Deux toiles majeures invisibles plusieurs mois

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La célèbre toile «L’Empire des Lumières» fait l’objet d'une campagne dans l’espace public pour promouvoir le Musée Magritte au moment où elle va ne plus y être exposée pendant plusieurs mois. Photographie prise dans la station de métro Ribaucourt le 27 avril 2018.

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Faut-il annoncer aux visiteurs avant qu’ils n’achètent leur ticket, rue de la Régence, à l’accueil des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, que deux toiles majeures du Musée Magritte Museum ne sont pas exposées pendant plusieurs mois (de mai à octobre 2018)?

SOMMAIRE

1. Deux toiles majeures non exposées pendants plusieurs mois
2. Vote important pour la gratuité des musées bruxellois
3. Un magasin qui ressemble à un musée vivant
4. Prudence! Le Ministre Marcourt serait favorable à une enquête
5. La Suisse nous rend jaloux
6. Entretien avec Alexandra De Poorter (Musées Royaux d’Art et d’Histoire)
7. Avancée n°1 au Musée du Cinquantenaire
8. Avancée n°2 au Musée du Cinquantenaire
9. Avancée n°3 au Musée du Cinquantenaire
10. «Payez donc ce que vous allez entendre»: un nouveau slogan pour le MIM?
11. Bouquins: Jean-Marie Le Pen après Nicolas Sarkozy
12. Le futur Kanal va-t-il respecter ses visiteurs?
13. Pour un retour de la médiation sur La Une chaque dimanche de 12H45 à 13H

1. Deux toiles majeures non exposées pendant plusieurs mois

De mai à octobre 2018, deux toiles majeures ne seront pas exposées au Musée Magritte Museum de Bruxelles.

Sans doute pour de très bonnes raisons, et mon interrogation n’est pas là. Par contre, sera-t-il annoncé clairement par un avis aux visiteurs dans le hall d’accueil des MRBAB où ils achètent leur ticket que «L’Empire des Lumières» et «Le Domaine d’Arnheim» ne sont pas exposées momentanément?

Espérons-le. Si ce n’est pas le cas, où sera le respect du visiteur qui vient découvrir ce musée en se référant à ce qu’il sait déjà grâce à ses visites précédentes ou après avoir lu des guides touristiques?

«L’empire des Lumières» est probablement l’œuvre la plus connue du musée. Hasard sans doute non voulu, mais malheureux et qui agit pourtant sur le public: c’est cette œuvre qui est actuellement affichée en très grand format pour représenter le Musée Magritte Museum, pour une campagne réalisée avec Brussels Museum et diffusée notamment actuellement dans les stations de métro.

Imaginerait-on que les colorants d’une boîte de petits pois soient mentionnés sur une languette placée à l’intérieur du produit, à découvrir donc après achat lors de l’ouverture du produit? On en est pourtant là avec les droits des visiteurs. Tant de musées indiquent uniquement par un avis la non-présentation au public d’une œuvre à l’endroit même où celle-ci est habituellement exposée. Ce n’est pas suffisant.

Cette information doit nécessairement être présente sur le site internet ET à l’accueil du musée pour permettre aux visiteurs qui se déplaceraient avec l’intention d’admirer telle ou telle œuvre précise d’être informés du «contenu» du musée AVANT d’acheter ou non son ticket.

Une bonne nouvelle: à propos de cette thématique qui concerne la majorité des institutions muséales dans le monde entier, je détaille un effort innovant annoncé par le Musée du Cinquantenaire dans le point 8 de la présente newsletter.

2. Vote important pour la gratuité des musées bruxellois

Une belle victoire pour les musées: le 27 avril 2018, le Parlement bruxellois a adopté à 78 voix sur 80 (un vote négatif, une abstention) une proposition de résolution initiée par Fabian Maingain et portée également par Isabelle Emmery, Julie de Groote, Els Ampe, Jef Van Damme et Brigitte Grouwels.

Elle considère que dorénavant les diverses gratuités des musées dans la capitale (musées gratuits tous les jours, gratuité du 1er mercredi du mois, gratuité du 1er dimanche du mois) doivent être considérées comme un argument utile pour relancer le tourisme et qu'il faut mettre en place une promotion récurrente de celles-ci.

Si l’on espère que la gratuité attire un nouveau public, sa promotion dans les médias, chaque fois qu’elle se déroule, est une priorité absolue.

3. Un magasin qui ressemble à un musée vivant

Du 13 mai 2018 à la fin de l’été, Vidéo Express expose dans sa devanture quatre-vingt films gays disponibles à la location au 241, Chaussée de Waterloo à Saint-Gilles (Métro Horta).

C’est l’un des derniers loueurs bruxellois qui propose nombre de films d’art et d’essai.

Ce lieu ressemble à un musée où l’on (re)découvre le meilleur du patrimoine cinématographique, des docus, des séries. En plus, dans une ambiance bon vivant! Extrait du règlement: «Les DVD loués sont à remettre le lendemain, sans faute (ou presque)».

