les religions furent interdites mais chacun pouvait prier le Dieu Argent dans les banques de la ville.

Tout fut privatisé même la police et l’armée. Plus de Premier ministre mais un CEO désigné par les actionnaires. Des fichiers informatiques avec les visages numérisés des piètres consommateurs, des citoyens qui n’ont pas de crédit ont été implantés dans tous les magasins et même dans les endroits que le commun des mortels ignorait être un magasin, la rue. Les policiers arrêtaient les gens dans la rue : « Vous respirez l’air de La Société ! Avez-vous payé votre abonnement ?

  • Héla !Il est pollué votre air !
  • C’est bien la preuve qu’il appartient à La Société. Payez ou cessez de respirer un air qui ne vous appartient pas. Vos papiers ?

A cette époque, les papiers d’identité ressemblaient à un ticket de caisse qui sortait automatiquement de la bouche du citoyen indiquant le nombre de kilomètres parcourus sur les trottoirs de la Société et la quantité d’air respirée. Les amoureux sur les bancs publics étaient arrêtés parce qu’ils ne faisaient pas d’argent en pleine journée. Les amants étaient tirés de leur lit

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  • Je vois que vous avez usé les trottoirs sur plusieurs centaines de mètres et vous respirez l’air comme s’il vous appartenait. Vous payez en liquide ou par carte ?
  • Je ne paierai rien pour respirer et me promener. Je suis un homme libre !
  • Dans ce cas, suivez-moi au poste. Votre attitude va vous coûter cher. Hum ! Désolé mais l’auteur de ce texte doit abandonner l’écriture un instant parce qu’on frappe à la porte. En fait, on ne frappe pas à la porte, on la défonce. C’est la police de la Société qui vient m’arrêter parce que les nouvelles qui paraissent sur « Entre les Lignes sont gratuites comme tout son contenu. La gratuité, c’est antisocial et ce n’est pas patriotique, la gratuité est le grain de sable qui risque d’enrayer la machine. La gratuité est révolutionnaire «me dit le flic en chef. Vous êtes un terroriste ! me dit un des flics. Aucun jugement n’est prévu car la justice ne rapporte rien. Pire, elle coûte. On me jeta donc en prison où je rejoignis Jen Hanssens, Michel Noirret, Gabrielle Lefèvre, Wich, Marcel Leroy, Jean Rebuffat, Serge Goldwicht et Christine Scrève, dite Virgule . Sauvez-nous vite ! La facture augmente chaque seconde.
  • Les comploteurs du gratuit sont tous sous les verrous, se satisfait le gardien en fermant notre cachot à double tour.
  • Logés, nourris et surveillés jour et nuit. Votre facture sera salée, nous dit-il. Voilà plusieurs semaines que nous sommes en prison. La facture s’élève plus vite qu’une fusée en direction de la lune.
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