Hommage à Marc Moulin

ConsoLoisirs

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Comme d'autres nombreux médias, «L’Avenir» consacre, dans son édition du 26 septembre 2018, un important espace rédactionnel pour commémorer les dix ans du décès de Marc Moulin.

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Dans l’article de «L’Avenir» intitulé «Tout ce qu’a inventé Marc Moulin», Xavier Diskeuve rappelle que le disparu qu’on n’est pas prêt d’oublier «avait brillé dans le jazz, l’électro, la french pop et régénéré la radio belge». 
Le journaliste consacre également un encadré à l’essai publié par Marc Moulin chez Labor en 1997 où il tente d’imaginer l’évolution de notre paysage médiatique. Il conclut ainsi : «On peut relire ce petit bouquin (dur à trouver) en se disant à chaque page: Bon sang! mais c’est exactement ce qui se passe!»... Donc plus de vingt ans après son écriture.
Dans la présente newsletter, nous citons également cet ouvrage et, surtout, nous nous attardons sur un thème que peu de médias reprennent aujourd'hui: les réflexions de Marc Moulin sur la RTBF. Et pourtant, elles n’ont pas non plus vieilli. On peut même dire qu’aujourd’hui, en 2018, elles restent d’avant-garde et expliquent de façon pédagogique et sarcastique, avec des formules qui frappent et touchent énormément, sans langue de bois ou de coton, ce que bon nombre de spécialistes savent mais n’osent exprimer en public. 
Merci, Marc. Tu nous manques.

SOMMAIRE

1. De Merry Hermanus à... Marc Moulin
2. Expo Niki de Saint Phalle à Mons: sa gratuité mensuelle pas assez médiatisée
3. Marc Moulin (1)
4. Promenez-vous dans notre «Parc Fou»
5. Marc Moulin (2)
6. Qualités et limites du MuseumPASSmusées
7. Marc Moulin (3)
8. Bozar: un titre d’expo trompeur?
9. Marc Moulin (4)
10. La RTBF «variétise» quasi tout ce qu’elle touche
11. Marc Moulin: les «prédateurs» face à la suppression de la pub après 20H
12. Trois documents sur Jacques Brel
13. Situation de plus en plus précaire des travailleurs RTBF

1. De Merry Hermanus à... Marc Moulin

Merry Hermanus est l’auteur de plusieurs publications dont deux aux titres complémentaires: «La privatisation des services publics» (1977) et «Tempêtes sur l’audiovisuel» (1990).
Cet homme politique bruxellois est membre du pari socialiste. Il est l’un de ceux dont l’avis fut déterminant pour l’introduction de la publicité à la RTB(F). Aujourd’hui, il s’en sent trahi. Il en a expliqué la raison sur les réseaux sociaux, ce 1er octobre 2018:

« (...) Hier soir j’ai regardé sur la RTBF un film sur Jacqueline Sauvage. Il y a fort longtemps que je n’avais plus regardé un film à la RTBF. J’ai été stupéfait de constater que la RTBF coupait le film pour des messages publicitaires pas moins de deux fois en 38 minutes! Impossible dans ces conditions de regarder normalement un film qui requiert quelque attention.
Ayant été pendant 15 ans Commissaire du gouvernement à la RTBF, je suis de ceux qui, avec Robert Wangermée, se sont battus pour que la RTBF dispose de recettes publicitaires. Mais jamais, il ne fut envisagé de sombrer dans les pires turpitudes des TV américaines. La question que je me pose est de savoir s’il faut continuer à défendre un service public, effroyablement coûteux, s’il se comporte comme le secteur privé? (...)».

Robert Wangermée? Justement, Marc Moulin décrit le personnage et son feu vert pour la pub ertébéenne dans la longue préface qu’il m’a offerte pour mon livre «Il faut sauver la RTBF».

Ce texte, relu avant parution par personne d’autre sinon lui et moi, est une sorte de testament, un point d’orgue dans sa réflexion sur le fonctionnement de la RTBF qu’il connaissait si bien de l’intérieur et de l’extérieur. Il reste d’une brûlante actualité, aujourd’hui encore. Le livre a été publié fin janvier 2008. Marc est décédé quelques mois plus tard.

Ce 13 octobre 2018, Flagey marque les dix ans de sa disparition par deux concerts qui se dérouleront à guichets fermés. Consoloisirs s’associe à cette célébration et lui rend un hommage concret, comme il aurait sans doute apprécié, en vous proposant quatre couplets dans la présente newsletter (les points 3, 4, 7 et 9) qui lui donne la parole, concernant l’invasion publicitaire.