À l’occasion de la prochaine Pride qui se déroulera le 19 mai, une sélection de 80 DVD gays a été confiée à un couple, deux clients de «Vidéo Express»: B & B.
Ceux-ci se sont rencontrés le 18 avril 1992 en s’asseyant par hasard l’un à côté de l’autre alors que la lumière s’éteignait dans la salle de l’Orangerie au Botanique pour y découvrir un film culte gay-kitch, Pink Narcissus. Depuis, ils ne sont plus quitté. Cette rencontre est racontée dans le chapitre 19 au titre évocateur «Un interminable baiser» du livre écrit par l’un de ces deux compères, Bernard Hennebert. Il s’agit de «Une vie à séduire». L’ouvrage est publié chez Aden et a remporté le Coup de cœur du Prix du Roman Gay.

Comment choisir 80 films? C’est une sélection subjective au sein d’une cinématographie mondiale de plus d’un demi siècle, de «Une journée particulière» à «120 battements par minute», sans oublier la production belge.

«Vidéo Express» ouvre tous les jours de 12H00 à 23H00. Dans ses nombreux recoins seront exposées les photos de Didier Seynave inspirées par une vingtaine d’extraits du livre «Une vie à séduire». Les visiteurs se promèneront dans le magasin avec des classeurs qui reprennent les mots ayant inspirés telle ou telle prise de vue, avec des traductions en anglais, espagnol et néerlandais. La langue ne sera donc pas un obstacle pour mieux décoder les photos exposées.

De plus, quatre activités sont prévues de 19H30 à 20H30 aux dates suivantes:

1. Dimanche 13 mai: Vernissage avec la proclamation du Top 20 des DVD gays.

La parrain de l’activité est un réalisateur belge dont l’un des films («Je suis à toi») se retrouvera peut-être dans cette sélection gay… surprise! C’est David Lambert qui sera là et nous présentera aussi son nouveau long-métrage qui sort en salle tout juste un mois plus tard: «Troisième noces», une comédie avec notamment Bouli Lanners:

2. Mardi 15 mai: Didier Seynave, photographe de l’expo photos, a aussi interviewé Louis Michel pour son documentaire sur les migrations dont un extrait fit le buzz en février dernier. Il vous propose l’intégralité de ce document suivi d’un débat.

3. Mercredi 16 mai: présentation de nombreux documents originaux par Bernard Hennebert à propos de 150 ans de «petites annonces» hétéros et gays rédigées pour draguer, d’abord dans les journaux, et aujourd’hui sur les sites de rencontres; des évolutions étonnantes (tant la langue que les arguments utilisés) d’une littérature méconnue, et pourtant tellement populaire.

4. Vendredi 18 mai: le comédien Mathieu Coton s’arrête avec vous devant six photos de l’expo et lit les extraits du livre qui les ont inspirées. Le photographe Didier Seynave dévoilera les coulisses des prises de vue.

Cette initiative est réalisée par l’ASBL «Les amis du Vidéo-Express».
Contact: unevieaseduire@gmail.com
Sur facebook: http://www.facebook.com/unevieaseduire

4. Prudence! Le Ministre Marcourt serait favorable à une enquête

Le ministre en charge des Médias Jean-Claude Marcourt a déclaré en commission au Parlement: «(…) Je ne suis pas totalement opposé à une éventuelle diminution progressive du volume publicitaire de la RTBF, pour autant que cette possibilité soit envisageable sur le plan économique et financier».

La Libre explique: «La publicité représente actuellement environ un quart des recettes de la RTBF, qui vit essentiellement de sa dotation publique. Cette présence publicitaire suscite toutefois de longue date des critiques de la société civile, de certains partis politiques, ainsi que des concurrents de la RTBF, accusée régulièrement de brader le prix de ces écrans commerciaux. Face à ces accusations, M. Marcourt a dit mardi être favorable à l'organisation d'une étude pour objectiver les choses. La démarche, a-t-il toutefois souligné, imposera aux autres opérateurs d'ouvrir eux-mêmes leurs comptes pour pouvoir comparer les prix pratiqués».

Mais il faut être prudent avec les études concernant la publicité et la RTBF. Il me semble utile de vous remémorer les faits suivants.

En 2011, une enquête «Étude sur le financement de la RTBF» a déjà été réalisée par la société Deloitte, à la demande du Gouvernement de la Communauté française.

Dès le 16 mars 2010, une délégation de VAP (la plate-forme d’associations citoyennes qui se battait pour la suppression de la publicité sur le service public et la recherche de financements alternatifs qui permettraient à la RTBF de poursuivre la concrétisation avec panache de ses missions) rencontre le cabinet de la ministre de l’audiovisuel Fadila Laanan, pendant près de deux heures, pour découvrir la manière dont cette étude scientifique prévue dans la déclaration gouvernementale est organisée.
Cet entretien se déroula au moment où se préparait le cahier des charges pour rechercher le consultant qui la réalisera.
Le directeur de cabinet adjoint «Audiovisuel» et ses collaborateurs accueillirent ainsi quatre représentants du Conseil de la Jeunesse, des Équipes Populaires, de Respire ASBL et de Consoloisirs.
Les déclarations faites au cours de cet échange rendront pessimiste toute la délégation. Le cabinet Laanan confiera, à plusieurs reprises, considérer que l’enquête sert à «fermer les dernières portes». Il affirmera que beaucoup de recherches ont montré jusqu’à présent qu’au sein de la Communauté française, il est impossible de trouver l’argent qui compenserait le manque à gagner de la suppression de la publicité à la RTBF. Selon lui, l’enquête devrait démontrer, «pour la dernière fois, et une fois pour toutes», s’il existe encore d’autres solutions «fort peu probables». Et tout ceci est déclaré sans vergogne publiquement avant même que l’enquête n’ait commencé!

