Expo Van Eyck fort critiquable!

ConsoLoisirs

Par | Journaliste |
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Au shop du Musée des Beaux-Arts de Gand.

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L’expo événement Van Eyck qui se déroule jusqu’au 30 avril 2020 au Musée des Beaux-Arts de Gand a vu sa prévente des tickets commencer 16 mois avant son inauguration, ce qui est plutôt inédit.

Si passionnante soit-elle, elle pose deux problèmes bien concrets que nous n’avions encore jamais abordé ici, en ce qui concerne les droits des usagers culturels. Nous y consacrons donc les points 1 et 2 de la présente newsletter. 

SOMMAIRE

1. Expo Van Eyck: payer plus cher pour savoir ce qui sera exposé
2. Cartels, audioguides, catalogues, etc.
3. Gratuités: Foire du Livre, musées gratuits
4. Rencontrons-nous à cette soirée Consoloisirs! Réservez sa date dès maintenant
5. Joëlle aime les gens qui doutent
6. RTBF: un quatrième mandat de six ans pour J.P. Philippot
7. Poser cette question à la ministre serait intéressant!
8. PointCulture: la Ministre Linard interrogée au Parlement
9. Arte est bien plus regardée qu’on ne le pense
10. RTL-TVi a introduit deux pauses pub dans son JT
11. Les 4 vérités d’Isabelle Emmery (PS)
12. Sabine Laruelle voulait une «charte des usagers culturels»
13. Mieux signaler la gratuité mensuelle du Pavillon des Passions Humaines

1. Expo Van Eyck: payer plus cher pour savoir ce qui sera exposé

C’est au début de 2019 qu’a commencé la vente des billets sur internet pour l’exposition «Van Eyck» qui se déroule du 1er février au 30 avril 2020 au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK). Il était donc possible d’acheter seize mois à l’avance son entrée. Est-ce normal? Imaginez les frais supplémentaires de babysitter si, entretemps, vous rencontriez votre partenaire avec qui vous alliez concevoir un premier enfant? N’est-ce pas absurde?

Cette prévente s’est accompagnée d’une sorte de mise en scène-feuilleton de la présentation du contenu de l’exposition. Sur le site officiel du musée, on peut lire sous le titre «Un coin du voile...»: «(...) L’exposition présente environ 80 œuvres de la fin du Moyen Âge. Peinture, art miniature, sculpture et dessins sont placés côte à côte pour faire revivre l’univers médiéval de Van Eyck. Pour cela, le MSK collabore étroitement avec des partenaires (inter)nationaux. Nous levons déjà un petit coin du voile ici, avec quelques emprunts accrocheurs. Gardez un œil sur le site pour plus d’actualités!». S’ensuit quelques photos d’œuvres (sans mention de leur titre, ni de leur auteur). Donc le futur acheteur de billet doit patienter pour assister à la suite de ce lever de rideau. Et pendant ce temps-là, la prévente continue.

Quant aux œuvres de Van Eyck lui-même, il n’en existe plus que vingt dans le monde dont cinq en Belgique. Dans un article publié le 1er février 2019 par La Libre, Guy Duplat indique que les organisateurs n’ont révélé lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 31 janvier 2019 que les noms de cinq de ces œuvres alors qu’ils ont confirmé que dix seraient présentes: «(...) La liste complète des œuvres sera communiquée plus tard».

Plus tard, c’est quand? Est-il normal (voire légal) de commencer si tôt la prévente alors que les titres des dix œuvres maîtresses de Van Eyck dont la présence est confirmée ne sont même pas encore divulguées au public?

De plus, ceux qui ont acheté les yeux quasi bandés leur ticket dès le début de la prévente (avec une réduction à 22 euros au lieu des 25 euros prévus à partir du 1er juillet 2019, et 28 en cours d’exposition) sont prévenus: «(...) Faites attention: les billets payés ne sont ni échangeables, ni remboursables». C’est comme si l’on ne dévoilerait que progressivement les ingrédients d’un surgelé ou d’un médicament déjà en vente. C’est contraire aux droits des consommateurs.

28 euros! En général les prix des expositions temporaires en Belgique sont un bon cran moins chers que celles programmées à Paris. Bien entendu, comparer des prix ce n’est pas une science exacte, mais mettons ces 28 euros (audioguide inclus) en parallèle avec la tarification traitée de «pharaonique» dans Libération (23/03/2019) de l’exposition «Toutânkhamon, le trésor du pharaon» à la Grande Halle de la Villette: 22 euros en semaine et 24 euros en week-end.

Près de quatre mois plus tard, le 15 mais 2019, le site du MSK présente une liste plus détaillée des peintures de Van Eyck qui feront le déplacement, mais il y en a désormais moins que les dix annoncées précédemment, alors que pas mal de futurs visiteurs ont déjà acheté leur place: «(...) avec neuf œuvres de Van Eyck lui-même (...)».

Le 17 décembre 2019, L’Obs brouille les pistes et égare ses lecteurs en parlant du rassemblement d’une vingtaine d’œuvres jusqu’ici dispersées aux quatre coins de l’Europe: «(...) Le Musée des beaux-arts de Gand (MSK) abrite ainsi, dès le 1er février, l’expo Van Eyck. Une révolution optique rassemblant une vingtaine d’œuvres jusqu’ici dispersées aux quatre coins de l’Europe, dont le clou du spectacle : les volets extérieurs restaurés du Retable de Gand ou «L’Adoration de l’Agneau mystique». Grâce à la réalité virtuelle, on s’immerge dans l’histoire mouvementée de l’Agneau mystique, dont le panneau central retrouve ici l’endroit même pour lequel il a été conçu (...)».