Et Robert Wangermée? Marc Moulin consacre une partie de sa préface à décrire les «règnes» des cinq administrateurs généraux qui ont dirigé depuis 1960 notre service public de l’audiovisuel, y compris l’actuel Jean-Paul Philippot. Ce sont pour lui «Les Rois Maudits de la RTBF». Cette Odyssée est introduite par une citation d’Alain de Greef: «La modernisation tient lieu de doctrine à ceux qui sont en panne de projet».

Son propos liminaire ne laissera personne indifférent:

«(...) Les monarques maudits de la RTBF furent Robert Wangermée, Robert Stéphane, Jean-Louis Stalport, Christian Druitte et Jean-Paul Philippot. Ils ont en commun d’avoir été désignés par le PS avant la fin du mandat de leur prédécesseur, manœuvre classique du parti pour «coiffer au poteau» les autres partis qui auraient légitimement pu revendiquer un minimum d’alternance. Car le PS, qui plaisante peu quand on touche à ses fiefs, tient particulièrement à celui de la RTBF.
Ce n’est pas qu’on soit cultivé, mais on a quand même lu Alvin Toffler et ses best-sellers, qui affirment que le pouvoir appartient à ceux qui possèdent l’information et la communication. D’ailleurs, quand on prend le pouvoir, la tradition est que les putschistes s’emparent par priorité de la radio-télévision nationale et des aéroports.
Ce «goût» extrême du PS pour l’influence sur les médias doit être noté comme une des causes principales de la dégradation des médias, de l’information et de la démocratie dans notre communauté (...)».

Et voici donc ce portrait de Robert Wangermée par Marc Moulin:

«Il fut le seul à marquer vraiment, parmi les administrateurs généraux de la RTBF. Docteur en philosophie et lettres, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, musicologue chevronné, voilà un profil aujourd’hui incongru, à l’ère des cadres commerciaux.
Il a convaincu plus qu’il n’a séduit, au contraire de son successeur Robert Stéphane, qui a séduit bien plus qu’il n’a convaincu.
Il voulait l’originalité, la qualité absolue, et l’information dérangeante. À cette époque, le MacCarthysme n’était pas si loin, et les incessants procès en «gauchisme» dont l’info RTBF faisait l’objet au sein du public bienpensant et de certains «milieux» ont dû, inconsciemment ou non, rappeler à Wangermée à quels désastres la perméabilité des patrons de presse et de communication aux mondes politique et commercial avait condamné l’Amérique.
Si Robert Wangermée était encore Administrateur Général de la RTBF aujourd’hui (hypothèse toute théorique), le service public ne connaîtrait pas le dixième de ses problèmes actuels.
C’est un homme de savoir, de culture et de divertissement. Un véritable humaniste, comme on dit hélas désormais à propos de n’importe qui. Passionné de musique classique – qu’il appelle de façon énervante «grande musique», «musique sérieuse» ou, pire encore, «belle musique» –, il a toujours fait la place à toutes les cultures.
Son modèle fondateur pour la RTB(F): la BBC.
Quand on voit ce qui reste des télés et radios publiques aujourd’hui dans le monde, on peut dire – même si la BBC est en crise – qu’il ne s’est pas trompé. Il ne s’est d’ailleurs trompé sur quasi rien. De mouvance (mais pas d’obédience) socialiste, il a imposé l’indépendance totale de son entreprise. Par le respect, une méthode à laquelle plus personne ne pense, apparemment.
Il a promu le pluralisme (dévoyé depuis) et l’impertinence dans l’information. Aujourd’hui, on se contenterait déjà de la pertinence.
Après Mai 68, il a lancé des cellules contestataires où s’agitaient les zozos de la RTBF dans des débats internes aussi sérieux que joyeux.
Brillant gestionnaire et stratège, il ne s’est fait "avoir" que sur de rares dossiers: une décentralisation aberrante, et des acquis sociaux superfétatoires – c’étaient les golden 60s... Pendant 25 ans, il a garanti à la RTBF, par sa stature personnelle et son indépendance farouche, une crédibilité qu’aucun de ses successeurs n’a pu soutenir.
Sa seule vraie erreur: l’introduction de la publicité. Pas très BBC. Et voilà que la petite solution d’appoint est devenue LE problème de fond du service public (...)».

Ci-dessous, les citations de Marc Moulin sont extraites de cette préface du livre «Il faut sauver la RTBF» (les points 3, 4) et de l’une de ses dernières chroniques «Humeurs» parues dans le Télémoustique, celle du 16 avril 2008 (points 7 et 9).

Enfin, n’oubliez surtout pas que Marc Moulin a publié un remarquable essai sur l’évolution de nos médias intitulé «La Surenchère - L’horreur Médiatique». À (re)lire d’urgence, par un achat d’occasion ou un prêt en bibliothèque!