Indiquant qu’il a l’intention de limiter la recherche d’éventuelles recettes nouvelles dans le périmètre de la Communauté française, le cabinet Laanan fragilisa singulièrement, voire torpilla, la future enquête car il existe pourtant d’autres niveaux de réflexion : fédéral, européen, etc.

Le cabinet Laanan a également décidé que cette étude ne porterait pas sur une modification ou une évolution des missions de service public. Elle doit s’attacher «à un périmètre d’activités inchangé».
Cette volonté rendra l’étude stérile. Il est clair que si l’on supprime la publicité et le sponsoring, les programmes de la RTBF seront nécessairement différents car leurs choix ne seront plus influencés ni par les intérêts des annonceurs, ni par l’audimat du CIM. Alors, et heureusement, les missions du service public seraient réexaminées afin d’être plus appropriées.
L’indication dans le cahier des charges de cette étude que les activités de la RTBF doivent rester inchangées s’apparenta donc à du sabotage.
Cette volonté du pouvoir politique plaça le ver dans le fruit, dès le départ. Il est dès lors affligeant que tant d’argent public ait été dépensé pour pareille mascarade.

Après coup, la ministre Laanan a-t-elle pris conscience de l’irresponsabilité de son cabinet en découvrant les résultats de l’enquête ? Au Soir (24 juin 2011), elle déclara : «(…) Je regrette d’ailleurs que cette étude soit purement financière et qu’elle ne prenne pas en compte l’aspect qualitatif».

Alors oui pour une enquête Marcourt mais soyons très attentifs à comment son cabinet en préparera le cahier des charges.

5. La Suisse nous rend jaloux

Il existe des infos importantes que les journalistes belges ne reprennent pas concernant l’évolution de l’audiovisuel francophone en Europe alors que leurs lecteurs en seraient très friands.

L’un de pires reproches, et parmi les plus récurrents, que nos concitoyens font à l’égard du développement de la présence de la publicité à la RTBF, c’est qu’elle coupe même les films (et une bonne partie des documentaires diffusés).

Le Monde du 6 mars 2018 termine son article sur les résultats de la votation No Billag «Les Suisses disent non à la fin de la redevance» par cette info qui devrait interpeller notre Ministre des Médias occupé à terminer la négociation du prochain contrat de gestion de la RTBF: «(…) dès 2019, les films diffusés sur les chaînes publiques (suisses) ne seront plus coupés par des spots publicitaires».

6. Entretien avec Alexandra De Poorter (Musées Royaux d’Art et d’Histoire)

À Bruxelles, dix musées fédéraux sont gérés en deux entités distinctes.

Les musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) regroupent sous la direction de Michel Draguet le Musée d’Art Moderne et contemporain (fermé provisoirement depuis longtemps), le Musée Magritte, le Musée Fin de Siècle, le Musée d’Art Ancien (rebaptisé Oldmasters, celui où notamment dans la salle des Rubens des seaux au sol recueillent les fruits des intempéries au travers de toitures défaillantes) et deux musées à l’entrée gratuite quotidienne (quand ils sont ouverts!), le Musée Constantin Meunier et le Musée Antoine Wiertz.

D’autre part, les Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) rassemblent le Musée du Cinquantenaire, le Musée des Instruments de Musique (MIM), le Musée de la Porte de Hal et les Musées d’Extrême Orient (actuellement et depuis longtemps fermés pour travaux).

Ce 10 avril 2018, j’ai eu la chance d’avoir une réunion de travail de près de deux heures au cours de laquelle j’ai eu la possibilité de débattre d’une dizaine de thématiques avec la Directrice ad interim des MRAH, Madame Alexandra De Poorter. Elle était assistée de Madame Anne Goffart, sa «coordinatrice Communication externe».

Je leur tire mon chapeau. Bien sûr, nous garderons des divergences mais je pense qu’il y a eu une écoute réciproque et nous avons avancé au moins sur trois dossiers concrets, ce qui n’est pas rien. Je détaillerai ces dossiers dans les points suivants de cette lettre (points 7, 8 et 9).

Mais relatons d’abord deux autres sujets.

Tout d’abord, chat échaudé craint l’eau froide.
En 2009, quand Michel Draguet a initié le musée Magritte, j’ai publié cette «carte blanche» dans «Le Soir», le matin de la visite Royale.

Je ne supporte pas qu’on prétexte d’une rénovation, même approfondie, d’une section d’un musée… pour transformer l’institution en plusieurs musées. Bien sûr, cela permet de multiplier les entrées payantes, et cela permet aussi de faire croître artificiellement les statistiques de fréquentation…
Jusqu’en 2009, on payait un seul ticket de 5€ pour voir les œuvres anciennes et modernes (dont la collection des Magritte). Aujourd’hui, sur le même espace mais aménagé autrement, pour découvrir à peu près les mêmes œuvres (la majorité de celles du Musées d’Art Moderne en moins, puisque celui-ci est fermé), il faut payer 8€ pour découvrir le Musée Magritte, 8€ pour le Musée Fin de Siècle, et 8€ pour le Musée Oldmasters.