Le 31 décembre 2019, dans un nouvel article paru dans La Libre, Guy Duplat ne reprend pas le chiffre de neuf œuvres (pourtant le chiffre qu’on peut lire à cette même date sur le site officiel du musée): «(...) Avec seulement une dizaine de tableaux de lui, mais c’est plus de la moitié de toute l’œuvre connue du peintre (vingt tableaux au total)».
D’abord, dix œuvres, ce n’est pas plus de la moitié, c’est la moitié. Ensuite, qui croire? Le journaliste ou le site officiel?

Une bonne semaine plus tard, le même journaliste réaborde cette exposition, toujours dans La Libre, le 8 janvier 2020: cette fois-ci, il ajoute deux œuvres à son décompte précédent et sans expliquer la raison de cette variante: «(...) Avec seulement une douzaine d’œuvres».

Le 5 janvier 2020, Le Monde publie: «Précédée d’une campagne d’annonce tapageuse, l’exposition Van Eyck ne risque pas de passer inaperçue. Il y aura - en principe - le plus grand ensemble d’œuvres de Jan Van Eyck jamais réunis: neuf panneaux de sa main, un livre d’heure qu’il a partiellement illustré et huit éléments du polyptique de L’Adoration de l’Agneau Mystique (...)». Le «en principe» en dit long sur les atermoiements des organisateurs qui poussent le quotidien français à exprimer sa prudence auprès de ses lecteurs, moins d’un mois avant le démarrage de cette exposition qui a commencé à vendre ses places un an plus tôt.

Pour la quatrième fois, Guy Duplat remet en évidence cette exposition dans La Libre, le 30 janvier 2020, et comptabilise, en plus des dix panneaux détachés de l’Agneau Mystique, «une douzaine d’autres tableaux de Van Eyck (plus de la moitié de l’œuvre conservée)».

Quand on s’approche du démarrage de l’exposition, bien sûr, le chiffrage se précise, et heureusement de façon positive. Le site du musée opte pour 13 œuvres. L’article du Vif-L’Express paru le 13 février 2020 est encore imprécis («une douzaine d’œuvres»). Pour nous, c’est dès le début de la prévente que ce chiffre 13 aurait dû être disponible. Là, est le droit du public.

Ce n’est pas Consoloisirs qui est obsédé par ce nombre d’œuvres présentées. L’essentiel de la communication fluctuante de cette exposition s’axe sur ce thème: plus de la moitié, la moitié, moins de la moitié. Et début janvier 2020, alors qu’on ne sait toujours pas ce qu’il en est, plus de 40.000 billets sont déjà vendus, selon La Libre du 31 décembre 2019 (et 50.000 selon l’Avenir du 31 janvier 2020).

Les lois économiques permettraient-elles à un supermarché de faire des réductions sur un produit aux clients qui acceptent qu’on ne leur dévoile pas l’entièreté des ingrédients?

Peut-on vendre plus cher le ticket au consommateur qui ne veut pas se faire pigeonner et souhaite acheter en connaissance de cause? Connaître le contenu avant achat ne serait plus un droit mais se vendrait. De là, une revendication tout-à-fait logique si l’on cherche à respecter l’usager, tant pour les expositions que pour d’autres activités comme les festivals d’été, chez nous et partout en Europe: que la vente des tickets ne puisse commencer qu’après que le contenu précis de l’activité culturelle soit accessible au public.

L’attitude du Musée des Beaux-Arts de Gand est condamnable. Dans la rubrique «De la liberté de s’informer relativement à la vie culturelle», Roland de Bodt, chercheur à l’Observatoire des Politiques Culturelles, indique: «Toute personne a droit à une information préalable et complète relative à toute activité particulière proposée ou programmée par un opérateur culturel. Conformément aux droits culturels - et par extension au Code fédéral belge de droit économique - cette information doit être gratuite.» (point 13, page 32 de «Repères» N°10)

Peu importe si finalement on peut admirer plus (tant mieux!) ou moins de la moitié des œuvres de l’artiste, l’important ici est de souligner le droit légal du visiteur à connaître le contenu exact de l’activité dès le début de la prévente. Et il en est de même pour un grands nombre d’autres initiatives comme les festivals musicaux.
Si les organisateurs ne connaissent pas l’entièreté du contenu de l’activité au début des réservations, qu’ils postposent celui-ci et qu’on retrouve enfin un timing plus normal pour les préventes qui pourrait avoisiner par exemple les six mois...

2. Cartels, audioguides, catalogues, etc.

Toujours pour l’exposition «Van Eyck, une révolution optique» à Gand (voir aussi ici le point 1), comme l’indique La Dernière Heure, il y a des versions en traduction anglaise et allemande du catalogue à l’origine écrit en néerlandais, mais rien n’a été prévu en français alors que les visiteurs francophones sont nombreux (de Belgique et de France, grâce à une campagne de presse efficace effectuée dans cette langue: L’Obs, Le Monde, La Libre, Le Soir, L’Avenir, Le Vif, même toute la couverture et quatre pages intérieures du Télérama du 29 février 2020, etc.).

Ce fait devrait nous permettre d’affiner notre «mode d’emploi» applicable par les musées pour simplement respecter le droit à l’information de leurs visiteurs. En ce qui concerne l’utilisation des langues, le site internet de chaque institution devrait clairement indiquer, pour la découverte du fond permanent et/ou des expositions temporaires, dans quelles langues sont proposés les cartels, les audioguides... mais aussi les catalogues.

3. Gratuités: Foire du Livre, musées gratuits

On se souvient que jusqu’à la nomination de Gregory Laurent en tant que commissaire général de la Foire du Livre de Bruxelles en 2015, on traitait d’utopistes irresponsables ceux qui osaient imaginer que l’accès de celle-ci puisse être gratuit.