Il y a bien sûr une réponse à l’éternelle question: sans publicité, comment financerez-vous la RTBF. Voyez la date où ce texte à été publié. Il est ancien et reste complètement d’actualité. Voyez aussi la diversité des personnes qui l’ont signé: www.consoloisirs.be/textes/090715carteblanchertbf.html

- Présentation plus détaillée de Merry Hermanus.
- Présentation plus détaillée de Marc Moulin.

2. Expo Niki de Saint Phalle à Mons: sa gratuité mensuelle pas assez médiatisée

1: La prochaine fête de la gratuité du premier dimanche du mois se déroulera le dimanche 7 octobre 2018, de 9H30 à 12H30 et de 13H30 à 17H30, à Tournai, au Musée d’Histoire Naturelle (et Virarium).
Pourquoi ne vous organiseriez-vous pas une journée d’excursion car cette ville abrite une demi douzaine de musées gratuits ce jour-là: www.tournai.be/decouvrir-tournai/musees

L’institution tournaisienne fêtée est le premier musée fondé en Belgique.
Il vous fait voyager aux quatre coins du monde et vous plonge dans l'ambiance des cabinets d'histoire naturelle du XIXème siècle avec des animaux vivants et naturalisées aussi rares qu’extraordinaires. Entre musée classique et parc zoologique miniature, le Musée d'Histoire naturelle propose un parcours moderne et didactique qui ravira petits et grands.

En ce premier dimanche du mois, vous aurez droit à deux visites guidées gratuites à 10h30 et 14h30. Durée: 1h20 et pour 25 personnes maximum. Réservations ici.

2: Ce dimanche 7 octobre, il y a plein d’autres musées gratuits qui mettent les petits plats dans les grands pour vous accueillir dans une bonne douzaine de villes wallonnes et à Bruxelles.

3: Ce qui est plus rare, c’est que des expositions temporaires de musées soient gratuites, le premier dimanche. C’est le cas, jusqu’en janvier prochain compris, pour l’exposition Niki de Saint Phalle au BAM (Beaux-Arts Mons) et c’est remarquable.
Mais ni la presse écrite dans ses articles dithyrambiques, ni les deux «tarifications» sur le site du musée ne l’indiquent.

En fait, la gratuité devrait toujours être annoncée là où est proposée la tarification, du moins si on veut donner la possibilité de choisir au visiteur entre venir un jour payant ou un jour gratuit.
Ce n’est pas le cas. Il n’y a aucune mention de cette gratuité dans les deux présentations détaillées de la tarification sur le site du BAM:
- dans l’encart rouge à droite en bas de cette page d’accueil: www.bam.mons.be
www.bam.mons.be/accueil-des-publics

Sur le site du BAM, pour découvrir l’annonce de cette gratuité, il faut cliquer sur «Expos temporaires», et là, il y a 3 possibilités: «En cours», «À venir», «Précédentes».
Il vous faut cliquer (vérification a été faite le 3 octobre 2018) sur «À venir» alors que l’expo est en cours depuis le 15 septembre 2018 (peu de gens vont donc cliquer au bon endroit). Et vous y trouverez donc ceci: www.bam.mons.be/expositions/a-venir

Tout le «métier» considère comme prioritaire que cette gratuité du 1er dimanche fasse venir de nouveaux publics. Il faut donc particulièrement bien médiatiser cet avantage si on désire toucher ce type de visiteurs. Car si on ne sait pas, on n’y va pas... Cette annonce problématique du BAM est donc contreproductive.

Tout n’est ni noir, ni blanc. Par ailleurs, bravo pour le dépliant papier qui mentionne la gratuité. Mais une question: le communiqué de presse global pour cette expo annonçait-il la gratuité?

Dans le MAD «Le guide des expos» inséré dans Le Soir du 26 septembre 2018, il est question de l’expo de Niki de Saint Phalle à quatre endroits distincts, dont la couverture et une page entière de publicité: pas une mention de la gratuité!

Mons est également une ville où beaucoup de musées appliquent la gratuité du premier dimanche.

4: Pour quelques mois encore, à Bruxelles, découvrez le musée (probablement éphémère) du vélo, gratuit tous les jours, au 28, Quai aux Pierres de Taille.

5: Les prochaines fêtes de la gratuité se dérouleront au Musée L à Louvain-la-Neuve (le 4 novembre 2018) et au Grand Curtius à Liège (le 2 décembre 2018).

6: Une newsletter mensuelle spécifique vous met au courant des différentes nouveautés de cette gratuité du premier dimanche. Inscription: info@artsetpublics.be
Sur le site d’Arts & Publics, la liste des 150 musées belges gratuits chaque premier dimanche.