Je craignais qu’un scénario analogue ne se s’invite au Musée du Cinquantenaire avec sa section consacrée à l’Art Nouveau et à l’Art Déco, d’autant plus que Michel Draguet a également assuré la direction de cette institution pendant plusieurs années.

En effet, depuis quelques mois, le Musée du Cinquantenaire a terminé le réaménagement de ses salles Art Nouveau «Wolfers & Horta». De nombreuses œuvres exposées proviennent de collections privées et d’autres musées. Il s’agit donc d’une «exposition temporaire» prévue pour une durée d’un an. Prix d'entrée 15€. Cela permet aussi d'exclure cet aménagement de l'accès gratuit au public tous les 1er mercredi du mois de 13H à 17H (puisque celle-ci ne concerne pas les expositions temporaires).
Ensuite, une seconde exposition temporaire également d’une durée d’un an (avec la présentation d’autres œuvres dans le même lieu) est annoncée et sera gérée de façon analogue.
Et après? Au moment où Michel Draguet était aux commandes, la presse avait parlé de la possibilité de la création d’un Musée d’Art Nouveau (le sujet plait autant que Magritte) sur le plateau du Cinquantenaire. D’où ma question à Alexandra De Poorter: à terme, après les deux expositions temporaires, y aura-t-il un nouveau musée, avec son propre ticket d’entrée?
Mon interlocutrice a été claire: c’est non, et la future section Art Nouveau - Art Déco fera bien partie du fond permanent du Musée du Cinquantenaire.

D’autre part, pour la fin de l’entretien, j’avais prévu la question suivante:

«À Bruxelles, plusieurs musées fédéraux maltraitent depuis des années le public, le plus souvent pour des raisons économiques, à cause d’une règlementation inappropriée ou par un excès de bureaucratie interne, parfois aussi en raison de guerres d’influences ou à cause de nominations partisanes.
Pour faire évoluer sensiblement la situation, il faut donc notamment donner plus de pouvoir au public. Si nous demandions en priorité aux parlementaires et ministres compétents:
- A: La création d’un site internet spécifique où se retrouveraient les «livres d’or» de tous musées fédéraux. Ils seraient amplement, et dans la durée, promus par chacune des institutions concernées.
- B: L’organisation, au moins une fois par an, dans chaque musée fédéral d’une rencontre, gratuite et fortement médiatisée, destinée à tout le public sur le fonctionnement de l’institution et les droits de ses usagers. Tous les membres de la direction devraient y participer.
- C: La création rapide d’un Code de bonne conduite en faveur des usagers commun à tous les musées fédéraux.
Personnellement, je pense que les résultats de ces trois propositions qui se complètent changeraient quelque peu les rapports de force sur le long terme entre les institutions muséales et leurs visiteurs, et que leur mise en place serait d’un coût très limité. Partagez-vous cet avis?».

Le temps manquait pour débattre sérieusement de cette thématique. Il faudrait programmer un autre rendez-vous! Ou, pourquoi pas, le Musée du Cinquantenaire ne prendrait-il pas l’initiative d’organiser un débat-rencontre sur ce thème?

7. Avancée n°1 au Musée du Cinquantenaire

Premier résultat constructif de l’entretien avec la Directrice ad interim des MRAH, Madame Alexandra De Poorter: le fait que… les plaintes de visiteurs parviendront plus facilement auprès de la direction.

En fait, il fallait absolument faire évoluer le texte proposé sur le site du Musée du Cinquantenaire.

C’était ceci-ci:
«Les Musées royaux d'Art et d'Histoire accordent beaucoup d’importance à la qualité des prestations qu’ils rendent.
Si toutefois, vous avez une remarque, vous pouvez nous la communiquer. Nous mettrons tout en œuvre pour éviter que des plaintes similaires ne se représentent.
Pour un bon traitement de la plainte, nous vous demandons de compléter le formulaire ci-joint. Un accusé de réception vous sera systématiquement envoyé. Une réponse personnalisée vous parviendra dans les 15 jours».

Le «hic», c’est que contrairement aux sites d’autres musées fédéraux, celui du Musée du Cinquantenaire ne dispose pas de formulaire en ligne car sa plateforme actuelle ne le permet pas.
J’ai donc proposé trois changements immédiats:
- A: Il faudrait verbaliser qu’il n’y a pas de formulaire en ligne,
- B: Il faudrait indiquer où le visiteur doit envoyer sa plainte: une adresse postale avec un nom de service précis ou d’une personne responsable (puisque le musée souhaite que l’usager imprime le formulaire et le remplisse); mentionner une adresse internet ne serait pas mal non plus,
- C: Il faudrait éviter une phrase qui brouille les pistes et que le musée ne concrétisera sans doute pas (une phrase qui était sans doute destinée aux autres musées fédéraux qui, eux, ont un formulaire en ligne): «Un accusé de réception vous sera systématiquement envoyé. Une réponse personnalisée vous parviendra dans les 15 jours».