Ce dernier en fit sa première innovation et aujourd’hui, au moment où il quitte cette fonction pour coordonner le service culture de l’ULB, la presse met en exergue cette mesure de démocratisation culturelle: «La gratuité de l’accès a manifestement dopé l’attraction de l’événement» (Le Soir, 07/02/2020) ou «La gratuité restera sa plus belle avancée» (La Libre, 07/02/2020).
Pas moins de 800 auteurs rencontreront leurs lecteurs sur le site de Tour&Taxi, du 5 au 8 mars 2020. Entrée gratuite mais inscription recommandée.

Nouveau et très pratique: dès aujourd’hui vous pouvez télécharger (et imprimer sur deux A4) la liste complète pour 2020 des musées gratuits en Belgique avec divers renseignements, classés par ville.

Attention! cette liste dévoile les 150 musées gratuits chaque premier dimanche du mois, mais pas que: il y a aussi les musées gratuits tous les jours où ils sont ouverts, ceux qui sont gratuits une demi-journée mensuelle (le premier mercredi du mois), la plupart des musées d’Anvers qui, eux, pratiquent la gratuité du dernier mercredi du mois, les gratuités des musées du Nord de la France, etc.

4. Rencontrons-nous à cette soirée Consoloisirs! Réservez sa date dès maintenant

Consoloisirs prépare depuis deux ans déjà «Résiste!», une exposition itinérante qui sera diffusée pendant plusieurs années, de ville en ville, dans les pays et régions francophones.

Pour nous, c’est un projet majeur. Fin avril, sera présenté en avant première un quart des objets assemblés pour cette future expo, et ils seront commentés en public, suivi d’un débat qui permettra à Consoloisirs de tester la pertinence de son travail.

Lecteurs de cette newsletter, ce sera une occasion concrète de nous rencontrer et, d’une certaine façon, de construire ensemble ce futur projet d’exposition. Vous pourriez aussi peut-être nous aider afin que «Résiste!» visite un jour votre ville, dans votre environnement.

Réservez dès maintenant dans votre agenda cette soirée.
Voici le communiqué de presse des organisateurs.

L’exposition «Résiste!» rassemble vingt exemples concrets de ces cinquante dernières années montrant comment le public culturel a été trompé par des disques, des livres, des séances de cinéma, des expositions, etc. Elle permet également de découvrir comment créateurs ou usagers se sont opposés à ces dysfonctionnements commis parfois même par des acteurs culturels estimés.
Trois observateurs assidus de la vie culturelle nous conteront cinq anecdotes tirées de l’exposition pour mettre en lumière certaines pratiques culturelles douteuses ou carrément frauduleuses, mais aussi les victoires engendrées pour la défense des droits des usagers.

Roland de Bodt, chercheur à l’Observatoire des Politiques Culturelles.

Bernard Hennebert, spécialiste en défense des droits des consommateurs de culture. Il a prêté sa collection privée et a participé à la concrétisation de l’exposition.

Marc Metdepenningen, le journaliste du quotidien «Le Soir» qui a révélé au public la supercherie du grand succès de librairie (et adapté au cinéma) «Survivre avec les loups».

Cette soirée débat-animation est organisée à Bruxelles, le mardi 28 avril 2020 à 19H00, Salle L’Aurore, au 162 rue du Midi (métro Anneessens) par le mouvement d’éducation permanente «Association Culturelle Joseph Jacquemotte». Entrée gratuite.

5. Joëlle aime les gens qui doutent

Notre cinquième émission mensuelle de «Radio Consoloisirs» se déroulera en direct le lundi 16 mars de 21H00 à 22H00 sur Radio Air Libre.
Le sommaire de cette émission consistera à détailler davantage le contenu de la présente newsletter. N’hésitez pas avant le 13 mars 2020 à nous interroger à propos de tout ce que vous lisez ici, et si vous avez des questions ou des suggestions, c’est le moment: écrivez à consoloisirs@gmail.com

L’invitée «fil rouge» sera Joëlle Maison, députée bruxelloise (DéFI) et «chef de groupe» pour son parti au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Après quinze années au Barreau de Bruxelles, c’est comme échevine de l’éducation à Uccle qu’elle a exercé ses premières responsabilités dans sa vie politique.

Dans les domaines abordés par «Radio Consoloisirs» (la culture et les médias), on rappellera ses interventions en éducation pour mêler culture et enseignement (bien avant le PECA), ses prises de position nombreuses en faveur des enseignants de l’ESAHR (académies), ses interventions visants à ce que les films sur la RTBF ne soient plus doublés (sous-titrage systématique), etc.

À son actif aussi, la création d’une école «à rayonnement musical» à Uccle dans le cadre de son échevinat (quatre périodes de musique/instrument/chant choral par semaine pour tous les élèves, de la première maternelle à la sixième primaire) ou le projet «Des lignes et des Rimes» visant à instaurer un concours de poésie à l’intention des usagers des transports en commun (projet s’inspirant de ce qui est en place en Ile de France avec la RATP).

Sur son site, on apprend que son fils la dit anticonformiste, généreuse, blagueuse (stressée et volcanique aussi). Elle se définit elle-même comme une femme volontaire et sérieuse, qui ne se prend pas au sérieux.

Au-delà de l’enseignement, ses passions sont principalement culturelles et culinaires: lire, aller au théâtre, au cinéma, au spectacle de danse, à l’opéra.

Pour notre émission, elle a choisi comme disque qui symbolise sa jeunesse «Bruxelles» par
Dick Annegarn, et la chanson qu’elle souhaiterait qu’on diffuse lors de ses funérailles est «J’aime les gens qui doutent» de et par Anne Sylvestre.

Son profil: https://joellemaison.com

Comment écouter Radio Air Libre en direct? Réponse ici.
Si vous n’avez pas la possibilité de l’écouter en direct, vous pourrez, une dizaine de jours plus tard, la (re)découvrir en cliquant ici.