3. Marc Moulin (1)

«La RTBF, comme presque tous les services publics, est victime d’une libéralisation mal comprise et mal conçue.
Aujourd’hui, on aperçoit enfin comment l’argent fait main basse sur les dernières sources de richesses qui ne lui appartenait pas encore (postes, chemins de fer, énergie, eau, etc...).
La privatisation des services publics fonctionne sur le mode du pillage. Voilà pourquoi à la RTBF, 25% des ressources en publicité orientent 75% au moins des programmes (...).
Qu’on aime ou non la publicité, on n’a jusqu’ici quasiment jamais évité qu’elle produise cette «logique» dévastatrice (...)».

4. Promenez-vous dans notre «Parc Fou»

L’objectif est pertinent: dans le cadre de la campagne électorale, sensibiliser de jeunes futurs électeurs à l’idée que des activités culturelles peuvent faire évoluer l’administration d’une commune.

Cela se passera à Schaerbeek à l’initiative d’Isabelle Durant et il sera projeté un très beau documentaire de 52 minutes en noir et blanc réalisé naguère par une équipe de «Ce pays est à vous» de la RTB (à l’époque sans F).
Je me souviens personnellement de ce tournage (et j’assisterai dimanche prochain à cette projection) car j’ai vécu la plupart des activités qu’il décrit et analyse.
Il s’agit du «Parc Fou». Voici une présentation détaillée de ce film que j’ai publiée naguère ainsi que deux photos de cette folie qui s’est déroulée dans la Cité des Ânes.

Quelques anciens agitateurs de ce Parc Fou ou d’autres activités culturelles subversives en plein essor à l’époque (le Théâtre 140, l’Algol, le début des Halles de Schaerbeek, l’Agence d’informations Schaerbeekoise, le foyer culturel, le MASS Moving, les multiples comités de quartier du début des luttes urbanistiques...) seront présents.

L’entrée est gratuite. Ce ciné-débat se déroule le dimanche 7 octobre à 17H au Bar du Gaspi, à côté de l’église St Servais à Schaerbeek, au 309, chaussée de Haecht. Bar et cuisine seront accessibles.

Si nous n’avez pas l’occasion d’assister à cette soirée, voici le film qui y sera projeté.

Dans le cadre des élections communales, j’ai pointé un autre débat, celui-ci animé par Céline Delforge, qui correspond également aux thématiques abordées dans cette newsletter (et je compte bien y assister aussi). «Dans nos rues, dans l’espace public, refusons l’agression publicitaire» (lundi 8 octobre à 18H, Place Saint Pierre 9, 1040 Bruxelles).

Ces deux activités, je ne les ai pas choisies en fonction de la couleur politique de leurs organisateurs, mais parce que ces thématiques me semblent judicieuses.

5. Marc Moulin (2)

«Il faut donc sauver la RTBF, et qu’elle fasse retour au non-marchand, qui est son lieu de naissance et sa maison.
Ce n’est pas utopique. Cela consistera à supprimer des programmes que seule la pub a fait naître, et des personnels et moyens que seule la pub a engagés (...)».

6. Qualités et limites du MuseumPASSmusées

Le MuseumPASSmusées permet de visiter 120 musées belges pour 50 euros pendant un an. Son prix est réduit à 10 euros pour quelques associations d’aide aux plus démunis.

Il ne s’agit donc pas d’une gratuité muséale mais d’une opération collective de réduction. La gratuité est un droit acquis du public qui existe depuis plusieurs siècles dans de nombreux pays, et encore actuel (sauf Le Louvre à Paris, les musées qui attirent le plus de monde sont gratuits tous les jours, aussi bien Au Royaume-Uni qu’aux États-Unis) et ce serait donc un recul pour les usagers d’ignorer ceci. En Belgique, la «marche arrière» est déjà fort regrettable: dans les plus grands établissements, on est passé de la gratuité quotidienne à un jour de gratuité par mois pas pour tous (le 1er mercredi du mois) ou pour tous (le 1er dimanche du mois).

Ce qui est remarquable dans ce MuseumPASSmusées, c’est qu’il constitue pour les personnes qui vont déjà régulièrement aux musées une aubaine économique qui peut les pousser à aller plus souvent dans des institutions qu’ils ne connaissent pas encore et revenir régulièrement dans celles qui leurs sont déjà familières ou proches, par exemple pour retrouver souvent une œuvre qu’ils apprécient particulièrement.

Si cette réduction sera sans doute lourde à digérer (l’institution participante recevra 60% du prix du ticket) et à gérer pour certains musées (quitte à augmenter la tarification habituelle?), il est vrai également que n’ayant plus à payer pour entrer dans l’institution le jour de sa visite, des visiteurs seront davantage en situation psychologique d’ouvrir leur portefeuille même pour se faire un plaisir supplémentaire: payer le ticket de l’expo temporaire, fréquenter le shop ou le café-restaurant.