Rapidement (neuf jours plus tard), le 19 avril 2018, le site affichait ce nouveau texte devenu, à mon avis, tout-à-fait irréprochable:
«Les Musées royaux d'Art et d'Histoire accordent beaucoup d’importance à la qualité des prestations qu’ils rendent. Si toutefois, vous avez une remarque, vous pouvez nous la communiquer. Nous mettrons tout en œuvre pour éviter que des plaintes similaires ne se représentent.
Pour un bon traitement de la plainte, nous vous demandons de télécharger le formulaire ci-joint, de le compléter et de nous le renvoyer par e-mail à secr-direction@kmkg-mrah.be ou par la poste à Secrétariat de direction, Musée Art & Histoire, 10 parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles.
Si vous le renvoyez par e-mail, un accusé de réception vous sera systématiquement envoyé. Une réponse personnalisée vous parviendra dans les 15 jours.»

À découvrir ici: http://www.kmkg-mrah.be/fr/plaintes

8. Avancée n°2 au Musée du Cinquantenaire

L’exposition temporaire «Océania» qui s’achève le 29 avril 2018 a «kidnappé» depuis le 26 octobre 2017 l’une des œuvres emblématiques du musée aux visiteurs qui achètent un ticket pour visiter le fond permanent où elle était d’habitude exposée: la «gigantesque statue de l’île de Pâques» du Musée du Cinquantenaire.

Plus de détails sur ce sujet, relire ici, le point 5 de ma newsletter d’avril 2018.

Nous demandons donc que sur le site des musées mais aussi que dans leurs halls d’accueil, près du comptoir où s’achètent les tickets, une information soit faite sur les œuvres momentanément non exposées.

Autrefois, Rue de la Régence, aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, il y avait un grand panneau qui indiquait quelles salles étaient fermées et selon quel horaire. Il était installé dans le musée. Voilà l’erreur!
Il devrait être déplacé à l’entrée pour que les visiteurs puissent disposer de cette information avant d’acheter leur ticket ou (s’il est gratuit) avant d’entrer dans le musée.

Anne Goffart, la «coordinatrice Communication externe» du Musée du Cinquantenaire, nous a promis de prévoir très prochainement une information en ce sens, peut-être pas pour telle ou telle œuvre en particulier, mais au moins pour l’énumération des salles fermées temporairement, dans l’entrée de son institution.
Le 26 avril 2018, elle nous a confirmé cette intention par écrit, en la précisant ainsi: «De nouveaux écrans (y) seront opérationnels dans un mois avec la liste des prix et les salles fermées» (à suivre).

9. Avancée n°3 au Musée du Cinquantenaire

Nos musées fédéraux ont bien de la réticence à promouvoir leur demi-journée de gratuité mensuelle «pour tous» du premier mercredi du mois (de 13H à 17H).
Pareille avantage qui coûte aux musées a notamment pour objectif de tenter de déployer de nouveaux publics. Chaque fois que cette information n’est pas indiquée quelque part, c’est autant de visiteurs potentiels qui n’auront pas l’information, et donc ne pourront venir.

De plus, pour Consoloisirs, c’est un droit du public que de pouvoir choisir entre venir un jour payant ou un jour gratuit au musée, et d’avoir le temps de se préparer à cette visite. Ne pas l’indiquer, c’est faire fi de ce droit du public.

Le musée le plus emblématique qui a commis cette… négligence est le Musée Magritte. À l’occasion de son inauguration, il a publié des dizaines de milliers de dépliants assez luxueux en plusieurs langues dont le stock s’épuisa en plusieurs années. Il y manquait, dans la tarification bien détaillée… que la mention de sa gratuité mensuelle.

En 2018, le Musée du Cinquantenaire annonça une très bonne nouvelle, l’accessibilité au public du Pavillon Horta-Lambeaux, appelé également Pavillon des Passions Humaines. Dans le communiqué de presse, aucune info sur le fait qu’il était gratuit ou non chaque premier mercredi du mois. Partout, le silence sur ce sujet, là où se détaille la tarification.

À une plainte de quatre visiteurs envoyée en octobre 2015, voici la réponse de Bart Suys, responsable Communication: « (…) Me référant à votre plainte concernant la gratuité du Pavillon Horta-Lambeaux chaque 1er mercredi après-midi du mois, je vous informe que cette gratuité sera mentionnée le plus rapidement possible sur notre site Internet. Je vous remercie d'ailleurs de nous avoir signalé cette lacune. (…)».

Deux ans et demi plus tard, la mention de cette gratuité s’est évaporée. Comme quoi, lorsqu’on gagne une avancée, même minime, dans le respect des droits des visiteurs, il faut surveiller son application quitte à paraître à certains négatif ou inquisiteur.
Il fut question de ce dossier lors de notre réunion du 10 avril 2018 avec Madame Alexandra De Poorter.
Neuf jours plus tard, la gratuité du pavillon Horta le 1er mercredi du mois est notée à nouveau clairement sur le site.

Il y a encore du pain sur la planche. Le Musée du Cinquantenaire vient de faire un effort qui mérite félicitations: il publie un joli dépliant consacré exclusivement à la visite de son Pavillon Horta-Lambeaux. Hélas, il a oublié d’y mentionner la gratuité du premier dimanche du mois. On nous promet que lors de la réimpression, s’il y en a une, correction sera faite.

Au milieu du Parc du Cinquantenaire, assez loin du musée lui-même, est établi ce Pavillon des Passions Humaines. À l’extérieur, trois très grands panneaux (+ de 2 mètres de haut) narrent son historique, indiquent ses heures d’ouverture, la tarification… et oublient de mentionner la gratuité mensuelle.

10. «Payez donc ce que vous allez entendre»: un nouveau slogan pour le MIM?