6. RTBF: un quatrième mandat de six ans pour J.P. Philippot

Qui est responsable? C’est bien le gouvernement actuel (et pas le parlement) de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PS-Écolo-MR) qui a accordé un quatrième mandat de six ans à l’administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot. Plus concrètement, indiquons également qu’il n’y a jamais de vote au sein du gouvernement où les décisions se prennent au consensus.

Le fait que la candidature de Mr Philippot n’ait pas été mise en concurrence avec d’autres candidatures est légal mais c’est aussi un choix du gouvernement puisqu’une autre possibilité existait dans cette procédure: le gouvernement «peut» (et il n’est pas écrit «doit») reconduire l’administrateur général sans appel à candidatures si celui-ci a fait l’objet d’une évaluation favorable à l’issue de son mandat, fait qu’à remarqué le Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Dans les médias traditionnels, durant les mois qui ont précédé cette reconduction, il n’y a eu guère de débat contradictoire sur la façon dont les programmes de la RTBF ont évolué pendant 18 ans. Par contre, Consoloisirs s’est axé sur cette thématique précise. Tout ce que nous avons publié durant ces derniers mois, nous le maintenons d’autant plus que nous n’avons reçu aucun commentaire qui démentait l’un ou l’autre fait que nous y avons mis en évidence.

On serait curieux d’entendre des réactions argumentées de la part de ceux et celles qui ont opté pour cette poursuite de mandat à la lecture du billet d’humeur que le site du Centre culturel de Mouscron vient de publier et qui est signé par son directeur Christian Debaere.

Chacun prend ses responsabilités. La décision est tombée. Bon joueur, nous ne la commenterons pas davantage et en prenons acte.

Le combat pour redéployer les missions de service public à la RTBF reste essentiel et se poursuit. S’il y aura continuité avec la poursuite du travail de l’administrateur général, n’oublions pas que la situation a radicalement changé depuis les dernières élections. Les rapports de force ont évolué considérablement pour respecter les choix des électeurs: une ministre de l’audiovisuel Écolo et une évolution importante dans la composition du conseil d’administration de la RTBF.

Nos prochains combats prioritaires seront d’exiger un débat public contradictoire sur les modalités concrètes de diminution de la publicité inscrite dans la feuille de route gouvernementale et la préparation du prochain contrat de gestion de la RTBF. Il y a du pain sur la planche!

7. Poser cette question à la ministre serait intéressant!

C’est une ribambelle de questions sur la RTBF (dont elle avait eu connaissance avant le déroulement de l’émission, car nous aimons que nos invités aient le temps de préparer leurs interventions) auxquelles a répondu notre invitée «fil rouge» Isabelle Emmery, en tant que vice-présidente PS de la Commission de la culture et des médias du Parlement, lors de notre «Radio Consoloisirs» du 17 février 2020.

Notre première question prend la forme d’un jeu: «La majorité actuelle, c’est-à-dire le PS auquel vous appartenez, le MR et Écolo, a prévu dans son accord gouvernemental de diminuer la présence publicitaire à la RTBF. Le public peut s’interroger sur le pourquoi de cette mesure. Si vous deviez classer sur un podium, comme dans l’émission dominicale de Pascal Vrebos sur RTL-TVi, quatre raisons qui peuvent motiver cette diminution, dans quel ordre le feriez-vous? Voici les quatre propositions que nous vous avons concoctées. Où vont vos préférences?».

Madame Emmery a placé au sommet de son podium le fait de couper les programmes comme des films ou des documentaires par de la publicité, ce qui est négatif pour l’œuvre diffusée et surtout ennuie fortement le public.
Elle commente: «Y’a pas photo, c’est bien cette proposition-là que je mets en un. C’est un non sens car l’œuvre ne mérite pas cela et le public, quand il regarde ce type d’émissions, ne s’attend pas à être perturbé. C’est bien simple: quant à moi, j’enregistre certains programmes pour éviter les publicités. Je trouve cela inimaginable de devoir regarder une œuvre en étant perturbé par la publicité».

Son second choix, elle le résume par «Il y a effectivement une influence»: il s’agit du fait que les annonceurs influencent en télévision notamment les horaires auxquels sont proposés les programmes. Du coup, The Voice Kids est placé au prime de La Une pour attendre 400.000 téléspectateurs ou plus, et la plupart des émissions d’éducation permanente ou culturelles se retrouvent sur La Trois où il y a 10 à 20 fois moins de téléspectateurs potentiels.

Elle place en troisième position avec un «C’est sans doute vrai que les publicités sont plus percutantes pour les jeunes» notre proposition suivante: les publicitaires ne s’intéressent pas à tous les publics de la même manière et ils recherchent surtout un public qui aime essayer de nouveaux produits comme, par exemple, les jeunes, à l’inverse du public plus âgé qui, lui, change moins vite ses habitudes de consommation... Ce qui peut mener à une tentation excessive de jeunisme de la part de la direction du service public, dans sa politique éditoriale.

En dernière position, notre invitée met la proposition suivante, avec pour seul commentaire, un petit rire: le réchauffement climatique se rapproche et il faut qu’il existe à terme des médias publics sans publicité, ni sponsoring, qui puissent être utiles aux citoyens et aux familles qui veulent être informés sans être tentés par des publicités qui favoriseraient le développement de faux besoins parfois énergivores.

Notre deuxième question: dans le premier choix gouvernemental, il est annoncé, en radio, la fin de la publicité dans les émissions d’information du matin sur La Première. Pourquoi sur la première chaîne radio et pas sur la seconde, Vivacité, alors que le public de cette dernière est très nombreux et sans doute plus populaire, et donc justement davantage dépendant des effets parfois nocifs de la publicité? On a un peu l’impression que ce choix concerne plutôt les hommes politiques eux-mêmes et un public plutôt intellectuel. Il s’agit d’une tranche où on donne justement davantage la parole aux hommes politiques...