Cette initiative permettra-t-elle de trouver de nouveaux publics? Ce pari n’est peut-être pas gagné. Il faut souligner qu’il faudra bien souvent payer en plus pour découvrir les expositions temporaires (pour le vaste public, souvent bien plus attractives que les fonds permanents si peu médiatisés). Alors, si vous n’êtes pas riche, que les musées ne sont pas (encore) votre tasse de thé, que vous n’avez pas de voiture et que vous habitez une ville comme Bruxelles où il y a beaucoup de musées participants, c’est peut-être encore jouable. Mais si vous habitez par exemple à Arlon ou Coxyde, et tant d’autres villes ou villages, il devient sans doute plus aléatoire que cette offre à réduction vous tente.

Plus d’infos: www.museumpassmusees.be/fr

7. Marc Moulin (3)

«La seule vraie question est: Pub et service public sont-ils compatibles?
Et là, la réponse est claire: Non, car il est aujourd'hui démontré que la pub s'empare du service public, toujours.
C'est aussi simple que cela: la pub veut rassembler devant le téléviseur une famille complète, de préférence autochtone, jeune et suffisamment aisée pour consommer plus que le nécessaire (...).
La pub et la télé ne s'intéressent pas à des "cibles" comme les plus de 50 ans, représentant 50% de la population en Belgique, mais qui changent trop peu d'habitudes de consommation. La pub ne s'intéresse pas aux consommateurs peu performants – ceux qui n'achètent que l’indispensable.
Or la radio-télé de service public, au contraire de la pub, doit s'adresser par définition à tous ces publics, au maximum d'entre eux, et pas forcément en même temps, ce qui fait toute la différence (...)».

8. Bozar: un titre d’expo trompeur?

«Klimt, et surtout les autres à Bozar»: ce titre de l’article de L'Avenir (24 septembre 2018) apparait comme ironique et quelque peu dénonciateur, surtout quand Marie-Françoise Gihousse détaille: «(...) Un thème un peu trompeur. L'exposition met en avant par son titre «Beyound Klimt», et son affiche, un artiste connu du grand public. C'est de bonne guerre mais, autant savoir, il y a très peu d'œuvres de Klimt à Bruxelles (...)».
Et on peut en dire tout autant pour Schiele et Mucha, annoncés dans cette exposition à 16 euros l’entrée quand même (les réductions pour les seniors n’étant octroyées chez Bozar qu’aux plus de 67 ans, à l’inverse des autres institutions fédérales où c’est 65 ans, et de nombreux autres diffuseurs culturels belges où c’est 60 ans).

La journaliste qui a signalé ce fait à ses lecteurs est habituée à ce type de matière culturelle depuis longtemps pour son quotidien, et est donc une véritable experte, d’ailleurs souvent soucieuse des droits des visiteurs.
Le 8 septembre 2018, elle avait stigmatisé une autre pratique peu agréable pour certains visiteurs de l’exposition «Pur Rubens» de Rotterdam (à visiter jusqu’au 13 janvier 2019 sauf les lundis: www.boijmans.nl).
Elle regrettait que les commentaires et le catalogue proposé par le Museum Boijmans Van Beuningen n’étaient qu’en néerlandais et en anglais. Pour un public francophone (la Belgique et la France étant proches géographiquement du sud des Pays-Bas), « (...) la seule possibilité d’avoir une information complète est la visite guidée proposée aussi en français (...)».
Coût hors entrées (20 euros pour les plus de 19 ans): 100 euros (pour maximum 15 personnes).

Pour l’exposition de Bozar (proposée au cœur de Bruxelles, rappelons-le!), pourquoi utiliser un titre en anglais? Pour éviter toute méprise, ou mauvaise surprise, les titres plus explicatifs en français et néerlandais n’auraient-ils pas aussi été indispensables?

Une œuvre de Klimt est omniprésente dans la promotion. Si Bozar (ex Palais des Beaux-Arts de Bruxelles), cette institution largement subsidiée, avait comme mission indispensable l’information des visiteurs, elle aurait indiqué au moins sur son site internet le nombre d'œuvres exposées de Klimt (et des autres artistes présentés), ce qui correspondrait d’une certaine façon à l’annonce avant achat des ingrédients, celle-ci obligatoire et clairement réglementée par notre législation économique, pour tous les produits de consommation courante: www.bozar.be/fr/activities/133869-beyond-klimt

Guy Duplat met aussi en garde ses lecteurs dans La Libre du 26 septembre 2018: «Attention, une exposition peut en cacher une autre. À lire trop vite le titre de l’exposition, choisi pour des raisons de marketing, on peut croire que Bozar présente une exposition Klimt pour le 100ème anniversaire de la mort du grand peintre viennois (...)».