En moins de neuf mois, le MIM (Musée des Instruments de Musique) est passé de 8€ à 12€ pour le prix de son entrée + l’usage de l’audioguide:

  • Avant le 21 août 2017: le ticket est à 8€, audioguide inclus.
  • À partir du 21 août 2017: des erreurs administratives empêchent le MIM de pouvoir continuer à utiliser les audioguides. Le prix reste inchangé: 8€ mais sans audioguide (ce qui est anormal, il aurait fallu au moins diminuer l’entrée de 2€).
  • À partir du 5 septembre 2017: toujours pas d’audioguides mais le ticket passe de 8€ à 10€.
  • Printemps 2018: discrètement, les audioguides réapparaissent… et le MIM les fait désormais louer en plus du prix du ticket (10 € + 2€). Donc, ce qui coûtait 8€ au cours de l’été 2017 passe désormais à 12€.

Le plus grave en terme de droits des visiteurs n’est pas cette importante augmentation tarifaire, mais plutôt le fait de séparer l’audioguide du prix du ticket.

En effet, l’audioguide est indispensable à la visite. L’attrait du musée consiste à se rapprocher d’une vitrine et d’écouter le son de l’instrument qui y est exposé. L’audioguide n’est donc pas facultatif. C’est en fait un peu tromper les visiteurs que de les laisser visiter le musée sans leur permettre d’écouter les instruments qui y sont exposés.

Le slogan du MIM était d’ailleurs «Vous allez voir ce que vous allez entendre». Slogan qui s’est éclipsé du site à l’époque où les audioguides ont disparu.

Il faudrait donc absolument qu’on restaure dans ce musée un ticket à 12€ avec audioguide. D’autant plus que le MIM est visité par de très nombreux touristes qui ne parlent pas nécessairement anglais, néerlandais ou français (langues par lesquelles le musée communique). Ils pourraient ignorer l’importance de l’audioguide et s’en passer lors de l’achat de leur ticket. Ce serait dommage.

Un nouveau flyer vient d’être imprimé en plusieurs langues. Il indique les nouveaux tarifs mais n’avertit pas de l’importance de louer l’audioguide. Ceci fera le sujet d’une nouvelle plainte de notre part.

11. Bouquins: Jean-Marie Le Pen après Nicolas Sarkozy

«L’Obs» (N° 2786, page 16) explique que le nouveau livre de Jean-Marie Le Pen «n’est pas un vrai best-seller», c’est «un succès de librairie… relatif», et indique ce chiffre: «(…) seulement 21.000 exemplaires vendus depuis sa parution, un mois plus tôt».

Or, de très nombreux médias ont justifié l’importance énorme qu’ils attribuaient dès les premières semaines de sa sortie à cet ouvrage (d’innombrables interviews de son auteur) par la vente très importante dudit livre, une façon de se dédouaner, sachant très bien qu’il ne s’agit pas d’une parution anodine, mais bien celle des mémoires d’une personnalité d’extrême-droite, de plus de nombreuses fois condamnée par la justice.

Ces journalistes jouent-ils le jeu ou sont-ils à ce point crédules pour confondre les chiffres des commandes et ceux des ventes réelles d’un livre?

Dans le cas présent, cela mène à la banalisation d’idées nauséabondes. Et c’est également autant de minutes ou d’espaces perdus pour aborder tant de sujets utiles à une évolution humaniste de notre société, si souvent exclus des médias faute de place.

Rien n’aurait donc changé en douze ans? À l’époque, le 5 septembre 2006, je publiais un article intitulé «Bonnes ventes culturelles: duperies médiatiques!» dans Le Journal du Mardi où je m’intéressais à un livre de Nicolas Sarkozy, «Témoignage»: « (…) il a été imposé aux libraires par son éditeur XO. De nombreux exemplaires leur ont été envoyés sans avoir été commandés».
Pour Anne-Sophie Mercier, dans son enquête publiée par Charlie Hebdo (26/07/2006): «(…) L’effet est double. Premièrement, permettre de faire monter les ventes de l'ouvrage, puisque l'on sait qu'une bonne exposition favorise l’achat. Deuxièmement, gonfler artificiellement un chiffre présenté comme celui des ventes, alors qu'il ne s'agit à ce stade que des livres mis en circulation».

De plus, cette pratique de vente forcée ne permet plus aux différents écrivains d'avoir une chance équivalente d'être découverts par le public et coûte scandaleusement cher aux libraires car c'est eux qui doivent acquitter les frais de livraison et d'éventuels renvois.

Bien sûr, cette façon de l’industrie de décider de quoi les médias de masse vont parler, tout en faisant croire qu’il s’agit d’être au service du choix du public, s’utilise ailleurs que dans le domaine du livre politique.
Bien d’autres exemples concrets, parfois ahurissants, peuplent la suite de cet article (le film Dinosaure; l'album «In Blue» du groupe irlandais The Corrs, l’album «Rattle and Hum» de U2; le double disque d'or du chanteur de charme Franck Michaël, etc.): http://www.consoloisirs.be/articles/lejournaldumardi/060905.html

12. Le futur Kanal va-t-il respecter ses visiteurs?

À propos de Kanal, le futur Musée d’Art contemporain à Bruxelles, on débat beaucoup dans les médias des choix des projets architecturaux, de comment sera constitué la collection, etc. Et c’est bien normal.
Par contre, il manque un débat public, celui de comment le public y sera accueilli. Peut-être a-t-il déjà eu lieu en interne, mais, nous, les visiteurs, dans ce cas-là, on ne nous en informe pas et, si on n’y prend garde, nous risquons d’être mis devant le fait accompli.