Avant de répondre, Isabelle Emmery rappelle bien à propos que d’autres mesures ont également déjà été décidées comme la suppression sur tous les supports de la RTBF des publicités qui concernent les paris, les alcools forts ou les médicaments.

Elle poursuit: «Ce que vous venez d’indiquer montre bien qu’on essaie de mettre les meilleures balises pour encadrer la présence de la publicité et donc qu’il y a (au sein de notre gouvernement) une recherche permanente du meilleur compromis sur ce sujet. C’est aussi cela, la politique. Ce compromis repose sur le fait de veiller en permanence sur le financement largement public de la RTBF et le développement de nouvelles missions de service public auxquelles les citoyens ainsi que l’«homme politique» que je suis aspirent. Je pense à l’éducation permanente, l’information, l’encrage culturel, l’éducation aux médias, l’accessibilité... et tout cela a une valeur et un prix, d’où la recherche du compromis entre une volonté de baliser et aussi le fait d’assurer à notre service public les moyens pour pouvoir remplir toutes les missions que l’on souhaite qu’il mène».

Notre troisième question: «En fait, on débat souvent de cette thématique publicitaire au Parlement dans des séances (auxquelles le public peut assister sans intervenir), mais selon des horaires inaccessibles à la population active. Ne faudrait-il pas qu’il y ait enfin un grand débat public sur cette thématique, en week-end ou en soirée? Deuxième question qui a son importance: pourrait-il se dérouler avant que cette diminution publicitaire ne se concrétise?

Notre invitée-fil rouge: «Je n’ai rien sur le fait que cela puisse se dérouler en soirée ou pendant le week-end: ma vie de mandataire politique fait que ces moments-là sont très souvent occupés par des rencontres et des échanges avec les citoyens. Ce n’est pas la question de la disponibilité des parlementaires mais de la façon dont on peut mener ces débats avec les citoyens (...). Sur la manière dont tout cela pourrait être réalisé, je pourrais demander à la ministre comment (sur ce sujet) elle envisage de travailler avec les acteurs en coconstruction. Poser cette question, c’est intéressant (...). Laissons-lui le temps de la réponse».
En parlant de «co-construction», notre invitée fait probablement allusion à une thématique chère à Bénédicte Linard. Dans le dossier PointCulture, en tant que ministre de la culture, elle a déclaré vouloir faire une politique qui lui tient à cœur: «travailler avec les acteurs, en co-construction». Elle a notamment définit ainsi cette façon d’agir dans La Libre (26/10/2019): «Travailler avec les acteurs, en co-construction. Croire à l’intelligence collective et aux solutions qui peuvent en émerger». Reste à savoir si elle préconise en tant que ministre des médias également cette façon de travailler et, dans ce cas-là, les auditeurs, les téléspectateurs, les lecteurs (pour la presse écrite) seront-ils considérés comme des «acteurs»?

Notre quatrième et dernière question à propos de la RTBF: «À propos de la reconduction par le gouvernement de Jean-Paul Philippot à un quatrième mandat, on a lu dans Le Soir (07/02/2020) que: «(...) Paradoxalement, le MR était l’un des plus fervents supporters de Philippot dans cette procédure. Il se dit que les libéraux craignaient de voir le PS placer à la tête du service public Frédéric Delcor (secrétaire général de l’administration de la FWB), selon eux beaucoup plus connoté idéologiquement parlant que JP Philippot». Est-ce bien exact? Il parait aussi, selon le même article, qu’une partie du PS était réticente à voir Mr Philippot rempiler... Les usagers du service public peuvent-ils en savoir davantage ou est-il tabou de révéler aux citoyens qui fut pour et qui fut contre, lors de la décision de cette reconduction?».

Avant de prendre position en faveur de cette reconduction et de l’argumenter, Isabelle Emmery a répondu ainsi à notre question précise: «Il n’y a aucun tabou mais vous savez comme moi que le vote sur des personnes s’exprime toujours avec des bulletins secrets. C’est une règle de droit qui préserve toute tentative d’influence. Je pense qu’il n’y a pas à remettre en cause cette règle générale, dans ce cas-ci. Quant à la procédure de renouvellement, elle a été conforme à la législation en vigueur».

Vous pouvez réécouter l’émission ici.

8. PointCulture: la Ministre Linard interrogée au Parlement

Ce 3 mars 2020, la ministre de la culture Bénédicte Linard répondra à une «question orale» qui lui a été envoyée par la parlementaire Amandine Pavet (PTB) et qui est intitulée «Mise en place de nouvelles mesures liées à PointCulture». Plus d’infos ici.
La séance est publique. Vous pouvez y assister, mais pas intervenir. Munissez-vous de votre carte d’identité.

Pour préparer l’avenir de PointCulture, la ministre de la culture Bénédicte Linard a souhaité «travailler avec les acteurs, en co-construction, croire à l’intelligence collective et aux solutions qui peuvent en émerger» (voir le point 5 de cette newsletter).

Je pense que l’asbl PointCulture, avec une petite partie de son important personnel et de ses moyens non négligeables financés par la collectivité, pourrait développer un travail d’avenir entrepris nulle part ailleurs, devenir une sorte de «Test Achats» culturel. Ceci s’avère d’autant plus important que l’industrie culturelle rogne progressivement, par ses pratiques commerciales de plus en rudes, le supplément d’âme qui devrait caractériser le travail artistique. Ne lui résiste, hélas, aucune association d’usagers culturels d’envergure et structurée à cet effet, à l’inverse de ce qui se passe dans la plupart des autres secteurs de la vie sociale.

Après deux rencontres avec des représentants de la direction, il m’a été rapporté que mon projet ne manque ni de sens, ni d’intérêt. Aucune critique n’a été émise sur son contenu.
La seule question qui se poserait serait de savoir si le personnel de PointCulture pourrait gérer pareil challenge. Il faudrait peut-être demander à celui-ci ce qu’il en pense, après lui avoir communiqué le contenu détaillé de ma proposition et en avoir débattu.