Il y a récidive. Ce n’est pas la première fois que Bozar utilise un titre ambigu pour «vendre» ses expos. Voici un autre exemple que je relate dans mon livre «Les musées aiment-ils le public?» (pages 31 et 32):

«(...) Un extrait du Jugement dernier de Bosch détenu par le Musée Groeningen de Bruges servit de fond à l’affiche de l’exposition estivale «Ensor à Bosch» qui a été présentée à Bozar à Bruxelles du 15 juin au 11 septembre 2005.
En page intérieure du dépliant, plus précis, un titrage indique «Anvers, Bruges et Gand s’exposent à Bruxelles». Il naît donc inévitablement une confusion dans l’esprit du public: il va pouvoir découvrir les joyaux de ces différents musées. D’ailleurs le texte du dépliant conclut: «Une occasion unique de voir, réunies à Bruxelles, les pièces maîtresses issues des musées de Flandre!».
Mais, de fait, l’exposition privilégie un autre objectif, également indiqué dans le dépliant: «L’exposition montre les préférences des collectionneurs des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles en Flandre». Le projet de l’exposition est surtout historique et montre nombre d’œuvres naguère connues mais qui, aujourd’hui, sont oubliées.
Pour Danièle Gillemon, le titre apparaît «un peu menteur» lorsqu’on arrive au terme de la visite.
La journaliste utilise même le verbe «abuser». Elle explique: «Entre ces deux têtes d’affiches, Bosch et Ensor, quelle tripotée de seconds couteaux! (...) Le visiteur se trouve dans la désagréable situation de voir s’entrouvrir les portes de la caverne d’Ali-Baba le temps d’un titre, et se fermer aussitôt (...) L’exposition apparaît donc surtout trompeuse en regard du génie réel des trois musées flamands».
Elle émet même l’hypothèse que ces musées n’allaient évidemment pas se défaire de leurs plus beaux trésors en pleine «haute saison touristique».
Son confrère, Roger Pierre Turine, parle, lui, «du désarroi de ceux qui connaissent les trésors des trois musées et les cherchent en vain».
Un autre titre moins racoleur ou un sous-titre plus explicatif s’avérait donc nécessaire, si les organisateurs avaient vraiment voulu indiquer au public la nature de leur production (...)».

Tout ceci ne veut dire en aucun cas que le contenu de cette expo «Beyound Klimt» ne mérite pas votre visite (jusqu’au 20 janvier 2019, fermé les lundis).
Si Bozar pratique une tarification plutôt élevée, n’oublions pas également qu’elle propose à 2 euros l’entrée des ses expositions, chaque mercredi, aux chercheurs d’emploi et aux moins de 26 ans.

9. Marc Moulin (4)

«Les Gens Raisonnables disent que ce n'est pas raisonnable de vouloir supprimer la publicité sur les radios-télés de service public.
Franchement, si nous ne sommes pas capables de faire une chose aussi facile que ça, je ne vois pas très bien comment nous allons faire des choses compliquées: sauver la planète de l'extinction des espèces, du réchauffement et du désastre climatiques, préserver l'énergie et l'eau potable, lutter contre la faim, la mort, la maladie, enrayer la violence, le terrorisme et la criminalité en col blanc.
Les Gens Raisonnables pensent que c'est irréaliste de supprimer des programmes de télé et de radio qui promeuvent l'amoncellement exponentiel des déchets et la consommation à outrance, donc l'épidémie de diabète et d'obésité qui envahit et tue le monde.
Parce que les Gens Raisonnables pensent que la télé publique n'appartient pas à la collectivité. Pour Eux, la télé publique appartient au lobby médiatico-publicitaire (...)».

10. La RTBF «variétise» quasi tout ce qu’elle touche

Le Soir du 26/11/2014 titrait ainsi sur cinq colonnes une interview par Maxime Biermé de l’administrateur général de la RTBF: «Philippot: la culture n’est pas faite pour le prime time».
On peut honnir cette déclaration, mais le propos était clair dans cet entretien: il s’agit du «prime» de La Une qui attire, après le JT de 19H30, plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs.
Quatre ans plus tard, le 04/09/2018, interview sur La Première de Hakima Darhmouch, le transfuge de RTL TVi nouvellement nommé responsable du pôle Culture RTBF: son collègue François Leureux lui demande de citer un exemple en prime télé pour prouver que la culture n’est pas reléguée «aux heures tardives, aux chaînes confidentielles». Elle répond «La convivialité» diffusée la veille... Elle ne précise pas sur quelle chaîne. En fait, c’était sur La Trois, cette chaîne qui, bien souvent, concerne entre 10 à 20 fois moins de public que la chaîne amirale.