C’est maintenant, au moment de la conception, de l’élaboration des budgets, de la recherche des subsides, qu’il faudrait aborder l’aspect concret de la «démocratisation culturelle» du futur Kanal.

Les musées et les expositions bruxellois ont parfois triste réputation. Partons de mauvaises expériences vécues récemment dans la capitale de l’Europe, pour éviter qu’elles n’essaiment chez Kanal dans les années à venir:

  1. Sera-t-il proscrit de photographier même sans flash?
  2. Sera-t-il interdit de dessiner et de prendre des notes?
  3. Sera-t-il refusé aux enseignants de faire eux-mêmes la visite guidée pour leurs élèves?
  4. Le musée sera-t-il fermé tous les week-ends?
  5. Sera-t-on obligé de payer à l’entrée son ticket uniquement avec une carte bancaire?
  6. Le prix des entrées sera-t-il plus élevé les samedis et les dimanches?
  7. La réduction senior concernera-t-elle les + de 60 ou de 65 ans?
  8. Kanal préfèrera-t-il, comme gratuité mensuelle, le premier mercredi (de 13H00 à 17H00) ou le premier dimanche du mois (de 10H00 à 17H00)?

Pourquoi les débats actuels sur ce futur musée n’abordent-ils pas aussi ces thématiques puisque plusieurs parmi elles ont des retombées dans les prévisions budgétaires?

13. Pour un retour de la médiation sur La Une chaque dimanche de 12H45 à 13H

Le conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) vient de sanctionner la RTBF pour son émission de médiation.

Le texte complet de cette décision se télécharge ici. On y trouve moultes détails intéressants…

Plusieurs quotidiens dont Le Soir ont relayé cette significative décision du CSA.

Je vais jouer mon médiateur dans ce dossier qui met en présence le CSA et la direction de la RTBF… et le public, et le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui va bientôt signer le prochain contrat de gestion de la RTBF.
À l’inverse de son prédécesseur Christian Druitte, l’administrateur général Jean-Paul Philippot a tout fait durant sa si longue administration pour marginaliser la médiation à la RTBF et transformer l’émission de celle-ci destinée par nature à tous les publics en une niche pour quelques noctambules (diffusion de la séquence «médiation» vers 23H45 sur La Une, et dans la boucle de nuit de La Trois). Osons qualifier ceci de sabotage d’une mission prioritaire du service public.
La proposition est simple, revenons aux fondamentaux: que le prochain contrat de gestion de la RTBF indique clairement que la RTBF diffuse une émission (et pas une séquence) de médiation (au sens noble du terme) hebdomadaire dans la case qui précède le JT de 13H, le dimanche (vers 12H45) sur La Une, et sans programmes publicitaires entre la fin de cette émission et ce JT de 13H, comme cela se passait très bien quand Jean-Jacques Jespers animait cette émission autrefois.

C’est tout-à-fait possible puisque, l’année dernière, la RTBF a supprimé dans cette case «très vaste public» son débat politique… et elle a été incapable de le remplacer par un programme «maison»… Actuellement, en apéritif au JT dominical de 13H, elle nous importe un énième programme des chaînes françaises, à savoir «Affaire conclue, tout le monde a quelque chose à vendre».

Le collectif «La RTBF nous appartient» a réagi en publiant, le 23 avril 2018, un communiqué de presse intitulé  «La médiation devrait être à nouveau l’ADN de la RTBF».

Celui-ci a été synthétisé dans une dépêche de l’agence BELGA.
Deux sites de quotidiens ont repris l’info: Sudpresse et L’Avenir​​​​​.

Il me semble intéressant que vous puissiez lire l’intégralité du communiqué publié par le collectif citoyen:

(…) Hélas, la récente sanction de la RTBF par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour non-respect de sa mission de médiation avec ses publics donne raison au collectif «La RTBF nous appartient» qui, soutenu par près de 1.300 signataires, demande depuis près d’un an déjà d’externaliser la médiation de la RTBF, ainsi que ses émissions, au Ministre des Médias Jean-Claude Marcourt et à Jean-François Rasquin, Président du Conseil d’administration de la RTBF.

Ceux-ci achèvent actuellement la rédaction du prochain contrat de gestion que le service public devra appliquer pour cinq ans dès 2019. Espérons qu’ils répondront positivement à cette revendication d’auditeurs et de téléspectateurs.

En fait, les gouvernements successifs de la Communauté française (ou Fédération Wallonie-Bruxelles) ont  en seize ans, petit à petit, rendu quasi inopérante la médiation ertébéenne par les textes des trois derniers contrats de gestion progressivement de plus en plus ambigus sur ce thème.