Ces représentants de la direction me conseillèrent de contacter Madame Maïté Bodart, le cheffe de la cellule culture du cabinet de la Ministre Linard. Celle-ci a accueilli ma proposition «avec intérêt». Elle me conseilla de rencontrer Thomas Prédour, l’expert chargé notamment de proposer à la Ministre des pistes pour l’avenir de PointCulture.

Après avoir examiné mon dossier étayé de huit pages, Mr Prédour m’a rencontré pendant près de deux heures, le 4 février 2020.

Par la suite, j’ai eu l’occasion de proposer ce texte à un membre de la direction du Ministère de la Communauté française (le 5 février 2020). J’ai eu la possibilité de faire de même auprès de trois parlementaires (Écolo, PS et PTB) impliqués par cette thématique à la Fédération Wallonie-Bruxelles (les 13 janvier 2020, le 17 février 2020 et le 18 février 2020).
Les accueils furent à chaque fois positifs. Reste à voir si un projet aussi novateur et inédit pourrait faire peur!
Ce serait regrettable car une occasion d’implanter et développer un travail spécifique qui protège le public culturel ne se représentera pas de si tôt. Et tout le monde est bien conscient de la carence actuelle à ce sujet.

En ce qui me concerne, quand j’ai commencé à militer pour que la RTBF crée un JT quotidien des enfants, Les Niouzz, je n’aurais jamais pensé qu’en 2020 le service public continuerait cette aventure, et sur une chaîne sans publicité, La Trois.

Lorsque, journaliste collaborant au «Ligueur», j’ai découvert en 2003 à La Louvière le Centre de la Gravure, le premier musée belge qui pratiquait la gratuité du premier dimanche... je n’aurais jamais imaginé qu’il aurait fécondé 149 autres institutions et qu’en 2020, le ministère opterait pour une aide conséquente pour financer la médiatisation de cet avantage mensuel pour tous les visiteurs... Alors, jamais deux sans trois!

9. Arte est bien plus regardée qu’on ne le pense

Vous êtes nombreux à avoir réagi pour me montrer votre colère et m’envoyer vos encouragement à propos du point 8 de la newsletter Consoloisirs du mois de février 2020 où je dénonçais que le «qualimat» orchestré par l’hebdo Télépro ne prenait pas en compte des chaînes qui justement brillent par leur qualité comme La Trois ou Arte.

Il me semble donc utile, à propos d’Arte, d’apporter un démenti étayé de preuves à l’idée préconçue que cette chaîne serait peu regardée et surtout par les classes aisées des grandes métropoles. Qui n’a pas entendu ces cyniques de la profession journalistique affirmer qu’Arte était la chaîne que tout le monde adore mais que quasi personne ne regarde?

Voici quelques extraits d’un article bien documenté publié par Libération, le 11 février 2020 (pages 16 et 17).
«Aujourd’hui, Arte est plus suivie que jamais. Avec 2,8% de part d’audience en janvier 2020, elle talonne le C8 de Cyril Hanouna (2,9%) comme le TMC de Yann Barthès (3%) et déboîte le W9 des Marseillais (2,6%). Le monde n’est peut-être pas foutu.
(...) Ses soirées réservées au cinéma patrimonial et d’auteur, aux séries européennes ou aux documentaires, de plus en plus contemporains et internationaux, marchent très fort. La diffusion récente d’Un air de famille de Cédric Klapisch a rassemblé deux millions de personne.
À la manière de France Culture côté radio, Arte progresse en ligne continue: 2,2% de part d’audience en 2017, 2,4% en 2018, 2,6% en 2019.
Le public, équitablement réparti sur la France entière, est constitué à 42% d’habitants de communes de moins de 50.000 habitants.
Dans un rapport de décembre 2018, dithyrambique mais resté confidentiel, que Libération s’est procuré, la Cour des comptes salue la «relance éditoriale réussie» d’Arte, ses «choix stratégiques» et de «très bons résultats d’image».

Un bémol tout personnel. Arte perd souvent ma présence lorsqu’elle diffuse au prime-time des programmes artistiques plutôt doublés que sous-titrés.

N’oubliez donc pas que le qualimat de Télépro (dont les résultats sont relayés par de nombreux autres médias) confisque au public les appréciations des téléspectateurs concernant cette chaîne de moins en moins marginale.

10. RTL-TVi a introduit deux pauses pub dans son JT

Les publicités sont bel et bien interdites dans les journaux télévisées, même pour les chaînes privées: tel est l’enseignement utile pour les téléspectateurs belges à tirer du grief adressé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à l’encontre de RTL Belgium.

Suite à l’instruction d’une plainte déposée le 10 septembre 2019 contre RTL-TVi, le Secrétariat d’instruction du CSA a estimé que les trois parties de «RTL lnfo» de la mi-journée constituaient un seul élément de la grille de programme et formaient ensemble le journal télévisé de la mi-journée.

Ensuite, une audition publique de RTL Belgium a été fixée au jeudi 20 février 2020 à 9h40, dans les locaux du CSA. En cas d’absence, une décision par défaut peut être prononcée par le Collège du CSA.

Concrètement, RTL-TVi saucissonne son JT de la mi-journée en plusieurs parties pour y multiplier la présence publicitaire. Une interview parue dans le quotidien «L’Avenir» nous mit la puce à l’oreille dès le 24 août 2019. Laurent Haulotte, directeur de l’information et des sports, y affirmait que sa chaîne n’imiterait vraiment pas TF1 (la chaîne privée française coupe désormais artificiellement en deux son JT de 20H pour introduire une page supplémentaire de publicités) mais que l’astuce de ce 20H «est un exemple intéressant». Et pourtant...