Pour la culture, la RTBF devrait couvrir deux missions distinctes.
D’abord sensibiliser un public pas encore acquis, et cela ne peut se passer qu’au prime time avec un rendez-vous récurrent sur La Une (mensuel par exemple, programmé vers 20H20) et généraliste (qui intéresse autant les amateurs de danse, de lecture, d’art, de musique, de cirque, etc.).
Ensuite, quand certains téléspectateurs seraient un peu apprivoisés, leur offrir régulièrement des programmes qui leur permettent d’approfondir telle ou telle discipline artistique, à découvrir sur une chaîne de niche comme La Trois.

Le service public mène donc la politique dangereuse de ne concrétiser essentiellement que la seconde mission, ce qui prive un très large public d’avoir droit à une première sensibilisation culturelle. Et il en est au stade où quand il pense «prime time culture», il s’agit de détailler désormais le programme de La Trois.
Constatez que depuis que cette dernière existe, jamais le public n’a eu droit à connaître les audiences de toute une journée «normale», demi-heure après demi-heure. Il se dit que certains chiffres sont catastrophiques mais le secret est bien gardé (désormais, à Reyers, très peu de monde a accès à l’ensemble des résultats d’audience). Alors, bien sûr, de temps en temps, on nous claironne le résultat d’une programmation particulièrement attractive ou celui des émissions destinées aux enfants. Mais qu’en est-il de tant d’émissions venues de La Une ou de La Deux?

C’est une conséquence du développement à outrance du divertissement (au sens le plus large, des jeux au séries) aux heures de vaste écoute.
Et même dans les programmes informatifs. Il y a un peu plus d’une bonne dizaine d’années, étaient diffusés selon des horaires «grand public», de vrais magazines de consommation: le travail des journalistes des programmes «Autant Savoir» ou «Cartes sur table».
Puis, comme il fallait drainer le public vers le JT de 19H30, on partit de l’idée que celui-ci adorait les émissions de consommation et qu’on pouvait encore davantage bouster cet attrait si offrait un aspect «show» à ce type d’émission, et cela donna «On n’est pas des pigeons» diffusé avant le JT de 19H30.
Pour cette nouvelle saison 2018-2019, une nouvelle étape est franchie: selon «La Libre» du 30 août 2018, «l’émission conso se voudra plus talk-show, selon les mots de Benjamin Maréchal qui remplace Sébastien Nollevaux à la présentation».

Lorsque Jean-Paul Philippot est arrivé aux affaires, cinq soirées de la semaine sur La Une, vers 20H15, étaient consacrées (avec des succès d’audience qui étonnaient même en France) à des programmes informatifs ou éducatifs (L’Ecran Témoin, Strip-Tease, Fait Divers, Au nom de la loi, Le Jardin Extraordinaire, etc.), les deux soirées restante proposant du divertissement.
Maintenant, c’est l’inverse: cinq primes-times de la chaîne amirale sont dédiés au divertissement, et deux, à des programmes plus informatifs (Questions à la Une, Le Jardin Extraordinaire). C’est une inversion des valeurs qui s’est mise en place très progressivement, jusqu’à paraître normale.

Avant, la RTBF pariait principalement sur l’information. Maintenant, les mots les plus fréquents dans les interviews de la direction ou dans les communiqués de presse sont «jeux», «divertissements», «séries», «talk-shows». Je paie des prunes à celui ou celle qui me retrouve dans les interviews de cette rentrée ne fut-ce qu’un «éducation permanente», pourtant une des missions capitales qui permet de différencier la RTBF des diffuseurs privés.

Et tout ceci se justifie par les audiences. Et là aussi, dans la «com» publique, il y a des mots hyper présents (audimat, part de marché) et un mot invisible, alors qu’il devrait être justement complémentaire, hélas à ce point si peu utilisé que beaucoup en ignorent le sens, voire l’existence: «qualimat».
Quand avez-vous lu pour la dernière fois dans un article publié par un quotidien des résultats précis, chiffrés de cette technique qui permet non pas de voir combien de personnes étaient branchées sur telle ou telle émission, mais si elles l’ont appréciée...

11. Marc Moulin: les «prédateurs» face à la suppression de la pub après 20H

C’est le Président Sarkozy qui annonce contre toute attente, début 2008, qu’il veut supprimer sur France Télévisions la publicité après 20H.
Quelques minutes après que France-Inter ait diffusé cette nouvelle, Marc Moulin m’envoie l’e-mail suivant:

«La déclaration de Sarkozy est étonnante mais je pense que ça ne se fera pas, non seulement parce que les prédateurs continueront le pillage du bien public, mais aussi parce que pas mal de collaborateurs et responsables des radio et télés de service public sont désormais génétiquement modifiés. Ils doivent se demander sincèrement à l'heure actuelle en quoi consisterait leur boulot s'il s'agit d’autre chose que de faire de l'audience et de devenir connus. De la même façon que les gosses préfèrent le fish stick à la darne de cabillaud, et le McDo au pavé de bœuf de Coutancie».