Un moyen majeur pour se différencier des diffuseurs privés

Pour «La RTBF nous appartient», la médiation est l’un des outils majeurs de la RTBF pour développer le dialogue avec ses usagers et fédérer ceux-ci, c’est donc l’ADN même du service public. Notre collectif l’a rappelé lors de l’audition de trois de ses membres pendant près de deux heures au Parlement: «(…) C’est l’un des meilleurs moyens pour la RTBF d’assurer sa différence par rapport aux chaînes privées. La médiation, ce n'est pas un simple débat. Le but de celle-ci consiste à partir de plaintes d'usagers, voir si elles sont justifiées, et si oui, arriver à un changement concret des pratiques de la RTBF». C’est donc favoriser l’évolution en faveur du bien commun, en collaboration réelle avec les auditeurs et téléspectateurs de la RTBF».

L’ajout sans doute la plus révoltant se trouve dans le contrat de gestion de 2007. Il permettra à la RTBF de ne pas répondre à des pétitions ou des plaintes individuelles qui ont un caractère manifestement «polémique».
Comment interpréter ce texte? Le service de médiation du service public indiquera qu’il donne à cet adjectif «le sens usuel que lui confèrent les dictionnaires les plus autorisés», se gardant bien de choisir entre «qui vise à une discussion vive ou agressive» ou «qui suppose une attitude critique».
Heureusement subsista au moins la médiation pour les pétitions ou les courriers non critiques!
Cette tentative maladroite d’aseptiser la médiation voulue tant par le gouvernement de l’époque que par la direction de la RTBF (tous les mots des textes des contrats de gestion sont pesés et soupesés) sera supprimée à la suite des protestations d’usagers dans le contrat de gestion de 2013.

Détricotages

Les trois derniers contrats de gestion ont progressivement détricoté jusqu’à peau de chagrin la mission de «médiation», tellement défigurée de nos jours que sa configuration actuelle pourrait jusqu’à désintéresser les usagers ainsi rendus fatalistes par rapport à l’idée même de rendre vigueur au service public, ce qui n’était pas du tout le cas autrefois.

Au départ, la RTBF avait l’obligation de répondre aux plaintes écrites de façon circonstanciée et dans les 30 jours ouvrables. Aujourd’hui, ce droit des usagers se limite à ses écrits adressés au service de médiation (donc un membre de la direction, un journaliste ou un animateur peuvent répondre mais n’en ont plus l’obligation).

La première émission de médiation en télé se déroula sur La Une, le 9 septembre 2001. «Qu’en dites-vous?» était un magazine qui n’abordait que la médiation et était hebdomadaire.
Il était diffusé entre la fin du débat politique et le JT de 13h, chaque dimanche (cerise sur le gâteau: sa diffusion n’était pas entourée de programmes publicitaires).
Jean-Jacques Jespers y occupait la fonction d’animateur-médiateur. L’émission était enregistrée dans les conditions du direct et pas montée. Le débat se déroulait entre un usager et un représentant de la RTBF.
Il se concentrait sur la recherche d’une solution concrète à mettre en place. Le dernier mot était toujours donné au téléspectateur ou à l’auditeur. Régulièrement, dans des émissions spéciales, JJJ revenait sur la concrétisation des suivis évoqués dans les programmes précédents.

Les résultats furent tangibles: le producteur de «Pour la Gloire» (l’ancêtre de «The Voice») s’engagea à donner de la place aux compositions originales en français, celui de «Coup de film» à mentionner aux téléspectateurs la collaboration de la RTBF avec certains distributeurs, il fut acquis plus de temps d’antenne pour les sports amateurs, etc.

Les premières années de la médiation virent aussi les radios de la RTBF proposer régulièrement ce type de programme, ce qui n’est plus d’actualité aujourd’hui.

Le contrat de gestion en vigueur actuellement (2013-2019), en utilisant l’adjectif «raisonnable» pour qualifier l’horaire où ce «programme» de médiation (on ne parle donc même plus d’une «émission») doit être diffusé en télévision (le législateur n’ose donc même plus préciser qu’il faudrait continuer sur La Une, là où se trouve le plus vaste public auquel s’adresse cette thématique), a permis donc qu’il n’y ait plus une émission spécifique, que «Medialog» n’y consacre une séquence que dix fois par an, vers 23H00 sur La Deux, avec rediffusion dans la boucle de nuit de La Trois et une mise en ligne sur Auvio.

Quid de la «médiation» dans le contrat de gestion 2019?

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«La RTBF nous appartient» a conscience qu’il est difficile pour un média d’organiser lui-même la critique par ses usagers et de rendre publique celle-ci par le biais d’émissions ou de séquences. C’est d’autant plus ardu lorsque ce média est toujours en recherche de ressources publicitaires et que ses concurrents privés ne sont pas obligés d’agir de même. C’est pourquoi, dans notre pétition et lors de notre audition auprès des parlementaires, nous avons plaidé pour que le service de médiation ertébéen soit désormais, dès le contrat de gestion 2019, assuré par un service externe à celle-ci.
Le Médiateur de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait coordonner la médiation de la RTBF: «(…) il assurerait le traitement des plaintes avec la collaboration obligée de la RTBF».
Quant aux émissions de médiation: «(…) La RTBF serait chargée, en collaboration avec le médiateur externe, de réaliser des émissions consacrées à la médiation, diffusées au prime-time (+ rediffusions) sur chacune des chaînes (radio comme télévision) du service public».

Voici le texte complet des revendications de «La RTBF nous appartient» pour le contrat de gestion 2019 de la RTBF (c’est le dernier point qui est consacré à la médiation).

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