RTL-TVi a scindé son ancien programme en trois parties afin, selon l’explication officielle, de mieux le segmenter pour le redynamiser.
Désormais, entre les publicités, il y a «RTL Info Bienvenue», de l’info service avec la météo, l’info des régions, un décryptage de l’actu avec un invité, etc. Puis le vrai JT à proprement parlé, dans une version resserrée. Enfin, vers 13H20, «RTL Info et vous», soit de l’info détente, la découverte, le lifestyle, la culture. Bien entendu... «(...) la cohérence sera assurée par un seul présentateur pour ces trois rendez-vous» expliquait Laurent Haulotte. Le tour est joué. Les annonceurs peuvent être contents.

C’est l’organe de régulation du Grand Duché du Luxembourg qui, seul, pourrait enquêter sur ce saucissonage puisque la chaîne privée de télévision la plus populaire des belges francophones a émigré dans ce pays voisin bien qu’elle soit diffusée essentiellement chez nous et grignote une bonne part de notre magot publicitaire.
Rappelons que notre législation interdit l’insertion de la publicité dans les JT et dans les journaux parlés.

En 2009, le CSA avait déjà ouvert une instruction d’initiative à l’encontre de Bel RTL pour diffusion de publicités dans ses journaux, cette fois-ci, parlés, ce qui est fort différent. Suite à quoi, cette pratique a été immédiatement arrêtée. À l’inverse de ce qui risque de se passer pour la nouveauté du 13H en télévision. Pourquoi donc cette différence? La stratégie de shopping législatif rtlienne joue. Les fréquences radio constituant des ressources limitées chez nous, les radios privées sont soumises à un régime d’autorisation (contrairement aux télévisions soumises à un régime déclaratif). Pour recevoir l’autorisation d’émettre en Belgique, Bel RTL est donc obligée de rester établie en Fédération Wallonie-Bruxelles. À l’inverse de ses télévisions établies au Grand Duché où la législation est souvent plus permissive pour les grands acteurs économiques.

On comprend mieux ainsi tout le combat de notre CSA depuis plusieurs années pour «rapatrier» les télévisions de RTL-TVi sous son autorité. C’est notamment pour que les téléspectateurs de la chaîne privée soient moins noyés par les assauts publicitaires.

Depuis un an et demi, RTL se présente systématiquement aux auditions du CSA pour répéter que celui-ci n’est pas compétent à l’égard des chaînes de télévision du groupe RTL. Pour le reste, RTL refuse d’argumenter sur le fond des dossiers mais la présence aux auditions lui évite d’être condamnée par défaut.

C’est ce qui s’est a nouveau reproduit le 20 février 2020 et le CSA prendra une décision sur le fond pour cette nouvelle affaire dans les 60 jours. Elle sera sans doute, comme les précédentes, attaquées par RTL devant le Conseil d’Etat. Heureusement, ce dernier doit incessamment se prononcer sur la question de la compétence du CSA de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’égard des chaînes de télévision du groupe RTL.
Si le Conseil d’Etat suit les arguments du CSA, toutes ses décisions prises à l’égard de RTL depuis deux ans seront alors exécutoires.

Autre info concernant le CSA: il vient de réaménager son site et souhaite connaître vos réactions.

11. Les 4 vérités d’Isabelle Emmery (PS)

(Ré)écoutez notre émission du lundi 17 février 2020, avec, en invité, Isabelle Emmery, parlementaire PS.

Chaque mois, sous forme d’un «test», les mêmes quatre questions sont posées à l’invité fil rouge de notre émission.

1: Dites-nous quelle est la «pratique» que vous aimeriez soutenir dans les activités culturelles «de chez nous»...
Isabelle Emmery: Renforcer le soutien aux expressions culturelles dans l’espace public. C’est là que l’on peut toucher le plus directement le citoyen. L’art urbain auquel les jeunes sont particulièrement sensibles doit être privilégié. Le street art, par exemple. Je suis une passionnée de cela (...).

2: Dites-nous quelle est la «pratique» à laquelle vous vous opposez particulièrement, dans les activités culturelles «de chez nous»...
Isabelle Emmery: Autant je pense qu’il faut développer le plus possible les tarifs les plus adaptés possible aux revenus et aux situations spécifiques des publics, autant je m’oppose à certaines pratiques de gratuité pour tous. La culture, cela ne doit pas être absolument gratuit, il faut des adaptations, mais la culture a une valeur et un prix. Je soutiens la gratuité des musées chaque premier dimanche du mois parce que je pense qu’il faut des adaptations à certains moments, et pour certains publics. Mais que certaines personnes mettent en avant l’absolue gratuité, c’est quelque chose que je ne peux admettre.

3: Dites-nous quelle est la «pratique» que vous aimeriez soutenir dans l’univers des médias «de chez nous»...
Isabelle Emmery: Sans conteste, les initiatives d’éducation aux médias qui éveillent et permettent aux citoyens de tous âges de décoder ce monde passionnant des médias, de devenir aussi des acteurs et des citoyens actifs. Je plaide pour les rapprochements intensifiés avec le monde de l’école. Il faut mettre le pied à l’étrier pour la jeunesse en matière de connaissance des médias.

4: Dites-nous quelle est la «pratique» à laquelle vous vous opposez particulièrement, dans l’univers des médias «de chez nous»...
Isabelle Emmery: Le sexisme en matière de médias, et c’est bien d’actualité. Et en particulier, la publicité. Cela me heurte, de même que les propos haineux et la violence décomplexée auxquels on assiste malheureusement à intervalles réguliers. Le personnel médiatique y est aussi exposé, et tout particulièrement les femmes. Il y a également toutes les fake news. Je n’ai pas de solution miracle pour combattre cela mais il nous faut en tant que démocrates nous mobiliser fortement sur ce sujet.