Voilà en 2018, dix ans que la publicité a disparu des antennes après 20H sur France2, France3, etc. Le public a-t-il eu droit à un bilan de cette opération? Nenni.

Le «métier» qui ne sait se passer de l’audimat (qui calcule les audiences pour établir la tarification publicitaire), sans doute notamment pour les raisons suggérées par le précurseur Marc Moulin, a peu fait évoluer les contenus des programmes pour les rendre davantage «service public», pour les différencier davantage de ceux des diffuseurs privés... et tout ceci grâce à une astuce: il a remplacé la publicité par le parrainage. Plus de publicité commerciale au sens strict du terme mais une ribambelle de courts programmes entourés de promotions de sponsors. Une multiplication des «bandes annonces» des programmes de la semaine à venir, pour pouvoir nommer et présenter d’autres sponsors. Et même en fin de soirée, de la publicité permise lorsque des programmes régionaux sont diffusés.
On est loin d’une annonce faite en 2008: grâce à la suppression de la publicité après 20H, les programmes de la soirée commenceront plus tôt, vers 20H30.

12. Trois documents sur Jacques Brel

Jacques Brel est décédé le 9 octobre 1978. De nombreuses activités vont célébrer les 40 ans de sa disparition. Je me permets de vous offrir ici trois documents personnels concernant cet immense auteur compositeur interprète voyageur.

1: Extraits de mon interview de Jacques Brel: www.consoloisirs.be/presentation/bio/brel.html

2: Quand j’étais étudiant en première licence au CETEDI, notre professeur Victor Bachy nous fit la surprise de nous offrir dans le cadre de son cours «de nouvelles formes de communication artistique» une rencontre-débat de deux heures avec Jacques Brel au moment où il jouait dans «L’Homme de la Mancha» au TRM à Bruxelles.
Extraits: www.consoloisirs.be/articles/leligueur/039bis_brel.html

3: Puisque France Brel a refusé ma demande d’interview à propos de la polémique sur la publication en 2003, 25 ans après son décès, de chansons inédites de son père, j’ai interviewé sur cette thématique l’un des plus grands connaisseurs de chanteur, Jacques Vassal, membre de l’Académie Charles Cros, auteur de plusieurs livres sur Brel, Brassens, Ferré, Higelin, ou Cohen («Brel, vivre debout», «De l’Olympia aux Marquises», etc.): www.consoloisirs.be/articles/leligueur/046.html

13. Situation de plus en plus précaire des travailleurs RTBF

Fin 2012, alors que se préparait le contrat de gestion qui régit actuellement, et plus que pour quelques mois, la RTBF, une pigiste lançait un cri (bien argumenté) sur l’exploitation des personnes qui collaborent au service public.

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Nous voilà, six ans plus tard, à la fin de la préparation du contrat de gestion suivant (qui devrait entrer en application dès le 1er janvier 2019, si le gouvernement et le conseil d’administration de la RTBF arrivent à trouver d’ici là un accord, ce qui semble actuellement laborieux).
Automne 2018: pour plagier les Poppys, «Rien n’a changé, tout a empiré».
La situation des personnes qui bossent à la RTBF (hors direction) devient de plus en plus dramatique. Non seulement les burn-outs sont nombreux, mais on constate un taux inhabituel de suicides, par rapport à d’autres entreprises de même taille (bien sûr, il est difficile d’en déterminer la ou les causes) dont le plus récent s’est déroulé cet été à Reyers, sur le lieu de travail lui-même.
La presse a fort peu relayé cet événement tragique alors qu’il faudrait prendre immédiatement des mesures drastiques pour rendre plus humaines et économiquement parlant acceptables les conditions de travail d’abord des plus précaires au sein de la RTBF. Et en tenir compte dans le texte du nouveau contrat de gestion pas encore paraphé.

La situation est explosive, à un point tel que la pigiste qui lançait sa bouteille à la mer fin 2012, s’est sentie moralement obligée de récidiver.
Elle vient de publier une enquête actualisée implacable qui mérite toute votre attention. Mener cette activité de révélation est un travail, demande une longue et dangereuse investigation, et mérite donc d’être rémunéré. Cette fois-ci, la pigiste l’a publié sur un site payant. Les quelques euros qui vous seront demandés, vous ne les regretterez sans doute pas après avoir lu ce document si peu médiatisé actuellement: https://payknow.eu/je-nai-pas-laisse-ma-peau-la-rtbf-dautres-lont-fait-enquete/

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