12. Sabine Laruelle voulait une «charte des usagers culturels»

Puisque Sabine Laruelle, l’actuelle présidente du Sénat, est actuellement sous les projecteurs de l’actualité comme informatrice nommée par le Roi pour tenter de rechercher une solution à l’absence d’un gouvernement fédéral, il est intéressant de rappeler qu’elle fut, au niveau fédéral, ministre des nourritures du corps et de l’âme: l’agriculture et la culture. En ce qui concerne notre psyché, plus officiellement ministre des Institutions scientifiques et culturelles fédérales.

À l’époque, en 2009, je l’avais longuement interviewée concernant le manque de respect des musées et autres institutions scientifiques à l’égard du public, pour «Le journal du mardi».

Trois ans avant cet échange avec Mme Laruelle, la Communauté française avait créé un «Code de bonne conduite en faveur des usagers culturels» qui va dans ce sens.
Michel Draguet, à l’époque déjà directeur général des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBA), était favorable à une adaptation de cette démarche aux institutions fédérales (des écrits l’attestent).
De là, la question: comment la Ministre compte-t-elle considérer ce positionnement particulièrement positif, voire novateur ?

Voici la réponse de la Ministre Laruelle: «Comme vous, je suis sensible au service offert aux usagers. J’ai donc souhaité qu’une «charte des usagers» soit élaborée et mise en place dans les établissements scientifiques fédéraux. Je devrais pouvoir vous en dire davantage dans les prochaines semaines. Je souhaite pouvoir donner une information la plus complète possible (...). Je vais veiller à ce que les travaux chargés d’élaborer cette charte soient lancés le plus rapidement possible».

Jolie déclaration... restée sans aucun suivi concret. Il conviendra donc de rappeler cette proposition si chère à la Ministre lors de l’élaboration de la feuille de route du prochain gouvernement fédéral, que le MR y participe ou non.

Lisez ici l’intégralité de l’entretien avec la Ministre Sabine Laruelle.

13. Mieux signaler la gratuité mensuelle du Pavillon des Passions Humaines

Le 10 février 2020, j’ai envoyé un courrier «Pavillon des Passions Humaines» à la direction des MRAH (Musées royaux Art et Histoire, Bruxelles): «(...) L’année dernière, j’avais constaté que vous aviez omis d’indiquer la «gratuité du premier mercredi du mois» du Pavillon des Passions Humaines dans le dépliant faisant la promotion dudit Pavillon ainsi que sur les panneaux qui se trouvent dans le parc à l’entrée du Pavillon et qui proposent plein d’autres données intéressantes à l’exception de celle-là. Il me semble que cette info ne doit pas être proposée uniquement le jour de la gratuité, mais qu’elle doit être affichée en permanence afin d’en multiplier ses effets (...)».

Les usagers culturels ne doivent pas uniquement se plaindre après coup. Il est également parfois utile de pratiquer des formes de prévention.
Dans le cas présent, il vaut mieux attirer l’attention d’un organisateur culturel sur un travail d’information à mener pour le public avant que l’activité ne commence... plutôt que d’uniquement se plaindre après une éventuelle dérégulation.

Le 14 février 2020, Samuel Mudiayi Bukassa (secrétariat de la Direction) nous répond pour Madame Alexandra De Poorter, Directeur général a.i.: «(...) Nous vous remercions pour votre message. Le Pavillon Horta-Lambeaux est fermé durant l’actuelle période (novembre-avril). Notre service de communication examinera les différents supports de promotion mais rien n'a encore actuellement été plus précisément déterminé. Les panneaux d'information installés dans le parc ne relèvent malheureusement pas de notre autorité. Nous prenons toutefois bonne note de votre observation et ne manquerons pas l'opportunité d'en faire part auprès des responsables de la gestion du site (...)».

Nous serons donc attentifs dès la fin avril 2020 pour espérer constater que nos remarques auront porté leurs fruits.

Cela n’a l’air de rien mais se battre pour qu’un musée indique sa gratuité mensuelle au public est loin d’être une sinécure. Or beaucoup de musées considèrent qu’une telle gratuité n’est utile que si elle permet d’attirer de nouveaux publics. Sont donc inconséquents ceux qui médiatisent le moins possible cette opportunité puisque, non informés, les visiteurs n’auront bien entendu pas l’occasion d’y répondre positivement.

Il a fallu remettre en question pendant plusieurs années les musées fédéraux pour qu’ils annoncent leur gratuité mensuelle, et notamment ces musées dits «du Cinquantenaire» (aujourd’hui «Musée Art & Histoire»).
La gratuité fédérale du «premier mercredi du mois» est inaugurée le 3 septembre 1997. Il faudra attendre plus de cinq ans pour que Anne Cahen-Delhaye, la conservatrice en chef de l’époque, annonce qu’elle va personnellement superviser l’information de cette gratuité mensuelle dans le hall d’accueil du musée: «Le grand panneau placé entre les deux vitres des caisses va être rapidement modifié» écrit-elle enfin en réponse à de nombreux envois en recommandé dénonçant cette absence d’information à l’égard des visiteurs.

Alexandra De Poorter qui lui succède aujourd’hui a déjà répondu positivement à certaines de nos courriers précédents. On peut donc espérer que le suivi de celui du 10 février 2020 sera effectif.
En effet, en 2018, à propos d’un autre musée fédéral dont elle a la garde, le Musée des Instruments de Musique (MIM), suite à une de nos plaintes, elle a décidé de faire évoluer le texte d’un dépliant pour indiquer que l’audioguide facultatif (dont la location est fixée à deux euros) était vraiment indispensable (pour entendre les sons des instruments exposés): le texte initial de la tarification «2 euros: audioguide» est devenu, dans une réimpression du dépliant «2 euros: audioguide conseillé».

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Avec entrée gratuite ou payante, voici une chouette info pour vous donner envie de (re)visiter ce «Musée Art & Histoire»: sa gigantesque maquette de la Rome antique vient d’être restaurée.

 

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